Le Climate Club, le nouveau réseau d’investisseurs des start-up dans le climat
La concurrence donne parfois naissance à des projets insoupçonnés. Après avoir lancé et revendu des start-up similaires dans la photographie, Antoine Le Conte (Cheerz) et Jérémy Charoy (Lalalab) se sont retrouvés autour d'un nouvel intérêt commun : le Climate Club, pour investir dans les greentechs. Et de préférence, à vocation industrielle ou « hardware ». « Un logiciel ne va pas régler les problèmes, c'est un secteur qui nécessite de mettre les mains dans le cambouis, de faire de la R&D », estime Jérémy Charoy. De fait, la greentech est un écosystème plus technique et compliqué à analyser. Mais aussi plus risqué. « C'est la raison pour laquelle nous multiplions les investissements », poursuit l'investisseur, qui intervient néanmoins en pré-amorçage et amorçage, des étapes où l'aspect industriel est encore bien souvent un projet. 135 entrepreneurs Le Climate Club est une société de capital-risque (SCR) non régulée par l'autorité des marchés financiers (AMF), avec un véhicule maximal de 8 millions d'euros. Au total, 135 entrepreneurs de la French Tech ont mis au pot, avec un ticket d'entrée de 50.000 euros. Parmi eux : Anne Sophie Pastel Dubanton (Au féminin), Guillaume Paoli (Aramis Auto), Bertrand Altmayer (Cityscoot), Julia Bijaoui (Frichti), Nicolas Cohen ( Ankorstore ), Francis Nappez ( BlablaCar ), Elsa Hermal (Epicery), Quentin Le Brouster ( Back Market )… Le véhicule compte néanmoins seulement 15 % d'entrepreneuses. « Nous avons baissé le ticket d'entrée pour les femmes, mais nous avons beaucoup ramé », concède Antoine Le Conte. La plupart des entrepreneurs, tout comme les fondateurs du Climate Club, ne sont pas pour autant tous des spécialistes de la greentech et de l'industrie. Alors pour se former, ils comptent sur les expertises des quelques « outsiders » pour vérifier les dossiers. Mais aussi sur l'Impact Lab, un cabinet de conseil dans la transition écologique et sociale des entreprises. LIRE AUSSI : Les communautés d'investisseurs, nouvelle tendance dans la French Tech Capital-risque : la vague des fonds impact lancés par des généralistes Le Club n'indexe pas, en revanche, une partie du « carried » (plus-values de cession) sur les performances liées à l'impact des sociétés, comme le font les sociétés de gestion du secteur. « Nous n'avons pas la structure suffisante pour faire des business plans impact, ni de dépêcher un cabinet d'audit à ce sujet », estime Jérémy Charoy. Multiplication des petites structures La French Tech a vu éclore ces dernières années nombre de communautés d'investisseurs, dans tous les secteurs : Mozza angel, composée de spécialistes produits , les communautés de Roxanne Varza ( Station F ) ou de Paul Lê (La Belle Vie). Des structures facilitées par divers nouveaux outils, comme Roundtable, une plateforme qui permet de lancer une communauté d'investissements en quelques clics. LIRE AUSSI : Family offices, « super angels », microfonds… les nouveaux investisseurs de la French Tech Comment lancer son fonds de capital-risque en un rien de temps Avec environ 2,5 millions d'euros déployés depuis un an, le Club a déjà investi dans 25 start-up, parmi lesquelles : Beyond Aero (avion électrique, France) , Sirona Technologies (capture carbone, Belgique), Siren Hop (batteries, Etats-Unis), Tilt Energy (flexibilité électrique, France), Biomanity (biomimétisme, France)… Environ 40 % des prises de participation ont eu lieu dans des projets hors de France. « On adore signer le premier chèque des start-up, pour les aider après à trouver leur investisseur principal », indique Antoine Le Conte. Dans le détail, chaque projet audité est ensuite soumis au vote des 135 entrepreneurs. Pour être accepté, il doit recueillir 75 % de « oui ». Sur 30 dossiers proposés, cinq ont été refusés.
Qu’est-ce que Bluesky, le réseau social qui profite du départ des utilisateurs de X ? –
Depuis son rachat en avril 2022 par le milliardaire américain, X (ex-Twitter), n’a cessé de perdre des abonnés. La première année, le réseau social aurait ainsi perdu plus de 13% de ses utilisateurs actifs quotidiens et la chute s’est considérablement accélérée depuis l’élection de Donald Trump au pouvoir. Après que le Président américain ait annoncé la nomination d’Elon Musk à la tête d’un nouveau ministère de « l’efficacité gouvernementale », de nombreuses personnes ont décidé de faire leurs adieux à la plateforme. Des personnalités publiques et des journaux tels que The Guardian ou Ouest-France, ont notamment annoncé la suppression de leur compte. A cela s’ajoute diverses théories concernant la responsabilité d’Elon Musk et de X concernant plusieurs campagnes de désinformation ayant eu lieu sur le réseau social lors des élections présidentielles et le manque de modération. De 40 000 à un million de nouveaux inscrits par jour Dans ce contexte, le réseau concurrent, Bluesky, semble bénéficier de cette exode numérique. Le réseau social au ciel bleu lancé en 2021 de façon indépendante connaît un nombre important de nouvelles inscriptions depuis le 6 novembre. Le nombre de nouveaux inscrits est passé de 40 000 à un million par jour. A date, la plateforme a dépassé les 20 millions d’utilisateurs hebdomadaires. Bluesky, c’est quoi ? Bluesky est un réseau social décentralisé qui était initialement accessible sur invitation mais il a été ouvert au public en février dernier. Il contient à la fois un fil « Discover » personnalisé et un flux chronologique pour les comptes suivis par les utilisateurs. Le réseau social permet également d’accéder à une messagerie directe et de partager des vidéos. Son interface est relativement similaire à celle de X et le concept reste le même, à la différence que la limitation lors d’un post est de 300 caractères et de 280 sur X pour un compte normal contre 4 000 pour un compte payant. Sur sa page d’accueil, Bluesky indique être « un réseau social ouvert qui donne aux créateurs l’indépendance par rapport aux plateformes, aux développeurs la liberté de construire et aux utilisateurs le choix de leur expérience ». Pour les professionnels du Tourisme, son utilisation peut être intéressante en cas de recherche d’alternative au réseau social d’Elon Musk. Bluesky permet également un meilleur contrôle de son « feed » grâce à la possibilité de créer des domaines personnalisés et une fonction de filtrage du contenu.
