Sam Bankman-Fried (SBF), qui risque déjà 115 années de prison, a vu un nouveau chef d’accusation lui être notifié par la justice américaine. Elle l’accuse de corruption en violation du Foreign Corrupt Practices Act, une loi fédérale de 1977 qui lutte contre la corruption d’agents publics à l’étranger. L’ancien dirigeant de la plateforme de cryptos FTX ​est accusé d’avoir transféré 40 millions de dollars en cryptos à un ou plusieurs officiels chinois en 2021.

SBF voulait en échange accéder aux comptes de sa firme de trading Alameda Research​. Ils avaient été gelés sur certaines des plus grandes plateformes chinoises, dont à l’époque Huobi ​était la leader. La firme de SBF avait traité avec une société sur laquelle les autorités enquêtaient et en conséquence ses comptes comme ceux des autres contreparties étaient bloqués. Alameda Research , connue pour son style de trading agressif et décomplexé, a-t-elle commis des fautes sur les plateformes comme des manipulations de cours ?

Pékin avait débuté une nouvelle approche bien plus répressive sur les cryptos et les acteurs du secteur. Un milliard de dollars en cryptos était déposé sur les comptes bloqués d’Alameda et SBF était donc prêt à payer 4 % de « frais » pour récupérer son argent. Il avait tout tenté pendant des mois : lobbying, avocats, tentatives frauduleuses de siphonner les fonds. Sa firme de trading avait un besoin urgent de cet argent. Elle commençait en effet à avoir des soucis : pertes, endettement trop élevé… Grâce au dessous-de-table, elle a pu remettre la main sur les cryptos bloquées en Chine. S’il est reconnu coupable de corruption d’un officiel étranger, SBF encourt 5 années de prison supplémentaires.

Les traders d’Alameda avaient débuté en 2017 en Californie puis déménagé à Hong Kong fin 2018 où sera créé ensuite FTX. Ils se sont finalement tous établis aux Bahamas en 2021. A l’époque, SBF avait déclaré que le départ de Hong Kong n’avait aucun lien avec le durcissement de la Chine sur les cryptos et ses ennuis avec l’argent bloqué de sa firme de trading. Comme tout le secteur, il redoutait pourtant que l’île s’engage sur la même voie que la Chine.

Quand il avait quitté Hong Kong en 2021, il était le résident le plus riche, par sa fortune estimée à 22,5 milliards de dollars selon Forbes. « L’argent reste secondaire », avait-il assuré au journal Nikkei Asia, « le plus important ce sont les partenariats que nous allons nouer ». Il déclarait alors que plus de la moitié des volumes de sa plateforme provenaient de firmes de trading, fonds institutionnels et particuliers fortunés. Les particuliers n’étaient pas sa cible de clientèle prioritaire. Sa plateforme FTX avait été « créée par des traders pour des traders », selon son slogan. Parmi la myriade de sociétés non cotées (tech, crypto, NFT, Web3…) dans lesquelles Alameda Research avait investi, figuraient des entreprises chinoises et notamment des médias spécialisés sur les cryptos ou les jetons non fongibles (NFT).

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