Cryptos : l’Europe se dote d’un cadre rigoureux au risque de laisser les Etats-Unis prendre le large
Comment éviter qu'un fiasco tel que celui de la plateforme FTX ne se reproduise ? Au crépuscule de l'an 2022, le géant américain des cryptos s'effondrait en laissant des milliers d'investisseurs particuliers sur le carreau. On découvrait alors que l'ex-deuxième plateforme d'échange d'actifs numériques, pourtant réputée sûre, faisait l'objet d'une gestion chaotique. C'est dans ce contexte troublé pour l'écosystème que l'Union européenne (UE) a finalisé l'élaboration de normes communes à l'ensemble des pays membres. Adopté mi-2023, le règlement européen sur les marchés de cryptoactifs - ou Markets in Crypto Assets regulation (MiCA) - s'appliquera progressivement à l'ensemble de l'industrie à partir du 30 décembre. Il prévoit de solides exigences en matière de lutte contre la fraude, de fonds propres ou de protection des investisseurs… Un cadre rigoureux qui tranche avec la volonté nouvelle, outre-Atlantique, d'assouplir les contraintes du secteur. Le président élu américain Donald Trump, qui s'est mué en chantre des cryptos durant sa campagne, a en effet multiplié les promesses à leur égard. Il veut en finir avec la répression menée ces dernières années par la Securites and Exchange Commission (SEC) - le gendarme boursier américain - sous l'impulsion de son patron démissionnaire, Gary Gensler. Ce dernier sera bientôt remplacé par le pro-crypto Paul Atkins, ex-commissaire de la SEC et pourfendeur du « capitalisme woke ». Début décembre, la perspective d'un encadrement favorable au développement du marché a propulsé le bitcoin, roi des devises numériques, au-delà des 100.000 dollars. L'industrie inquiète Le fossé réglementaire qui risque de se creuser entre les Etats-Unis et l'UE soulève un certain nombre de questions et d'inquiétudes, au sein de l'industrie comme chez les superviseurs européens. Interrogé début décembre sur le plateau de BFM Business, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, jugeait « très souhaitable » que les Etats-Unis adoptent une régulation similaire à celle du Vieux Continent, « dans l'intérêt des investisseurs cryptos ». Les efforts des régulateurs pour protéger les consommateurs à travers MiCA pourraient, de fait, être affaiblis par un cadre américain trop permissif. Les entreprises cryptos seront naturellement tentées de s'y implanter pour continuer d'opérer sous des normes plus accommodantes. En vertu du principe de sollicitation inversée, ces plateformes non conformes à MiCA pourront même continuer, dans certains cas, de contracter avec des résidents de l'UE. Cette exemption leur permet, en effet, de fournir leurs services à un client européen si ce dernier est à l'initiative exclusive de l'entrée en relation. LIRE AUSSI : DOSSIER - Quand le bitcoin touche la barre mythique des 100.000 dollars DECRYPTAGE - FTX : Sam Bankman-Fried, le « Madoff des cryptos » entre au panthéon des plus grands escrocs Autrement dit, les sociétés domiciliées hors UE seront tenues de répondre aux exigences de MiCA seulement si elles ont sollicité ces investisseurs, via des publicités, par exemple. Dans ses dernières lignes directrices publiées le 17 décembre, le gendarme européen des marchés, l'Esma, précise qu'il adoptera une approche très restrictive de ce principe pour limiter les abus. Le superviseur entend étroitement surveiller les actions marketing ciblant le public européen. Perte de souveraineté Du côté de l'industrie, on redoute qu'un tel écart réglementaire ne freine l'innovation et ne menace, in fine, la souveraineté numérique du bloc. Certes, un cadre clair et harmonisé était souhaité par le secteur. Il introduit une certaine stabilité susceptible de favoriser les investissements de long terme, qui fait aujourd'hui défaut aux Etats-Unis : la réglementation y piétine depuis plusieurs années, et nul ne sait si Trump passera de la parole aux actes. Mais pour les start-up en particulier, la marche de MiCA est haute. Beaucoup sont loin d'avoir achevé le travail de mise en conformité. Les exigences de la licence européenne s'inspirent fortement de celles qui conditionnent aujourd'hui l'obtention de l'agrément français de Prestataire de services sur actifs numériques (PSAN), délivré par l'Autorité des marchés financiers (AMF). Or, à ce jour, seuls quatre acteurs l'ont reçu en France. Le pays a, comme la plupart des Etats membres, opté pour une période transitoire - en l'occurrence, jusqu'en juillet 2026 - à l'issue de laquelle tous devront se conformer à MiCA. « Le coût de la mise en conformité avec MiCA s'annonce exorbitant pour les PSAN français. Les estimations évoquent un million d'euros par entreprise, un montant considérable qui risque de contraindre de nombreux acteurs à sortir du marché », s'alarmaient récemment Cyril Armange, directeur général délégué de Finance Innovation, et Benjamin Messika, directeur juridique de Vancelian, dans une tribune publiée par « Les Echos ». Cette situation pourrait entraîner une consolidation du secteur, estiment-ils, avec le risque de voir « les grands groupes internationaux racheter les fintechs françaises en difficulté ». Rachel Cotte THÉMATIQUES ASSOCIÉES Fintech Cryptos & NFT