Les Entreprises du Voyage dénoncent “les pratiques brutales d’Air Algérie”
Dans un communiqué, les Entreprises du Voyage (EdV) et les réseaux Selectour, Manor, TourCom et Cediv condamnent « avec la plus grande fermeté le comportement brutal adopté par la compagnie aérienne Air Algérie à l’encontre de ses agences de voyages partenaires ». Des ADM de « plusieurs dizaines de milliers d’euros » Selon le syndicat, plusieurs agences ont subi ces dernières semaines des campagnes d’applications de pénalités (ADM) « massives, atteignant plusieurs dizaines de milliers d’euros pour certaines agences. » Pour les EdV, de telles pénalités visent les pratiques « churning », soit les poses d’options successives. « S’il n’est pas rare que des compagnies aériennes souhaitent encadrer la pose d’options », les signataires du texte estiment que « le comportement d’Air Algérie visant à sanctionner en bloc et en remontant de nombreux mois en arrière est d’une agressivité inégalée à l’égard d’agences partenaires qui contribuent à remplir leurs avions depuis de nombreuses années ». La structure pilotée par Valérie Boned regrette que ces pénalités aient été déversées sans communication ou avertissement préalable au marché. Et ce, « contrairement aux usages professionnels en vigueur ». Sollicitée par les agences, les réseaux, puis les EDV, la compagnie aérienne « n’a daigné accorder aucune réponse à ses distributeurs en France ». Sur le même sujet Manor Loisirs, ce nouveau réseau de près de 500 agences de… Nov 15, 2024 Management : quand le football inspire le secteur du voyage Nov 13, 2024 François Lévêque (Centrale Voyages) : « J’ai trouvé beaucoup… Nov 8, 2024 Un « avertissement à tous les agents de voyages » Les EDV passent ensuite en mode défensif. « Le présent communiqué a vocation de servir d’avertissement à tous les agents de voyages qui envisageraient commercialiser les vols d’Air Algérie sur la manière dont elles sont susceptibles d’être traitées par cette dernière ». « Les EDV et les réseaux s’inquiètent fortement de cette situation, sa politique d’application de pénalités massives pourrait apparaître pour certains comme une tentative de faire entrer des devises dans ses comptes, quitte à fragiliser sans remords ses partenaires de longue date », concluent-ils. La rupture semble bien consommée.
Comment la technologie peut-elle limiter les points de friction lors du parcours voyageurs ? –
Baptisée « Friction Removed », cette étude menée par Amadeus auprès de voyageurs américains liste les différentes frictions que rencontrent les voyageurs dans leur parcours de voyage. Pour la clientèle Loisirs, les retards et annulations de vols sont la première source d’inquiétude (68%), devant le coût du voyage (50%) et sa coordination dès lors que plusieurs personnes y participent (47%). Chez les plus jeunes (18-24 ans), 49% déclarent éprouver régulièrement des difficultés à trouver les bons itinéraires ou les bonnes informations et 46% ont eu des difficultés à trouver un logement. La navigation dans les aéroports comme principale source de stress Au sein des aéroports, les points de friction pour les voyageurs Loisirs se trouvent majoritairement lors du passage à la sécurité, devant le check-in et la navigation/orientation dans les infrastructures. « Les recherches suggèrent que la navigation dans l’aéroport présente actuellement un certain nombre d’obstacles pour les voyageurs, en particulier lors de l’enregistrement et de la sécurité, et ces obstacles ne peuvent être surmontés que par une meilleure utilisation de la technologie et une plus grande collaboration entre les aéroports, les compagnies aériennes et le contrôle aux frontières », analyse Chris Keller, VP Americas Airport IT chez Amadeus. De la techno mais pas que… Selon le rapport, la technologie au sens large (applications mobiles, automatisation des process, biométrie…) peut aider les voyageurs à surmonter les difficultés qu’ils rencontrent au cours de leur parcours. En revanche, Amadeus met en garde sur le fait qu’il n’existe pas de « solution miracle » et que tout outil technologique mis en place doit tenir compte des besoins des voyageurs et ne pas remplacer à 100% le contact humain. Pour 89% des voyageurs, les applications mobiles de réservation ou de planification sont les plus utiles, devant l’automatisation des process de rebooking en cas d’annulation ou de retard (86%) et le tracking des bagages (86%). En revanche, seuls 26% des sondés disent faire confiance à un assistant virtuel pour des questions liées au voyage, 22% lorsqu’il s’agit de gérer un rebooking ou d’utiliser une numérisation à 100% des documents d’identité. « L’image de la technologie n’est pas entièrement positive. Certains voyageurs notent que lorsque la technologie échoue, elle augmente le stress, soulignant la dépendance à son bon fonctionnement. Il existe également des inquiétudes concernant les atteintes potentielles à la vie privée et la complexités de certaines fonctionnalités, en particulier pour les personnes moins familiarisées », indique l’étude. L’interaction humaine est d’ailleurs la principale utilisée pour les voyageurs planifiant un séjour en famille, les personnes à mobilité réduite, les croisières ou bien encore les voyages de groupe. Un travail collaboratif et une utilisation personnalisée « En facilitant la collaboration tout au long de la chaîne de valeur, nous pouvons renforcer l’innovation et améliorer l’expérience de voyage de bout en bout. Les frictions ne doivent pas être sous-estimées car 14 % des voyageurs potentiels évitent fréquemment de voyager en raison de perturbations anticipées, un chiffre qui passe à 18 % chez les voyageurs d’affaires. Cela a un impact sur la santé du secteur », peut-on lire dans l’étude d’Amadeus. La collaboration entre les différents acteurs du Travel (aéroports, compagnies aériennes, hôteliers, loueurs de voitures…) semble donc essentielle pour repenser le parcours et l’utilisation de solutions technologiques connectées. Toutefois, les résultats de cette étude montrent qu’il est important de comprendre ce qui fonctionne pour les différents voyageurs en offrant un choix et des options plus larges qui leur permettent d’exploiter et d’interagir avec la technologie d’une manière qui leur convient.
