Le bleisure allonge la durée des déplacements à l’étranger
Une analyse mondiale auprès de 562 décideurs, travel managers et voyageurs d’affaires menée par Corporate Traveller et FCM Travel, révèle que les voyages à l’étranger d’une journée enregistrent la croissance la plus faible entre 2023 et 2024. Ces déplacements sont relégués au second plan par rapport aux séjours prolongés, notamment ceux de 6 ou 7 jours, qui affichent une augmentation de 10 % sur la même période. D’après la même enquête, “des événements tels que des concerts ou des compétitions sportives influencent désormais de manière stratégique les déplacements professionnels.” Extrapolons l’analyse de FCM : la stratégie, en pareil cas, ne relève pas du travel management mais du voyageur lui-même. Dans le cas d’un déplacement que son activité professionnelle lui impose, la date sera choisie en fonction d’une prolongation bleisure offrant une expérience particulière. Melissa Elf, COO Monde de Flight Centre Corporate se fait plus précise : “Selon nos données internes, les séjours prolongés autour de grands événements continuent de gagner en popularité, qu’il s’agisse de concerts de Taylor Swift en Australie, du Grand Prix de Formule 1 à Singapour, des matchs des Jaguars de Jacksonville à Londres, des Mets à New York, ou simplement d’un voyage d’affaires prolongé pour profiter de moments en famille.” Des loisirs pour 75% des voyageurs Que les déplacements d’une journée soient les moins prisés pour les déplacements à l’étranger n’a rien d’inédit. Déjà, l’indice GBTA Business Travel Index Outlook 2024, basé sur les réponses de 4.100 voyageurs d’affaires dans cinq régions du monde, publiée en juillet 2024, le confirmait. Ce qu’il y a de nouveau c’est la progression de 10% des séjours de 6 ou 7 jours. Et tout démontre donc que cette appétence pour les séjours longs est à mettre en relation avec une pratique bleisure - à vrai dire, un séjour de 6 ou 7 jours contenant au moins une partie de week-end l’implique forcément. La même enquête confirme que plus de 75 % des personnes interrogées déclarent qu'eux-mêmes ou leurs collaborateurs intègrent des moments de loisirs à leurs voyages professionnels. “Ces données mettent en avant des tendances mondiales, à la fois émergentes et durables, dans les voyages d’affaires. Elles offrent aux entreprises une opportunité précieuse d’ajuster leurs politiques pour répondre aux attentes de leurs collaborateurs, tout en constituant un levier stratégique pour attirer et fidéliser les talents”, ajoute Melissa Elf.
Internet : la France face à l’irrésistible ascension du Starlink d’Elon Musk
L'anecdote est racontée devant un parterre de professionnels des télécoms, dont le métier est de déployer la fibre optique. « Un restaurant sur la côte atlantique ouvre deux mois dans l'année et a souhaité se raccorder à la fibre. Le devis était de 120.000 euros. Pour lui, cela n'a aucun sens de choisir la fibre alors qu'il peut aller chez Darty et acheter une antenne Starlink à 350 euros. » Alors que l'extinction du réseau cuivre, qui sert à véhiculer le téléphone et l'ADSL, va se concrétiser le 31 janvier 2025 avec un premier lot de 162 communes concernées, la question du satellite resurgit de façon aiguë. Un Français sur dix n'est toujours pas éligible à la fibre optique, selon l'Arcep, le régulateur des télécoms. Et ils ne le seront peut-être jamais, car leur raccordement est soit trop cher ou trop complexe. Autant de clients qui intéresseront Starlink, l'opérateur satellite d'Elon Musk. Dans les zones mal desservies par la fibre La France a fait le choix du 100 % fibre : opérateurs et collectivités (qui déploient les réseaux en régions) ne jurent que par les fils de lumière. Si bien qu'ils osent à peine évoquer Starlink, devenu « l'éléphant dans la pièce ». L'opérateur est pourtant de plus en plus présent dans l'Hexagone. D'un point de vue commercial d'abord, il se positionne en concurrence frontale avec les offres fixes du marché, avec un abonnement à 40 euros par mois. Au niveau des usages ensuite : si l'Américain ne dévoile aucun chiffre - et ne répond pas aux sollicitations des journalistes -, le trafic aurait néanmoins triplé en France en 2024, selon Cloudflare. D'après l'Arcep, qui vient de mener une consultation publique auprès de 4.700 personnes, Starlink est plébiscité pour développer la connectivité dans les zones mal desservies par la fibre et le mobile, tant par les particuliers que les entreprises. Les utilisateurs existants du service américain se disent d'ailleurs globalement satisfaits. