Amazon fête les dix ans d’Alexa, l’assistant vocal qui cherche encore sa voie
« Alexa, joue « Happy Birthday » de Stevie Wonder. » Il y a dix ans, l'assistant vocal d'Amazon faisait irruption dans les foyers américains : le géant de l'e-commerce avait annoncé son lancement le 6 novembre 2014, avec son enceinte connectée Echo. En France, le célèbre assistant avait été déployé quatre ans plus tard, en juin 2018. Pour son dixième anniversaire, Alexa fait face aux nouveaux défis posés par l'intelligence artificielle générative et la nécessité de se réinventer dans un marché marqué par l'irruption des solutions de nouveaux acteurs comme OpenAI. Les origines d'Alexa remontent à 2011, quand le fondateur d'Amazon, Jeff Bezos , aurait dessiné un premier prototype d'enceinte connectée sur un tableau blanc. Mais l'entreprise a également puisé son inspiration dans la science-fiction. « Notre objectif est de créer un ordinateur à commande vocale dans le cloud - Alexa - capable de fonctionner exactement comme l'ordinateur de Star Trek », expliquait David Limp, l'ancien vice-président des Appareils et des Services d'Amazon au magazine « Fortune » en 2016. Dans la saga de science-fiction, l'ordinateur omniscient était en effet capable de répondre aux commandes par la voix. Concurrence d'Apple L'enjeu était de taille pour le géant américain, soucieux de ne pas revivre le même échec qu'avec son modèle de smartphone, sorti quelques mois avant Alexa. Baptisé le Fire Phone, l'appareil, jugé trop coûteux, n'avait pas trouvé son public et avait finalement été retiré des ventes en 2015. Amazon arrivait aussi quelques années après Siri, l'assistant vocal d'Apple déployé sur les iPhone dès 2011. Par rapport à Siri, Alexa avait néanmoins l'avantage de ne pas être circonscrite dans un smartphone mais dans une enceinte, capable, en théorie, d'entendre les commandes depuis l'autre bout de la pièce. L'assistant permet de répondre à des requêtes assez simples comme programmer des minuteurs ou lancer de la musique. LIRE AUSSI : Amazon étend l'empire d'Alexa avec une avalanche de nouveaux produits RECIT - Amazon : la folle épopée d'un géant de l'e-commerce Alexa permet également de contrôler des appareils connectés par la voix. Au fil des années, la firme a d'ailleurs lancé une série d'objets pour la maison, du radio-réveil connecté au micro-ondes intelligent. Le géant américain a également créé un écosystème similaire aux magasins d'applications. Les marques ou des développeurs peuvent ainsi élaborer non pas des applications mais des « skills » permettant de rajouter des fonctionnalités à Alexa. Un demi-milliard d'appareils compatibles Pour Amazon, l'assistant virtuel a entraîné un succès commercial. « Les clients du monde entier apprécient Alexa en tant qu'intelligence artificielle personnelle de confiance. Ils ont acheté plus d'un demi-milliard d'appareils compatibles avec Alexa », expliquait Eric Saarnio, vice-président international chargé des Appareils chez Amazon, en 2023. Mais l'assistant a aussi connu son lot de controverses, que ce soit au niveau du respect de la vie privée, ou des nombreux bugs comme des rires glaçants déclenchés de manière inopinée. Même le nom donné au célèbre assistant virtuel, en référence à la célèbre bibliothèque d'Alexandrie selon ses créateurs, a fait polémique. Dans une tribune publiée dans « Business Insider », une rédactrice indépendante y accuse le géant de l'e-commerce d'avoir « ruiné » son prénom, et le nombre de bébés nommés Alexa a nettement chuté dans les maternités. 25 milliards de dollars de pertes Ces dernières années, la presse américaine a surtout relaté les difficultés d'Amazon et de son assistant avec un gel des embauches en 2019, puis une vague de licenciements, notamment dans la division Alexa. Le « Wall Street Journal » révélait cet été que le géant de l'e-commerce a enregistré entre 2017 et 2021 plus de 25 milliards de dollars de pertes liées à son activité d'appareils. Le produit a aussi semé le doute en interne : certains craignaient que l'entreprise ait « embauché 10.000 personnes pour construire un minuteur intelligent », expliquait un ancien cadre d'Amazon au média américain. LIRE AUSSI : Ces sites d'IA qui pourraient bouleverser les usages du grand public EN CHIFFRES - Meta poursuit sa course folle dans l'IA et la réalité virtuelle Désormais, l'entreprise veut lancer un « Alexa 2.0 » dopé à l'intelligence artificielle et plus performant. Le lancement de ChatGPT et de son mode vocal avancé au printemps dernier a définitivement donné un coup de vieux à Alexa. Plutôt que de répondre à des questions ou des requêtes, le chatbot d'OpenAI peut véritablement converser avec l'utilisateur, avec un ton plus naturel. Si Amazon travaille sur son propre modèle d'IA générative, le géant aurait aussi passé un partenariat avec Anthropic, rival d'OpenAI, pour utiliser son modèle Claude. Un abonnement payant Cette version dopée à l'intelligence artificielle aurait un coût : selon des informations de Reuters, l'entreprise américaine plancherait sur un abonnement entre 5 et 10 dollars par mois. Ce choix marquerait une rupture par rapport au fonctionnement gratuit d'Alexa, mais ne détonnerait pas par rapport aux stratégies d'OpenAI, Anthropic ou encore Microsoft. Ces dernières proposent des versions gratuites ainsi que des formules plus avancées à 20 dollars par mois. Pour Mathieu Valloire, consultant tech chez EY Fabernovel, cela représenterait « un tournant dans la stratégie de monétisation » et permettrait à Alexa « de commencer à devenir rentable ». L'espoir initial que l'assistant virtuel booste les ventes sur Amazon ne s'est en effet jamais concrétisé. Les adeptes de l'assistant virtuel devront encore attendre pour découvrir cette version améliorée d'Alexa. Selon Bloomberg, la sortie, prévue initialement cette année, a finalement été reportée en 2025.