Opinel, un centenaire affûté venu de Savoie
Tout le monde a une histoire à raconter sur l'Opinel. Picasso aimait sculpter ses figurines en bois avec un N° 5 à la main couronnée inspirée des armoiries de Saint-Jean-de-Maurienne. Le navigateur Alain Colas se souvenait volontiers qu'il lui avait sauvé la vie alors que son pied était coincé dans une haussière. Plus récemment, le chef Jean Sulpice, un inconditionnel de la marque, a réuni le coutelier et le porcelainier réputé Bernardaud pour concevoir des Opinel à manche en céramique destinés à « L'Auberge du Père Bise » doublement étoilée de Talloires. A Saint-Jean-de-Maurienne, les visiteurs du musée consacré au célèbre couteau savoyard arrivent plein de souvenirs qu'ils partagent en quelques mots, voire sous forme de dessins, dans l'espace qui leur est consacré. Et ce, quel que soit l'âge. « L'Opinel est un couteau qui se mérite, affirme ainsi Sarah du haut de ses 11 ans. J'ai eu mon premier après une randonnée à vélo de 47 km autour du lac d'Annecy. Cette semaine, après avoir marché tous les jours, ma soeur de 4 ans aura le sien. » L'un des 100 plus beaux objets du monde « Un véritable rite initiatique », confirme Paul, qui se souvient encore du jour où son père lui a offert son premier Opinel, pour ses 14 ans. « Ma première arme ! » Pour Svenjia, garde-forestier au parc national de la Forêt-Noire, en Allemagne, « c'est devenu un signe de reconnaissance de l'équipe, donné en cadeau à chaque stagiaire ». Le succès de ce kiosque en forme de virole - du nom technique de la bague de sécurité du couteau - est tel que le directeur du musée, Maxime Opinel, un arrière-petit-cousin du fondateur de l'entreprise familiale, « doit régulièrement faire de la place pour les suivants ». Joseph Opinel (ici, en 1920), inventa en 1890 le couteau pliable, devenu iconique.© Opinel Cette force affective d'Opinel est l'un des ingrédients de l'incroyable longévité du couteau pliable né en 1890 dans le hameau savoyard de Gévoudaz, perché à 600 mètres d'altitude. Avec une notoriété que bien des marques peuvent lui envier : 8 Français sur 10 savent reconnaître la courbe de sa lame en forme de yatagan. Outre-Manche, son design intemporel lui a valu d'être distingué par le Victoria & Albert Museum parmi les 100 plus beaux objets du monde, à côté des montres Rolex ou de la Porsche 911. Des ventes records Plus de cent trente ans après sa fondation par Joseph Opinel, la société familiale, aujourd'hui présidée par son arrière-petit-fils François, n'en a jamais vendu autant. « Un couteau toutes les sept secondes, dont 45 % à l'export », indique cet homme longiligne qui a repris la présidence au décès de son père, en 2016, après une longue carrière dans l'informatique bancaire en Suisse. « En 2023, l'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de 38,4 millions d'euros », précise le sexagénaire, au siège de Chambéry, entouré de son état-major. Un doublement par rapport à 2014 pour un produit qui rime de plus en plus avec l'art de vivre à la française. La période du Covid lui a été particulièrement favorable en raison de son utilité et de sa polyvalence pour bricoler chez soi, dans son jardin ou pour cuisiner, un must dans une période de confinement forcé où le consommateur a redécouvert les plaisirs simples du quotidien. 6,5 millions Le nombre de pièces vendues par Opinel en 2023. Opinel en a d'autant plus profité que son usine a pu continuer à fonctionner pendant la pandémie. Près d'une centaine de personnes y travaillent aujourd'hui pour fabriquer les fameux couteaux de poche. « Sur les 6,5 millions de pièces écoulées en 2023, ces derniers représentent encore les deux tiers des volumes », précise Jean Perroux, lors de la visite des ateliers de production dont il est responsable. Des métiers très différents s'y côtoient pour fabriquer et assembler les cinq pièces qui composent toujours les best-sellers de la maison, soit une lame, un manche, deux viroles - une fixe, et une tournante depuis son invention en 1955 par Marcel Opinel pour certaines longueurs de lames - et un rivet. A l'usine de Chambéry. La lame de l'Opinel, en forme de yatagan, est reconnue par 8 Français sur 10.