Le grand retour des lunettes connectées, ou le pari gagnant de Mark Zuckerberg
C'est le succès que l'on n'avait pas vu venir en 2024. Meta, non content d'être le roi des réseaux sociaux, est aussi devenu un excellent vendeur de lunettes. Désormais, dans 60 % des magasins Ray-Ban, ce sont les modèles connectés réalisés en partenariat avec Meta qui sont les plus vendus, devant les montures classiques. Ces données proviennent du directeur financier d' EssilorLuxottica (maison mère de Ray-Ban), Stefano Grassi, qui les a partagées lors d'une conférence en octobre. Après l'échec des Ray-Ban Stories présentées en 2021 - 300.000 ventes en dix-huit mois, dont 90 % finissaient au fond d'un tiroir selon un document interne consulté par le « Wall Street Journal » -, Meta avait dégainé de nouvelles Ray-Ban en octobre 2023. L'entreprise ne dévoile pas les volumes de vente mais, d'après le cabinet IDC, il s'en est écoulé quelque 700.000 paires en une année. Et le géant de la tech ne compte pas s'arrêter là. Selon le « Financial Times », il pourrait ajouter des écrans à ses lunettes l'année prochaine. Ils serviraient à afficher des notifications ou des réponses de l'assistant virtuel de Meta. Remplacer le smartphone Mark Zuckerberg avait d'abord présenté les masques de réalité virtuelle comme l'avenir d'Internet, avec le métavers comme terrain d'expression. Las, de simples lunettes de soleil (ou de vue) dotées de deux caméras, micros et haut-parleurs ont suffi pour gagner une première bataille des lunettes. « Les smartphones ont dominé les deux dernières décennies et maintenant, les géants de la tech sont en quête de la nouvelle interface, qui a failli être l'enceinte vocale », pointe Diego Ferri, chez EY Fabernovel. Pour lui, ce retour des lunettes intelligentes dix ans après l'échec des Google Glass est lié à l'intégration de l'IA, elle-même liée aux nouvelles capacités des puces informatiques. LIRE AUSSI : Accord avec Meta, nouveau siège parisien… EssilorLuxottica voit grand INTERVIEW - « La crise de gouvernance est loin derrière EssilorLuxottica » A ce jour, Meta vend certes plus de casques de « VR » Oculus. Mais, selon Bernstein, les Ray-Ban connectées seront la star des fêtes de fin d'année, et les courbes vont se croiser. Car depuis cette année, les lunettes sont équipées du système d'intelligence artificielle Meta AI - sauf pour l'instant dans l'Union européenne. Couplée aux deux caméras, l'IA peut décrire son environnement et répondre à des questions en langage naturel. Un assistant sur le nez « Il se passe clairement quelque chose sur le front des lunettes connectées », relève, de son côté, l'expert en transformation numérique Frédéric Cavazza. Certains observateurs créditent à Meta l'exploit d'avoir créé la prochaine grande catégorie de produits après le smartphone. Lui met en avant la force d'y avoir mis de l'IA sans imposer aux consommateurs de changer de monture. Alors que les chatbots vocaux semblaient se destiner à des appareils dont l'audio est la première fonction - comme les enceintes connectées ou les écouteurs Bluetooth -, les lunettes connectées apparaissent comme une façon plus naturelle d'intégrer une IA. Elles voient ce qu'on voit. On peut leur parler et les entendre. Et les avoir toujours avec soi. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Vie privée, IA : ces risques qui émergent avec les lunettes Ray-Ban de Meta Une journée avec les lunettes connectées de Meta En décembre, Google a présenté sa nouvelle IA multimodale Gemini 2.0. Et pour en illustrer les capacités, elle l'a intégrée à des lunettes connectées. Avec son « projet Astra », Google imagine un assistant universel sur le nez. Dans une vidéo, on voit un cycliste circuler le long d'un parc à Londres. Sans lever les mains du guidon, mais en regardant autour de lui, il demande de quel parc il s'agit. « C'est Primrose Hill, réputé pour sa vue panoramique », indique l'assistant intelligent. Peut-on y circuler à vélo ? « A priori non… ». De quoi offrir une nouvelle vie à Google Maps ? La démonstration devient plus effrayante lorsque le testeur de la vidéo demande à ses lunettes de lui rappeler le digicode de son immeuble. Comme celles-ci filment tout, elles ont mémorisé la dernière saisie et lui rappellent qu'il s'agit du « 1170 ». Tout cela n'en est qu'au stade du prototypage et est actuellement limité à une poignée de testeurs. Néanmoins, les effets de bord surgissent déjà. Vie privée en danger ? Ainsi, lorsque Meta a connecté ses Ray-Ban à l'IA, il n'a fallu que quelques jours pour que deux étudiants de Harvard les relient à plusieurs bases de données afin d'en faire un redoutable système de reconnaissance faciale. Identité, coordonnées… En une requête, et pour peu que ces données figurent en ligne, les Ray-Ban peuvent percer l'anonymat de personnes croisées dans