Groupe Atlantic : comment la haine s’est installée au sommet d’un fleuron industriel français
Jean-Marie Messier a beau s'être retiré des médias, il n'en garde pas moins un oeil avisé sur les « belles » histoires. Et depuis qu'il s'est plongé dans le dossier, il verrait bien le feuilleton du groupe Atlantic adapté en série Netflix. Un fabricant de chaudières et de pompes à chaleur de La Roche-sur-Yon au coeur d'un thriller haletant comme « Ripley » ou d'une saga à la « Succession » ? On n'y est pas encore. Et l'histoire tiendrait en fait davantage des Capulet et des Montaigu, plongés dans un Chabrol. Mais l'intrigue qui agite ce fleuron du capitalisme français a déjà connu de nombreux rebondissements. Tout démarre à la fin des années 1960. A l'époque, deux Vendéens, Paul Radat et Pierre Lamoure, dirigent l'usine d'électroménager Esswein. Lorsque celle-ci est rachetée par Thomson, les deux ingénieurs s'imaginent alors entrepreneurs. Ils négocient leur départ en créant une unité indépendante et se lancent dans les convecteurs. « A l'époque, EDF avait des kilowatts produits par le nucléaire à ne plus savoir qu'en faire, racontera plus tard Paul Radat. Par conséquent, appuyés par EDF, nous nous sommes lancés dans le chauffage électrique. » L'aventure aurait pu tourner court. Quelques mois après leur lancement, les deux amis rachètent Guillot, un fabricant de chauffage au fioul. Et se prennent de plein fouet le premier choc pétrolier. Ils doivent fermer trois de leurs quatre usines. Mais l'épisode a le mérite de les vacciner : dans le sillage du déploiement du nucléaire, ils misent plus que jamais sur le chauffage électrique. Et vont caler le développement de leur groupe familial dans le sillage du programme nucléaire français, devenant au fil des ans le leader du marché hexagonal, avec 30 % des parts du marché des radiateurs au milieu des années 1980. 13.000 salariés Le groupe gardera aussi de ce choc originel une forte aversion pour le risque et une obsession pour la diversification. Peu à peu, il se positionne sur tous les appareils de chauffage et de climatisation : chaudières au fioul, au gaz, chaudières hybrides, chauffe-eau et plus récemment pompes à chaleur… Dans les années 1980, Atlantic profite de la vague de nationalisations pour récupérer une partie de Thomson, puis se lance dans une frénésie d'acquisitions, dans l'Hexagone puis un peu partout en Europe : en Autriche, en Allemagne, en Russie… LIRE AUSSI : ZOOM - Chauffage : Groupe Atlantic mise sur le made in France Atlantic accélère sur les pompes à chaleur innovantes Il gère aujourd'hui des marques connues du grand public - Atlantic, Sauter, ou Thermor - emploie 13.000 personnes et opère désormais 31 sites industriels, dont 13 en France. Le chiffre d'affaires annuel, qui atteint les 3 milliards d'euros, a plus que doublé sur la dernière décennie. Le groupe est leader en France sur les pompes à chaleur, numéro deux en Europe. Le succès est tel que les familles Radat et Lamoure se retrouvent au 53e rang des fortunes de France au dernier classement de « Challenges », avec un patrimoine estimé à 2,6 milliards d'euros. Tout plaiderait donc en faveur d'un scénario de success story à la sauce vendéenne. Sauf que les trois dernières années le rapprochent davantage d'un Dallas à La Roche-sur-Yon. Avec deux clans qui se détestent : les héritiers Lamoure d'un côté, les héritiers Radat de l'autre. Polytechnique contre paternalisme « Les tensions étaient sous-jacentes. Elles n'ont fait que croître et cela a fini par exploser à la mort des fondateurs », raconte un bon connaisseur de l'entreprise. Pierre Lamoure s'éteint en 2016, son compère Paul Radat le suit en 2017. Et c'est le début des ennuis. « Les deuxième et la troisième générations sont en conflit ouvert. Un conflit qui ne repose sur rien, c'est uniquement du relationnel », poursuit cette même source. Car si les deux ingénieurs ont montré, durant toute leur existence, une complicité qui a fait des étincelles, ils évoluaient dans des milieux différents. Le polytechnicien Pierre Lamoure a envoyé ses enfants dans de grandes écoles. Pierre Radat, issu de l'Ecole des Travaux publics, était le digne représentant d'un capitalisme à l'ancienne, où le feeling et l'esprit de famille sont plus importants que les diplômes. Et le fossé n'a fait que se creuser entre les deux familles. « Sur la deuxième et troisième générations, les Lamoure sont surdiplômés, ils essaient d'insuffler les pratiques des grands groupes. Chez les Radat, le pedigree académique est moins prestigieux. On se veut plus en contact avec l'opérationnel, plus paternaliste. Ce sont deux approches, deux cultures complètement différentes, irréconciliables », souligne une source indépendante. Dans la famille Radat, il y a la fille, psychiatre de formation, qui préside le conseil de surveillance. Et il y a deux autres fils, qui ont aussi des fonctions opérationnelles et siègent au directoire. Côté Lamoure, on retrouve une petite-fille, Laure, également au directoire et directrice marketing après avoir fait ses classes à l'Edhec et chez Carrefour. Tandis que les fils Jean-Pierre et Jacques, tous deux polytechniciens, se partagent deux sièges dans les deux organes de gouvernance. « La famille Lamoure a porté la stratégie internationale de l'entreprise, notamment l'acquisition d'Ideal Boilers au Royaume-Uni, qui l'a fait changer de dimension », affirme Jean-Marie Messier, dont la banque d'affaires, Messier & Associés, accompagne les Lamoure. « C'est comme dans un couple » Cette différence de culture provoque des remous en interne et les actionnaires se déchirent sur la manière dont l'entreprise doit être conduite. Ils finissent par faire appel à un spécialiste des missions difficiles. En juin 2022, Marc Sénéchal est nommé médiateur. Appelé au chevet de Suez et Veolia , puis de Casino, le mandataire judiciaire est un habitué des situations désespérées. LIRE AUSSI : ZOOM - Pompes à chaleur : le gouvernement veut