C’est un nouveau signal fort d’institutionnalisation pour le bitcoin. Quatre mois après l’entrée à Wall Street des fonds cotés investis directement en bitcoins (« ETF bitcoin spot »), les regards se tournent désormais vers Chicago et CME Group, la plus grande Bourse de contrats à terme au monde. D’après le « Financial Times », le Chicago Mercantile Exchange prévoit de s’ouvrir au trading de bitcoins au comptant, afin de capitaliser sur l’appétit croissant des traders pour cet actif.

Pour ces derniers, l’enjeu est de s’appuyer sur un acteur régulé pour acheter et vendre du bitcoin, alors que la principale Bourse d’échange au comptant (toutes cryptos confondues), Binance, avec 31 milliards de dollars de volume spot le 24 mai, a des démêlés avec la justice américaine . Et que la plus réputée (car cotée à Wall Street), Coinbase (4 milliards de volumes quotidiens) est elle aussi dans le viseur du gendarme des marchés, accusée d’opérer une place boursière non déclarée.

Faciliter le « basis trading »
Au-delà de la confiance, l’introduction du trading de bitcoins au comptant sur le CME – cette place propose déjà des contrats à terme sur les cryptos – répond à un besoin de stratégie d’investissement. Cela permettrait aux traders professionnels, explique le « FT », de faciliter le « basis trading », consistant à emprunter de l’argent pour vendre des contrats à terme sur le bitcoin (vente à découvert, ou « short selling »), tout en achetant le sous-jacent (« long »), afin d’empocher les gains liés aux écarts (« spread ») entre les deux.
Certes, le bitcoin a marqué le pas en avril pour tomber à 57.000 dollars le 1er mai, sur fond de tensions géopolitiques entre l’Iran et Israël, et d’incertitudes sur le calendrier de détente des taux américains. La demande pour les ETF bitcoin spot s’est, elle aussi, tassée durant quelques jours fin avril, avec de premières décollectes. Mais depuis ce creux, la reine des cryptos est repartie de l’avant, à 67.500 dollars. Aussi, un rapport du gendarme américain de la Bourse (SEC) le 14 mai a enfin mis un visage sur les acheteurs de ces parts d’ETF. On y apprend que le fonds de pension de l’Etat du Wisconsin a acheté pour 163 millions de dollars de bitcoin via les fonds de BlackRock (IBIT) et Grayscale (GBTC) ; ce qui est certes une goutte d’eau comparé à ses 38 milliards d’actifs sous gestion. Mais ces cas pratiques sont à même de mieux cerner les usages.

Un pont vers la tokenisation ?
Si ces échanges ont eu lieu à Wall Street, Chicago a bénéficié de cette vague acheteuse. En mars, le CME a approché un pic de 200 milliards de dollars de volumes échangés sur les futures – certes presque cinq fois moins que Binance sur la même période, selon The Block . Toutes cryptos confondues, les futures pèsent un peu plus de 80 % des volumes échangés, selon CryptoRank . C’est le rapport inverse sur les produits cotés, où l’arrivée des ETF spot (adossés à de vraies réserves de bitcoins) a complètement éclipsé les nombreux ETF futures (reposant sur des contrats de vente à venir) existants, en captant 90 % des volumes.
CME Group emboîterait donc le pas à Deutsche Börse qui a annoncé en mars sa propre plateforme d’échange au comptant de bitcoins et d’ethers. Pour autant, CBOE Global Markets, le rival du CME, a annoncé fermer sa plateforme de trading spot de cryptos d’ici à l’automne. Selon le « FT », le fait que des Bourses réglementées s’ouvrent aux cryptos spot signifie qu’elles pourraient accepter des jetons de fonds monétaires tokenisés , tels que ceux récemment lancés par BlackRock (BUIDL) ou encore Franklin Templeton (FOBXX).

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