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Air France va offrir du wi-fi haut débit grâce à la constellation Starlink d'Elon Musk Internet par satellite : comment la Chine veut s'imposer face au Starlink d'Elon Musk Pour les particuliers, le kit satellitaire est seulement distribué par FNAC-Darty, et depuis plus récemment par Boulanger, et sur Internet. Sur le terrain, il suffit de tendre l'oreille. « Starlink perce fort dans les campagnes qui ne sont pas desservies par la fibre, mais aussi dans les quartiers résidentiels où il y a des problèmes », raconte Gaspard Pierre, installateur Starlink. Implanté à Arles et Carpentras, il voit son activité grimper depuis 2021, avec 15 installations par mois. Le recours à un artisan est certes coûteux, de 700 à 1.000 euros pour la main-d'oeuvre, sans l'antenne ni le bras officiel. Mais selon le professionnel, « il y a de plus en plus d'installateurs spécialisés dans la fibre qui proposent Starlink ». Des clients lassés d'attendre la fibre Si le satellite est logiquement envisagé par les propriétaires isolés (fermes, chalets, commerces saisonniers, maisons secondaires…), la solution technologique touche aussi « ceux qui sont lassés d'attendre la fibre, et même les logements neufs, où il faut désormais payer 650 euros rien que pour localiser le point d'accès au réseau, contre 15 euros avant pour le cuivre », souffle Ariel Turpin, délégué général de l'Avicca, l'association du numérique en région. LIRE AUSSI : EXCLUSIF - Le gendarme des télécoms sonne l'alerte sur le déploiement de la fibre et réclame un « portage politique » ENQUETE - Fibre optique : pourquoi les clients saturent « Bravo Orange ! » ironise sur le forum Lafibre.info un abonné qui fait face à ce problème et s'est, depuis, abonné à Starlink pour moins cher. Ce n'est pas tout. Alors que la France est réputée avoir déployé sa fibre optique vite - mais avec parfois des problèmes de qualité -, l'Avicca observe que, de plus en plus d'abonnés, déçus par leur connexion fibre, basculent chez Starlink. « Le satellite peut servir de solution transitoire pendant les déploiements, mais il n'y a rien de mieux que la fibre », plaide Laurent Halimi, le nouveau président de la Fédération française des télécoms. Or, l'exemple de Mayotte a montré que la résilience des réseaux terrestre avait ses limites. L'île, dont les réseaux télécoms sont presque totalement tombés, doit s'en remettre à des kits de secours envoyés par les opérateurs… dont aucun n'avoue qu'ils contiennent du Starlink ! Les entreprises intéressées Chez les opérateurs, seul Bouygues Telecom Entreprises a choisi de « pactiser » avec la firme d'Elon Musk, en nouant un partenariat de distribution en juillet. Cette offre doit répondre aux besoins des entreprises qui seront bientôt coupées du cuivre, et n'ont pas de possibilité de se connecter en 4G ou 5G. Et constitue un mode de connexion en plus (« back-up »), par sécurité. LIRE AUSSI : Turbulences en vue sur les télécoms d'entreprise avec la fin de l'ADSL Télécoms : ces entreprises qui hésitent à passer à la fibre « Starlink apporte une réponse aux entreprises qui n'ont pas encore d'accès à la fibre », relève Sylvain Plagne, directeur marketing chez Bouygues Telecom Entreprises, qui compte accentuer la mise en avant de cette offre à l'avenir. L'intérêt des entreprises serait manifeste, entre inquiétude liée à la fin du cuivre et hésitation à passer à la fibre. La France reste très bien équipée en télécoms. « La guerre porte sur les 10 % qui ne sont pas encore raccordés à la fibre », pointe Sylvain Chevallier, analyste chez BearingPoint. « Mine de rien, cela fait 3 millions de foyers, ce qui est loin d'être négligeable », complète l'expert - c'est à peine moins que le parc fixe de Bouygues Telecom. D'ailleurs, Starlink est en train d'être rejoint par d'autres… Orange et Amazon sur les rangs Orange, qui reste très discret sur ce sujet, a lancé son offre Nordnet d'Internet par satellite en décembre, avec des débits (200 mb/s) et un prix (50 euros par mois) comparables à Starlink, mais une latence supérieure. Contrairement à l'Américain qui possède 6.000 satellites de basse orbite à 550 km de la Terre, Nordnet ne compte que sur un lointain satellite géostationnaire situé à 36.000 km. La différence est la latence : 33 millisecondes pour Starlink et 700 millisecondes pour le second. LIRE AUSSI : Satellites : Face à SpaceX, Bruxelles lance sa constellation pour plus de 10 milliards d'euros Les choses pourraient s'agiter en 2025. Pas avec la constellation européenne Iris2 , attendue seulement en 2030. Mais avec Amazon qui prévoit de lancer commercialement son offre Kuiper l'année prochaine. Après avoir obtenu un feu vert de l'Arcep en juillet pour des tests, Amazon a accéléré mardi 17 décembre avec la demande d'« établir et exploiter un réseau ouvert au public ». Et il se dit que les prix de Kuiper seront inférieurs à ceux de Starlink… Pour le secteur français des télécoms, qui peine à rentabiliser ses 14 milliards d'euros investis dans les réseaux fixes depuis dix ans, il ne manquerait plus que la guerre des prix du mobile s'étende désormais au fixe.
