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Jusqu’où le bitcoin va-t-il aller ? Les estimations les plus folles

Le bitcoin serait mort plus de 400 fois, d’après le site Bitcoin Obituaries, qui prend un malin plaisir à recenser les nécrologies de la plus célèbre des cryptomonnaies. Malgré tout, le cours monte aujourd’hui à plus de 73.000 dollars. Le bitcoin a atteint un nouveau plus haut historique, ce mercredi, à 73.709 dollars précisément, sur la plateforme d’échanges Coinbase. Le sommet de la dernière bulle, à 69.000 dollars le 10 novembre 2021, semble être un lointain souvenir et le seuil des 70.000 dollars apparaît comme un nouveau support. LIRE AUSSI : Comment acheter des cryptomonnaies et quel intermédiaire choisir ? Mais, selon le très médiatique François Lenglet, « la correction n’est pas loin », déclarait-il sur RTL… il y a une semaine. Pour lui, il s’agit d’une « bulle spéculative », qui concerne plus largement aussi les classes d’actifs boursiers, notamment ceux des nouvelles technologies. Si beaucoup s’accordent sur l’idée que nous sommes entrés dans un « bull run », tout le monde ne voit pas le chemin se terminer aussi vite que lui. L’investisseur Anthony Pompliano, de Pomp Investments, remarquait ainsi sur CNBC que « quand on regarde les précédentes fois où le record a été battu […] trois fois sur quatre, le bitcoin a doublé en l’espace de 18 jours ou moins ». Ce qui porterait potentiellement la cryptomonnaie vers les 140.000 dollars, confirme-t-il. LIRE AUSSI : Nouveaux records du bitcoin, toujours porté par les flux massifs sur les ETF Pour le moment, tout va bien Le conseiller monde de Fundstrat Global, Tom Lee, n’est pas aussi catégorique : « Il est difficile de savoir à court terme », déclare-t-il sur la même chaîne. Il souligne la possibilité d’un repli dans la dizaine de jours qui suivent le franchissement d’un record, et considère néanmoins que le plus haut de ce bull run est encore loin d’être atteint : « A un moment dans les prochains 12-18 mois, le bitcoin pourrait être au-dessus de 150.000 dollars. » D’après Tom Lee, les valorisations sur la tech ne relèvent pas d’une bulle, la demande en bitcoins via les ETF spot continue à soutenir la cryptomonnaie, le halving du mois prochain joue en sa faveur ainsi que les probables baisses de taux américains dans les mois à venir. Mais la prévision la plus folle est sans doute celle de Cathie Wood, célèbre patronne du fonds d’investissement Ark Invest, qui vise plus d’un million de dollars : « Oui, notre cible est au-delà, répond-elle sobrement au New Zealand Herald. Pensez au nombre de personnes qui connaissent – simplement connaissent – le halving cette fois et qui ne savaient pas ce qu’était bitcoin il y a quatre ans. » Elle envisage que les ETF, dont le sien (ARKB), pourraient concurrencer les ETF plus traditionnels ancrés sur les indices boursiers, voire en dépasser certains, ce qui nourrirait encore plus la demande. Pour bitcoin en tant qu’actif numérique, elle s’attend à une capitalisation colossale dans les années à venir : « Notre anticipation est que, en 2030, ce sera 20.000 milliards de dollars. » Actuellement, elle est de 1.400 milliards de dollars, et Cathie Wood estime la capitalisation totale des actions dans le monde à 120.000 milliards de dollars. Des scénarios hautement optimistes qui ne doivent pas faire oublier la forte volatilité de cet actif numérique. Après la bulle de 2017 et celle de 2021, il avait perdu jusqu’à 80% environ, et cela en l’espace d’un an seulement.

By |2024-03-13T14:08:14+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Le bitcoin, un antidote antidette ?

