Pourquoi la petite hydroélectricité conserve encore des adeptes
Un voyage dans le temps. En visitant le barrage hydroélectrique de Baccarat en Meurthe-et-Moselle, on se croirait presque devant une image d'Epinal. La Meurthe, qui alimente le barrage, court sagement entre les clapets qui régulent le débit d'eau. La passe à poissons, qui permet à ces derniers de contourner le barrage sans encombre, est agrémentée de rochers savamment installés, le tout dans un calme presque champêtre que seul vient perturber le bruit des turbines lorsque l'on pénètre dans la salle des machines. Ici, tout est d'origine ou presque. Les turbines, en tout cas, datent de 1927, l'année où a été construit le barrage, qui alimentait par le passé les usines toutes proches de la prestigieuse verrerie de Baccarat. Malgré cette atmosphère un peu désuète, c'est pourtant une électricité destinée à la future mobilité durable qui est produite ici. Immeubles à « énergie positive » Le barrage a été racheté en 2021 par la société Dream Energy, qui possède une vingtaine d'autres ouvrages semblables à celui-ci en France. D'une puissance moyenne de 2.350 MWh par an, cette installation fournit de l'électricité pour les besoins de la société elle-même, qui a la particularité d'être à la fois producteur et fournisseur d'électricité renouvelable pour ses propres activités. LIRE AUSSI : Electricité : la France veut démultiplier ses capacités de stockage grâce à ses barrages A l'origine, l'entreprise, dont la création remonte à 2007, débute dans la construction de parcs tertiaires. Pour fournir de l'électricité à ses immeubles dits « à énergie positive », l'entreprise Artea, dont le chiffre d'affaires a atteint plus de 110 millions d'euros en 2023, et qui est la maison mère de Dream Energy, décide de se lancer dans la production d'énergie renouvelable, solaire d'abord, puis hydroélectrique. « Avec le photovoltaïque, on peut produire 1.200 heures par an environ, alors qu'on monte à 4.000, voire 5.000 heures par an avec l'hydroélectricité », explique Baptiste Roy, responsable production et fourniture de Dream Energy.
Voiture électrique : grand tour de vis en vue pour les flottes d’entreprises
Fini la carotte, bonjour le bâton. Les entreprises, qui ont vu disparaître en début d'année le bonus écologique pour l'achat de voiture électrique, voient maintenant arriver la perspective d'amendes en cas de non-respect des objectifs de verdissement de leurs flottes. La proposition de loi du député de la majorité Damien Adam visant à accélérer l'adoption des véhicules électriques au sein des entreprises et des loueurs sera examinée dès le 30 avril en séance à l'Assemblée, a décidé mardi soir la conférence des présidents de l'institution. Et donc le 8 ou le 10 avril en commission du développement durable, d'après nos informations. La proposition de loi, qui devrait bénéficier du soutien du gouvernement, accélère d'abord la trajectoire pluriannuelle de verdissement des flottes. Les voitures électriques devraient représenter 20 % des voitures achetées en 2024, soit 10 points de plus que ce que prévoient les textes actuellement. L'objectif serait ensuite rehaussé de 10 points chaque année pour atteindre 95 % de voitures électriques achetées en 2032. Durcissement de la loi LOM Il s'agit d'un durcissement de la loi d'orientation des mobilités, dite loi LOM , adoptée en 2021, qui ne concerne que les entreprises et les loueurs longue et courte durée dotées d'une flotte de plus de 100 véhicules. « La loi LOM avait été votée avant que l'interdiction de vente des véhicules thermiques ait été fixée à 2035, il fallait donc revenir sur sa trajectoire », explique Damien Adam aux « Echos ». LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - 100 % électrique en 2035 : l'industrie automobile se met à douter Volvo a produit la dernière voiture diesel de son histoire Gare aux entreprises qui ne respecteraient pas la nouvelle trajectoire. Contrairement à la loi actuellement en vigueur, qui ne prévoyait aucune pénalité en cas de non-respect des objectifs de verdissement des flottes, la proposition de loi du député propose d'instaurer une amende de 5.000 euros pour chaque véhicule manquant, plafonnée à 1 % du chiffre d'affaires du groupe. « A ce stade, comme l'obligation actuelle n'est pas contraignante, les comités de direction des entreprises ne se sont pas saisis du dossier du verdissement de leur flotte, qui est pourtant un bon moyen d'améliorer le bilan carbone de leur entreprise », relève Damien Adam.