la rue. Pour Frédéric Cavazza, ces craintes, de même que l'acceptabilité sociale de voir des lunettes à caméra partout, ne sont pas un obstacle. « Il y a trente ans, des gens se cachaient pour téléphoner dans la rue car ils avaient honte. Plus récemment, on s'est habitué aux Airpods partout. Demain, on filmera avec ses lunettes. Quant aux données, quelle hypocrisie ! Si on étale déjà sa vie privée sur les réseaux sociaux, pointe l'expert, veut-on vraiment protéger ses données personnelles ? » Capter plus de données Les données, c'est peut-être tout l'enjeu de ces lunettes. « Est-ce que les géants de la tech croient vraiment aux lunettes, ou est-ce surtout une nouvelle façon pour eux de capter de l'information, avec ces caméras que tout invite à enclencher le plus souvent possible ? » s'inquiète Diego Ferri. Avec près de 300 millions d'utilisateurs, ChatGPT a connu une percée folle. Et pour l'expert chez EY Fabernovel, ce n'est qu'une question de temps avant que l'on voie des gens parler avec leur monture dans la rue. Samsung et Google devraient se lancer, quand Apple et Tesla nourrissent la rumeur. Huawei a déjà ses lunettes ainsi que Snap (pour les développeurs). Pour répondre aux inquiétudes et contraintes imposées par l'Union européenne et le règlement RGPD, la start-up Looktech mise, elle, sur des montures censées respecter la vie privée.
A 75 ans, Leclerc reste l’indiscutable leader de la distribution française
Leclerc : 25 % (ou presque) de part de marché pour soixante-quinze ans d'histoire. « Il y a soixante-quinze ans, en décembre 1949, un jeune couple d'épiciers ouvrait un premier magasin dans une petite rue de Landerneau. Ils ne se doutaient pas que leur histoire serait le premier épisode d'une grande saga » : en une phrase sur « X », le 21 décembre, Michel-Edouard Leclerc ravivait la mémoire de ses parents, Edouard et Hélène, et souhaitait un bon anniversaire à tous les adhérents des Centres E. Leclerc. Il n'aura fallu que trois générations pour que le mouvement coopératif de commerçants indépendants créé par l'épicier breton trône solidement au sommet de la grande distribution française. Le virage s'est opéré en juin 2017. Ce mois-là, Leclerc dépassait pour la première fois l'inventeur de l'hypermarché Carrefour au classement des parts de marché du panéliste Kantar. Sept ans plus tard, l'enseigne d'Edouard Leclerc rafle, selon les données de décembre 2024, 24,7 % des achats des Français de produits de grande consommation dans les supers et les hypermarchés. Carrefour court après avec 21,1 %. Une forte progression en 2023 « Leclerc a connu sa forte progression en 2023 avec un gain de 1,6 point de part de marché par rapport à 2022 », explique Gaëlle Le Floch, l'analyste qui cuisine les données Kantar aux petits oignons. De peur d'être distancé, Carrefour a repris en 2024 les hypermarchés Cora et les supermarchés Match. Dans le même temps, Intermarché, bien assis sur la troisième place du podium, rachetait 300 magasins Casino et grimpait à 17 %, en route vers les 20 %. LIRE AUSSI : Pourquoi Lidl et Aldi n'ont étrangement pas profité de l'inflation alimentaire L'écart s'est creusé avec les autres acteurs du grand commerce français. La Coopérative U tire son épingle du jeu avec une croissance qui ne doit rien aux acquisitions, avec un ratio de 12,2 % et un gain de 0,4 % à la fin de l'année. Avec 9 %, Auchan, l'autre géant des hypermarchés, paie de ne pas s'être diversifié dans les petits formats (supers et supérettes), mais tente de se rattraper avec le rachat d'une centaine de Casino. Les parts de marché des distributeurs à fin 2024, selon le panéliste de référence Kantar. Le groupe Casino, nouvelle version, après la restructuration opérée par le Tchèque Daniel Kretinsky, a fondu jusqu'à une part de marché de 3,1 %. Il ne lui reste plus que Monoprix, Franprix et un vaste réseau de magasins de proximité surtout fort à Paris et dans les grandes villes. Les discounteurs allemands Lidl et Aldi, dont on aurait pu penser que le pic d'inflation alimentaire (plus de 20 % en deux ans) les porterait, ne sont qu'à 8,4 % pour le premier et 3 % pour le second. Cela place toutefois Lidl en position de bientôt rattraper Auchan. Les émules d'Edouard Leclerc En 1949, Edouard Leclerc a inventé le discount à la française. Il a été le premier à s'approvisionner en direct auprès des fournisseurs agriculteurs et industriels, contournant les grossistes. Les consommateurs de l'après-guerre réclamaient des prix bas. Malgré les attaques des poujadistes de tout poil et de multiples procès contre les marques qui refusaient de le livrer, mais avec le soutien du général de Gaulle qui tenait l'épicier de Landerneau pour le pourfendeur de l'inflation (déjà !), le concept des produits vendus à faible marge dans des magasins en libre-service s'est imposé. La structure du réseau en mouvement d'indépendants a fait en sorte que chaque supermarché a été géré au plus près par son propriétaire. Au fil des décennies, ce modèle de franchise a pris le dessus sur le modèle