Les dessous des nouvelles normes comptables extra-financières
Les députés européens ont majoritairement voté le 10 novembre en faveur de la directive CSRD (Corporate Sustainable Reporting Directive). Une avancée importante du cadre réglementaire européen concernant la finance durable. Le recyclage des déchets, la consommation d’eau, l’optimisation des ressources, le pourcentage de salariés en alternance, en apprentissage et seniors, les émissions de gaz à effet de serre (en « scope » 1, 2 et 3)… Tous ces indicateurs de performances extra-financières devront d’ici le 1er janvier 2024 être publiés par les grandes entreprises européennes (cochant deux des trois critères suivants : plus de 250 salariés, un chiffre d’affaires d’au moins 40 millions d’euros, un bilan supérieur ou égal à 20 millions d’euros), celles qui sont cotées en bourse et les non-européennes qui réalisent 150 millions d’euros dans l’Union européenne (dont un minimum de 40 millions pour une succursale). Il en sera de même pour les PME cotées en 2026. Les impacts environnementaux, gouvernementaux et sociaux des entreprises seront scrutés par l’organisme indépendant EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group). Et ils le seront avec la prise en compte de la double matérialité : les risques du changement climatique sur l’entreprise mais aussi l’impact des entreprise sur le changement climatique. L’Union européenne contre l’IASB (International Accounting Standards Board) Le tableau serait parfait si les normes comptables internationales, les normes IFRS (international financial reporting stardards) étaient européennes. Sauf que ces dernières ne le sont pas. Elles ont été établies par un organisme indépendant américain, l’IASB, l’International Accounting Standards Board, et ont été adoptées en progressivement par tous les pays internationaux dont européens (depuis 2002) donc, qui les ont légitimés, sauf les Etats-Unis qui ont souhaité conserver (à raison) leur souveraineté comptable. Un casse-tête comptable pour les entreprises qui ont dû se conformer à cette nouvelle grille de lecture. Cette année, l’IASB a mis en place un conseil, l’ISSB (International Sustainability Standards Board) dédié aux questions écologiques afin d’ériger de nouvelles normes. C’est le Français et ancien PDG de Danone Emmanuel Faber qui a été nommé à sa tête. Un tour de force pour l’organisme américain qui souhaite jouir de l’influence de ce dernier… en Europe. « Sauf que la philosophie de l’ISSB est radicalement différente de celle de l’Union Européenne et sa directive CSRD. Elle ne prend en compte qu’une simple matérialité ni scientifique ni écologique dans sa grille de lecture et défend prioritairement les intérêts des actionnaires. Il faut absolument défendre et soutenir le projet européen et veiller à ce qu’il soit appliqué et respecté à l’échelle internationale », met en garde Alexandre Rambaud, maître de conférences à AgroParisTech-CIRED, chercheur associé à l’Université Paris-Dauphine et codirecteur de la chaire « Comptabilité Ecologique ».
Geoffrey Carpentier (L’Observatoire de l’Engagement) : « Le rapport de force sur le marché du travail entre les employeurs et les employés s’est inversé »
notre étude a repéré parmi les entreprises trois modèles de management différenciés qui constituent des modalités différentes d’articulations entre l’individuel et le collectif. Le modèle « business as usual » est celui où la société a adapté certains processus au télétravail et à la flexibilité. Le modèle « équilibriste » opérant sur des projets moins fédérateurs peine, quant à lui, à concilier les attentes individuelles et le collectif. Le modèle « people first » se démarque, pour sa part, par son agilité et sa capacité à adapter son fonctionnement voire sa stratégie aux compétences et aux attentes des collaborateurs. Choisir le bon modèle est primordial de nos jours car 6 actifs sur 10 envisagent de quitter leur entreprise si jamais une opportunité se présente. Cette proportion est particulièrement élevée chez les moins de 35 ans, les salariés du privé et les employés des PME. Nous vivons actuellement une période charnière. Le rapport de force sur le marché du travail entre les employeurs et les employés s’est inversé. La guerre des talents est une réalité et de plus en plus d’employeurs réalisent qu’ils doivent changer leur mode de fonctionnement pour pouvoir subsister.