L’Etat relance la marine à voile
Ce jeudi à Saint-Nazaire, le secrétaire d'Etat à la Mer et à la Biodiversité, Hervé Berville, et son collègue en charge de l'Industrie, Roland Lescure, assistent aux Chantiers de l'Atlantique à la découpe de la première tôle de l'« Orient Express Silenseas » : un nouveau concept de bateau de croisière haut de gamme à voiles, commandé par le groupe Accor, propriétaire de la célèbre marque jadis réservée aux trains de luxe. Le navire devrait être lancé en mars 2026, en attendant son jumeau un an plus tard. Pacte vélique L'occasion pour le gouvernement de signer le même jour un « pacte vélique ». Un plan de soutien étatique à la filière encore embryonnaire, qui concerne à la fois des navires de passagers et de marchandises. Le but : capter au moins 30 % du marché mondial, dans un horizon assez lointain, de ces navires mixtes, à voiles et à vapeur au GNL en fonction des conditions de navigation. « Plusieurs entreprises sont déjà actives, et d'autres vont arriver. Il y a une dynamique en France que nous soutenons », explique aux « Echos » Hervé Berville. L'an dernier, les aides à la propulsion vélique avoisinaient le million d'euros, et les suivantes seront incluses dans un plan plus vaste, consacré à la décarbonation du transport maritime, annoncé par le président Macron lors des dernières Assises de l'économie de la mer, en novembre 2023. LIRE AUSSI : Accor commande deux paquebots à voile ultraluxe aux Chantiers de l'Atlantique Cargos à voiles : les PME françaises face au défi de l'industrialisation Soit au total 1,5 milliard d'euros à rassembler, avec plusieurs véhicules financiers. En l'occurrence 500 millions d'argent public pour un milliard de fonds privés, « pour faire levier ensuite », selon le secrétaire d'Etat. « Il s'agit d'un outil pour faire travailler tous les acteurs ensemble. » Sur la seconde enveloppe, le patron de CMA CGM, Rodolphe Saadé, l'abondera à hauteur de 200 millions. Le reste devrait venir d'investisseurs bancaires ou financiers. « Garanties, prises de participations, capital-risque, ce n'est pas une enveloppe fermée », détaille le secrétaire d'Etat. Un projet poussé depuis longtemps En attendant de rassembler cette somme, beaucoup de projets ont déjà démarré sur le thème de la décarbonation des océans. Dans les navires de croisières, Accor a succombé au projet Silenseas, poussé par les bureaux d'études des Chantiers de l'Atlantique depuis 2018, après l'abandon de projets de bateaux beaucoup plus massifs. Ses deux paquebots de luxe de 220 mètres de long seront dotés de trois gréements de deux voiles chacun, soit 1.500 m2 de surface vélique par mât, associés à une propulsion hybride au GNL pour les jours sans vent. Voire de l'hydrogène vert quand cette ressource sera disponible. Avec 120 passagers maximum et des suites de 70 m2 en moyenne, le but n'est pas de rivaliser avec les mégapaquebots de MSC Croisières ou Carnival, mais de réconcilier sur le segment du luxe tourisme et environnement. LIRE AUSSI : Neoline cherche à boucler le financement de son cargo à voiles Un concept qui n'est pas sans rappeler les célèbres « Club Med 1 » et « 2 », longs navires à voiles de croisières commandés aux Chantiers du Havre (ACH) et lancés dans les années 1980, mais sacrifiés par la suite sur l'autel du diesel. Débouchés dans le cargo Outre les croisières, d'autres déclinaisons à voiles sont en route. Comme le navire roulier de 136 mètres conçu par Neoline, en cours de fabrication chez le chantier naval turc RMK Marine, avec un gréement conçu, là encore, par les Chantiers de l'Atlantique. Prévu pour l'été 2025, le navire avec deux mâts en carbone sera propulsé par des voiles quand la météo sera de la partie. Capable d'embarquer jusqu'à 265 conteneurs de 20 pieds, ou des marchandises diverses, entre la France et les Etats-Unis. Autre exemple, le navire « Canopée » de l'armateur Jifmar, chargé d'acheminer les éléments de la prochaine fusée européenne Ariane 6 vers la Guyane. A chaque fois, le principe est de faire appel au vent, avec un appoint hybride d'un autre mode de propulsion, en fonction des conditions de navigation.