© Thierry Vallier Si le principe reste le même, les méthodes de production sont régulièrement optimisées pour maintenir le rapport qualité-prix d'un produit dont le nom est entré dans le dictionnaire en 1989. Au nom de la productivité, la découpe de la lame a été externalisée depuis une quinzaine d'années, l'entreprise se concentrant sur le meulage, le façonnage, le laquage ou encore la gravure au laser des manches en bois. Des étapes largement robotisées, avant que l'homme ne reprenne la main. En quelques gestes rapides et précis, Cyril pose la bague de sécurité tournante sur le manche, vérifie son fonctionnement puis affile la lame sur une meule afin de garantir son tranchant et sa capacité à être réaffûtée au cours de son existence. Ne reste plus qu'à conditionner le couteau dans des étuis aujourd'hui en carton. C'est le rôle dévolu à deux femmes sur une ligne séparée. Voilà pour les grandes séries. Mais à l'heure de l'économie circulaire et de la personnalisation, le site possède également un atelier artisanal, aménagé dans un local séparé : Julie (le prénom a été modifié) y réalise ce jour-là un travail de marqueterie à partir de chutes d'ébène, de noyer et d'érable sur le manche d'un N°8, le plus vendu des couteaux de poche, dans une gamme qui compte aujourd'hui onze longueurs de lame différentes à partir de 3,5 cm. Vers une extension de capacité Pour accompagner sa croissance, le coutelier s'est mis en quête il y a deux ans de terrains supplémentaires. Un défi dans une zone où le foncier est rare et cher. Le hasard a voulu que son voisin d'en face, une cimenterie également aux mains d'un actionnariat familial, accepte de lui céder l'été dernier une parcelle inutilisée de deux hectares, aujourd'hui plantée de peupliers. Une occasion inespérée et un soulagement pour le groupe et son personnel. « Ce quasi-doublement de surfaces nous permet de nous projeter sur quelques dizaines d'années tout en pérennisant le site sur lequel nous investissons depuis cinquante ans, confirme Gérard Vignello, directeur général adjoint chargé de l'industrie et des finances. Le permis de construire a été déposé en octobre pour démarrer le chantier au deuxième semestre 2025. » En attendant, le stockage des produits finis s'est verticalisé pour gagner rapidement des mètres carrés supplémentaires sur le site existant et accueillir de nouvelles machines pour usiner des lames. Couteau de poche, de table ou de cuisine, manche en bois, corne, plastique… L'offre s'élargit, pour un outil qui redevient tendance.© Thierry Vallier Si le marché de la coutellerie a souffert de l'inflation post-Covid et de la flambée des taux d'intérêt, Opinel reste confiant sur le moyen terme. Même son de cloche côté distribution sur la dynamique générale du secteur. Et pour cause. « Au cours des dix dernières années, le couteau s'est déringardisé », explique Laurent Fleurot, responsable marketing de H. Beligné et Fils, l'un des principaux grossistes spécialisés en France avec plus de 200 marques différentes à destination des circuits sélectifs. Les grandes marques ont fortement investi pour rajeunir leur image. Avec succès. Le consommateur présente aujourd'hui un profil plus jeune, plus urbain et plus féminin sur un marché qui fonctionne plutôt bien. Pour les 25-35 ans, l'ancien symbole du développement des loisirs des trente glorieuses est « devenu presque l'équivalent d'un accessoire de mode », estime Laurent Fleurot. Un flot de nouveautés Les efforts de design et la recherche de qualités techniques ont sans conteste participé à augmenter le panier moyen. A l'instar du flot régulier de nouveautés tant esthétiques que fonctionnelles à la fois dans le couteau de poche, de table et de cuisine. Très à l'écoute des commentaires des consommateurs sur Instagram, TikTok et autres réseaux sociaux, Opinel participe largement au mouvement. Couteaux à champignons, à huîtres, à bout rond, tire-bouchon ou spécial outdoor, pour enfant… autant de nouvelles fonctions très prisées à la fois dans l'Hexagone, en Allemagne et aux Etats-Unis, le premier marché à l'export. Et à côté des manches en bois personnalisables, le plastique - demain 100 % recyclé - plus adapté au lave-vaisselle s'est fait une place depuis quelques années dans la gamme pour la table. Après le lancement d'un premier kit barbecue en 2024, d'autres nouveautés sont prévues l'an prochain. Opinel n'en dira pas plus. Mais « surtout pas de gadget ». Fidèles au credo de l'aïeul Joseph, François et ses équipes privilégient avant tout « des produits utiles avec un bon rapport qualité-prix, qui répondent à de vraies fonctions et soient fabriqués en France ».