Cryptos : les banques se sentent confortées par la faillite de FTX
Comme un air de « je vous l'avais bien dit ». Les banques françaises, très réservées à l'égard des investissements en cryptos, voient dans la débâcle de la plateforme d'échange de cryptomonnaies FTX la validation de leurs craintes : à leurs yeux, cette classe d'actifs n'est pas assez régulée, et trop risquée pour les épargnants. « La plate-forme FTX, acteur majeur de l'univers de la cryptomonnaie, est en faillite. Son patron vedette, Sam Bankman-Fried, a démissionné. Plus de 100.000 créanciers seraient lésés », a sobrement rappelé Daniel Baal, le patron du Crédit Mutuel Alliance Fédérale , sur sa page Linkedin. Il est l'un des seuls dirigeants à s'exprimer publiquement sur l'affaire.« Nous mettons depuis longtemps nos clients en garde contre les mirages qui leur sont proposés », a-t-il encore insisté. « Les enjeux sont considérables » Sollicitée par « Les Echos », la Fédération bancaire française (FBF) met, elle, l'accent sur le besoin « d'avoir une régulation fiable de ces activités, quel que soit l'endroit dans le monde où elles sont pratiquées ». « Les enjeux sont considérables et il est indispensable de veiller à ce que la sécurité des fonds investis par les clients, la transparence sur la gestion pratiquée par ces nouveaux acteurs, et le contrôle de leurs pratiques par des régulateurs soient assurés », ajoute encore la fédération. « Les cryptoactifs ne peuvent être considérés comme une 'monnaie' car cela nécessite un cadre réglementaire protecteur et une gestion prudente de la protection des données et du risque de blanchiment d'argent. Elles devraient être davantage considérées comme un instrument d'investissement », abonde une source au sein d'une banque française. Des discussions réglementaires sont en cours au sein du G20, et une consultation doit s'achever le 15 décembre prochain. De fortes pressions commerciales Les relations ont toujours été fraîches entre le monde de la crypto et celui des banques, les premières voulant remettre en cause le système financier traditionnel. Sans relation avec le cas FTX, le 22 septembre dernier, le patron de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, n'avait pas mâché ses mots. « Je suis un grand sceptique en ce qui concerne les jetons crypto comme le bitcoin, avait déclaré le dirigeant devant les sénateurs américains. Ce sont des systèmes de Ponzi décentralisés. » LIRE AUSSI : Le krach de FTX va aussi rebattre les cartes de la régulation à Washington Le secteur bancaire joue la prudence face à l'univers crypto, en dépit d'une forte pression commerciale émanant de clients désireux d'investir dans cette classe d'actifs. Les établissements réfléchissent tout de même au rôle qu'ils pourraient prendre . Ils s'intéressent à la technologie de la blockchain et se verraient bien entrer dans le métier via la conservation d'actifs. Pour l'heure, seuls des petits établissements ont osé se frotter directement aux cryptos : Oddo BHF a participé à la levée de fonds du français Coinhouse , qui permet d'investir et de conserver ce type d'actifs. La petite banque Delubac a aussi lancé un service semblable à Coinhouse.
Mark Zuckerberg dans le gouffre du métavers
Vingt et un milliards de dollars (20,9 milliards d’euros) ! C’est la bagatelle qu’a engloutie en deux ans Meta, la firme de Mark Zuckerberg, pour créer le métavers, un monde virtuel en trois dimensions, qui serait, selon lui, la nouvelle frontière de l’humanité. Rien qu’au troisième trimestre, l’aventure de Reality Labs a coûté un record de 3,6 milliards de dollars. Wall Street apprécie de moins en moins ces dépenses dont nul ne sait vraiment si elles rapporteront un jour. L’action Meta s’est effondrée de près de 20 % dans les échanges hors séance à la Bourse de New York, mercredi 26 octobre, après l’annonce des résultats trimestriels de l’entreprise. Depuis septembre 2021, la valeur de Meta, qui s’élevait alors à plus de 1 000 milliards de dollars, a été divisée par trois. Les choix à marche forcée de Mark Zuckerberg, dont la fortune sera passée de 125 milliards à 40 milliards de dollars si la chute boursière se confirme, sont en train d’assécher la formidable machine à liquidités qu’était Facebook avant d’être rebaptisée Meta. Le cash-flow disponible, qui atteignait 12,4 milliards de dollars au dernier trimestre 2021, baisse depuis comme un métronome – de 4 milliards de dollars par trimestre – et a tout simplement disparu cet été ! Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Facebook, les failles de l’empire Ce choix majeur d’explorer le métavers avait été pris alors que l’entreprise, qui vit exclusivement de la publicité, accumule les difficultés dans ses domaines traditionnels. Certes, comme l’a souligné Mark Zuckerberg lors d’une conférence téléphonique, le nombre d’utilisateurs quotidiens de Facebook n’a jamais été aussi élevé – près de 2 milliards, et même 3,71 milliards, si on l’étend à tout le groupe Meta, qui compte aussi notamment WhatsApp et Instagram. Mais le chiffre d’affaires du groupe (27,2 milliards de dollars) a baissé de 4 % au troisième trimestre par rapport à la même période de 2021, tandis que le résultat net se trouve divisé par deux (4,4 milliards de dollars), en baisse, lui, de 52 %.