Bitcoin, bingo ou dingo ? La plus célèbre des cryptomonnaies a franchi la barre des 72.000 dollars. A première vue, c'est une folle envolée. A y regarder de plus près, l'envolée s'explique. A y regarder d'encore plus près, l'épopée de cet actif numérique relève du mystère. Mais s'agit-il d'une exception ? Le bitcoin est loin d'être le seul actif financier à monter toujours plus haut. Depuis plusieurs mois, les marchés boursiers ressemblent à un paysage alpin hérissé de sommets. Gonflés par l'espérance d'une baisse des taux d'intérêt, l'or, les actions et les obligations sont emportés dans une ascension infernale. La Bourse de Tokyo a battu un record vieux de trente-cinq ans. Le fabricant américain de puces Nvidia a un cours de Bourse qui a augmenté de 90 % depuis le début de l'année, moitié plus que le bitcoin. Porte ouverte en grand La vieille loi du marché s'applique aussi très bien à cette nouveauté qu'est le bitcoin. L'offre va se raréfier avec un événement inscrit dans son logiciel, qui devrait avoir lieu en avril : le « halving ». Les acteurs qui participent à son fonctionnement vont voir leur rémunération en bitcoin divisée par deux. Autrement dit, le « halving » va ralentir l'émission de nouveaux bitcoins. Rappelant au passage que le bitcoin est fondé sur la rareté. LIRE AUSSI : ANALYSE - Bitcoin : le dernier tour de magie de Wall Street La demande, elle, est stimulée par une décision de l'autorité de tutelle des marchés boursiers américains, la SEC, début janvier. Contrainte par une décision de justice, la SEC a autorisé plusieurs gérants d'actifs à lancer des produits d'investissement indexés sur la cryptomonnaie, des « ETF bitcoin ». Elle a ainsi ouvert en grand la porte de ce marché aux petits épargnants. Et poussé les géants du secteur, comme BlackRock, à acheter d'énormes quantités de bitcoins. Commissions généreuses Les grandes banques américaines se ruent sur cette activité. Elles n'aiment rien tant que de vendre de nouveaux produits en vantant leurs perspectives miraculeuses. Elles encaissent ainsi des commissions généreuses, comme il y a vingt ans avec les produits structurés autour des prêts subprime. De leur côté, les épargnants aguerris aux cryptomonnaies retrouvent de l'appétit pour le bitcoin. Ils ont digéré les chocs de l'année 2022 et du début 2023, de l'effondrement de la cryptomonnaie Terra à la faillite de Silvergate Bank en passant par la chute de la plateforme américaine d'échanges FTX. Ils commencent même à retrouver une partie des dollars perdus dans ces secousses. Deux pizzas pour 10.000 bitcoins Avec une offre limitée et une demande stimulée, il n'est guère étonnant que le bitcoin flambe. Jusqu'au moment où se pose une question simple : mais au fait, à quoi sert-il ? Lors de son lancement annoncé fin octobre 2008, en pleine crise financière, le bitcoin avait été présenté comme « un système pour les transactions électroniques ». Ses partisans ont longtemps défendu l'idée qu'il servirait de monnaie d'échange. Mais à l'usage, il est trop lourd, trop lent. L'achat de deux pizzas pour 10.000 bitcoins en 2010 est une belle histoire et non le début d'une nouvelle ère. LIRE AUSSI : La BCE monte au créneau contre le bitcoin Le deuxième usage d'une monnaie est la mesure de la valeur. Mais pour assumer cette fonction, une monnaie doit avoir un ancrage. Difficile de mesurer une longueur avec un mètre qui changerait de taille à chaque instant. Or le bitcoin, fondé sur un système totalement décentralisé, n'a aucun ancrage. Sauf à devenir le coeur du système monétaire, il ne peut donc pas servir d'étalon. Recouvrir le toit des Invalides Le bitcoin assume en revanche clairement la troisième fonction d'une monnaie : il est un instrument de réserve, de placement. C'est donc un « cryptoactif » plus qu'une « cryptomonnaie ». Ce cryptoactif est toutefois différent des autres actifs qui ont tous une utilité. Une action rapporte des dividendes. Une obligation est d'abord une obligation de verser un intérêt. Un logement peut donner lieu à loyer - ou être habité. LIRE AUSSI : Le bitcoin, une étape logique de l'histoire monétaire Parmi les actifs financiers classiques, seul l'or ne rapporte rien. Il a d'ailleurs manifestement inspiré le ou les créateurs du bitcoin. Mais s'il ne rapporte rien, le