Les banques françaises désertent l’Afrique
De Dakar à Abidjan, et dans de nombreuses capitales africaines, les agences Société Générale ont pignon sur rue depuis des décennies. Pourtant, au rythme auquel elle cède ses filiales , la banque au logo rouge et noir pourrait bientôt disparaître du paysage. Après le Congo, le Tchad, le Bénin, le Burkina Faso , le Mozambique et la Mauritanie, la banque a annoncé il y a quelques semaines qu'elle cédait sa filiale en Guinée. En 2025, cela devrait être au tour de ses filiales ivoiriennes et sénégalaises. C'est la suite logique d'un désengagement progressif impulsé il y a un peu plus d'un an par Slawomir Krupa, le directeur général du groupe . Ces dernières années, Crédit Agricole , BPCE et BNP Paribas avaient déjà réduit considérablement leur présence sur le continent. Et le mouvement devrait continuer dans l'année à venir, d'après l'agence Fitch Ratings. « C'est la queue de la comète » analyse Estelle Brack, experte des systèmes bancaires africains. « Cela prend du temps avant de trouver un repreneur et de négocier le rachat d'une filiale, mais bientôt il n'y aura quasiment plus de banques françaises en Afrique. » Une série de départs qui ne concerne pas que les banques françaises : les anglaises Standard Chartered et Barclays ont également réduit leur présence. Risques et imprévus En cause : un déséquilibre trop important entre la rentabilité de ces filiales et les risques pris sur le marché bancaire africain. Selon les chiffres publiés par Société Générale, l'Afrique représente un produit net bancaire (PNB) de 1,8 milliard d'euros, soit à peine 7 % du total pour le groupe. Dans le cas de la BNP, qui a aussi acté son départ du continent, c'était à peine 1 %. Un maigre bilan comparé aux risques et aux imprévus que réserve le marché africain. Il est plus périlleux de prêter à des Etats, des entreprises ou des PME en Afrique qu'en Europe : le risque d'impayé est plus élevé Estelle Brack, experte des systèmes bancaires africains « Il est plus périlleux de prêter à des Etats, des entreprises ou des PME en Afrique qu'en Europe : le risque d'impayé est plus élevé », résume Estelle Brack. Par ailleurs, les flux financiers illégaux, le blanchiment d'argent et le poids de l'économie informelle sont autant d'obstacles qui pénalisent les filiales africaines. Or, ces dernières années, la réglementation bancaire européenne et les obligations de conformité ont évolué vers un contrôle plus strict. En raison des risques bancaires qui pèsent sur le marché africain, les banques doivent provisionner du capital pour soutenir leurs filiales. Des exigences en fonds propres qui ont été renforcées, mobilisant toujours plus de liquidités. Les banques européennes sont « très conservatrices dans leur gestion du risque », souligne Jamal El Mellali, analyste chez Fitch et spécialiste de l'Afrique. Où est « le miracle africain » ? « La dégradation de l'environnement politique et économique, dans les pays du Sahel par exemple, ou la sortie probable du franc CFA , inquiètent aussi les banques. » Et malgré l'émergence d'une classe moyenne africaine qui plébiscite la voiture individuelle, les équipements high-tech et les prêts immobiliers, « le miracle africain » promis par les économistes il y a une quinzaine d'années, n'a pas réellement eu lieu et le marché est trop étroit pour intéresser les mastodontes français. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - L'impressionnant rétropédalage de Société Générale en Afrique DECRYPTAGE - Le retrait d'Afrique s'accélère pour les banques françaises « La Société Générale ne s'intéresse pas à la classe moyenne africaine et aux PME locales, ce n'est pas du tout son coeur de cible », rappelle Thierry Vircoulon, chercheur à l'Ifri. « Or, la présence des entreprises françaises décline, donc ils perdent une clientèle sûre. » Echaudés par de mauvais indicateurs économiques , les états-majors des grandes banques préfèrent miser sur des marchés mieux connus, plus sûrs et plus stables, comme en Europe ou aux Etats-Unis. « Un esprit start-up » « Il faut avoir le goût du risque, presque un esprit start-up quand on se lance dans des activités bancaires en Afrique », s'amuse Jean-Luc Olivier Akoto, ancien de la direction de la BNP en Afrique, qui a vécu de l'intérieur le désengagement du groupe. « Chez nous, on devait faire face à un bashing permanent sur l'Afrique » se souvient-il aujourd'hui. « On nous disait que c'était corrompu, que c'était impossible d'y faire du business… Tout cela a plombé notre stratégie sur le continent. » Impossible de faire du business en Afrique ? Simon Tiemtoré, homme d'affaires américano-burkinabé pressé, n'est pas de cet avis. A la tête du groupe Vista Bank et du fonds d'investissement Lilium Capital, il veut bousculer la hiérarchie et profiter du désengagement français pour se tailler la part du lion sur le marché africain. Depuis plusieurs mois, il rachète en cascade les filiales cédées par les banques françaises pour développer son réseau bancaire sur une bonne partie du continent. LIRE AUSSI : REPORTAGE - A Lomé, les banques africaines lancent la reconquête face à la finance occidentale DECRYPTAGE - L'Afrique, victime collatérale d'un éventuel retour de Trump à la Maison-Blanche Cet ancien d'Afreximbank et de Morgan Stanley a déjà racheté 100 % des filiales de la Société Générale au Mozambique et au Burkina Faso. Avant cela, il s'implantait en Guinée, au Sierra Leone et en