« Les écosystèmes marins sont au bord de l’effondrement » Dax Dasilva (Age of Union Alliance)
En créant Lightspeed en 2005, Dax Dasilva met l’inclusion et la diversité au centre de son entreprise tech canadienne, aujourd’hui cotée aux Bourses de New-York et de Toronto. Porté par ses convictions, il quitte ses fonctions en février 2022 pour fonder Age of Union Alliance et « investir dans les personnes qui veulent préserver la planète ». Il vient de produire le documentaire Caught avec l’ONG Sea Shepherd, un film qui dévoile les pratiques de pêche parfois criminelles au large des côtes françaises. Chaque année, 10 000 dauphins sont tués par les pratiques de pèche industrielles sur la côte atlantique de l’hexagone. TG : Comment est né le documentaire ? Dax Dasilva : CAUGHT a été filmé plus tôt en 2022 pour révéler les impacts critiques des méthodes de pêche non sélectives et dangereuses, en se concentrant sur les prises accessoires de dauphins au large des côtes françaises, alors que le gouvernement français n’intervient guère. À travers un regard brut et non filtré sur l’activisme sur le terrain, le film met également en évidence les effets d’entraînement catastrophiques potentiels de la surpêche, mettant en péril la durabilité de toute vie sur terre dans un avenir prévisible
Renault crée un double virtuel de ses usines afin de les optimiser
Renault passe à la vitesse supérieure en matière d'optimisation de la fabrication de ses véhicules. L'industriel a créé un double digital de ses usines et de sa Supply Chain. Ce dispositif est baptisé "métavers industriel". Renault fait appel à Google afin de globaliser ses données et activer des algorithmes d'intelligence artificielle d'optimisation de ses processus.
La Redoute présente un essayage mode en ligne séduisant
La Redoute propose une nouvelle expérience de shopping sur internet, qui permet d’effectuer des essayages de « looks » à la volée sur un mannequin. On voit les visuels des vêtements changer de manière automatique tout en respectant les formes et les textures. On peut même regarder ce que la tenue donne selon que l’on choisisse de garder sa chemise hors de son pantalon ou dans son pantalon. Une startup de l’intelligence artificielle lancée en 2020 L’expérience a été conçue avec Veesual, startup créée en 2020 par Maxime Patte, en plein durant la pandémie et le confinement. La technologie permet de changer des vêtements sur un mannequin de manière automatisée. Ainsi les marques peuvent proposer des compositions « sur mesure » à leurs clients en générant des looks engageants qui vont les inspirer. A La Redoute, l’expérience a été lancée il y a seulement 4 semaines. « Les shoppers ont déjà composé plus de 300 000 tenues sur la Mix&Match Experience de La Redoute » se réjouit-on chez Veesual. « Mix&Match répond à deux attentes des clientes. C’est plus de diversité dans les mannequins et plus de looks pour en trouver un qui les inspirent » pointe la startup qui suggère en outre que le taux d’engagement et la conversion sont au rendez-vous.