Allemagne : Elon Musk s’invite avec fracas dans la campagne en apportant son soutien à l’extrême droite
C'est une série de tweets qui n'est pas passée inaperçue. Le milliardaire américain Elon Musk est entré dans la campagne électorale allemande avec des déclarations chocs. « Seule l'AfD peut sauver l'Allemagne », a-t-il écrit sur sa plateforme X, l'ex-Twitter sur laquelle l'entrepreneur peut se targuer d'avoir 208 millions d'abonnés, lui assurant une gigantesque caisse de résonance. « Vous avez parfaitement raison », s'est empressée de réagir la coprésidente du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD), Alice Weidel. Alors que des élections sont prévues pour le 23 février, l'AfD est créditée d'environ 19 % d'intentions de vote. Reste que ce soutien à un parti d'extrême droite, dont les propositions ont été qualifiées «de bon sens» par Elon Musk, n'est pas sans poser de problèmes : il constitue une interférence étrangère, de la part d'un milliardaire non élu, dans une campagne déjà sous tension et un pays fracturé. A l'ancien commissaire européen Thierry Breton qui s'en inquiétait sur X ce week-end, Musk a répondu que si le Français ne parlait pas russe ou allemand aujourd'hui, c'était grâce à une «interférence étrangère américaine»... Appel à la démission de Scholz Quelques heures après l'attentat de Magdebourg, qui a coûté la vie à 5 personnes, Elon Musk est allé plus loin, attaquant directement le chancelier Olaf Scholz, qu'il a appelé à « démissionner immédiatement », en le traitant d'« incompétent » et d'« idiot ». En interpellant de cette façon le chef du gouvernement allemand à la veille d'élections, il est difficile de ne pas y voir une tentative de déstabilisation, venant, qui plus est, d'un homme qui a régulièrement des contacts téléphoniques avec le président russe Vladimir Poutine, selon le « Wall Street Journal ». Ce n'est pas la première fois que l'homme d'affaires sud-africain, qui a vécu sous le régime de l'apartheid jusqu'à l'âge de 17 ans, s'immisce dans la vie politique d'Etats étrangers, en faisant avancer son agenda pro-extrême-droite. Elon Musk, la personne la plus riche du monde et financier de la campagne de Donald Trump, l'a fait dans la politique britannique en attaquant le parti travailliste au pouvoir, et des rumeurs circulent sur une aide financière au parti d'extrême droite Reform UK , de Nigel Farage. En Allemagne, le propriétaire de Tesla et de SpaceX est également un habitué des tweets provocateurs. Il a récemment insulté Angela Merkel, tout comme Olaf Scholz. « Olaf est un imbécile », avait-il écrit en allemand en novembre, en commentaire d'un post annonçant la chute de la coalition. « Sur X, règne la liberté de pouvoir dire ce que l'on veut », s'était contenté de répondre le gouvernement allemand. Quelques jours plus tard, le chancelier avait concédé que la remarque n'était « pas très aimable » mais que comme les entreprises du secteur d'Internet n'étaient « pas des organes d'Etat », il « n'avait pas accordé d'attention » particulière à cette attaque. Des intérêts en Allemagne En septembre 2023, Elon Musk avait également jugé que le gouvernement allemand avait une politique « folle » en matière de réfugiés. « Si un gouvernement démocratique agit contre la volonté du peuple, il devrait être révoqué », avait-il tweeté. Le milliardaire, q ui entend radicalement réformer le fonctionnement de l'Etat fédéral américain, ne se fixe visiblement aucune limite dans ses propos, alors qu'il est désormais un élément clé de l'équipe Trump bientôt au pouvoir. Et qu'il a des intérêts importants en Allemagne. En 2019, Elon Musk avait choisi le pays pour y construire sa seule usine en Europe. Située à Grünheide, près de Berlin , celle-ci emploie 12.000 salariés et dispose d'une capacité de production de 500.000 véhicules par an. Le constructeur, qui occupe une superficie de 300 hectares, souhaite défricher une centaine d'hectares supplémentaires, afin de construire des entrepôts, une gare de marchandises et une crèche et porter la capacité de production du site à 1 million de voitures par an.