intégré de Carrefour et consorts. Carrefour n'a pas pour autant perdu la bataille. Economies de coûts d'un milliard d'euros par an reversées dans la baisse des prix, passage des hypermarchés en difficulté en franchise, développement des marques propres : la stratégie du PDG Alexandre Bompard porte ses fruits. Carrefour France dirigé par Alexandre de Palmas a endigué cette fin d'année ses pertes de parts de marché en valeur et regagne des parts de marché en volume depuis octobre. Le mano à mano se poursuivra donc avec Leclerc qui a un peu patiné en décembre. En attendant le jeu à trois avec Intermarché. L'observateur se souviendra pour la petite histoire qu'Intermarché est né en 1969 d'une dissidence de Leclerc menée par Jean-Pierre Le Roch, un autre Breton. Si l'on ajoute les 25 % de Leclerc aux 17 % d'Intermarché, ce sont 42 % du marché français que les émules d'Edouard Leclerc ont conquis en trois quarts de siècle.
Depuis le Brexit, le Royaume-Uni s’est détourné de l’Europe
Le Royaume-Uni a voté pour quitter l'Union européenne (UE) il y a huit ans, ce qui l'a poussé à réorienter ses relations commerciales vers d'autres pays. Depuis le Brexit, « le Royaume-Uni est davantage tourné vers le reste du monde ». C'est ce que constate une étude des douanes françaises publiée ce vendredi. Ainsi, entre 2018 et 2023, les importations britanniques en provenance de l'UE ont baissé de 10 %, alors que celles en provenance d'autres pays ont grimpé de 48 %. En 2018, le premier fournisseur du Royaume-Uni était l'Allemagne, en 2023, ce n'était plus le cas. La Chine était passée première, devant les Etats-Unis, l'Allemagne ne pointant qu'en troisième position. Hausse des exportations vers le reste du monde De même, les exportations britanniques vers l'UE ont reculé de 6 % au cours de cette période. Dans le même temps, celles vers le reste du monde ont progressé de 16 %. Sur le plan commercial, Londres s'est donc bien éloigné de Bruxelles. Et, selon les statistiques des douanes britanniques, la hausse des exportations britanniques vers le reste du monde a largement compensé la baisse des ventes vers l'Europe. Quand on regarde l'importance de la France et de l'UE dans les échanges commerciaux britanniques, celle-ci s'est réduite ses cinq dernières années. La part des exportations du Royaume-Uni vers l'Europe est passée de 46 % des ventes totales en 2018 à 41 % l'an passé. Et celle des importations a reculé aussi, de 52 % à 40 % au cours de la même période. « Globalement, les échanges extérieurs ont perdu en intensité entre le Royaume-Uni et la France d'une part et l'Union européenne d'autre part », souligne l'étude des douanes. Notre voisin d'outre-Manche reste le pays avec lequel l'Hexagone enregistre son excédent commercial bilatéral le plus élevé. Sur les douze derniers mois, entre novembre 2023 et octobre 2024, la France a dégagé un excédent commercial des biens de 10,5 milliards d'euros avec le Royaume-Uni. C'est environ 2 milliards d'euros de moins qu'en 2019, l'année qui a précédé le Covid. Relations moins fortes avec la France Avec le Brexit et le rétablissement des contrôles aux frontières, les relations commerciales se sont distendues. Ainsi, si le nombre d'entreprises tricolores qui exportent outre-Manche a grimpé, il s'agit principalement de petites unités, spécialisées dans le commerce de gros ou de détail. Quant aux entreprises françaises important des biens en provenance du Royaume-Uni, leur nombre a baissé d'un tiers depuis 2018 alors que celui des entités achetant des produits allemands ou italiens a beaucoup progressé au cours de cette période. LIRE AUSSI : Les Britanniques favorables à une relation plus fluide avec l'UE EN CHIFFRES - « Un désastre pour les petits exportateurs » : le vrai coût du Brexit pour le commerce britannique Pourtant, la part des importations françaises venant de l'autre côté de la Manche est restée stable, et c'est une exception en Europe. Pour l'étude des douanes, ce phénomène s'explique par le fait que l'Hexagone est devenu une sorte de plateforme logistique de réexportations de biens britanniques en Europe. La France importe des biens britanniques qui sont ensuite réexpédiés vers d'autres pays de l'UE. Pour des raisons de réglementation, de tels flux n'étaient auparavant pas comptabilisés. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Pourquoi le Brexit n'a pas été une catastrophe pour l'économie britannique DECRYPTAGE - Les investisseurs continuent de fuir les marchés britanniques Il y a bien plus grave pour la France. La part des exportations françaises vers le Royaume-Uni a certes baissé depuis 2018, mais celle des exportations tricolores vers l'Allemagne a encore plus chuté. En clair, si avec le Brexit les relations commerciales avec Londres sont moins fortes qu'avant, silencieusement, un phénomène mine l'industrie française au sein de l'UE : elle vend, en proportion, de moins en moins à l'Allemagne, pourtant membre de la zone euro. Ce sont les difficultés de l'économie allemande qui expliquent cette chute.