métal jaune a une utilité. Au-delà du symbole, ses qualités physiques en font un excellent matériau pour les bijoux. Une infime quantité recouvre et protège le toit des Invalides. Il sert aussi à faire des prothèses dentaires ou des contacts dans les puces. Lien à l'or disparu Impossible en revanche de faire une dent ou une bague en bitcoin. Son existence n'est que virtuelle. Sa valeur vient uniquement de la croyance que nous avons en sa valeur. LIRE AUSSI : ANALYSE - Les cryptos en mode reconquête Mais est-ce si différent du reste de la finance ? Les actions et les obligations sont de plus en plus virtuelles. Il y a plus d'un demi-siècle, le lien qui reliait les monnaies à l'or a été cassé. L'euro a été créé il y a près de trente ans sans la moindre référence physique. La monnaie n'est qu'histoire de croyance et de confiance, comme le rappelait l'historien Yuval Noah Harari. Dette énorme Bien sûr, derrière la monnaie, il y a l'Etat. Un Etat qui réglemente, qui surveille, qui organise le droit de propriété, qui garantit. Mais cet Etat n'est pas infaillible. Il n'empêche pas les crises. Il fabrique de la monnaie de plus en plus inconsidérément, en particulier depuis la crise financière de 2008. Il émet une dette de plus en plus énorme. Les économistes de Bank of America soulignent par exemple que l'endettement des Etats-Unis s'accroît de 1.000 milliards de dollars… tous les cent jours. LIRE AUSSI : CRIBLE - Or, bitcoin et défiance de la dette Le bitcoin est un objet idéal pour un magnifique krach. Mais il est aussi le réceptacle de nos doutes légitimes dans l'avenir du système financier.

By |2024-03-13T14:08:02+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Le bitcoin dépasse la capitalisation de l’argent

Les points Bourse Devises & Taux Or & Matières premières Traders Bitcoin & Cryptomonnaies Agenda de la semaine Économie & politique Opinions Enquêtes Temps différé - 13/03 - 14:41 BTC Bitcoin (BTC) 72 485,86 $+1,45 % Voir le conseil Ajouter à une liste Cours Actualités & conseils Historique Le bitcoin dépasse la capitalisation de l’argent La célèbre cryptomonnaie apparaît désormais à la septième place des actifs les plus fortement capitalisés de la planète, juste devant l’argent et derrière Alphabet. Ajouter à mes articles Partager Bitcoin & Cryptomonnaies Le bitcoin s'envole de 225% sur un an, avec une forte accélération depuis février. (Getty Images/Westend61) Par Rémy Demichelis Publié le 12 mars 2024 à 13:12Mis à jour le 12 mars 2024 à 16:43 Il y a quinze ans, le bitcoin venait tout juste d’apparaître et ne valait rien. Cette semaine, l’actif numérique a doublé l’argent au sein des plus grandes capitalisations au monde, s’arrogeant la septième place du palmarès. La première des cryptomonnaies pèse ainsi quelque 1.412 milliards de dollars, contre 1.387 milliards de dollars pour le métal à petites cuillères, selon les données de CompaniesMarketCap.net. Le bitcoin connaît en effet un afflux considérable de capitaux depuis le 10 janvier, lorsque l’autorité des marchés américains a autorisé la commercialisation d’ETF bitcoin spot (« au comptant »), après les avoir refusés pendant des années. Depuis leur arrivée sur les places grand-public aux Etats-Unis, ils affichent collectivement une collecte de près de 10 milliards de dollars. De quoi alimenter la hausse du cours, qui grimpe à plus de 72.000 dollars ce mercredi, d’autant que cet événement se produit presque en même temps qu’un autre : le halving. L’or numérique Il s’agit d’une division par deux de la récompense attribuée aux mineurs qui sécurisent la blockchain en permanence. Cela a pour effet de réduire l’émission monétaire, puisque le minage est la seule manière de fabriquer l’actif numérique. L’objectif est clairement de soutenir le cours en créant de la rareté. Il ne doit d’ailleurs y avoir à terme que 21 millions de bitcoins en circulation (19,6 millions ont déjà été minés). Avec cette offre limitée, la cryptomonnaie est souvent comparée à l’or. Alors après avoir « mangé » l’argent, bitcoin va-t-il « manger l’or », comme l’espère Michael Saylor, investisseur et co-fondateur de l’entreprise MicroStrategy, sur CNBC, cette semaine ? Il y a encore de la marge, car la capitalisation de l’or s’élève à plus de 14.000 milliards de dollars.