Gambie en rachetant notamment des filiales de la BNP et d'Oragroup, une holding bancaire basée à Lomé. Une stratégie agressive qui porte déjà ses fruits : Vista Bank est présent dans 14 pays africains. « D'ici à 2026, nous serons présents dans 25 pays », promettait Simon Tiemtoré il y a quelques mois. Son objectif : miser sur le tissu de PME et de PMI, trop souvent négligé par les banques françaises, soutenir le commerce intra africain et investir dans les politiques de développement. Une opportunité pour les banques africaines Ces groupes bancaires africains régionaux misent également sur leur parfaite connaissance des marchés locaux et leur plus grande appétence pour le risque. « On pense que le retrait des banques françaises, qui étaient frileuses sur les crédits et visaient une clientèle plus aisée, va bénéficier au marché africain et que ces nouvelles banques vont favoriser la croissance des pays dans lesquelles elles s'installent », analyse Jamal El Mellali de l'agence Fitch. Au Tchad et en Mauritanie, c'est la Coris Bank, fondée par le banquier Idrissa Nassa, originaire du Burkina Faso, qui a racheté les filiales de la Société Générale. En Côte d'Ivoire, elle a mis la main sur la britannique Standard Chartered. Au Mali, au Gabon et aux Comores, la holding ivoirienne Atlantic Financial Group a, quant à elle, fait passer dans son giron les filiales de la BNP. Autant de rachats qui démontrent que, pour ces groupes relativement jeunes dans le secteur, ces filiales françaises sont des valeurs sûres et reconnues sur le marché. « Les banques françaises sont d'excellentes prises pour les banques africaines, elles sont généralement déjà performantes et très bien gérées », rappelle Estelle Brack. Le Sénégal ambitionne de racheter pour 268 millions d'euros la filiale locale de Société Générale, deuxième acteur bancaire du pays Des prises de choix qui aiguisent également l'appétit des Etats, dont certains sont sur la ligne de départ pour racheter des filiales françaises. C'est notamment le cas du Sénégal, dont le secteur bancaire est dominé par de grands groupes étrangers, et qui ambitionne de racheter pour 268 millions d'euros la filiale locale de Société Générale, deuxième acteur bancaire du pays. Une transaction suivie de près par le nouveau président, Bassirou Diomaye Faye , qui cherche à se doter d'un bras armé financier pour soutenir les investissements publics dans le pays et le développement des PME locales : celles-ci ne captent jusqu'à présent que 10 % des crédits accordés aux entreprises. Opération séduction « Les pays en développement ont besoin de contrôler des grandes banques avec une taille critique pour financer efficacement leurs projets de développement. Or, à la BNP par exemple, nous étions très frileux pour financer les gros projets publics », souligne Jean-Luc Olivier Akoto. Au Bénin, la Société Générale a déjà signé un accord avec l'Etat pour céder sa filiale. Un revers pour Simon Tiemtoré, encore lui, qui s'était également positionné pour la racheter avec Vista Bank. En partant à l'assaut du marché africain, ces nouveaux acteurs bancaires s'inspirent d'un mouvement lancé de longue date par le Royaume du Maroc. « Dès les années 2000, les banques marocaines ont commencé à stimuler la concurrence en s'intéressant à la classe moyenne africaine et à la banque de détail, qui était absente de la stratégie des banques sur le continent », souligne Estelle Brack. LIRE AUSSI : Comment les banques marocaines profitent du désengagement français en Afrique ENQUETE - En Afrique, le grand repli des entreprises françaises Cette stratégie de développement a été impulsée par le roi Mohammed VI lui-même : le pouvoir royal a poussé les banques et les entreprises marocaines à s'installer en Afrique subsaharienne pour y trouver des relais de croissance. Trop à l'étroit dans un marché bancaire marocain saturé, plusieurs grands groupes bancaires ont mis le cap vers l'Afrique francophone comme Bank of Africa ou Attijariwafa Bank. Si les banques marocaines n'ont pas été jusqu'alors très représentées dans le rachat de filiales de banques françaises, elles s'intéressent de près aux quelque 5.000 sociétés tricolores toujours implantées sur le continent. Des entreprises qui « prennent acte » du retrait des banques françaises. « Ce n'est pas une excellente nouvelle pour la présence française en Afrique », regrette cependant Etienne Giros, président du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN). L'Afrique est en train de se doter de géants bancaires qui vont rapidement compenser notre départ. C'est un mouvement irréversible Jean-Luc Olivier Akoto, ancien de la direction de la BNP en Afrique Signe des mouvements tectoniques qui redéfinissent le secteur : Mohamed El Kettani, PDG d'Attijariwafa Bank, était invité au mois d'octobre par ces mêmes entrepreneurs français pour un petit déjeuner dans les salons cossus de l'Automobile Club de France. Opération séduction pour l'une des banques les plus importantes d'Afrique francophone. « Nos invités sont venus découvrir tous les moyens qu'Attijari pouvait mettre à disposition des entreprises françaises. Nous constatons que ces banquiers ont une stratégie subsaharienne et sont très désireux de travailler avec des sociétés françaises », détaille Etienne Giros. « L'Afrique est en train de se doter de géants bancaires qui vont rapidement compenser notre départ. C'est un mouvement irréversible », résume Jean-Luc Olivier Akoto.