Chez KLM, tous les B777 et B787 désormais équipés d’une Premium Comfort
KLM (groupe Air France-KLM) vient d’achever, à l’issue de deux années de réaménagement de ses cabines long-courrier, l’ajout entre sa classe économique (Economy et Economy Comfort) et sa World Business Class, d’une Premium Comfort Class, sur la totalité de sa flotte Boeing 777 et 787, soit 54 avions au total. « Les premières réactions ont été très positives chez nos passagers, lesquels mentionnent en particulier le fait qu’ils bénéficient de plus de confort et de repas plus savoureux » se félicite Barry ter Voert, directeur de l’expérience au sein de la compagnie néerlandaise. Selon le type d’avion, la section Premium Comfort compte de 21 à 28 sièges, des fauteuils plus larges et offrant plus d’espace pour les jambes, dotés également d’un écran plus grand et d’un repose-pieds à la différence de la classe Economy. Les sièges de la section Premium Comfort peuvent également être davantage inclinés vers l’arrière qu’en économie. Lors de la conversion des B777, KLM Royal a également remplacé les sièges de la World Business Class, dotés désormais d’une porte coulissante pour plus de confort et d’intimité. En outre, tous les passagers de la World Business Class ont un accès direct au couloir.
Le nouvel Airbus A330NEO de Malaysia Airlines cloué au sol quelques jours après son vol inaugural
oilà sans doute une mauvaise publicité dont Airbus mais aussi Malaysia Airlines auraient bien voulu se passer. La compagnie aérienne Malaysia Airlines a cloué au sol son nouvel Airbus A330NEO à peine 3 jours après que celui-ci a effectué son vol inaugural de Kuala Lumpur à Melbourne, en Australie. L'avion a été immobilisé pour 48 heures. En cause : une série de problèmes techniques que l'appareil a rencontré depuis son vol inaugural. Airbus et Rolls-Royce pointés du doigt par le DG de Malaysia Airlines « Le problème vient de l'usine et cela affecte la réputation et la marque de Malaysia Airlines », a indiqué dimanche le directeur général de la compagnie aérienne, Izham Ismail, au journal malaisien « New Straits Times ». Selon lui, Malaysia Airlines a identifié trois problèmes techniques dus au niveau de qualité de la production en usine et au niveau de la livraison. Lors de son vol inaugural, le 19 décembre, l'avion aurait ainsi connu des premiers problèmes techniques impliquant son moteur et ses systèmes hydrauliques. Ces problèmes se sont reproduits le 20 décembre, ce qui a obligé l'avion à être immobilisé pour réparation à son retour à Kuala Lumpur. Le 21 décembre, Malaysia Airlines a ensuite annulé le vol MH149 à destination de Melbourne en raison de la persistance de ces problèmes. « La sécurité est essentielle. Je ne prendrai pas de risques sur la sécurité », a expliqué Izham Ismail. Il pointe du doigt la responsabilité du constructeur de l'appareil qui est équipé d'un moteur Rolls-Royce Trent 7000. « Nous avons besoin qu'Airbus et Rolls-Royce enquêtent sur la cause profonde de ces problèmes sur ce tout nouvel avion. Les constructeurs doivent être tenus responsables. Ce qui arrive à un avion flambant neuf n'est pas acceptable. Pour moi, c'est embarrassant », a ajouté Izham Ismail, cité par le « New Straits Times ». Contacté par le quotidien malaisien, Rolls-Royce a indiqué avoir trouvé un composant défectueux, tandis qu'Airbus s'est dit prêt à aider Malaysia Airlines. Malaysia Airlines enchaîne les revers Cette immobilisation arrive au plus mauvais moment pour la compagnie aérienne qui a subi plusieurs revers cette année. Elle a notamment été obligée, cet été, de réduire plusieurs liaisons aériennes en raison des problèmes de main-d'oeuvre mais aussi de pénurie de composants et de pièces de rechange. LIRE AUSSI : Le transport aérien mondial n'arrive plus à répondre à une demande insatiable Sans oublier les retards de livraisons des appareils commandés. Si en 2022, l'entreprise a accepté d'acquérir 20 avions Airbus A330NEO afin de moderniser sa flotte de gros-porteurs, l'Airbus immobilisé, le premier livré, l'a été 29 novembre dernier, avec deux mois de retard sur le calendrier. Par ailleurs, la compagnie aérienne fait aussi face à des retards de livraisons des Boeing 737MAX 8 commandés en 2016. Et n'a que récemment reçu le cinquième appareil de sa commande