L’Afrique en manque de… CAN ?
l y a des overdoses qui font du bien. La Coupe d'Afrique des nations (CAN) s'est achevée à Abidjan le 11 février dernier et, déjà, c'est la déprime ! On dit que le football est devenu la drogue dure de l'Afrique, que le continent se shoote à la CAN pour échapper au spleen baudelairien de sa désastreuse vie politique. Que faire d'autre, je vous le demande, que de se noyer dans les paradis artificiels des stades quand la Cedeao se disloque et que la meute putschiste se rue, tous crocs dehors, sur la dépouille de notre démocratie-mort-née ? LA NEWSLETTER AFRIQUE Tous les mardis à 16h45 Recevez le meilleur de l’actualité africaine. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. « La drogue est le nomadisme de l'exclu », disait Jacques Attali. Qui dit nomadisme dit grands espaces. Or, le monde se rétrécit dramatiquement pour l'Africain, cet exclu des exclus. La médiocrité de ses dirigeants ayant fait du continent (ce paradis naturel) un enfer artificiel, il a un besoin urgent de s'évader. Mais où ? L'Europe se ferme, les routes du Sahara deviennent de redoutables pièges à nègres et les États-Unis se proposent de refaire le mur de Berlin sur les rives du Rio Bravo. Il ne lui reste pour « s'accrocher » que « l'opium du peuple » et la dope au ballon rond. Et comme la mosquée n'est plus l'endroit le mieux indiqué pour planer depuis que les djihadistes y ont pris place avec leurs kalachnikovs et leurs pistolets à seringue, il est obligé de se contenter du gazon (à chacun, sa bonne herbe !). À lire aussi CAN 2024 : la Côte d'Ivoire en mode reconquête Déficit démocratique L'Afrique – et pas seulement les amoureux du ballon rond (ou plutôt les « accros » du foot) – avait urgemment besoin de CAN : le déficit démocratique en avait porté le craving (cela se dit ainsi dans le milieu des toxicos) à un niveau épouvantable. Et par chance, aux dires de tous, la cuvée 2023 a été un régal. Nos joueurs n'ont pas fait que nous offrir des matchs splendides, des matchs palpitants où le score jusqu'à la dernière minute reste incertain, ils ont surtout réussi à nous faire oublier nos putschs insensés et nos démocraties bancales. Merci à Sadio Mané, à Nsue, à Bébé, Fabien Haller et aux autres dieux de nos stades pour leurs dribbles stupéfiants ; merci surtout de nous avoir rendu presque supportables les têtes de ceux qui se cramponnent au sommet de nos États rien que pour nous pourrir la vie ! L'écrivain guinéen Tierno Monénembo. © BALTEL/SIPA / SIPA Continent recherche alternance Outre son effet euphorisant, le football revêt une autre qualité qui manque cruellement aux pays qui sont les nôtres : l'alternance au pouvoir y est régulière, constante, aux bons soins ou plutôt aux soins exclusifs de Dame Nature. Elle se fait sans le drame du coup d'État, sans le cirque du troisième mandat. La gérontocratie y est naturellement exclue. Que l'on s'appelle Didier Drogba, Titi Camara, El Hadj Diouf ou Salif Keïta, quand l'âge arrive, tout le monde est obligé de ranger les crampons. Et ce qui est valable pour les individualités est tout aussi valable pour les équipes. Avez-vous remarqué qu'à Abidjan, le Ghana, l'Égypte, le Cameroun, le Maroc…, bref ceux que l'on considérait comme les mastodontes du football continental, ont tous courbé l'échine et que dorénavant, ce sont de toutes nouvelles équipes (que personne n'a vues venir) qui occupent le haut du pavé. La Guinée équatoriale, le Cap-Vert, la Mauritanie, etc., incarnent dorénavant le renouveau du football africain. Les Pharaons et les Lions (qu'ils viennent de l'Atlas, de la Téranga ou qu'ils soient Indomptables) peuvent aller se rhabiller. Ah, si seulement on pouvait dire la même chose à nos indéboulonnables présidents !
