Le transport aérien français a bon coeur. En plus de financer ses propres investissements et sa transition énergétique, il va devoir aider la SNCF à financer la remise en état de ses infrastructures. Le ministre délégué aux transports, Clément Beaune, l’a annoncé aux intéressés, en termes choisis, en clôture du congrès de la Fédération nationale de l’aviation (FNAM), ce jeudi à Paris.

« Nous engagerons des discussions dans les prochaines semaines sur la contribution du secteur à la construction de nouvelles infrastructures », a-t-il déclaré, devant un parterre de dirigeants du secteur, qui ont immédiatement traduit les propos du ministre comme l’annonce d’une nouvelle taxe.

Dialogue de sourds
Ce n’était pas ce qu’ils espéraient. Durant toute la matinée, les intervenants avaient souligné la nécessité d’un soutien de l’Etat à leur secteur. Notamment pour faciliter le passage progressif aux carburants d’aviation durable, considérés comme le principal outil de réduction des émissions de CO2.

« Nous demandons au gouvernement de stabiliser le cadre réglementaire et fiscal, sachant que le transport aérien français devra absorber un surcoût d’un milliard d’euros en 2025 et de 3 milliards à l’horizon 2030 », avait souligné le président de la FNAM et PDG de Corsair, Pascal de Izaguirre en ouverture des débats. « Il est très important qu’il n’y ait pas de fiscalité nouvelle, alors que le transport aérien va être confronté à des coûts supplémentaires considérables », avait renchéri le président de l’association des aéroports français, Thomas Juin.

Taxe nouvelle et « éco-contribution »
Peine perdue. La taxation du transport aérien, qui représente déjà un bon tiers du prix du billet, sans compter les redevances, va encore s’alourdir. Reste à savoir pour qui et pour quoi. Le matin même, Clément Beaune avait évoqué sur France Info « une contribution sur les billets de première classe et de classe affaires pour financer la transition énergétique ». « Ce ne sera pas un drame social ; c’est aussi le sens de la taxation des jets, que nous renforcerons en 2024 », avait-il ajouté.

Mais selon d’autres sources proches du dossier, la ponction envisagée pourrait être beaucoup plus large et toucher la totalité des passagers des vols au départ de France pour contribuer ainsi au vaste plan de 100 milliards d’euros d’investissements promis dans le rail. Outre une nouvelle taxe sur l’aviation d’affaires, le gouvernement projetterait d’augmenter fortement la taxe de solidarité (TSBA) dite « taxe Chirac », créée pour financer la lutte contre le sida en Afrique. cette taxe s’était déjà vu ajouter une « éco-contribution » en 2019, à l’initiative de l’actuelle locataire de Matignon, Elisabeth Borne, alors ministre des transports, afin de boucler le budget de l’Agence de financement des infrastructures de France (AFITF).

Lire l’article complet sur : www.lesechos.fr