Apple, Meta, OpenAI : pourquoi la Silicon Valley fait acte d’allégeance à Trump
La Silicon Valley, ancien bastion du Parti démocrate, a décidé de se ménager les faveurs de Donald Trump. Les PDG de Meta, Amazon et OpenAI - Mark Zuckerberg, Jeff Bezos et Sam Altman - ont chacun contribué à hauteur d'un million de dollars au fonds d'investiture du président élu. La jeune pousse de l'intelligence artificielle Perplexity vient aussi d'ajouter son nom à la liste. Plusieurs patrons, dont Tim Cook et Sundar Pichai, le PDG d'Alphabet, se sont en outre rendus à Mar-a-Lago pour dîner avec Donald Trump. Masayoshi Son, le patron de Softbank, le fonds géant japonais dédié à la tech, devait aussi s'entretenir avec le leader républicain ce lundi dans sa résidence floridienne. De nombreux investisseurs et autres dirigeants de la Silicon Valley participent d'ores et déjà au processus de sélection du nouveau gouvernement. La mafia PayPal C'est le cas de Marc Andreessen, cofondateur du célèbre fonds d'investissement Andreessen Horowitz, qui dit passer la moitié de son temps avec le futur président. « J'essaie d'aider de toutes les façons possibles », déclare-t-il sur un podcast de The Free Press. Notamment en donnant son avis sur « les politiques publiques autour de la tech, les affaires, l'économie et la santé du pays ». LIRE AUSSI : INTERVIEW - « Dans la Silicon Valley, on trinque au rosé et on mange des homards avec le retour de Trump » CHRONIQUE - Elon Musk, le véritable vice-président de Donald Trump David Sacks, un ancien de la « mafia PayPal » et investisseur en série, a été récompensé de sa loyauté envers Donald Trump par un poste au titre ronflant mais aux contours flous : « tsar de l'IA et des cryptos ». Comme pour Elon Musk, chargé de couper dans les dépenses du gouvernement, il s'agit d'un rôle informel, à temps partiel, mais qui devrait lui permettre d'influer sur la politique du nouveau gouvernement. Dérégulation et acquisitions Pour les entreprises de la tech, l'enjeu est de taille. Les dirigeants de la Silicon Valley espèrent que la future administration Trump les débarrassera de tous les obstacles législatifs et réglementaires qui menacent d'entraver leurs activités. Ils espèrent notamment que le départ de Lina Khan, l'actuelle directrice de la FTC, se traduira par une reprise des acquisitions. Dans le secteur de l'IA, le gouvernement actuel a tenté d'encadrer les entreprises de la tech, en leur demandant de notifier le gouvernement de leurs activités notamment, et en développant des standards visant à tester les modèles d'IA avant leur lancement. Ces barrières réglementaires devraient disparaître avec l'arrivée de Donald Trump au pouvoir. De nombreux dirigeants du monde de la crypto ont soutenu la campagne de l'ancien président, qui leur a promis qu'ils allaient « gagner, gagner, gagner » (« win, win, win ») s'il retournait à la Maison-Blanche. Le président élu a commencé à tenir parole en nommant Paul Atkins, un lobbyiste pro-crypto, à la tête de la SEC - le gendarme américain des marchés. Révolution au Pentagone L'arrivée de Donald Trump au pouvoir pourrait aussi bouleverser les règles d'attribution des contrats de la défense. Pour les entreprises de la Silicon Valley, cela représente une chance unique de décrocher une plus grande part du budget du Pentagone - qui représente plus de 820 milliards de dollars cette année. LIRE AUSSI : REPORTAGE - Comment JD Vance fait le lien entre Trump et la Silicon Valley PORTRAIT - Equipe Donald Trump II : la loyauté au service d'une ambition « Beaucoup d'entre nous espèrent qu'une révolution arrive », a récemment déclaré Joe Lonsdale, l'un des cofondateurs de Palantir, qui investit dans des entreprises du secteur. Il espère notamment « choquer la bureaucratie. » Plusieurs personnalités de la tech, sans expérience militaire, pourraient d'ailleurs être choisies par Donald Trump pour diriger le puissant département de la défense. Selon Politico, le président élu envisage de nommer Stephen Feinberg, un investisseur devenu milliardaire, comme numéro deux de cette administration. Les noms de Shyam Sankar, chef de la technologie chez Palantir, et Trae Stephens, cofondateur d'Anduril, circuleraient également à Mar-a-Lago.