Transport : Urbanloop pose son premier rail à Saint-Quentin-en-Yvelines
A défaut d’emprunter l’Hyperloop, les habitants et visiteurs de Saint-Quentin-en-Yvelines pourront, eux, monter à bord de l’Urbanloop. Ce nouveau moyen de transport se présente sous la forme de capsules et permet de compléter les transports en commun existants. « L’Urbanloop ne fait pas d’arrêt, il s’arrêtera à la destination que vous avez renseignée. Il ne rentre pas en concurrence avec les autres moyens de transports en commun existants, il vient plutôt les compléter. Il n’a pas vocation à être implémenté dans les centres-villes déjà saturés, mais à transporter les usagers de la périphérie jusqu’au centre comme le ferait la voiture. », nous expliquait Jean-Philippe Mangeot, Directeur du projet Urbanloop, en 2021. A Saint-Quentin-en-Yvelines, dix capsules relieront les parkings et la fanzone de la ville sur une boucle de 2 kilomètres. Deux personnes adultes ou un adulte et deux enfants pourront y prendre place gratuitement. Ils n’auront qu’à appuyer sur un bouton, à la manière d’un ascenseur, pour arriver à destination. Deux arrêts seront desservis sur le parcours. Un premier rail a été posé en début de semaine. Les travaux dureront jusqu’aux printemps 2024, quelques mois avant les Jeux olympiques de Paris. Au moment de la compétition, 500 personnes pourront être transportées chaque heure. Un moyen de transport autonome et propre La particularité de l’Urbanloop est qu’il est autonome, piloté par l’intelligence artificielle et consomme une faible quantité d’énergie électrique. Cela s’explique par la légèreté des capsules et le fait qu’elles ne grattent le sol que sur 30 centimètres. L’infrastructure mise en place pour sa circulation peut facilement être retirée. Les capsules se déplacent à 50 km/h, soit une vitesse comprise entre celle d’un tramway et d’un métro.
ETF bitcoin : après Wall Street et la City, que fait Paris ?
Le bitcoin a signé son grand retour en 2024 et c'est à Wall Street que ça s'est passé. Pas en Europe, et pas non plus en France. Si la reine des cryptos a dépassé son record historique, à plus de 73.835 dollars le 14 mars sur Coinbase, c'est en raison d'une collecte nette de près de 30 milliards de dollars en deux mois sur les « ETF bitcoin spot », ces fonds cotés (exchange-traded funds) investis en bitcoin autorisés par le gendarme américain de la Bourse, la Securities and Exchange Commission (SEC), le 11 janvier. A la manoeuvre, les géants de la gestion BlackRock et Fidelity ont respectivement amassé 13 et 7 milliards de dollars. Autre signal fort : quand la cryptosceptique place de Londres a emboîté le pas en déclarant s'ouvrir aux ETN (exchange-traded notes, des titres de créances proches des ETF) sur le bitcoin et l'ether (à partir du 28 mai), le marché a salué une « très bonne nouvelle ». Ces titres seront pourtant réservés aux seuls professionnels, quand les véhicules américains ciblent aussi les particuliers. A la suite de ces deux mouvements majeurs, une question émerge : que fait la place de Paris ? De nombreux produits à Paris Au regard du nombre de produits liés aux cryptos listés sur Euronext Paris (68), elle n'est pas du tout en reste. Elle présente même une offre plus variée que Wall Street, avec une multitude de devises : bitcoin, ether, solana, tezos, aave… Il ne s'agit pas d'ETF, mais d'ETN, et d'ETC (exchange-traded commodities, utilisés pour les matières premières négociées en Bourse). Autre différence notable, tous ne sont pas garantis par la détention en portefeuille de l'actif sous-jacent. Plus largement, l'Union européenne recenserait 168 « trackers » de ce type. Le plus ancien a été émis par XBT Provider en Suède en 2015. Trois acteurs se taillent la part du lion en Europe : CoinShares (le plus gros avec 6,8 milliards de dollars sous gestion), 21Shares (3,8 milliards) et ETC