réserver ses aides au « Made in Europe » Son diagnostic ne souffre aucune ambiguïté : la seule solution est la séparation. Côté Radat, pas question de partir. D'abord réticents, les Lamoure finissent, eux, par se convaincre que la meilleure option est de vendre leur participation. Et pour cause : ils se sont retrouvés, sans vraiment s'en rendre compte, en minorité. Les deux fondateurs avaient strictement la même part du capital. Dans les années 1990, souhaitant prendre un peu de recul - ils ont alors dépassé les 60 ans -, ils organisent la gouvernance de leur société, font venir un directeur général, à qui l'on finit par distribuer quelques actions. De 50 %, les deux familles passent à 49,9 %. Tant que le directeur général se montrait indépendant, pas de problème. Mais la famille Lamoure accuse l'ancien directeur général et actuel président du directoire, Pierre-Louis François, d'avoir rompu son serment d'indépendance en prenant parti pour la famille Radat. « C'est comme dans un couple. Quand un tiers arrive, il y a peu de chances pour que ça s'arrange », glisse un proche des Lamoure. L'option hedge funds Le mandataire travaille alors sur la vente de la participation des Lamoure. Il y a un an, le processus est tout proche d'aboutir. Plusieurs fonds d'investissement sont intéressés et c'est Ardian qui est finalement choisi. L'opération valorise la société plus de 2,5 milliards d'euros. Mais les négociations échouent sur le nouveau pacte d'actionnaires. Le suédois EQT s'intéresse ensuite au dossier, de même que le britannique CVC Partners ou le fonds souverain émirati Adia… Tous finissent par jeter l'éponge pour les mêmes raisons, selon un article de « L'Informé » : les exigences de gouvernance des Radat sont trop contraignantes. Durant les négociations, il est aussi question d'un rachat d'une partie des parts des Lamoure par les Radat, pour consolider une vraie majorité. Là encore, c'est un échec, pour une question de prix cette fois. « Les Radat se sont dit qu'ils pouvaient récupérer l'entreprise sans investir un euro, les Lamoure n'accepteront pas de se faire spolier », indiquent les représentants de ces derniers. LIRE AUSSI : ANALYSE - Atlantic change de mix énergétique Au coeur de l'été, le ton se durcit encore avec l'hypothèse d'une vente à un fonds spéculatif, qui pousserait une réorganisation et un changement de stratégie. « Ce n'est pas du bluff, c'est une possibilité très sérieuse », avance un observateur. La direction se montre, elle, peu bavarde sur le sujet. C'est l'actuel directeur général, Damien Carroz, qui monte au front pour éteindre l'incendie. « Nous laissons le temps à nos actionnaires de trouver le bon acheteur, nous restons concentrés sur l'opérationnel », explique-t-il aux « Echos ». « Notre stratégie reste claire, notre trésorerie est positive, et nous avons de nombreux défis devant nous », soutient celui qui a rejoint Atlantic il y a cinq ans avant d'en prendre les manettes il y a un an et demi. Jean-Paul Ouin, président d'Energies et Avenir, l'association de la filière chauffage à eau chaude, qui connaît bien la société, abonde : les problèmes d'actionnariat n'entament en rien la bonne marche des affaires. « Les actionnaires ne sont pas interventionnistes et laissent le management gérer la société. Ils ont mis en place une organisation millimétrée, où chaque directeur de branche est comme le patron d'une grosse PME. Le niveau de délégation de pouvoir est sidérant. » Un symbole de la réindustrialisation La direction a en effet déjà fort à faire : la situation se tend sur le marché. La vente de pompes à chaleur, la première ligne de recettes du groupe aujourd'hui avec 28 % du chiffre d'affaires, est à l'arrêt à cause de la crise des constructions neuves et de la complexité des aides. En France, les ventes de PAC air-eau sont passées de 355.000 en 2022 à 306.000 l'an dernier et pourraient chuter jusqu'à 200.000 cette année. Et la possible hausse des taxes menace le segment des chaudières à gaz. « La conjoncture est difficile, reconnaît Damien Carroz. Nous avons commencé à nous adapter il y a un an en ayant recours au chômage partiel, mais nous avons passé ce stade et on continue d'investir, même sur les pompes à chaleur. » Atlantic vient d'investir 75 millions d'euros pour l'ouverture de cinq centres de R&D, dont quatre en France. Et quelque 150 millions d'euros pour un nouveau site à Chalon-sur-Saône , qui doit doper sa production de pompes à chaleur à partir de 2026. LIRE AUSSI : DOSSIER -Immobilier : les raisons d'une crise explosive Car Atlantic se veut un symbole de la réindustrialisation. Le groupe s'est lancé dans le rapatriement de plusieurs unités de production. « Pour des raisons industrielles, tout d'abord, affirme Damien Carroz. Cela permet de maîtriser la chaîne d'approvisionnement. Et en France, nous sommes au carrefour de nos plus gros marchés, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne. » Le soutien public est aussi important, et cela rend le dossier politique. Le gouvernement surveille de loin la bataille d'actionnaires, notammentle ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, longtemps élu dans la région et proche des deux fondateurs. Il en va de l'un des plus beaux fleurons industriels français des quarante dernières années. Et de 13.000 salariés qui commencent à se poser des questions. « Il est évident que ce type de situation provoque des effets de bord », affirme un connaisseur de l'entreprise. « Il y a urgence, estime de son côté Jean-Marie Messier. C'est le moment parfait pour que l'entreprise profite du rebond du marché. Face à tous les défis et à la concurrence, il faut être agile. Sinon, ce serait un vrai gâchis. »
Bourse : pourquoi les jeunes ne peuvent plus se passer des ETF