VIDEO – Pourquoi Playmobil galère alors que Lego cartonne
« Généralement, soit on a grandi dans une famille qui joue aux Lego, soit dans une famille qui joue aux Playmobil », pose Frédérique Tutt, expert monde du jouet pour le cabinet d'études Circana. Les deux poids lourds du secteur du jouet se ressemblent sur beaucoup d'aspects. Ils sont tous les deux nés dans une entreprise familiale : Playmobil, du fabricant Horst Brandstätter, en Allemagne et Lego au Danemark. Leurs figurines sont sorties à peu près en même temps, en 1974 pour Playmobil et entre 1974 et 1978 pour Lego. Mais aujourd'hui, leurs chemins ont nettement divergé. D'un côté, Lego occupe la place de n° 1 mondial du jouet. En 2023, l'entreprise danoise a réalisé un chiffre d'affaires de 8,8 milliards d'euros. De l'autre côté, Playmobil traverse une crise profonde. En 2021-2022, l'entreprise a vu ses résultats opérationnels chuter de 46 %. À l'été 2023, son patron démissionne, et depuis l'entreprise a annoncé une réduction de 17 % de ses effectifs d'ici 2025. Pourquoi une telle différence ? VOIR AUSSI : VIDEO - Succession : comment Rupert Murdoch a sacrifié sa famille pour son business DECRYPTAGE - Spin Master, ce géant inconnu du jouet qui a mis la main sur le Rubik's Cube « Kidultes » et licences La réponse se trouve dans les tendances du jouet. « Le marché est vraiment tiré par la construction. Et les jeux de construction, c'est Lego », constate Frédérique Tutt. Cela s'explique notamment par la part grandissante des adultes dans les acheteurs. Ils représentent désormais 29 % du marché, soit deux fois plus qu'il y a dix ans. L'autre explication principale tient dans les licences , ces jouets qui s'inspirent d'autres univers bien connus, issus de la bande dessinée (Astérix), des jeux vidéo (Minecraft, Super Mario), de l'automobile (Ferrari, Volkswagen)… Elles sont le deuxième relais de croissance du marché, avec 27 % des ventes. Alors, est-ce la fin des Playmobil ?
2024, une année en or pour les pyramides de Ponzi
Quand les marchés financiers sont très bien orientés comme en 2024, la méfiance des investisseurs est moindre face aux escrocs, marchands de rêve des fortunes rapides. Les rendements anormaux, comme sur les cryptos depuis l'élection de Trump, deviennent normaux et donc peu inquiétants. Parmi les plus célèbres arnaques, la pyramide de Ponzi popularisée par Bernard Madoff en 2008, consiste à promettre des rendements réguliers, significatifs et garantis 100 % sans risque. Les investisseurs croient placer leur argent sur les actifs les plus divers (actions, cryptos, matières premières, animaux) alors qu'il ne fait que transiter de compte à compte et pour finir sa course dans les poches du ou des escrocs. Pour délivrer des rendements aux clients, ils piochent dans les comptes d'autres investisseurs pour donner l'illusion d'investissements réels. Un jeu de vases communicants qui a encore fait des victimes en 2024. Aux Etats-Unis, les pyramides de Ponzi ont ainsi bondi de 50 % par rapport à 2023 pour atteindre 3 milliards de dollars de pertes potentielles pour les particuliers, selon les données des deux régulateurs, la Securities and Exchange Commission (SEC) et la Commodity Futures Trading Commission (CFTC). Plus de la moitié de ce montant (1,7 milliard de dollars) est attribuable à une seule fraude sur les cryptos, réalisée par la société HyperFund. La très forte volatilité de cette classe d'actifs facilite les arnaques. Encouragés et manipulés par les influenceurs, les investisseurs des cryptos et du bitcoin ont davantage le goût du risque que les autres. Ils sont parfois récompensés ou sanctionnés au-delà de leurs attentes. Ainsi, Francier Obando Pinillo, pasteur de son état, promettait à ses « brebis égarées » un rendement mensuel garanti de 35 % sur les cryptos. Comme souvent dans les Ponzi, l'escroc ciblait des membres de sa communauté, les Hispaniques de sa paroisse en l'occurrence. Ils ne concevaient pas que cette figure respectée puisse être un nouveau Madoff qui les trahirait sans état d'âme. LIRE AUSSI : Une pyramide de Ponzi secoue la City Arnaque : un ancien de Harvard dépouille des camarades « Mère Teresa » sous les verrous Les dégâts globaux sont restés inférieurs aux grandes années des Ponzi (2008, 2022). Quand les marchés plongent, les investisseurs retirent leur argent des fonds. Ils ont parfois de très mauvaises