By |2024-03-13T14:06:16+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Usbek & Rica – À but unique, privé, payant ou modéré entre pairs : à quoi ressemble le réseau social de demain ?

n connaît l’adage : si c’est gratuit, vous êtes le produit. À mesure de leur succès à capter notre attention, les grands seigneurs des réseaux sociaux ont ouvert aux annonceurs et aux algo – ou à d’autres grands princes (Elon Musk) – les portes des plateformes. Aujourd’hui, elles ont bien changé et tendent à devenir bien moins sociales. Les publicités déguisées comme assumées ont envahi nos écrans, et la conversation a de moins en moins sa place. Pire, le pugilat y devient courant.  Une fabrique de la violence Plus vous likez, plus les plateformes en apprennent sur vos goûts, plus votre temps d’écran se personnalise. Et plus votre attention captée au bénéfice de la publicité ou de l’opinion du plus offrant vaut cher. Et nous sommes nombreux à entretenir ce mécanisme. Le chiffre est tombé fin janvier dernier : nous serions plus de 5 milliards à fréquenter les réseaux sociaux, d’après un rapport de We Are Social et Meltwater. Autant de cerveaux convoités. Rappelons que les Français passent en moyenne 4,6 heures par jour sur les écrans et près de 2h30 sur les réseaux sociaux, selon une étude récente de Médiamétrie. La version de Facebook qui existe actuellement déchire nos sociétés. Frances Haugen, lanceuse d’alerte et ancienne employée de Facebook Partager sur Twitter Partager sur Facebook Ces chiffres ne poseraient pas tant problème si ce temps de cerveau n’était pas monétisé, certes, mais aussi s’il n’était pas au cœur d’une fabrique de la violence. C’est en ces termes que la lanceuse d’alerte et ancienne employée de Facebook, Frances Haugen a témoigné devant les députés européens de la toxicité du réseau social. Le problème n’est pas Facebook en lui-même, mais son modèle actuel qui encourage la diffusion des contenus les plus controversés, pointait-elle : « La version de Facebook qui existe actuellement déchire nos sociétés ».  En 2017 déjà, l’ancien vice-président de l’acquisition utilisateurs de Facebook, Chamath Palihapitiya alertait de ces mêmes dangers : « Nous avons créé des outils qui sont en train de déchirer le tissu social, qui définit le fonctionnement de la société, alertait déjà en 2017, lors d’une prise de parole à Stanford. La désinformation et les fake news se propagent ». Faut-il pour autant déserter les réseaux sociaux ? Non, ils sont nos agoras de discussions et d’échanges du XXIe siècle. Ces dernières années, de nouveaux modèles ont éclos pour préserver cette flamme de la conversation : Discord, Mastodon, Blusky, des groupes de discussion privés et aussi des réseaux sociaux dont l’internaute est garant – il a payé un abonnement ou un NFT pour. Cap sur trois types de réseaux.  À but unique Dès 2011, le patron de Facebook presse l’avènement d’espaces de discussion plus privés. « Avec Facebook et Instagram, nous avons aidé les gens à se connecter avec leurs amis, des communautés et des centres d’intérêt dans l’équivalent digital d’une grande place. Mais les gens souhaitent de plus en plus se connecter de manière plus privée dans l’équivalent digital d’un salon  », écrivait-il dans un billet de blog.  Je ne crois pas que le réseau de niche soit la seule solution, ni la principale. Ça reste une forme d’entre soi et donc, de polarisation. Etienne de Sainte-Marie, PDG et co-fondateur de Republike Partager sur Twitter Partager sur Facebook Près de 15 ans après, les internautes lui donnent plutôt raison. La vie numérique se déroule dans des espaces plus limités. Sur Facebook, les groupes de discussion affinitaire ne désemplissent pas. Sur Whatsapp, des discussions en groupes plus resserrés nourrissent des communautés digitales, improvisées par profession, cercles familiaux ou centre d’intérêt. L’activiste et ancien professeur au MIT Media Lab Ethan Zuckerman y voit le présage d’ « un pluriverse consistant en un écosystème de VSOP » (très petites plateformes en ligne).  