Dans notre industrie, le virage vert est réel car le consommateur ne nous laisse pas le choix. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut faire mais quelque chose que l’on doit faire. Ce n’est pas « nice to do » mais « need to do ». Ce n’est sans doute pas un hasard si parmi les 13 entreprises qui ont obtenu le AAA, trois sont issues de notre industrie des cosmétiques.

Nos consommateurs attendent que nous leur fournissions des produits qui utilisent de moins en moins de plastique et qu’on mise de plus en plus sur les poches rechargeables, le recyclage… Nous avons aussi supprimé tous les microplastiques sur Nivea depuis 2021 et nous avons un calendrier pour éliminer progressivement toutes les substances qui sont controversées ; ce qui, sur le plan industriel comme des formulations de produits, n’est pas toujours facile. Cela reste un défi parce que tout le monde veut des produits durables mais personne ne veut payer plus.

Il faut faire attention car la crise du bio le prouve, le consommateur fait attention à son pouvoir d’achat. Il faut trouver des solutions pour garder ses coûts, et donc ses prix, sous contrôle, car le plastique recyclé, par exemple, coûte plus cher.
Sur nos gels douches Nivea, nous sommes passés au plastique recyclé mais en parallèle nous avons réduit de 25 % notre consommation en utilisant des emballages plus fins. Nous avons également enlevé les emballages en carton autour des tubes ou des bouteilles, ce qui représente aussi une économie. Il y a des surcoûts mais que nous essayons de les compenser. Nous sommes quelque peu protégés par le fait que l’énergie ne pèse pas plus de quelques pourcents dans notre base de coûts. Mais 2022 n’a pas été une promenade de santé pour autant, car une partie de nos fournisseurs est effectivement très énergivore.

Nos coûts ayant augmenté on a discuté avec nos distributeurs pour répercuter jusqu’à 70 % de cette inflation dans nos prix, et même si l’inflation se calme en 2023 nous devrons encore augmenter un peu nos tarifs. La sensibilité aux prix n’est pas un vrai problème pour des marques comme La Pairie ou même Eucerin. En revanche, une marque comme Nivea doit rester accessible. Nous avons quand même dû augmenter nos prix de 5 % à 9 % suivant les pays et les catégories de produits. On a travaillé sur les promotions mais aussi innové avec notre super-molécule sur l’hyperpigmentation, ce qui nous a permis de lancer pour la première fois un produit Nivea à près de 20 euros. Au final, nous sommes une des seules marques qui a progressé à la fois en valeur et en volume.

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