surprises. Leurs économies se sont évaporées alors que leurs gérants ou conseillers financiers ont pris la fuite. Sous une nouvelle identité, certains changent simplement d'Etat pour continuer à perpétrer leurs fraudes. Johanna Michely Garcia, qui avait cru intelligent de se faire appeler « Mère Teresa », de par sa capacité selon elle à sortir ses investisseurs de la pauvreté, les a en réalité ruinés (191 millions de dollars évaporés). Comme dans tous les Ponzi, la justice américaine a appliqué la tolérance zéro en la condamnant en décembre à vingt ans de prison. Pour y échapper, Alan John Hanke a, lui, tenté de fuir des Etats-Unis depuis la Floride. Il a réservé une croisière, croyant à tort qu'il serait moins contrôlé qu'en prenant l'avion. Visé par un mandat d'arrêt, il a été arrêté avant d'avoir pu rejoindre des cieux plus cléments. Il risque une lourde peine avec neuf chefs d'accusation, dont fraude et blanchiment. Un président américain victime d'une pyramide de Ponzi Ulysses Grant, le 18e président des Etats-Unis, réfléchissait aux moyens de faire fructifier son épargne après son passage à la Maison-Blanche. A la fin du XIXe siècle, les anciens présidents ne bénéficiaient pas d'une retraite (elle fut instaurée en 1953). Sur les conseils de son fils, il plaça 50.000 dollars (1,5 million de dollars d'aujourd'hui) dans une société censée investir dans les actifs en vogue du moment (chemins de fer, mines…). Un rendement mensuel de 2 % à 3 % lui était assuré. Mais son gérant, Ferdinand Ward, était un escroc précurseur de Charles Ponzi. Il arnaqua aussi le magnat de l'immobilier Vanderbilt avant de prendre la fuite. Il ne resta à la famille Grant, que 210 dollars sur leurs 50.000 investis. Ferdinand Ward fut condamné à dix ans de prison. Comme Madoff plus d'un siècle plus tard, il n'afficha aucun regret authentique.
Crise énergétique : le yo-yo des prix de l’électricité sème la discorde en Europe
Depuis quelques mois, l'Europe est confrontée à des variations de prix de l'électricité de plus en plus erratiques, sources de tensions croissantes. Extrêmes, ces fluctuations touchent plusieurs pays du continent où elles ravivent des nationalismes énergétiques et mettent à rude épreuve la solidarité européenne. La flambée des prix a d'abord touché la Grèce, la Roumanie, ou encore la Bulgarie et la Hongrie, en raison de températures estivales élevées, de pannes d'infrastructures électriques et de la réduction des réserves hydrauliques due à la sécheresse causée par le changement climatique. L'Ukraine, devenue très dépendante de l'énergie importée d'autres pays européens - une bonne partie de ses infrastructures ayant été détruites par la Russie - est aussi pointée du doigt. S'il est encore souvent lié aux centrales électriques au gaz et donc exposé à de fortes fluctuations du cours des énergies fossiles, le prix de l'électricité sur les marchés de gros en Europe est aussi de plus en plus dépendant des conditions météorologiques. LIRE AUSSI : Guerre en Ukraine : la Grèce tire la sonnette d'alarme face à l'explosion des prix de l'électricité En cause : la production d'énergie renouvelable à partir du soleil et du vent, que l'UE pousse pour se débarrasser des énergies fossiles, rend les prix de l'électricité très volatils. Lorsque le soleil brille et que le vent souffle, la production d'électricité est élevée, ce qui peut entraîner une surproduction et des prix bas, voire négatifs. Inversement, sans soleil ni vent, la production chute, créant un déficit d'offre qui fait grimper les prix… La météo dicte les prix Le cas de la Norvège, qui a longtemps bénéficié de prix de l'électricité les plus bas au monde grâce à l'abondance de centrales hydroélectriques, est sans doute le plus emblématique. Les tarifs dans la région d'Oslo ont récemment atteint leur plus haut niveau depuis décembre 2022, avant de chuter de 65 % le lendemain, en partie en raison d'une baisse de la production éolienne sur le continent combinée à une demande élevée due à des températures basses. La poussée a engendré des tensions avec le Danemark concernant deux câbles électriques sous-marins, au point que la Norvège envisage de ne pas les renouveler en 2026 pour limiter les exportations et contrôler les prix domestiques. Même chose pour les interconnexions avec le Royaume-Uni et l'Allemagne, bien que l'UE interdise de réduire les flux de manière