Group (1,8 milliard). L'encours des produits financiers liés aux cryptos atteint au total 14 milliards de dollars sur le continent, d'après ETFbook.com. C'est presque quatre fois moins que ce qui a été collecté en à peine deux mois par les ETF bitcoin américains (53 milliards de dollars). Ce qui amène une seconde interrogation : pourquoi un tel décalage ? Une clientèle institutionnelle Le problème n'est pas l'émission de ces produits mais leur distribution. En Suède, CoinShares dénombre certes 150.000 clients particuliers qui mettent de la crypto dans leur plan d'épargne retraite, et en Allemagne, certains clients en ajoutent à leur compte épargne. L'Autriche, les Pays-Bas et, hors UE, la Suisse sont aussi clients de ces produits cotés sur la crypto. Mais dans une proportion encore faible. LIRE AUSSI : EN CHIFFRES - Portrait-robot des détenteurs français de cryptos DECRYPTAGE - Bitcoin : ce que le big bang de 2024 peut changer pour l'épargnant français Et en France ? Les « ETP » ne sont distribués que par le néocourtier Degiro et Saxo Bank. Et encore. « Nous avons fait le choix de ne cibler qu'une clientèle avertie ayant une appétence au risque élevée car nous proposons des produits avec effet de levier », pointe Fabien Keryell, directeur général France de Saxo Bank. Pour le reste, ces produits sont strictement limités aux clients institutionnels, à 95 % chez CoinShares par exemple, de quoi couper le marché de la manne des particuliers. Saxo Bank observe pourtant un « effet ETF » en 2024, avec « autant de volumes enregistrés au premier trimestre que sur l'ensemble de l'année 2023 ». Les particuliers s'en remettent à Binance L'appétence des petits porteurs est confirmée par le dernier baromètre de KPMG sur le taux de pénétration des cryptoactifs dans l'Hexagone, avec 28 % de croissance en un an. 12 % des Français de plus de 18 ans déclarent détenir du bitcoin et autres cryptoactifs, dans leur « wallet » - comme en Allemagne. Pour acheter des « cryptos », un tiers des Français utilisent Binance, et un quart Crypto.com et Coinbase. « Depuis 2019, 10 milliards de dollars sont partis de Boursorama sur ces plateformes », a calculé un gestionnaire d'actifs. Quant aux ETF américains, ils ne sont pas disponibles dans l'UE car ils ne sont pas conformes à la réglementation européenne, plus protectrice pour les particuliers. Un Français voulant s'exposer à de la crypto à travers un acteur régulé, et sans passer par une plateforme de trading complexe, sera donc très limité.
La Gen IA, experte d’une intelligence qui pense à sa place ?
Au regard de tout ce que l’IA a à offrir, les questions d’un syndrome de flemme chronique et d’un abêtissement des jeunes subsistent. Si leurs parents peinaient autrefois à accéder à l’information, la difficulté de la recherche créait néanmoins des occasions de découvertes fortuites. On cherchait une information, on en trouvait une autre, et on nourrissait une culture par principe de sérendipité. Aujourd’hui, la Gen Z navigue dans un océan d’informations instantanées et quasi-infini. Tout est à la portée d’un clic, et même d’une commande vocale ultra simplifiée. Vu sous cet angle, nous pourrions saisir la carte facile du passéisme en annonçant la fin de l’esprit curieux et vagabond d’antan, au profit d’une génération fainéante, dépendante et impatiente. Et nous ne serions pas les premiers à le faire ! Déjà en 2011, le monde s’inquiétait du devenir d’une société portée par une jeunesse paresseuse (53% des Français le pensaient – 65% des moins de 30 ans), égoïste (63% des Français le pensaient – 70% des moins de 30 ans) et pas engagée (64% des Français le pensaient). Que de rengaines finalement. Inventeurs d’un terme dont ils sont accablés, ces jeunes sont affublés de stéréotypes en tout genre avec en porte-drapeau, celui de la flemme. Depuis que la Gen Z est arrivée sur