A la fin de l’été 2022, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) a reçu une plainte d’un opérateur mobile concernant une station relais de la commune de Sarreguemines (57). Cette station était brouillée sur les bandes de fréquences 800 MHz, 900 MHz, 1 800 MHz, 2 100 MHz et 2 600 MHz.

Même le Wifi était brouillé

Après avoir informé le procureur de la République de Sarreguemines, des agents assermentés de l’ANFR se sont rendus sur place pour mener leur enquête. Sur place, toutes les bandes de téléphonie mobile utilisées par ce relais pour la 2G, la 3G et la 4G étaient affectées. Le brouillage concernait même le GPS et le Wifi dans la bande 2, 4 GHz. Selon les professionnels, un brouilleur d’ondes était actif dans les environs. Or c’est un équipement interdit au public.

Les agents de l’ANFR ont parcouru les rues de Sarreguemines avec un véhicule équipé d’un radiogoniomètre

Les agents ont utilisé un véhicule laboratoire surmonté d’un radiogoniomètre afin de se guider sur le niveau d’émission du signal perturbateur. Ils ont parcouru les rues de Sarreguemines. Ils ont atteint le niveau maximum face à un immeuble de plusieurs étages. Ils ont poursuivi à pied, pour identifier l’appartement où était caché le brouilleur. Via un récepteur, les agents ont pointé chacune des fenêtres de la façade et détecté celle qui produisait un niveau d’émission plus élevé. L’appartement suspect a été localisé. Mais par prudence,  les agents ont demandé l’assistance du commissariat de police de Sarreguemines.
Ils ont alors pu pénétrer dans l’appartement. Les murs étaient tapissés d’aluminium et de couvertures de survie. L’occupant des lieux présenta le brouilleur multi-bandes qu’il utilisait à l’origine des perturbations. Il a expliqué qu’il était électro hypersensible. C’était la raison pour laquelle il avait équipé son appartement de tapisseries métalliques, dans l’espoir d’en faire une cage de Faraday. Quant au brouilleur, il l’utilisait à des fins thérapeutiques.

La personne dormait mieux près du brouilleur d’ondes allumé

Selon l’ANFR, cette personne craignait la présence d’ondes, mais constatait que ses symptômes disparaissent chaque fois qu’elle s’installait à côté de son brouilleur allumé et qu’elle dormait beaucoup mieux dans sa proximité immédiate. L’ANFR indique qu’il s’agit d’un paradoxe puisqu’un brouilleur émet lui-même des ondes afin de perturber les signaux légitimes.

Les émissions électromagnétiques du brouilleur étaient particulièrement fortes dans l’appartement

Selon l’ANFR, les effets du brouilleur étaient amplifiés par les murs tapissés d’aluminium et ce blindage artisanal favorisait des échos multiples et entravait leur sortie. Conséquences, les émissions électromagnétiques du brouilleur étaient particulièrement fortes dans l’appartement. Mais le brouilleur était suffisamment puissant, puisqu’il agissait tout de même sur l’antenne relais situé à plusieurs centaines de mètres. Une fois que ce brouilleur a été mis hors tension, l’opérateur télécoms a confirmé que le brouillage dans le quartier avait cessé.
L’histoire ne s’arrête pas là. Quatre jours plus tard, l’ANFR a été mise au courant de la reprise du brouillage sur cette même antenne, mais cette fois-ci de manière intermittente, et de nuit. Les agents de l’ANFR se remettent en action et retombent sur le même immeuble. Le brouillage provient du même particulier. Quatre mois plus tard, une perquisition dans l’appartement met en évidence deux brouilleurs multi-bandes. Cette fois-ci, le brouilleur testé affectait aussi, en plus des autres services, la technologie 5G dans la bande de fréquences 3,5 GHz – qui jusque-là n’avait pas été impactée.

Confiscation des quatre brouilleurs

La personne concernée, après 9 mois, a comparu devant le Tribunal Judiciaire de Sarreguemines pour les faits de détention et d’utilisation illégale de brouilleur d’ondes. L’ANFR a apporté des explications sur les risques posés par les brouilleurs d’ondes. Le tribunal a déclaré cette personne coupable des faits qui lui étaient reprochés, mais le procureur de la République, ayant considéré qu’il n’y avait pas eu « d’intention de perturber l’ordre public ou de commettre un acte de délinquance », a demandé la simple confiscation de ses quatre brouilleurs, ainsi que le paiement du droit fixe de procédure.

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