Comme un air de « je vous l’avais bien dit ». Les banques françaises, très réservées à l’égard des investissements en cryptos, voient dans la débâcle de la plateforme d’échange de cryptomonnaies FTX la validation de leurs craintes : à leurs yeux, cette classe d’actifs n’est pas assez régulée, et trop risquée pour les épargnants.

« La plate-forme FTX, acteur majeur de l’univers de la cryptomonnaie, est en faillite. Son patron vedette, Sam Bankman-Fried, a démissionné. Plus de 100.000 créanciers seraient lésés », a sobrement rappelé Daniel Baal, le patron du Crédit Mutuel Alliance Fédérale , sur sa page Linkedin. Il est l’un des seuls dirigeants à s’exprimer publiquement sur l’affaire.« Nous mettons depuis longtemps nos clients en garde contre les mirages qui leur sont proposés », a-t-il encore insisté.

« Les enjeux sont considérables »
Sollicitée par « Les Echos », la Fédération bancaire française (FBF) met, elle, l’accent sur le besoin « d’avoir une régulation fiable de ces activités, quel que soit l’endroit dans le monde où elles sont pratiquées ». « Les enjeux sont considérables et il est indispensable de veiller à ce que la sécurité des fonds investis par les clients, la transparence sur la gestion pratiquée par ces nouveaux acteurs, et le contrôle de leurs pratiques par des régulateurs soient assurés », ajoute encore la fédération.

« Les cryptoactifs ne peuvent être considérés comme une ‘monnaie’ car cela nécessite un cadre réglementaire protecteur et une gestion prudente de la protection des données et du risque de blanchiment d’argent. Elles devraient être davantage considérées comme un instrument d’investissement », abonde une source au sein d’une banque française. Des discussions réglementaires sont en cours au sein du G20, et une consultation doit s’achever le 15 décembre prochain.

De fortes pressions commerciales
Les relations ont toujours été fraîches entre le monde de la crypto et celui des banques, les premières voulant remettre en cause le système financier traditionnel. Sans relation avec le cas FTX, le 22 septembre dernier, le patron de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, n’avait pas mâché ses mots. « Je suis un grand sceptique en ce qui concerne les jetons crypto comme le bitcoin, avait déclaré le dirigeant devant les sénateurs américains. Ce sont des systèmes de Ponzi décentralisés. »

Le secteur bancaire joue la prudence face à l’univers crypto, en dépit d’une forte pression commerciale émanant de clients désireux d’investir dans cette classe d’actifs. Les établissements réfléchissent tout de même au rôle qu’ils pourraient prendre . Ils s’intéressent à la technologie de la blockchain et se verraient bien entrer dans le métier via la conservation d’actifs.

Pour l’heure, seuls des petits établissements ont osé se frotter directement aux cryptos : Oddo BHF a participé à la levée de fonds du français Coinhouse , qui permet d’investir et de conserver ce type d’actifs. La petite banque Delubac a aussi lancé un service semblable à Coinhouse.

Lire l’article complet sur : www.lesechos.fr