Avec ses agents IA, Salesforce veut se rendre à nouveau incontournable dans les entreprises
Avec le lancement de son Agentforce, Salesforce joue gros. Le leader mondial du logiciel de gestion clients a lancé une véritable croisade sur le sujet émergent des agents d'intelligence artificielle. Un millier de contrats ont déjà été signés par les clients de l'entreprise à ce stade, contre 200 fin octobre, a annoncé en début de semaine son patron Marc Benioff, lors d'une présentation pour les clients et la presse sur la deuxième version du produit. Le fondateur de la société qui fête ses 25 ans veille au grain. Selon le média spécialisé « The Information », il se serait montré particulièrement insistant auprès de ses équipes commerciales pour vendre systématiquement l'offre d'agents IA dans les nouveaux contrats depuis son lancement mi-septembre. Salesforce va même embaucher 2.000 personnes spécifiquement sur le sujet, signe que le business pourrait accélérer - ou que les équipes n'étaient jusqu'alors pas suffisamment formées dans le domaine. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Salesforce : comment l'IA générative bouscule le géant du logiciel d'entreprise Cet acharnement s'est déjà révélé payant à Wall Street : lors de la publication de ses derniers résultats il y a quinze jours, Salesforce a affiché des ventes en hausse de 8 %, à près de 10 milliards de dollars, sur le trimestre clos en octobre, alors que les précédents résultats étaient en net recul. Le titre s'est envolé de plus de 10 % en une séance. La capitalisation boursière de Salesforce s'élève désormais à 326 milliards de dollars, un niveau record. Des hommes et des machines « Désormais, je ne manage plus seulement des humains en tant que dirigeant. Je manage des humains et des agents », s'est exclamé le patron de Salesforce mardi. Et d'ajouter : « Ce marché, ce sont des centaines de milliards de dollars, peut être même plus. » LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Les agents IA, ces nouveaux compagnons de travail qui boostent la productivité En réalité, Salesforce doit mettre les bouchées doubles pour maintenir son positionnement dans un marché bouleversé par l'arrivée de l'intelligence artificielle générative, un outil incroyablement efficace pour les problématiques qui touchent les ventes et les relations clients. « Les agents permettent de résoudre une équation jusqu'à maintenant insoluble : faire de l'hyper-personnalisation auprès des clients avec une expertise de pointe, malgré une productivité bloquée dans les entreprises », assure Emilie Sidiqian, à la tête de la branche française de Salesforce. Course à l'échalote L'innovation est pressante, le risque étant que les entreprises ne se séparent des services de Salesforce pour créer leurs propres outils afin de gérer leur portefeuille client. Certains ont déjà quitté le navire, comme la plateforme de paiement fractionné Klarna fin août, qui va développer ses propres solutions en interne, en partie pour des raisons économiques. Il faut dire que le développement des agents a un coût : 2 dollars par conversation, une somme comparable au coût théorique de l'interaction d'un salarié avec un client, avance l'entreprise. Une addition néanmoins conséquente pour les clients de Salesforce, notamment les PME. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - IA : Microsoft plonge à son tour dans la bataille des « agents » « Il faut être clair, les POC [proof of concept, NDLR], ça n'a pas marché. Les acteurs qui sont passés à l'échelle sont ceux qui se sont concentrés sur des cas très précis et orientés clients », précise Emilie Sidiqian. Pour Salesforce, l'enjeu est clairement de montrer que l'entreprise est en pointe et au plus près des partenaires, qui sont de leur côté prêts à passer à l'étape suivante pour récolter les fruits de l'IA. Une chose est sûre, le combat fait rage sur l'accompagnement des entreprises sur les applications d'IA générative. Marc Benioff ne s'est pas privé, ces derniers mois, de critiquer les solutions concurrentes, notamment celles de Microsoft. « On me dit que certaines entreprises ont lancé des produits il y a déjà deux ans pour les clients. Mais pour moi, Copilot, c'est exactement le même qu'il y a deux ans », a-t-il encore taclé mardi.