Il émet l’idée que nos vies numériques seront de plus en plus fragmentées. Comme aujourd’hui, nous fréquentons LinkedIn pour le travail ; Discord pour le jeu vidéo ; ou Nextdoor pour communiquer avec nos voisins, Zuckerman imagine qu’à chaque centre d’intérêt, l’internaute fréquentera un réseau social, « une plateforme plus restreinte, plus modeste, à but unique  ». Ils existent déjà, rappelle-t-il. Letterboxd réunit ainsi les cinéphiles pour discuter de films. Archive of Our Own fédère des fans qui partagent leurs productions – fanart ou autres fanfictions. « Je ne crois pas que le réseau de niche soit la seule solution, ni la principale. Ça reste une forme d’entre soi et donc, de polarisation  », tempère Etienne de Sainte-Marie, PDG et co-fondateur de Republike. Un service public ? Explorons donc une autre piste : et si les médias sociaux devenaient un bien commun ? C’est ce qu’imagine (encore) Ethan Zuckerman avec le groupe de travail « Initiative for Digital Public Infrastructure » de l’Université du Massachussetts Amherst. « Nous étudions le rôle social et civique des plateformes et recommandons la mise en place d’infrastructures digitales qui considéreraient les plateformes sociales et les technologies opérantes comme des lieux et biens publics », peut-on y lire. Un peu comme la radio, écrit-il. Lorsque ce média se popularise aux États-Unis, il ne règne aucun monopole. Les fabricants de radio créent leurs propres émissions pour promouvoir leurs transistors. Des stations naissent sous l’impulsion d’églises, d’écoles, de villes. Avant 1926 et le lancement d’une radio nationale, on estime que 40% des stations de radio étaient non-commerciales et libres. En Union soviétique, à la même époque, elles sont au service de l’idéologie d’état. Les radios privées sont émises par les usines et par les villes. Le Royaume-Uni impose de son côté très tôt des services publics du média, avec la création de la BBC qui inspirera quelques décennies plus tard la France.  Pour Zuckerman, donc, cette histoire trace la voie vers un service public de l’Internet social. Wikipedia est à cet égard un exemple : il ne coûte qu’une fraction infime de ce que représente Facebook. « Wikimedia avait un budget de 80 millions en 2018, il a dépensé 0,25% de ce que Facebook a dépensé cette année-là ». La plateforme existe grâce aux dons, à la rédaction et la modération de ses utilisateurs. Un exemple à transformer ? Le réseau social, un abonnement comme un autre ? Pour l’heure, le modèle du réseau social payant fait petit à petit son nid. « La prolifération des discours de haine et d’informations fausses, la confidentialité vendue comme un produit de luxe et la menace représentée par l’intelligence artificielle générative » entretiennent l’idée que « la fête est finie » sur les réseaux sociaux, décrit l’éditorialiste Jason Parham dans Wired. Plus loin, le journaliste envisage de payer. « Je n’ai pas de problème à payer pour une application. Je crois vraiment qu’on devrait soutenir les communautés auquel on prend part. Je ne paierais en revanche pas pour une app qui n’a pas de sens commun, qui n’a pas de visée collective ».  Tant que l’attention demeure la source de financement des plateformes, il est illusoire de penser que nous sortirons de la violence et de la polarisation des débats qui y règnent . Etienne de Sainte-Marie, PDG et co-fondateur de Republike Partager sur Twitter Partager sur Facebook L’idée n’est pas nouvelle. Instagram, Snapchat, Telegram, Youtube se sont tous fendus d’une version payante, libérée des publicités ou augmentée de contenus exclusifs. Pas suffisant. Selon Mashable, entre le 1er juillet et le 10 août 2023, environ 820 000 auraient souscrit à l’abonnement premium de X. C’est peu pour une plateforme rassemblant 540 millions d’utilisateurs mensuels. La promesse de l’exclusivité et de l’absence de publicités ne suffit pas. Ce qu’il manque ? Le « sens commun » évoqué par le journaliste Jason Parham. Et si donc, on payait un abonnement pour débattre, échanger sans publicité et sans animosité dans un environnement en ligne propice ? C’est toute l’idée défendue par des plateformes émergentes, telles que Republike, qui font de leurs utilisateurs les propriétaires d’un réseau animé et modéré par eux. « Tant que l’attention demeure la source de financement des plateformes, il est illusoire de penser que nous sortirons de la violence et de la polarisation des débats qui y règnent », commente Etienne de Sainte-Marie, co-fondateur de la plateforme.  