The Exploration Company, la start-up européenne du New Space qui affole les compteurs
Airbus, le géant de l'aéronautique et du spatial, est l'exemple le plus cité en matière de coopération industrielle réussie entre grands pays européens. The Exploration Company rêve de l'imiter et se donne les moyens de ses ambitions. La start-up, qui développe un vaisseau réutilisable pour le fret spatial, a bouclé une levée de fonds de 150 millions d'euros en série B, un record à ce stade pour une jeune pousse européenne du New Space. Ce financement est « uniquement en equity », précise Hélène Huby, sa patronne. Au passage, cette dernière efface des tablettes la performance d'Eléonore Crespo, qui, jusqu'alors, avait signé le plus gros tour de table d'une dirigeante tricolore dans la tech, avec Pigment (133 millions d'euros en 2024). Cette opération a été menée par Balderton Capital et Plural, avec le soutien de Bessemer Venture Partners, NGP Capital, French Tech Souveraineté et DeepTech & Climate Fonds (DTCF). LIRE AUSSI : Hélène Huby, le nouveau visage de l'Europe du spatial C'est la première fois que French Tech Souveraineté et DTCF (financé par le « Zukunftsfonds » et l'ERP Special Fund) investissent ensemble : une illustration de l'originalité de cette jeune pousse qui a été fondée entre Mérignac (Gironde) et Munich (Bavière). « Ma conviction profonde, c'est que si nous voulons construire un géant mondial, il faut le construire entre pays européens. Sinon, cela ne fonctionnera pas : nous allons penser à une échelle trop petite, il n'y aura pas la capacité de financement nécessaire et pas suffisamment de talents », plaide Hélène Huby. L'Europe dans le sang Les investisseurs historiques (EQT Ventures, Red River West, Cherry Ventures, Orbital Ventures et Omnes Real Tech Fund) ont aussi remis au pot à l'occasion de ce tour de table sursouscrit. The Exploration Company n'a quasiment que des actionnaires européens. Un bel exploit, alors que le manque de gros fonds sur le Vieux Continent pousse beaucoup de dirigeants dans la deeptech à aller chercher de l'argent aux Etats-Unis ou en Asie. Selon Sifted, sa valorisation serait aux alentours de 450 millions d'euros. Hélène Huby a l'Europe dans le sang. C'est l'une des raisons qui ont poussé cette normalienne et énarque à mener une partie de sa carrière chez Airbus et ArianeGroup, des entreprises qui créent « des solidarités de fait » entre les pays européens. Avec The Exploration Company, la quadragénaire veut prouver que l'Europe peut peser dans la bataille mondiale du New Space. Avoir des investisseurs européens est aussi crucial, car la société veut travailler avec des clients civils et militaires. « C'est une boîte différente, puisqu'elle s'inscrit dans une logique géopolitique », analyse Hugo Hubert, investisseur chez Omnes Capital. Pour accomplir son rêve, Hélène Huby ne manque pas d'atouts. Outre sa fine connaissance du marché, elle a une grosse capacité de travail et sait parler avec aisance aux industriels, politiques, militaires et investisseurs des deux côtés du Rhin. Elle a aussi la chance de connaître Emmanuel Macron, chantre d'une Europe spatiale, puisqu'ils ont étudié ensemble au lycée Henri-IV à Paris. Il faut qu'on soit d'abord fort chez nous avant d'être fort à l'étranger. Pas l'inverse. Hélène Huby, cofondatrice et directrice générale de The Exploration Company En trois ans d'existence, The Exploration Company assure avoir tenu presque tous ses objectifs en matière de R&D et de gestion financière. « Cela donne confiance aux investisseurs. Nous leur montrons que nous n'allons pas exploser les coûts et les plannings, ce qui est un risque important dans les projets spatiaux », remet en perspective la patronne. La société a aussi fait fort sur le plan commercial : elle revendique près de 800 millions de contrats signés. « Nous avons un contrat public avec l'agence spatiale européenne (ESA) et cinq contrats privés avec des stations spatiales américaines », détaille Hélène Huby.
Taxe sur l’aérien : gros casse-tête en vue pour les agences de voyage
Jusqu'à présent, les bruyantes protestations du secteur aérien n'ont pas eu raison du projet gouvernemental, qui prévoit un triplement de la taxe de solidarité sur les billets d'avion. Une mesure qui se traduirait en l'état par un surcoût allant d'un peu plus de 6 euros sur un vol court-courrier en classe économique, à 120 euros pour un vol long-courrier en classe affaires. Et sauf surprise, c'est bien aux clients des compagnies aériennes que sera présentée la facture. Parmi eux figurent les agences de voyage et les tour-opérateurs, pour qui la situation vire au casse-tête. Le projet gouvernemental prévoit en effet d'appliquer cette surtaxe sur tous les vols décollant d'un aéroport français dès le 1er janvier. Or « nous avons déjà vendu des milliers de billets d'avion en 2024, pour des vols en 2025 », s'inquiète Valérie Boned, la présidente des Entreprises du voyage. Bataille à venir avec les compagnies Pour les billets déjà émis, « il est strictement impossible de faire payer les passagers », poursuit-elle. Ce qui promet d'âpres discussions pour savoir qui, des compagnies ou des professionnels du voyage, paiera l'addition. « C'est l'inconnue totale et tout le monde se protège », résume René-Marc Chikli, le président du Syndicat des entreprises de tour-operating (Seto). LIRE AUSSI : Taxe sur l'aérien : le gouvernement fait quelques retouches mais vise toujours un milliard d'euros Pour les voyages à forfait dont les billets ne sont pas encore dans les mains des clients, la situation est moins complexe. « Il est possible de modifier le montant du voyage jusqu'à trente jours avant le départ », rappelle Valérie Boned. Une possibilité qui ne peut se matérialiser qu'en cas de variation du cours du pétrole ou du dollar… ou de l'instauration d'une taxe nouvelle. Les entreprises du voyage, organisation qui rassemble les principales entreprises du secteur (dont le Seto), souhaitent tout de même que le gouvernement simplifie la donne. Elle demande que la surtaxe sur l'aérien s'applique uniquement aux réservations effectuées en 2025, et non aux vols qui décolleront à partir du 1er janvier. « Lors de l'instauration de la taxe de solidarité, il y avait trois mois de décalage pour permettre aux professionnels d'anticiper », rappelle René-Marc Chikli. LIRE AUSSI : Cette taxe surprise du budget 2025 qui va encore alourdir les impôts des aéroports parisiens Un courrier en ce sens a été envoyé à la ministre du Tourisme, Marina Ferrari. Cette dernière « a bien identifié les écueils mis en évidence par les entreprises du voyage », et va « poursuivre les échanges avec son homologue du Budget sur ce sujet qui sera également examiné dans le cadre des débats parlementaires », fait savoir son entourage.
