Au moment de la création de Braintree (une solution de paiement si lucrative que le géant Paypal la rachète en 2013 pour la coquette somme de 800 millions de dollars), Johnson est dans une mauvaise passe. Aux difficultés de son couple se greffent trois enfants en bas âge et une rupture consommée avec le mormonisme, communauté religieuse qui l’avait guidé jusqu’alors. « Ma santé était affreuse et je mangeais chaque soir jusqu’à noyer ma peine », confesse Bryan Johnson. Le jeune papa décide alors de rediriger son entrain pour l’ouverture compulsive de son frigo en recentrant toute son énergie vers un autre dessein, baptisé Blueprint. 

Bryan Johnson arme ce nouveau projet d’une théorie personnelle, le « zéroisme ». « L’ennemi, c’est l’entropie », lit-on en ouverture de la profession de foi de cette nouvelle religion qui donne les rênes au corps plutôt qu’à l’esprit. Avec le zéroisme, le multimillionnaire veut explorer la pensée transformationnelle en considérant le néant comme un outil. La lecture de nombreuses biographies du genre c’était-impossible-alors-ils-l’ont-fait irrigue ce dogme et anime le dépressif repenti d’une conviction : « Le talent frappe la cible que personne ne peut atteindre. Le génie frappe la cible que personne ne voit ». Branché philo, le néo-californien essaie de tisser des liens entre la science et les fantasmes humains les plus anciens. Persuadé que la fontaine de jouvence existe, Johnson épluche des milliers de rapports universitaires sur le sujet en compagnie d’un complice, le docteur Oliver Zolman, expert en médecine régénérative.

Une cure à 1 500 euros par mois ?
Entouré d’une cohorte de médecins, Bryan Johnson devient un cobaye autoproclamé, passant au crible de tous les scanners possibles. Cet accompagnement, initié en 2021, aurait permis au quadra de récupérer le cœur d’un homme de 37 ans et le fonctionnement pulmonaire d’un étudiant peu porté sur la fumette. Car pour gagner sa croisade contre les rides et le blanchissement des cheveux, le régime que s’inflige Bryan Johnson est spartiate. Au menu : du sport (minimum une heure par jour), pas de cigarettes, de viande rouge, ni de jus de fruits ou de sucreries qui, quand elles sont consommées en excès, accélèrent le vieillissement de la peau. Johnson a troqué tout ça pour une kyrielle de pilules, de légumes vapeur et de protéines végétales glanées dans des purées de pois : « Super Veggie » et « Green Giant », ses menus-phares, sont assaisonnés de chlorure de potassium. Le diable se niche dans les détails.

« Démontrer qu’on peut stopper le vieillissement changera tout », prophétise celui qui rend publiquement et régulièrement des comptes sur son protocole expérimental, accessible gratuitement sur le site internet du projet Blueprint. Son débit de voix a beau être rapide, Bryan Johnson s’appesantit sur l’importance des données produites dans ce cadre, « non pas par arrogance » mais pour mettre « quiconque au défi de prouver qu’elles sont fausses ». À ceux qui seraient tentés de suivre son régime, précisons tout de même que le strict respect de la méthode Johnson coûterait la bagatelle de 2 millions de dollars par an, d’après les estimations du média Bloomberg. L’intéressé aboutit à un résultat très différent, assurant qu’il est possible de suivre sa cure pour « seulement » 1 500 euros par mois, diète comprise. « C’est abordable pour beaucoup de personnes », balaye l’investisseur d’un geste de la main.

«  Se libérer des tendances destructrices inhérentes à notre condition humaine », « révolutionner la façon dont nous appréhendons nos semblables, mais aussi le temps, la guerre, la paix ou la technologie »… Bryan Johnson aspire à tout cela, et bien plus encore. « La théorie de la relativité d’Einstein aurait pu être découverte par n’importe qui : il s’agissait là simplement de mettre le doigt sur quelque chose que les autres ne pouvaient pas voir », ose le cobaye. Ouvrir les yeux, en revanche, ne suffira sûrement pas pour empêcher nos cellules de vieillir.

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