le marché de l’emploi, on ne compte plus le nombre d’articles qui fleurissent sur la toile au sujet de cette génération flemmarde qui bouscule les codes du travail. Si cette jeunesse déstabilise tant ses employeurs et collègues des générations précédentes, c’est pour deux raisons majeures. La première se trouve dans la relation qu’elle entretient avec le travail : on ne vit pas pour travailler, mais on travaille pour vivre. Aujourd’hui, la Gen Z veut choisir l’emploi le plus en accord avec ses valeurs et dans lequel elle s’épanouira vraiment. En cela, elle est en train d’engranger un renversement du rapport de force employeur-employé. La seconde raison réside dans ses méthodes de recherche et d’apprentissage. Les « nouvelles technologies » n’ont jamais été nouvelles pour la Gen Z ; elles sont des acquis. C’est pourquoi, il lui a toujours été naturel d’aller chercher l’information sur Internet, et notamment de visionner des tutoriels ou de demander directement à une IA à présent. Choisir d’écouter les paroles d’un ordinateur ou d’un potentiel amateur, plutôt que de chercher sur des sites vérifiés ou dans les vieux grimoires, voilà où pourrait résider ce jugement sévère de flemme porté sur la Gen Z. Pourtant, Jean d’Ormesson le disait : « La paresse, c’est merveilleux ! » Il y a du bon dans la flemme ; elle est d’ailleurs ce qui nous pousse à être créatif et innovant pour nous rendre la vie plus facile. Génération inspirante, la Gen Z a même réussi ce tour de force de nous faire questionner le côté néfaste de la flemme pour en voir derrière, un générateur de réflexion et d’inventivité. En réalité, ce qui pourrait faire défaut à la Gen Z serait le manque de prise de recul et d’esprit critique vis-à-vis de l’IA. Dans un premier temps, il faut garder en tête que l’IA est une création de l’homme et en est même son miroir. Parce qu’elle se nourrit de ce que nous voulons bien lui partager, l’IA n’est qu’un agrégat de connaissances humaines. Alors si la parole humaine n’est pas toujours vraie, celle de l’IA l’est encore moins. Pour exemple, la campagne Heetch « Greeting from la Banlieue » exploite l’IA comme le reflet d’un imaginaire commun, mais erroné, de la banlieue. Elle doit ainsi être discutée et exploitée avec précaution, en étant mise au regard de ce qu’elle connaît déjà. Dans un second temps, l’IA est conçue pour personnaliser ses réponses selon nos préférences passées. Cela signifie qu’à terme, nous échangerons avec cette technologie des informations et des opinions qui ne feront que confirmer nos croyances existantes, créant ainsi des bulles de filtrage. En n’étant jamais exposé à des idées nouvelles, il est facile de tomber dans le gouffre de la pensée étroite dont on ne peut sortir sans la confrontation des points de vue. En cela, se pose la question du futur des compétences sociales de la Gen Z. Enfin, les Digital Natives, pour qui l’IA est devenue un outil familier, l’utilisent de diverses manières, la plus étonnante étant l’aide à la prise de décisions (52%). Se profilerait-il alors une société tentée d’éviter les prises de risque ou les choix basés sur l’intuition ? Dans notre domaine, cela interroge l’avenir des marques et des agences de publicité, et leur capacité à proposer des produits, des services et des messages innovants. Car si l’IA concatène les pensées de tous, il se pourrait que nous ayons tous la même pensée dictée par l’IA. Finalement, l’IA n’est pas plus dangereuse pour la Gen Z que ne l’est le manque de pédagogie autour de cet outil. Le risque ne réside pas tant dans l’IA, mais dans notre comportement vis-à-vis de son usage. Enfin, si la réponse à la question de l’avenir intellectuel de la Gen Z n’est pas encore là, elle ouvre d’autres champs d’interrogation, notamment sur les inégalités intellectuelles entre ceux qui utiliseront et ceux qui n’utiliseront pas l’IA.