prolongée. « La Norvège décidera de ce qu'elle doit faire en fonction des intérêts norvégiens », a soutenu le Premier ministre du pays Jonas Gahr Store. Tensions électriques entre la Suède et l'Allemagne La situation est aussi très tendue entre la Suède et l'Allemagne où le 12 décembre les prix ont atteint une valeur douze fois supérieure à la moyenne des semaines précédentes, faute de vent et de soleil. Du fait des interconnexions transfrontalières, ces variations se sont en partie répercutées sur le prix payé par le consommateur suédois. Résultat, Stockholm, qui était l'an dernier le deuxième exportateur net d'électricité en Europe derrière la France, exige que l'Allemagne instaure des zones de tarification variables sur son territoire, afin de lisser les variations, ce que Berlin refuse. L'Allemagne produit environ 60 % de son électricité à partir des énergies renouvelables mais les installations sont situées dans le nord du pays alors que l'industrie se trouve plutôt dans le Sud. « Nous sommes en train de construire des lignes haute tension supplémentaires. Lorsque cela sera fait, le problème sera moins important », a expliqué le porte-parole du gouvernement allemand. LIRE AUSSI : L'Allemagne a passé le cap de 50 % d'électricité verte consommée L'Allemagne lance enfin le chantier titanesque de sa première autoroute électrique Pas convaincu, Stockholm menace désormais de ne pas autoriser un nouveau câble de connexion de 700 MW avec l'Allemagne, si Berlin ne réorganise pas son marché. « Il n'est pas juste que les Suédois paient des prix allemands pour des décisions allemandes », a jugé Ebba Busch, la ministre suédoise de l'Energie. Berlin n'est néanmoins pas le seul responsable. Si les habitants de Göteborg ont récemment payé 190 fois plus pour leur électricité que ceux de Luleå, ville située plus au Nord, c'est à cause de liens de transmission électrique insuffisants au sein du pays, empêchant une répartition équilibrée de l'électricité produite majoritairement dans le nord de la Suède. Outre-Rhin, le sujet est devenu un angle d'attaque de l'opposition conservatrice, alors que des élections anticipées auront lieu le 23 février. « Votre politique énergétique fait grincer des dents l'ensemble de l'Union européenne, qui est aujourd'hui très en colère contre l'Allemagne », a martelé Friedrich Merz, le leader des conservateurs, à l'encontre du chancelier Olaf Scholz. Le « pacte pour une industrie propre » Ironie du sort, ces conflits éclatent alors que l'Europe, qui cherche la parade face à ces défis complexes, n'a jamais autant prôné la nécessité d'une « union de l'énergie », qui impliquerait une intégration totale des marchés nationaux de l'énergie et permettrait des prix plus stables. Bruxelles a déjà réformé son marché de l'électricité, pour encourager les contrats à prix fixe avec les producteurs d'énergie et protéger les consommateurs des fluctuations du marché. LIRE AUSSI : Crise énergétique : les Européens en quête de solutions pour réduire les coûts L'Union européenne finalise la réforme du marché de l'électricité Mais ce n'est pas suffisant. « Le marché intérieur de l'énergie ne fonctionne pas correctement, a reconnu Dan Jorgensen, le nouveau commissaire européen à l'énergie, à l'issue d'une récente réunion des ministres de l'énergie à Bruxelles. Nous ferons beaucoup de choses dans le cadre du pacte pour une industrie propre. » Projet phare de la nouvelle Commission, qui doit être dévoilé fin février, il doit créer les conditions propices aux entreprises pour atteindre les objectifs verts de l'UE avec, notamment, pour « pierre angulaire », un « plan visant à faire baisser les prix de l'énergie », a promis Dan Jorgensen. L'UE prévoit aussi d'investir 584 milliards dans la modernisation de ses réseaux électriques dans les dix ans, pour s'assurer qu'ils puissent transporter une plus grande part d'énergie renouvelable. Le temps presse car des pans entiers de l'industrie européenne pourraient être fragilisés, à l'heure où la compétitivité est pourtant devenue la priorité absolue de l'UE.
Yuval Noah Harari : « Musk a soutenu Trump pour dominer l’IA »
Renommé pour ses réflexions sur l'évolution de l'humanité (« Sapiens »), l'historien Yuval Noah Harari, de passage à Paris pour présenter son dernier ouvrage, « Nexus », livre un récit historique de la façon dont les révolutions de l'information ont [...]