Sarenza va devenir la place de marché du groupe de prêt à porter Beaumanoir
Le groupe de mode Beaumanoir, connu pour ses marques Cache-cache, Morgan, La Halle ou Caroll, rachète officiellement la plateforme e-commerce Sarenza de vente de chaussures et de mode, au groupe Casino. Les magasiins de Beaumanoir vont devenir les points de retrait de Sarenza Sarenza doit devenir la place de marché de Beaumanoir pour le prêt à porter afin de vendre ses propres marques ainsi que des marques externes. « Nous croyons au commerce omni-canal » explique Jérôme Drianno, directeur général du groupe Beaumanoir. « Nos 2000 magasins en France vont devenir des points relais pour les chaussures de Sarenza » illustre-t-il. « Notre connaissance du marché et notre savoir-faire en logistique profiteront à Sarenza« Beaumanoir a développé le e-commerce pour chacune de ses propres marques mais il lui manquait une plateforme, une place de marché. Afin d’aller plus vite que de développer sa propre technologie et de doper la notoriété de sa propre marque, le groupe a préféré racheter Sarenza. « Notre connaissance du marché et notre savoir-faire en logistique profiteront à Sarenza » ajoute Jérôme Drianno. Le groupe Beaumanoir crée et distribue des collections de prêt à porter En effet, Beaumanoir, outre son activité de distribution, détient une filiale logistique C-Log et a développé une activité conseil en e-business avec Korben, pour le développement et la stratégie d’entreprises en ligne. En mai 2022, C-Log a inauguré un hub e-commerce mécanisé à Poupry près d’Orléans. Ce site logistique est dédié au commerce en ligne. De manière plus globale, Beaumanoir est un adepte de la technologie. Il a par exemple massivement misé sur l’étiquetage de ses produits par RFID. Et lors de son rachat d’une partie des magasins de La Halle en 2020, sa vision était de reconstruire tout un système onmi-canal autour de La Halle en migrant les magasins sur sa plateforme technologique afin de lui permettre de rattraper son retard et de revenir dans la course. Un site pour traiter 50 000 commandes e-commerce par jour Côté logistique, on relève que le dernier site de C-Log permet de garantir une livraison à 10 heures du matin pour toute commande passée avant 19 heures la veille. Son potentiel est de 50 000 commandes traitées par jour. Il est situé à une heure de Paris et à proximité des hubs de transport e-commerce. Il est mécanisé par une robotique intégralement conçue et fabriquée par C-Log à Saint-Malo. Le site C-Log de Poupry a une superficie de 15 000 m2. Il est mécanisé par 400 robots conçus et fabriqués par C-Log. Il emploie 25 personnes. Le montant du rachat de Sarenza par Beamanoir n’est pas communiqué mais il est inférieur à 27 millions d’euros, qui est le poids de l’ensemble des cessions que le groupe Casino veut réaliser. Sarenza, vendeur en ligne de chaussures et de vêtements, avait été racheté en 2018 par Monoprix, une des enseignes du groupe Casino.
Faute de financements, les start-up cherchent à se vendre
Lever ou vendre, c'est le nouveau dilemme de la French Tech. Finies les levées de fonds magiques aux valorisations extravagantes, place à la consolidation. Au premier semestre 2022, 163 acquisitions - par un fonds d'investissement ou une entreprise - ont été réalisées dans la French Tech, d'après une étude d'Avolta Partners pour « Les Echos » . Cette tendance s'accélère selon cette banque d'affaires spécialisée dans la tech. « Aujourd'hui, tous les entrepreneurs se posent la question de vendre », affirme Arthur Porré, cofondateur d'Avolta Partners. La raréfaction des financements, en particulier en série B et au-delà, pousse les start-up à évaluer deux options. Dans le jargon, c'est ce qu'on appelle, le « dual track ». Concrètement, une start-up mandate une banque d'affaires à la fois sur un processus de levée de fonds mais aussi sur une acquisition. « Trop d'inconnus » « Des entrepreneurs pensent qu'ils ne vont pas réussir à lever et nous demandent d'explorer la piste du M&A », souligne Arthur Porré. « Certaines sociétés savent qu'elles doivent trouver le 'move' d'après, et se retrouvent plus rapidement dans un process de M&A », confirme Benjamin Bitton, associé de 2CFinance, cabinet de conseil financier spécialisé dans la tech. « Avant, mon portefeuille se composait à 80 % de levées de fonds et à 20 % de M&A, maintenant c'est le contraire », ajoute-t-il.