Plusieurs phénomènes de société expliquent la plus grande implication des jeunes dans la gestion de leur épargne. (iStock) Par Caroline Mignon Publié le 14 nov. 2024 à 07:15Mis à jour le 14 nov. 2024 à 09:13 PREMIUM Votre abonnement Premium vous permet d'accéder à cet article Dans un marché des ETF (« exchange traded funds ») encore peu mature en France, l'Autorité des marchés financiers (AMF) observe un engouement croissant pour ce type de produits. Ces fonds d'investissement cotés, à très faible coût, intéressent notamment le jeune public qui fait ses premiers pas en Bourse. En 2019, à la différence des autres investisseurs européens, la première transaction consistait presque exclusivement pour les Français à acheter des actions. « Au premier semestre 2024, plus d'un tiers des investisseurs de moins de 45 ans ont choisi les ETF pour leur première transaction et cette proportion diminue ensuite avec l'âge », explique le gendarme boursier. Résultat de cette tendance, en cinq ans, l'âge moyen des investisseurs en ETF a chuté de 61,1 ans à 41,3 ans. Dans le même temps, l'âge moyen des investisseurs français en actions a aussi reculé, mais dans une moindre mesure, passant de 60,7 à 52,3 ans. Pandémie, retraite Plusieurs phénomènes de société expliquent la plus grande implication des jeunes dans la gestion de leur épargne. Non seulement la période du confinement a été propice à un remplissage des bas de laine et a offert du temps pour explorer les différentes stratégies d'investissement, mais la nouvelle génération a aussi pris conscience des limites de la retraite par répartition et de la nécessité de se constituer, assez tôt, un petit pécule. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Bourse : une vague irrépressible porte les ETF à de nouveaux sommets PODCAST - Comment les ETF ont fait bouger la Bourse Ils se sont naturellement tournés vers des produits dont les frais de gestion sont faibles. Une démarche pas toujours évidente. Dans beaucoup de pays européens comme la France, les ETF se sont peu développés car le système de rétrocession incite les distributeurs (banques, assureurs…) à conseiller à leurs clients les produits d'épargne les plus chargés en frais. Plateformes en ligne Les investisseurs en ETF contournent donc les canaux habituels de distribution : selon BlackRock, 44 % des détenteurs européens d'ETF utilisent des plateformes, en ligne et 13 % utilisent des robo-conseillers. Seulement 21 % préfèrent les conseillers bancaires et 13 % optent pour des conseillers financiers indépendants. Cet appétit des jeunes pour les ETF a conduit au doublement des investisseurs dans ces produits en seulement un an. Ils sont désormais 266.300 à avoir réalisé au moins un achat ou une vente de fonds cotés au deuxième trimestre de l'année. Cela représente encore seulement 0,4 % de la population, tandis que 1,23 % investit dans les actions.
Notre classement 2024 des grandes écoles les plus engagées dans la transition écologique
La « dette écologique » pèsera surtout sur les épaules de la nouvelle génération, pour autant, est-elle condamnée à l'éco-anxiété ? La 4e édition du classement ChangeNOW/Les Echos prouve qu' une large partie des grandes écoles ont bien engagé leur mue pour préparer les futurs leaders à relever les énormes défis environnementaux et sociaux des prochaines décennies. Et ce sont celles qui sont les plus avancées dans ce processus qui se taillent la part du lion dans ce classement 2024, auquel 60 écoles ont participé (voir méthodologie au bas de l'article). Moyenne de la classe cette année ? 13,3/20, soit une mention « assez bien » mais les résultats sont en progression d'un point et demi par rapport à l'an dernier. ➡️ Lire l'analyse ici. Essec et Mines Nancy sur la première marche du podium Côté commerce, l'Essec campe sur la première marche du podium pour la troisième année consécutive. Les fruits d'une politique structurée avec des objectifs ambitieux fixés par son directeur Vincenzo Vinzi dès 2018, telle la réduction de l'empreinte carbone de l'école de 30 % à horizon 2025. « Nous sommes parfaitement alignés avec cette trajectoire », assure-t-il à quelques mois de l'échéance, dans une interview aux « Echos ». L'Essec est au coude-à-coude avec l'ESCP, toujours deuxième, devant l'Emlyon, qui remonte cette année sur la troisième marche du podium. Audencia et Neoma sont en embuscade, dans un Top 5 très serré. Quant à HEC, elle se maintient au 6e rang. Alors que les écarts entre les premiers de cordée et les établissements moins avancés ont tendance à se réduire du côté des écoles de commerce, l'écart s'élargit du côté des écoles d'ingénieurs. Et cette année, le Top 5 est bousculé : Mines Nancy prend la tête du classement 2024 (3e l'an dernier) au détriment de Centrale Nantes, qui glisse à la 5e place, derrière EIVP Paris (4e, +1 rang). Sur le podium débarquent CentraleSupélec (2e) et l'Ecole des Ponts ParisTech (3e), respectivement 9e et 16e en 2023. Méthodologie 60 établissements ont participé à l'édition 2024, dont 28 business schools et 32 écoles d'ingénieurs. Les évaluations portent sur l'ensemble des diplômes donnant le grade de master, et ne se cantonnent pas aux cursus spécialisés en développement durable. Cette année, afin de faciliter la lecture de la notation, le score maximal a été fixé à 150 points (vs. 160 l'année dernière) répartis sur 41 questions. Le questionnaire se répartit en six thématiques :-Formation (47 pts, 6 questions),-Employabilité et excellence académique (30 pts, 6 questions),-Stratégie de l'établissement (27 pts, 10 questions),-Diversité et inclusion (22 pts, 10 questions),-Réseau d'alumni dans l'impact (12 pts, 3 questions),- Associations étudiantes (12 pts, 4 questions). L'audit de cette année a été internalisé par ChangeNOW sur la base de la méthodologie établie avec Deloitte les années précédentes. Ainsi 60 % des réponses (en poids sur le résultat final) ont fait l'objet d'un contrôle approfondi. La fiabilité des données a été renforcée par la demande de pièces jointes obligatoires pour toutes les questions où il est possible d'en fournir. En cas de réponse non justifiée par un document, la donnée n'a pas été retenue.
