En cette rentrée marquée par la crise du pouvoir d’achat et la recherche de moyens pour y remédier , une étude de l’Insee publiée ce mardi souligne le rôle important joué par les transferts monétaires et non monétaires, via les services publics, dans les revenus des ménages français.

Pour ce faire, les auteurs – Jean-Marc Germain, Mathias André, Michaël Sicsic – ont tenu compte de l’impact des prestations publiques en matière d’éducation, de santé, de transport, de logement ou de retraite.

« Cette redistribution élargie contribue à une réduction significative des inégalités de revenus », constatent-ils. En 2019, un quart du revenu national net de l’année – soit 500 milliards d’euros – ont été redistribués entre contributeurs nets et bénéficiaires. In fine, 57 % des Français ont ainsi reçu plus qu’ils ne versaient à l’Etat. Parmi les 15 % les plus modestes, presque tous (95 %) ont été bénéficiaires nets.

L’impact des tranches d’âge
Les effets de la redistribution sont massifs. Alors qu’avant transferts, les 10 % de ménages les plus aisés disposent d’un revenu 18 fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres, l’écart n’est plus que de 1 à 3 après redistribution.

Selon l’étude, la réduction des inégalités passe par deux canaux principaux : les prélèvements tout d’abord, qui selon les calculs des trois experts retirent 72.530 euros par unité de consommation (UC) aux plus aisés contre 7.410 euros aux ménages les plus pauvres ; le niveau des transferts ensuite, ceux-ci étant estimés à 23.450 euros par UC pour les plus modestes contre 13.420 euros pour les plus riches.
Les trois économistes de l’Insee livrent une analyse fouillée par tranche d’âge, par catégorie socioprofessionnelle et selon la situation familiale des personnes. « La redistribution doit s’apprécier sur l’ensemble du cycle de vie. A certains moments, on peut être contributeur net. Mais arrivé à l’âge de la retraite, on est la plupart du temps bénéficiaire net », relève Jean-Marc Germain.

L’étude montre en effet que 90 % des couples comprenant une personne âgée d’au moins 65 ans reçoivent plus qu’ils ne versent à l’Etat du fait des pensions de retraite et aussi des dépenses de santé. Plus largement, les plus de 60 ans sont les principaux bénéficiaires de la redistribution.
A l’inverse, plus de la moitié des moins de 60 ans sont contributeurs nets. « Les plus grands contributeurs nets sont les 40-60 ans, au moins titulaires d’un bac+3 n’ayant pas eu d’enfants ou peu », relève Jean-Marc Germain. Chez les 50-59 ans, la proportion des contributeurs nets monte même à 70 %. Pour une raison simple : n’ayant souvent plus d’enfants à charge ni de problèmes de santé, ils bénéficient moins des prestations publiques.

Ressenti
Les transferts réduisent aussi les inégalités de revenus entre les habitants de l’agglomération parisienne et ceux des autres métropoles. Le système de redistribution est en revanche « quasi neutre » aussi bien pour les ouvriers que pour les employés, selon les auteurs.

La perception est parfois plus négative que la réalité. Par exemple, « les familles de classe moyenne font partie des bénéficiaires nets du système. Mais ce n’est pas forcément leur ressenti. Pour qu’elles le perçoivent ainsi, il faut qu’elles aient confiance dans le système des retraites et qu’elles intègrent la valorisation des services publics », relève Jean-Marc Germain. La dégradation de l’opinion des Français sur leurs services publics n’aide sans doute pas à les convaincre.

Dans l’étude, les prestations publiques sont évaluées en fonction de leur coût, selon les méthodes de la comptabilité nationale, sans tenir compte de leur qualité ou de leur efficacité.

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