Hermès accusé de forcer l’achat de produits annexes avant de donner accès aux produits rares
Quand il s’agit de relation client et de fidélisation, le commerce de luxe possède une spécificité car il peut donner le sentiment unique de faire partie des « happy few » ou bien amener le client à redescendre dans la plèbe avec un ressenti cuisant d’humiliation lorsqu’il se voit refuser l’accès à un produit. Les règles d’Hermès sont illégales selon deux plaignants En la matière, deux Californiens estiment que les règles appliquées par Hermès, l’un des leaders français du luxe, sont illégales. Ils estiment que Hermès impose l’achat d’autres produits de la marque avant de pouvoir acheter un produit extrêmement convoité qui est le sac Birkin. Les boutiques Hermès doivent gérer la rareté de certains produits tels que le sac Birkin ➔ Lire : Hermès distribue 4000 € de prime à chaque employé suite à un bénéfice de 4,3 milliards d’euros en 2023 Des pratiques commerciales déloyales Le recours juridique est présenté comme étant une action collective antitrust et pour pratiques commerciales déloyales de la part d’Hermès accusé de lier l’achat des sacs Birkin à l’achat de vêtements et d’autres accessoires de luxe de la marque. « Les pratiques d’Hermès sont illégales » affirment les deux plaignants californiens. Ils demandent des dommages-intérêts compensatoires et punitifs, ainsi qu’une injonction appropriée. Les sacs spéciaux seraient destinés à « des clients qui ont constamment soutenu notre entreprise » Tina Cavalleri, une plaignante californienne, déclare qu’elle a dépensé des dizaines de milliers de dollars chez Hermès et qu’elle a été contrainte d’acheter des produits annexes afin d’avoir accès aux sacs Birkin. Vers septembre 2022, elle aurait contacté Hermès au sujet de l’achat d’un autre sac Birkin, mais on lui aurait dit que les sacs spéciaux seraient destinés à « des clients qui ont constamment soutenu notre entreprise ». Tina Cavalleri indique qu’elle a alors compris qu’elle devrait dépenser davantage en produits annexes pour avoir accès à un autre sac à main Birkin. Elle n’a pas pu acheter un autre sac à main Birkin en septembre 2022. Mark Glinoga, l’autre plaignant, déclare pour sa part qu’en 2023, il a cherché à acheter un sac à main Birkin plusieurs fois, mais les vendeurs d’Hermès lui ont conseillé à chaque fois d’acheter d’autres produits et accessoires afin d’obtenir potentiellement un sac à main Birkin. En conséquence, il n’a pas pu acheter un sac à main Birkin. Une stratégie totalement récusée par la direction d’Hermès Cette pratique est repoussée par Axel Dumas, gérant d’Hermès international selon le média BOF (Business of Fashion, le business de la mode) qui a recueilli ses propos l’année dernière. « Hermès interdit strictement toute vente de certains produits comme condition à l’achat d’autres » cite BOF. Les magasins sont encouragés à contrôler les acheteurs et à attribuer les sacs rares uniquement aux « vrais » clients Axel Dumas aurait cependant reconnu auprès de BOF que les magasins sont encouragés à contrôler les acheteurs et à attribuer les sacs rares uniquement aux « vrais » clients, l’entreprise cherchant à contrecarrer une explosion de l’activité de revente de ses produits. De fait, une enquête du Parisien a monté ce recours aux faux clients de la part de certains réseaux qui organisent un marché noir de la revente de sac Hermès. De manière générale dans le commerce, beaucoup de marques quelque soit leur cible, établissent des programmes de fidélité afin de récompenser leurs meilleurs clients mais les règles de fonctionnement de ces programmes sont alors explicites et transparentes et n’ont rien d’exclusif. Tout le monde peut participer quelque soit son statut. Dans le luxe, il faut remarquer qu’être refusé ou être placé sur une liste d’attente a un impact plus mordant sur l’égo des clients. En pratique, le fait de connaître l’historique d’achat des clients, enregistré dans les systèmes d’information de certaines Maisons de luxe, permet d’aller plus loin au service des clients dans certains cas à l’instar de la démarche de Louis Vuitton, offrant des avantages aux clients VIP qui ne sont pas accessibles à tous.