Pourquoi la filière hippique annule ses courses et se lance dans une grève sans précédent
Une démonstration de force en forme d'avertissement. Malgré les signaux encourageants du gouvernement, la filière hippique ne décolère pas et entend le faire savoir ce jeudi, lors d'une « grève » sans précédent qui entraînera l'annulation de toutes les courses prévues. Dans l'histoire, seules les deux guerres mondiales, puis la crise sanitaire, avaient mis la filière à l'arrêt, mais jamais de sa propre initiative. En cause : l'alourdissement de la fiscalité des jeux d'argent, voulue par l'exécutif en quête de recettes fiscales supplémentaires. Ce dernier a déposé un amendement au projet de budget de la Sécurité sociale pour 2025, prévoyant notamment une hausse du prélèvement sur le produit brut des jeux (les mises moins les gains des joueurs) sur les paris hippiques. Il passerait ainsi de 6,9 % à 7,5 % pour les paris « physiques », et de 6,9 % à 15 % pour les paris en ligne. Un manque à gagner évalué à 35 millions d'euros Un coup dur pour le PMU, qui possède le monopole en points de vente et qui domine largement le marché en ligne. Et, par ricochet, pour la filière hippique, à laquelle est reversée la quasi-intégralité du résultat de l'opérateur. Le manque à gagner a été évalué à 35 millions d'euros, « ce qui équivaut à un mois sans ressources », selon Thibault Lamare, porte-parole des associations et syndicats de la filière. LIRE AUSSI : Française des jeux, PMU, paris en ligne : des « machines à cash » lourdement taxées Pourquoi le PMU change (encore) la formule du Quinté + « Nous nous acquittons déjà de 950 millions d'euros d'impôts et taxes, et nous contribuons à hauteur de 2 milliards au PIB français. Nous générons 40.000 emplois, auxquels il faut ajouter des milliers de bénévoles. Et tout l'écosystème est déjà affecté par la hausse du prix de l'énergie et des matières premières », fait-on valoir au sein d'une société de courses. En parallèle, la filière est confrontée à une baisse des paris hippiques, que tente d'enrayer le PMU depuis des années. Autant d'éléments ayant poussé à la mobilisation, qui promet d'être particulièrement visible. Outre l'annulation des courses, plusieurs centaines de professionnels sont attendus à Paris pour une manifestation dont le parcours s'achèvera non loin de l'Assemblée nationale. Bercy fait machine arrière Pour calmer la fronde, Bercy a choisi de faire machine arrière. « Nous avons donné un avis favorable au sous-amendement permettant de stabiliser à 7 % le prélèvement pour les paris physiques et en ligne », a indiqué le ministre du Budget Laurent Saint-Martin, mardi lors des questions au gouvernement. Soit une hausse de 0,1 point, beaucoup plus supportable que la version initiale. LIRE AUSSI : « Bistrot à la française » : le concept du PMU qui doit élargir le cercle des parieurs La déclaration a été bien accueillie mais elle n'a pas satisfait totalement le monde hippique. Alors que le gouvernement pourrait choisir de déclencher l'article 49.3 pour faire passer le budget de la Sécurité sociale, les professionnels du secteur souhaitent que Matignon s'engage à joindre le geste à la parole. « On sait que tout peut arriver, y compris au Sénat par la suite, donc on maintient la pression et notre manifestation », résume Thibault Lamare. Le mouvement ne sera pas indolore : selon un bon connaisseur de la filière, une journée sans courses hippiques pourrait coûter plus de 25 millions d'euros au PMU.