UE-Suisse : l’accord historique face au mur des référendums
C'est un moment historique dans les relations entre l'Union européenne et la Confédération helvétique. Après plus de dix ans de négociations tendues et près de 200 sessions de pourparlers depuis mars dernier, Bruxelles et Berne ont conclu ce vendredi un accord-cadre destiné à moderniser leurs relations bilatérales. Un accord qualifié d'« historique » par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et de « bon et équilibré » par la présidente de la Confédération suisse, Viola Amherd. LA NEWSLETTER INTERNATIONAL Tous les mardis à 11h Recevez le meilleur de l’actualité internationale. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. L'UE est le principal partenaire commercial de la Suisse, tandis que cette dernière est le quatrième partenaire de l'UE pour les biens et le troisième pour les services. Les échanges bilatéraux s'élèvent à quelque 550 milliards d'euros par an. Mais au-delà des chiffres, c'est toute l'architecture des relations entre Berne et Bruxelles qui se trouve modernisée. La protection des salaires suisses est maintenue Le texte conclu prévoit notamment un accès élargi au marché unique européen dans de nouveaux domaines comme l'électricité, la sécurité alimentaire et la santé. Indispensable pour la Confédération. L'accord garantit la libre circulation des personnes et l'égalité de traitement des citoyens européens en Suisse, tout en préservant les spécificités helvétiques en matière de protection salariale. C'était l'un des points les plus délicats de cette longue négociation. Les étudiants européens continueront de bénéficier des mêmes conditions d'accès aux universités suisses que les étudiants suisses. À lire aussi « La neutralité suisse, ce n'est pas être mou » En contrepartie, la Suisse s'engage à verser une contribution régulière aux fonds de cohésion européens : 375 millions d'euros par an entre 2030 et 2036, auxquels s'ajoutera un versement annuel de près de 140 millions d'euros dès la fin de l'année 2024 jusqu'à l'entrée en vigueur de l'accord. Une clause de sauvegarde, particulièrement sensible côté suisse, a également été négociée : elle permettra à Berne d'adopter des mesures unilatérales en cas de « conséquences économiques graves » liées à l'immigration, sous réserve de l'aval d'un tribunal arbitral. La passe délicate des référendums suisses Le commissaire européen Maros Sefcovic, qui a mené les négociations côté UE, s'est félicité d'un accord « équilibré » qui préserve « l'intégrité du marché unique ». Mais le plus dur reste à venir : la ratification. Si, côté européen, le processus devrait être relativement aisé, le parcours s'annonce semé d'embûches en Suisse. À lire aussi Les 10 points clés de l'accord UE-Mercosur L'accord devra, en effet, survivre à plusieurs référendums, comme le veut la tradition démocratique helvétique. Un exercice périlleux dans un pays où l'euroscepticisme a pénétré profondément la société, la classe politique ayant baissé les bras. En 2021, c'est d'ailleurs la crainte d'un rejet populaire qui avait poussé Berne à interrompre brutalement les négociations sur un précédent accord-cadre. Un coup de grisou qui avait jeté un sacré froid entre l'UE et la Suisse… La Suisse accède à Horizon dès le 1er janvier 2025 À découvrir Le Kangourou du jour Répondre Pour convaincre les citoyens suisses, Bruxelles a fait plusieurs gestes : outre la clause de sauvegarde, la Commission proposera dès janvier 2025 des dispositions transitoires permettant aux chercheurs suisses de participer immédiatement aux programmes européens de recherche (Horizon Europe). Une carotte importante pour un pays qui mise beaucoup sur l'innovation et qui y excelle. À lire aussi L'UE aux Suisses : « Il faut être deux pour danser le tango » « Je ne veux pas spéculer sur des scénarios négatifs, a déclaré M. Sefcovic, faisant référence à l'hypothèse d'un rejet par référendum. Nous avons négocié un très bon accord, équilibré, qui mérite d'être soutenu. » L'horizon de ratification est fixé à 2028-2029, laissant le temps nécessaire aux processus démocratiques de se dérouler et aux syndicats et patronats suisses de le digérer. Ce sera le point clé en Suisse.