Automobile : pourquoi la voiture électrique donne la migraine aux spécialistes du leasing
Prix encore trop élevés, aides à l'achat en baisse… La plupart des facteurs expliquant la baisse des ventes de voitures électriques ces derniers mois sont connus. Mais les « wattures » souffrent aussi de la prudence qu'elles suscitent chez les spécialistes du leasing, ce mode de financement automobile de plus en en plus répandu. Les professionnels redoutent que les modèles à batterie achetés aujourd'hui ne génèrent des montagnes de pertes à moyen terme, avec la dépréciation des stocks de véhicules. Un risque évalué à 8 milliards d'euros à l'échelle européenne, selon une étude réalisée il y a quelques semaines par le cabinet Corporate Value Associates (CVA). Pour de nombreux professionnels, le leasing, ou location longue durée (LLD), représente l'avenir du secteur. L'utilisateur n'achète plus la voiture, il la loue, le plus souvent durant trois ans. Il a ensuite l'obligation de la restituer, contrairement à la location avec option d'achat (LOA) qui prévoit une possibilité d'acquisition au terme du contrat. Le système préféré des entreprises « Le leasing opérationnel avec services est devenu depuis longtemps la norme pour les grandes entreprises, qui y trouvent de la visibilité et évitent les mauvaises surprises au moment de la revente, explique Markus Collet, associé chez CVA. Cela leur permet d'externaliser la maintenance, l'assistance, et plus globalement toute la gestion de flotte. Ces dernières années, les sociétés de plus petite taille s'y sont mises, ainsi que de plus en plus de particuliers. » Selon CVA, le leasing couvrira 57 % des immatriculations en Europe à l'horizon 2030, contre 36 % en 2021. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Paris et Berlin convergent sur la nécessité de soutenir les ventes de voitures électriques DECRYPTAGE - Audi, Nissan, Michelin, Jeep… hécatombe sociale dans l'automobile Pour les « leasers » comme Arval ou Ayvens, la rémunération repose sur deux pieds : les mensualités que verse l'utilisateur, et la revente du véhicule sur le marché de l'occasion à l'issue du contrat. Le paramètre essentiel de l'équation est la valeur résiduelle, c'est-à-dire le prix que le propriétaire peut en tirer sur le marché de l'occasion, qui détermine par ricochet le montant des mensualités de la LLD. Pour fixer le montant de cette valeur résiduelle, des spécialistes compilent des montagnes de données à partir des transactions enregistrées sur le marché. Pour les voitures essence et diesel, le mécanisme est bien rodé, même si la santé du marché a évidemment un impact au moment de la revente. Ce n'est pas le cas avec la voiture électrique, qui a donné lieu depuis l'an dernier à de très mauvaises surprises pour les professionnels. Des prix de revente plus bas que prévu Sur le marché de l'occasion, « on n'arrive pas à les vendre », résume un important concessionnaire français. Ou alors en acceptant un gros rabais par rapport à la valeur prévue. « Actuellement, les prix de revente des véhicules électriques sont nettement plus bas que ce qui était escompté », confirme Markus Collet. Le leaser britannique Zenith, qui a misé très tôt sur l'électrique avec 30 % de voitures à batterie dans sa flotte de 77.000 véhicules, en a fait l'amère expérience. Son compte de résultat 2023, clos au 31 mars, fait apparaître un bénéfice moyen de 3.700 livres par voiture essence ou diesel revendue au terme du contrat… et une perte de 2.000 livres par véhicule pour les modèles électriques. Selon la société spécialisée Indicata, le délai moyen pour écouler une voiture électrique d'occasion en France est longtemps resté à 150 jours, soit trois fois plus qu'une diesel. L'indicateur est descendu à 116 jours en juin, une baisse des stocks obtenue grâce à de gros discounts. Selon l'observatoire de La Centrale, le prix de vente moyen des véhicules électriques de seconde main a reculé de 20 % sur un an, soit deux fois plus que le marché. Tesla porte une part de responsabilité. Au printemps 2023, le leader de l'électrique a sabré ses prix catalogue pour relancer des ventes. Avec par exemple 11.500 euros de baisse en trois mois pour une Model 3 ! Conséquence, la valeur des Tesla d'occasion a dégringolé, faute de quoi les acheteurs auraient trouvé plus avantageux d'en acheter une neuve. Net leader des ventes, le constructeur a entraîné par contagion tout le marché avec lui. « Le secteur a pâti de ces repositionnements permanents », déplore Xavier Chardon, le président de Volkswagen Group France. La concurrence des modèles neufs Mais d'autres facteurs viennent saper la valeur de revente des voitures électriques. La principale raison est la tendance à la baisse des prix des modèles neufs. Les constructeurs occidentaux s'efforcent de baisser l'écart de 30 % environ qui demeure avec les modèles thermiques. Sans compter la concurrence des constructeurs chinois, qui tirent eux aussi les prix vers le bas. Les Peugeot 208 ou Renault ZOE vendues ces dernières années avec un prix catalogue largement supérieur à 30.000 euros se retrouvent donc sur le marché de la seconde main face des R5 neuves à 25.000 euros, ou des Citröen C3 à 23.300 euros avant bonus. Une pression à la baisse qui n'existe pas dans les thermiques, où les nouvelles générations affichent des prix stables ou en hausse.