Le Sénat lance une commission d’enquête sur le scandale des eaux de Nestlé
Nouveau rebondissement dans l'affaire du scandale des eaux en bouteille de Nestlé. « Cela va au-delà de tout ce qu'on avait imaginé. On parle désormais de contamination après traitement. On doit faire le point sur l'ensemble des risques liés à l'utilisation massive de techniques prohibées », déclare le Sénat dans un communiqué. C'est pourquoi la chambre a décidé dans la soirée du 6 novembre de créer une commission d'enquête sur le sujet. Elle « fait suite à l'utilisation du droit de tirage du groupe socialiste, écologiste et républicain, décidée dans le sillage des enquêtes journalistiques de Mediacités, Radio France, 'Le Monde' et Mediapart, ainsi qu'à l'impulsion du sénateur de l'Oise, Alexandre Ouizille, et de ses collègues », indique le Sénat. Alexandre Ouizille sera le rapporteur de la commission d'enquête. Ce travail durera des mois et permettra d'auditionner des experts en tout genre, des responsables politiques et des industriels de l'eau en bouteille. Il en résultera un rapport public, très complet sur le traitement de ces eaux en France, voire une proposition de loi. Sur le plan pénal, Nestlé Waters ne devrait plus être inquiété , le tribunal d'Epinal ayant « mis fin à toutes les enquêtes et plaintes déposées contre l'entreprise pour forages illégaux et tromperie du consommateur» moyennant notamment une amende de 2 millions d'euros. On pensait n'avoir affaire qu'à une tromperie commerciale, mais non. C'est l'hydre de Lerne. Alexandre Ouizille, sénateur de l'Oise Pour Alexandre Ouizille, l'intérêt de la commission d'enquête ne cesse de se renforcer. « On pensait n'avoir affaire qu'à une tromperie commerciale, mais non. C'est l'hydre de Lerne. Chaque révélation fait surgir une nouvelle tête : une dimension sanitaire d'ampleur s'affirme ainsi qu'une menace écologique d'ampleur pour la ressource. » Le Sénat juge nécessaire de « confronter publiquement Nestlé Waters et tous les autres industriels en cause ». En effet, « une autre dimension économique s'affirme de plus en plus : celle des risques sanitaires, économiques, écologiques et administratifs liés à l'exploitation de l'eau embouteillée en France ». Pour le sénateur Ouizille, « la révélation de présence d'arsenic dans les eaux minérales naturelles de Nestlé Waters à des niveaux de concentration non réglementaires change tout ». Sollicité par Les Echos, le groupe a réfuté tout dépassement des seuils autorisés pour l'arsenic. Quatre missions Dans ces conditions, le Sénat fixe quatre missions à la commission d'enquête. Elle devra examiner l'ensemble des risques, surtout sanitaires, économiques et écologiques, liés aux techniques interdites utilisées par les industriels de l'eau en France. Ensuite, elle examinera avec soin la connaissance qu'avaient les membres du gouvernement de ces pratiques et les réponses entreprises à la suite du rapport de l'Inspection générale des affaires sociales de juillet 2022 et des rapports des agences régionales de santé (ARS), de la DGCCRF, de l'Anses et d'autres services d'exploitation de l'eau en bouteille en France. LIRE AUSSI : La série noire continue pour Nestlé EN CHIFFRES - Nestlé veut limiter la hausse de ses prix en 2024 pour relancer la consommation « Les ministres Pannier-Runacher, Véran et Borne doivent rendre des comptes publiquement devant le Parlement et devant les Français. C'est bien beau de demander des rapports, mais si c'est pour les enterrer dans la foulée, cela pose des questions sérieuses », dit encore le Sénat. La commission d'enquête s'interrogera aussi sur les ordres donnés aux agences de contrôle, la disparité d'action des ARS, selon la localisation des sources. Ainsi que sur l'absence de sanctions malgré les alertes de la DGCCRF. Elle se penchera enfin sur « l'accaparement des sources par des acteurs industriels et les impacts potentiels de cette exploitation sur la durabilité de la ressource ». Nestlé Waters prêt à «coopérer pleinement» Nestlé Waters dit «vouloir pleinement coopérer avec le Sénat». Le groupe a mis un terme aux «traitements non conformes des eaux minérales utilisés par le passé». Et affirme que, malgré l'utilisation de filtres au charbon actif et d'ultra-violets interdits, «la composition minérale a toujours été celle figurant sur les étiquettes». Nestlé Waters France précise que, depuis la mise au jour de toutes les irrégularités, il a «mené une transformation d'ampleur de son activité d'eau en bouteille» afin de respecter la réglementation française. Cela concerne les sites des Vosges (Hépar, Contrex, Vittel) et de Vergèze (Perrier). «Un plan de contrôle renforcé de la qualité» a été mis en place. Les puits, sensibles aux aléas climatiques parce que trop proches de la surface ou trop anciens, ont été fermés. Nestlé Waters a également accéléré les investissements de long terme pour protéger l'environnement autour des sources.
Elon Musk a-t-il vraiment cassé Twitter ?