Le plan de sauvetage des nouveaux dirigeants de Casino
Jean-Charles Naouri a adressé mardi une lettre d'adieu aux salariés Casino qu'il dirige depuis trente-deux ans. Derrière des remerciements appuyés au personnel, juste l'évocation de l'ambition passée et « d'éléments et d'événements » qui l'ont « contraint à prendre des décisions éprouvantes » : le surdiplômé qui a placé son groupe au bord de la faillite n'a pas fait l'ombre d'un mea culpa alors que ses créanciers ont dû faire une croix sur près de 5 milliards de dette, que les actionnaires ont tout perdu et que les réseaux historiques de supermarchés et d'hypermarchés ont dû être cédés. Le courrier est arrivé la veille du jour où Jean-Charles Naouri aura lui-même tout perdu. Au gré de l'augmentation de capital de 1,2 milliard d'euros qui devait être finalisée mercredi alors que le cours de l'action était suspendu, sa participation de 51 % va être réduite à 0,48 %. Mercredi soir, le conseil d'administration devait démissionner et Jean-Charles Naouri perdre son titre de PDG. Jean-Charles Naouri a perdu mercredi le contrôle de Casino et son titre de PDG.Michel Euler/Ap/SIPA Un « départ lancé » Le manche de ce qui fut un gros-porteur de la distribution mondiale, présent du Vietnam au Brésil, est transféré au président du nouveau board, l'ancien secrétaire d'Etat chargé des retraites Laurent Pietraszewski, et à Philippe Palazzi, qui devient directeur général. Ce dernier sera le bras armé du nouveau propriétaire, le Tchèque Daniel Kretinsky qui a pris le pouvoir, associé au français Fimalac et au fonds britannique Attestor. LIRE AUSSI : Bluff, « trahison » et tableaux Excel : les dessous de la grande bataille pour Casino Philippe Palazzi, ancien de chez Metro et Lactalis , sera entouré par un nouveau comité exécutif qui comprend des dirigeants en poste et quelques nouveaux. Guillaume Seneclauze reste à la direction de Monoprix, Vincent Doumerc à celle de Franprix, Magali Daubinet-Salen à celle des magasins Casino qui restent (la proximité) et Thomas Métivier chez Cdiscount. Stéphanie Zolesio demeure présidente de Casino Immobilier comme Esther Bitton directrice des fusions acquisitions et Estelle Cherruau aux ressources humaines. Angelique Cristofari a été promue directrice financière après le départ de David Lubek. Hervé Daudin conserve les achats. Alfred Hawawini vient de chez Google pour prendre la transformation et la stratégie et Christophe Piednoël venu de chez Lactalis devient directeur de la communication et des affaires publiques. « Départ lancé » Avec la nouvelle équipe, va sonner l'heure de la relance d'un groupe recentré sur 800 Monoprix et 1.400 Franprix dans les grandes villes auxquels s'ajoute un dense réseau de 6.400 supérettes Petit Casino, Spar ou Sherpa sur tout le territoire. Le spécialiste du bio Naturalia complète le dispositif, avec Cdiscount. Se préparant depuis juin par la visite de magasins, ce qui lui permet de promettre « un départ lancé », Philippe Palazzi se félicite de la cohérence d'un groupe « recentré sur le commerce de proximité qui deviendra la seule priorité des équipes », même s'il reconnaît que les hypers et les supers « apportaient du volume ». Les réseaux qui demeurent desservent 45 millions de Français et trustent 40 % de parts de marché à Paris. Le Tchèque Daniel Kretinsky est devenu mercredi le nouveau propriétaire de Casino.Miroslav Chaloupka/Ap/SIPA Commerce de proximité « émotionnel » Le Corse, qui fréquentait des magasins Casino dans sa jeunesse et qui a commencé sa carrière à Aix-en-Provence dans un Euromarché par des jobs d'été et de week-end, reste attaché au nom de Casino qu'il gardera pour l'entreprise. L'homme a gravi tous les échelons du métier de distributeur : « chef de rayon à mes débuts, j'étais enthousiasmé par le fait d'avoir à gérer si jeune un compte d'exploitation et une équipe », se souvient-il. Le nouveau dirigeant annonce avoir « écrit le plan de création de valeur » du groupe. Il distingue le commerce « d'éloignement » des hypermarchés, qui n'attire le consommateur que par ses prix, et le commerce de proximité, « émotionnel », qui apporte des services et du lien social à ses clients. Philippe Palazzi compte sur son expérience chez Metro pour servir les nombreux franchisés du « néo Casino » qui génèrent 70 % du chiffre d'affaires. « Ils ont les mêmes problématiques que les restaurateurs : le réassortiment en temps et en heure par une logistique de précision », confie-t-il aux « Echos ». Sur le front de la vente, l'urgence sera cependant la remise en ordre des magasins trop longtemps délaissés. Les nouveaux actionnaires ont prévu 300 millions d'investissements par an jusqu'en 2028. Des embauches seront réalisées pour « réhumaniser les points de vente », dont l'objectif est de fidéliser leur clientèle.