« Ingénieur en Suisse chez Nespresso, j’ai une qualité de vie qui me semble inaccessible en France »
« Un bon équilibre vie professionnelle-vie personnelle, des perspectives de carrière intéressantes, un cadre de vie agréable, un niveau de vie et des salaires plus élevés. Voilà ce que j'imagine trouver en Suisse quand je m'y installe en 2019. A ce moment-là, j'effectue mon stage de fin d'études dans une usine de Nespresso, une entreprise suisse qui dénombre plus de 14.000 salariés à travers le monde et qui appartient au groupe suisse Nestlé. C'est à Orbe, une petite ville dans le canton francophone de Vaud, à 20 kilomètres de la frontière avec la France, que je suis envoyé. Le site historique du groupe où sont fabriquées les fameuses capsules en aluminium. Une fois mon stage terminé, je suis officiellement titulaire d'un double diplôme à l'Ecole nationale supérieure de mécanique et des microtechniques de Besançon et à la Burgundy School of Business, une école de commerce basée à Dijon. Je suis recruté dans la foulée chez Nespresso en tant qu'ingénieur qualité. Cette fois-ci, j'exerce dans une usine à Romont, dans le canton de Fribourg, pas loin de la France. Un rythme plus matinal Bien que la France ne soit qu'à deux pas et que j'exerce dans un territoire francophone, je ressens dès mes premiers jours en Suisse une différence dans la culture de travail. Ici, la notion de mérite est plus marquée et les salariés ont plus de marge de manoeuvre, de liberté pour exercer leurs fonctions. Ce qui me frappe aussi, c'est que tous les salariés badgent en arrivant et en partant du travail, même les cadres. Au départ, je trouve ça un peu curieux. En France, les cadres ne sont pas assujettis à ces contraintes. Mais au fur et à mesure, je comprends que cela a un intérêt : cela permet de ne pas s'attarder au travail comme on pourrait le faire dans l'Hexagone. LIRE AUSSI : Age, rémunération… : portrait des frontaliers qui travaillent en Suisse Des soignants du Doubs de plus en plus nombreux à travailler en Suisse, selon l'Insee Autre différence : le rythme est plus matinal. Les magasins ouvrent à 7 h 30 en moyenne, contre 9 heures en France. Au travail, je commence à 7 h 30, pour finir vers 17 heures ou 18 heures. Je me plais avec ce rythme, qui me permet d'avoir facilement des activités le soir, chose qui serait moins envisageable avec un poste équivalent en France. Le midi, je déjeune au restaurant d'entreprise à prix très raisonnable. Moins de hiérarchie Ici, le management est assez horizontal et moins hiérarchique que ce que j'ai connu durant mes expériences françaises. Que l'on soit opérateur ou à la tête d'une usine, tout le monde est accessible et peut exprimer son opinion. D'ailleurs, on porte tous la même tenue avec un pantalon et un polo. Même le directeur d'usine ! On essaye d'impliquer dans la prise de décision les personnes qui seront concernées par celle-ci. Le management est basé sur l'échange, l'écoute et la consultation plutôt que sur la prise de décision individuelle. Tout peut être dit, on ne cherche pas à éviter le conflit. En revanche, on essaie d'amener les choses de la manière la plus neutre et factuelle possible. Les échanges se font dans le calme, on essaie au maximum de ne pas tomber dans l'émotion. Epargner davantage Quand on pense à la Suisse, on pense aussi à la ponctualité, à la rigueur et à la précision. Après cinq ans dans le pays, je ne peux que confirmer ! Et cela vaut aussi bien dans les sphères professionnelles que personnelles. En France, la Suisse est réputée pour ses salaires élevés. En m'installant ici, je m'attendais à augmenter mon niveau de vie. Ce fut le cas. Dans les cantons où un salaire minimum a été mis en place, celui-ci est minimum de 19,75 francs suisses bruts par heure (d'après le portail des autorités suisse, NDLR), soit environ 21,05 euros, versus 11,88 euros bruts en France. Effectivement, certaines dépenses du quotidien sont plus importantes (les loyers, abonnement téléphonique, …) mais dans l'ensemble, j'ai gagné en pouvoir d'achat et cela me permet d'épargner des sommes plus importantes qu'en France. Un environnement sain et paisible Depuis mon arrivée chez Nespresso, j'ai exercé cinq postes différents à Orbe et à Romont en un peu plus de cinq ans. Une évolution qui s'inscrit sur une période dans laquelle j'ai développé mes compétences et suis monté en grade. Dans mon entourage en France, j'ai vu peu de gens qui avaient ce genre de parcours. Je considère que c'est une opportunité qui, bien que ce ne soit pas la norme, a été rendue possible grâce à cet environnement de vie et cette entreprise. LIRE AUSSI : Travail, salaire, cadre de vie… « Ce que j'ai gagné en m'installant en Suisse à 25 ans » Ici, le taux de chômage est bas (4,7 % de la population active au 3e trimestre 2024, contre 7,2 % en France métropolitaine, NDLR). Si jamais je me retrouve à devoir quitter Nestlé, je ne suis pas préoccupé car compte tenu de la conjoncture actuelle du marché suisse, je devrais pouvoir retrouver un emploi sans trop de difficulté. Originaire de Toulouse, le seuls points noirs que je vois ici sont peut-être le climat plus frais que mon Sud-ouest natal, et le fait que les commerces ferment tôt, notamment le samedi. Mais c'est aussi ce qui permet aux employés de ces secteurs d'avoir un bon équilibre vie pro-vie perso... Je me projette en Suisse où je trouve un environnement sain et paisible, que ce soit sur le plan professionnel ou personnel. On se sent en sécurité et confiant pour l'avenir. Les Suisses se distinguent par leur calme et leur respect. Ici, je bénéficie d'une qualité de vie globale qui me semble inaccessible en France. »