Nouvelle mission pour le milliardaire touche-à-tout Elon Musk. Le patron de Tesla et de SpaceX, fervent soutien de Donald Trump durant la campagne présidentielle américaine, a été nommé par le président élu à la tête d'un « département d'Etat pour l'efficacité gouvernementale ». Objectif : déréguler au maximum et couper à la machette dans les dépenses jugées inutiles dans la fonction publique. La rude méthode Musk, déjà éprouvée chez Tesla, avec des suppressions de postes massives cette année, mais aussi chez X, le réseau social qu'il a racheté en octobre 2022, va donc être appliquée au niveau fédéral. Reste à savoir quels en seront les effets. Chez l'ex-Twitter, la reprise en main opérée par l'homme d'affaires d'origine sud-africaine a été violente. Quelques jours après sa prise de contrôle, Elon Musk a licencié la moitié des 7.500 salariés de Twitter. Sa méthode sans gant - un euphémisme -, a laissé des traces plus larges. La recrudescence des messages haineux et de désinformation depuis la reprise du réseau social a entaché sa réputation. L'ex-réseau à l'oiseau bleu, qui a servi de relais d'opinion important dans la campagne présidentielle américaine, a encore perdu des plumes. Audiences en repli Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Depuis qu'Elon Musk a déboursé 44 milliards pour racheter Twitter, le fonds Fidelity a plusieurs fois révisé à la baisse la valorisation de l'entreprise, qui ne vaudrait plus que 9,4 milliards de dollars, selon la dernière estimation de septembre, soit une décote de 78,7 %. La valeur de la marque X serait, quant à elle, en chute libre : estimée à 5,7 milliards en 2022, puis encore à 3,9 milliards l'an passé, elle est tombée à 673,3 millions de dollars, selon les calculs du cabinet Brand Finance. Cet indicateur est, certes, intangible et difficile à calculer, mais sa baisse brutale révèle la perte d'attractivité du réseau social. Côté audiences, les données de sociétés tierces comme SimilarWeb montrent que plus Elon Musk utilise X comme tribune politique véhiculant des idées radicales, plus les utilisateurs partent sur les réseaux concurrents - comme Threads et Bluesky. Aux Etats-Unis, le nombre d'utilisateurs actifs a décru d'un cinquième, et au Royaume-Uni, d'un tiers, depuis juillet 2023 et l'abandon de la griffe Twitter. En septembre, le Brésil a débranché X et ses 19,1 millions d'utilisateurs. A fin 2024, Statista projette une audience mondiale en déclin à 335,7 millions de personnes, contre 368,4 millions au sommet, en 2022. X revendique de son côté 547 millions d'abonnés au total. Chute des revenus publicitaires Sur le front financier, c'est pire. Elon Musk avait dit avoir perdu la moitié des revenus publicitaires de la plateforme en juillet 2023. Selon le « New York Times », X a encore décroché en 2024, avec un recul de 53 % sur un an au second semestre aux Etats-Unis. Le média Axios s'attend à ce que la plateforme génère 2 milliards de dollars de revenus publicitaires en 2024, contre 4,5 milliards en 2021. La plateforme a subi un boycott de 200 annonceurs il y a un an, avec des poids lourds comme Apple ou Disney. Cela peut « tuer l'entreprise », s'était alarmé Elon Musk, tout en clamant : « Si quelqu'un essaye de me faire chanter avec la publicité… Allez vous faire foutre ! » X est devenu un tout-à-l'égout à fake news extrêmement radioactif pour les marques. Jean Allary, associé chez Artefact Cet exode serait encore d'actualité, avec à peine sept annonceurs revenus, selon le « Financial Times », et il inquiète le propriétaire de la plateforme, qui a dénoncé en septembre un « boycott illégal », et a attaqué en justice des groupes d'annonceurs. L'institut Kantar prévoit que 26 % des annonceurs (un record) réduiront leurs budgets en 2025. La principale raison invoquée est la « brand safety », ou le risque que les publicités figurent à côté de contenus violents. « X est devenu un tout-à-l'égout à fake news extrêmement radioactif pour les marques », résume Jean Allary, associé chez Artefact. Pendant les JO de Paris (le réseau social est resté un lieu privilégié pour le sport), des annonceurs ont intégré leurs messages directement dans les vidéos, comme chez France Télévisions, afin de maîtriser le contexte de publication. « You are the media now » « Les annonceurs n'ont plus besoin d'aller sur X pour toucher les jeunes. Désormais, ils vont sur Instagram et TikTok, et ils sont contents de ne plus dépendre de ce réseau », poursuit Jean Allary. Il prévient toutefois qu'il ne faut pas enterrer la plateforme trop tôt. « X est resté l'endroit où l'on poste l'information en premier, et les médias et les politiques sont encore là », observe-t-il, même « si on est passé d'un lieu de breaking news à une plateforme politique ». LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Présidentielle américaine : Elon Musk, une vraie influence ou beaucoup de bruit pour rien ? PORTRAIT - Elon Musk, de Mars à Donald Trump Les mésaventures de X seraient aussi une histoire de point de vue, recadre Sébastien Houdusse, directeur de la stratégie de l'agence de publicité BETC. Avec la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, le 5 novembre, Elon Musk a « repositionné la plateforme à travers une campagne axée sur la liberté d'expression absolue 'face aux élites médiatiques diffusant des fake news'. Il affirme donner la parole au peuple, à qui il a déclaré juste après l'élection : 'Vous êtes les médias maintenant.' » Reste à voir l'influence réelle qu'aura X pour la Maison-Blanche, maintenant qu'il est tiré par l'attelage Musk-Trump. Pour Sébastien Houdusse, « c'est un peu le retour de l'ORTF, ou plutôt de la 'Pravda'. » Mais selon le « Financial Times », des annonceurs et de grandes marques seraient déjà prêts à revenir sur la plateforme compte tenu du nouveau rôle et de l'influence d'Elon Musk dans la future administration américaine. La messe n'est pas encore dite pour X.