Voitures électriques : la fronde contre les règles CO2 s’intensifie
Plus la fin de l'année approche, plus la pression augmente sur la Commission européenne et sa présidente, Ursula von der Leyen. Constructeurs automobiles et Etats membres réclament un assouplissement des règles de décarbonation de l'industrie automobile. L'an prochain, celles-ci impliquent une baisse de 15 % des émissions moyennes des voitures neuves vendues, ce qui passe principalement par la hausse des ventes de voitures électriques. La marche est trop grande, martèlent depuis l'été la majorité des constructeurs. L'association européenne qui les représente, l'ACEA, a encore insisté, dimanche, par la voix de son président Luca de Meo, pointant du doigt un risque considérable pour le secteur. « L'industrie automobile risque de perdre jusqu'à 16 milliards d'euros de capacités d'investissement en payant des pénalités, en réduisant la production, en s'associant à des concurrents étrangers ou en vendant des véhicules électriques à perte », a-t-il détaillé. Il y a quelques jours, l'organisation tablait toutefois sur 15 milliards d'euros pour les seules pénalités. Aménager les règles Ce chiffrage est remis en cause par une ONG comme Transport & Environnement, qui doute de la volonté des constructeurs de verdir leurs ventes. Les voitures électriques dégagent moins de marge que celles à essence, avance-t-elle en substance. Les analystes financiers d'HSBC et d'UBS tablent pour leur part sur de potentielles pénalités de l'ordre de 5 à 8 milliards d'euros. Ce qui est déjà considérable. LIRE AUSSI : Emissions de CO2, sécurité… comment l'Europe influe déjà sur nos voitures L'ACEA dépeint un scénario du pire, mais les constructeurs pourraient avoir du mal à remplir leurs objectifs au vu des faibles performances des ventes de voitures électriques en 2024. Celles-ci représentent une part de marché de 13,4 % en Europe sur les onze premiers mois de l'année, d'après les statistiques d'immatriculation de l'ACEA. Pour réaliser une baisse de 15 % des émissions de CO2, cette part de marché doit dépasser les 20 % l'an prochain. A noter que BMW, qui s'estime prêt à affronter l'échéance de 2025, s'est élevé contre toute modification des règles. La France et d'autres Etats membres, comme l'Allemagne, demandent également des modifications. Les ministres de l'Industrie, Marc Ferracci, et de la Transition écologique, Agnès Panier-Runacher, ainsi que leur cabinet ont poussé la position française ces dernières semaines. Une coalition contre les amendes Dans une note diffusée lors des derniers conseils environnement, compétitivité et transports, Paris estime « essentiel d'aborder les questions politiques liées aux pénalités pour 2025 » dans le cadre de la clause de revoyure de 2026 sur les normes CO2 dans l'auto. Le chancelier allemand Olaf Scholz a jugé le 19 décembre « qu'il est juste de ne pas imposer d'amendes ». L'Italie, l'Autriche, la République tchèque, la Roumanie et la Slovaquie ont exprimé des idées similaires. Le puissant PPE, principal groupe politique au parlement européen, dont est issue Ursula van der Leyen, pèse également pour créer des « flexibilités » afin d'éviter aux constructeurs d'avoir à payer des amendes. Mais à ce stade, la Commission européenne campe sur ses positions. « Comme le prévoit le règlement, la Commission réexaminera l'efficacité du règlement en 2026 », a indiqué le 18 décembre le commissaire du Climat, Wopke Hoekstra, dans une réponse écrite à une question parlementaire, repérée par l'agence Contexte. La Commission craint qu'en faisant disparaître le bâton, les constructeurs amenuisent leurs efforts pour abaisser leurs émissions. « Dialogue stratégique » La décision finale revient à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, qui voit un à un ses chantiers de verdissement de l'économie européenne remis en cause à l'ouverture de son deuxième mandat. Pour faire baisser la pression, la responsable de l'exécutif européen a annoncé le 19 décembre l'ouverture d'un « dialogue stratégique » avec le secteur de l'automobile. Sans fixer la date du rendez-vous. L'initiative pourrait déboucher sur des modifications du cadre réglementaire actuel, si le besoin s'en fait sentir, a précisé la présidence de la Commission. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Bruxelles en quête d'un subtil équilibre entre climat et compétitivité Mais les constructeurs et les Etats membres mobilisés sont pressés. « Attendre le début du dialogue stratégique de la Commission ou la révision de la législation sur le CO2 en 2026 n'est pas une option, aussi bienvenue et nécessaire soit-elle », a insisté dimanche Luca de Meo. Il réclame un geste avant… le 31 décembre. Une simple prise de parole politique au niveau de la Commission, faite avant la fin de l'année, éviterait aux constructeurs de devoir provisionner, à la clôture des comptes 2024, un risque de pénalité CO2 pour 2025, fait-on valoir aussi bien à Paris qu'à l'ACEA. Un débat de comptables Cela éviterait aux constructeurs de négocier l'achat des crédits carbone à un concurrent, grâce à une opération de « pooling ». « C'est l'assurance-vie des constructeurs en matière de CO2, explique un acteur financier très impliqué dans le secteur. Et comme tout le monde cherche à 'pooler', les prix montent très haut cette année. » « Provisionner, c'est obérer la capacité d'investissement ; acheter des crédits carbone, c'est financer les concurrents extra-européens », fait-on valoir à Bercy. Certains analystes financiers restent toutefois circonspects sur le besoin de provisionner dès le 31 décembre 2024 des pénalités 2025. Le montant de celles-ci, rappelle l'Institut mobilité en transition (qui dépend de l'IDDRI), ne sera communiqué par la Commission qu'en janvier 2027.