Qu’est-ce que l’OSDM, l’équivalent de NDC dans le ferroviaire ? –
Le secteur ferroviaire européen est en pleine transformation numérique avec le déploiement de l’Open Sales and Distribution Model (OSDM), un système standardisé qui promet de simplifier la vente de billets de train à l’échelle transnationale. Comme la norme NDC (New Distribution Capability) dans l’aviation, qui est en train de transformer la distribution des billets d’avion, l’Open Sales and Distribution Model (OSDM) va permettre de simplifier la distribution des billets de train avec un nouveau standard. Grâce des API utilisant le même langage, les voyageurs pourront réserver des trajets impliquant plusieurs compagnies ferroviaires sur un seul billet. En avril dernier, la Suède est devenue le premier pays européen à adopter ce système pour ses trajets nationaux et internationaux, marquant une avancée significative dans l’unification de la billetterie ferroviaire en Europe. Une expérience de voyage simplifiée Lancé officiellement fin 2024, l’OSDM permettra aux voyageurs de parcourir l’Europe avec un billet unique, que ce soit pour des trajets impliquant la SNCF, Deutsche Bahn, Trenitalia, les Chemins de fer fédéraux suisses (CFF) ou d’autres opérateurs. Ce modèle vise à rendre l’achat de billets aussi intuitif qu’une réservation domestique, malgré la complexité d’une collaboration entre différents acteurs. Ainsi, les voyageurs ne seront plus contraints de gérer plusieurs réservations et billets pour un même trajet international. Par exemple, un Paris-Lucerne, actuellement scindé en segments SNCF et CFF, sera disponible en une seule transaction, facilitant le parcours du voyageur et garantissant une continuité de service en cas de problème. En cas de retard ou d’annulation, ceux-ci pourront bénéficier de réacheminements ou de compensations sans frais supplémentaires. Un travail de fond soutenu par les instances européennes L’OSDM est le fruit de plusieurs années de collaboration entre les membres de la Communauté des entreprises ferroviaires et d’infrastructure européennes (CER), l’Union internationale des chemins de fer (UIC) et d’autres partenaires de l’industrie. Les spécifications techniques ont été pensées pour assurer un échange fluide de données entre les compagnies, tandis que des accords commerciaux traitent des questions tarifaires et du partage des recettes. Cette standardisation a été pensée pour être être supportée par les systèmes existants ou futurs sans investissements majeurs. « Nous ne sommes qu’au début de cette standardisation, mais je suis confiante sur son déploiement du fait que les compagnies ferroviaires elles-mêmes soient à l’initiative », déclare Valentine Camusot, General Manager Europe de Rail Europe. La plateforme de distribution travaille actuellement avec Trenitalia afin de connecter leurs API respectives avec ce nouveau langage informatique. Des perspectives multimodales Ce système pourrait permettre à terme une transition vers des écosystèmes de mobilité multimodaux, avec une intégration des transports publics et de nouvelles garanties pour les voyageurs. D’ici 2030, l’OSDM pourrait s’étendre aux transports publics urbains, permettant aux voyageurs de combiner train, métro ou bus dans un même billet et simplifiant encore davantage leurs déplacements.
Booking Holdings : les réservations de billets d’avion augmentent de 40%
Booking Holdings vient de publier les résultats financiers de son troisième trimestre 2024. Des résultats qui couvrent la période estivale, de juillet à septembre inclus. De bonnes performances en Europe « Nous sommes heureux d’annoncer une croissance de 8% du nombre de nuitées au troisième trimestre, ce qui dépasse nos attentes, principalement grâce à une meilleure performance en Europe », a déclaré Glenn Fogel, le directeur général. « Nous continuons à progresser dans le cadre de nos initiatives stratégiques tout en améliorant la rentabilité de nos activités, ce qui, selon moi, permettra à notre entreprise d’être bien positionnée pour faire face à l’avenir. » Au troisième trimestre 2024, Booking Holdings affiche 43,4 milliards de dollars de réservations de voyages. Soit une augmentation de 9% par rapport au trimestre de l’année précédente. Sur la même période, le groupe a généré un chiffre d’affaires de 8 milliards de dollars (+9% sur un an), pour un résultat d’exploitation ajusté de 3,7 milliards (+12%). Les vols s’envolent Si la réservation hôtelière représente l’activité historique du groupe, les autres segments se développent. Booking Holdings a écoulé 13 millions de billets d’avion au troisième trimestre 2024, contre 9 millions au troisième trimestre 2023. Le groupe affiche ainsi, sur un an, une augmentation de 39% des réservations de billets d’avion, vendus notamment sur Booking.com et Agoda. A titre de comparaison, au deuxième trimestre 2024, Air France-KLM a embarqué 25,7 millions de passagers, dans le monde entier. En valeur absolue, Booking a donc écoulé assez nettement moins de billets d’avion que le groupe aérien. Mais son avancée, sur ce terrain de jeu, se confirme. Au troisième trimestre 2022, l’entreprise distribuait seulement six millions de billets d’avion. Autrement dit, Booking a commercialisé deux fois plus de billets d’avion qu’il y a deux ans, sur la période estivale. La diversification est en marche. Les résultats trimestriels de Booking, qui couvrent juillet à septembre, montrent la diversification des activités (hôtels, locations de voiture, billets d’avion). Bookink Holdings coiffent différentes plateformes : Booking.com, Agoda, Priceline.com, Kayak, Rentalcars.com… Booking dépense plus de 2 milliards de dollars en marketing De telles performances globales résultent d’une volonté stratégique, d’investissements lourds en technologie mais aussi dans la publicité digitale et offline. Les dépenses marketing ont légèrement augmenté au cours du trimestre, pour atteindre 2,15 milliards de dollars, contre 2,02 milliards un an plus tôt. Sur le marché français, Booking.com se hisse sur la troisième marche du podium en termes d’audience, derrière Amazon et Leboncoin. La plateforme affiche près de vingt millions de visiteurs uniques par mois selon le classement publié par Médiametrie/NetRatings et la Fevad. Et ce, tous secteurs confondus, sur ordinateur, mobile et tablette. Deux autres acteurs majeurs du secteur apparaissent, plus bas, dans le palmarès. SNCF Connect se positionne au 13e rang, Airbnb au 15e. A l