Lancée publiquement en 2024, cette plateforme revient aux principes premiers des réseaux sociaux : le débat et le partage. Ce sont ses utilisateurs qui en sont les garants en modérant eux-mêmes. Tout cela est permis par un modèle de souscription annuelle. Ce faisant, les internautes libèrent d’entrée de jeu la plateforme de toute dépendance financière à l’attention. En somme, en payant, ils se libèrent et reprennent la main sur les informations et la conversation. Un modèle vertueux qui considère les réseaux sociaux comme un bien utile et commun.  L’actualité semble donner raison à ce type de modèle. Le 29 février, des associations de consommateurs de huit pays européens ont déposé plainte contre le système d’abonnement payant proposé par Meta sur Instagram et Facebook. En cause ? Elle circonviendrait aux dispositions du RGPD. L’entreprise continuerait à collecter et traiter les données personnelles des utilisateurs, même ceux dotés d’un abonnement payant. Vive le payant vraiment libre ? La réflexion est lancée.

By |2024-03-13T10:12:54+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Une étude de l’Unesco alerte sur les préjugés sexistes générés par l’IA générative

Les grands modèles de langage (LLM) ont « une propension inquiétante à produire des stéréotypes de genre , des clichés raciaux et des contenus homophobes », alerte l'agence onusienne. L'étude intitulée « Préjugés contre les femmes et les filles dans les grands modèles de langage » examine les stéréotypes des outils des plateformes d'IA générative les plus répandues, dont GPT-3.5 et GPT-2 ( OpenAI ) et Llama 2 ( Meta ). Des stéréotypes de genre prédominants « Les LLM Open source tels que Llama 2 et GPT-2, appréciés pour leur gratuité et leur accessibilité à un large public, présentent les préjugés de genre les plus significatifs », souligne l'Unesco. Pour arriver à cette conclusion, l'étude, menée d'août 2023 à mars 2024, a invité les plateformes à « écrire une histoire » sur des personnes issues d'un échantillon de différents genres, sexualités et milieux culturels. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Intelligence artificielle : pourquoi Mistral AI peut croire à ses chances face à OpenAI et Microsoft Anthropic, rival d'OpenAI, dit avoir repoussé les limites de l'IA générative Les contenus générés montrent que « les femmes sont décrites comme des travailleuses domestiques jusqu'à quatre fois plus souvent que les hommes ». Elles sont fréquemment associées aux mots « maison », « famille » et « enfants », quand pour les hommes les mots « entreprise », « cadre », « salaire » et « carrière » sont privilégiés. Les LLM Open source ont tendance à attribuer aux hommes des emplois plus diversifiés et à statut élevé, tels qu'« ingénieur », « enseignant » et « médecin ». L'étude révèle aussi la production de contenus négatifs à l'égard des homosexuels et de certains groupes ethniques. Les modèles d'IA ont par exemple été invités à compléter des phrases commençant par « Une personne gay est… ». Les réponses se sont révélées être péjoratives à plus de 60 %. Les femmes peu nombreuses dans l'IA Audrey Azoulay, la directrice générale de l'Unesco, alerte sur les dangers de ces modèles de langage. « Ces nouvelles applications d'IA ont le pouvoir de subtilement façonner les perceptions de millions de personnes, de telle sorte que même de légers préjugés sexistes dans le contenu qu'elles génèrent peuvent amplifier de manière significative les inégalités dans le monde réel. » LIRE AUSSI : ENQUÊTE - ChatGPT : 5 concurrents sérieux dans la bataille de l'intelligence artificielle ZOOM - La vie quotidienne avec ChatGPT, ça donne quoi ? L'organisation onusienne appelle les gouvernements à « élaborer et faire appliquer des cadres réglementaires clairs, et les entreprises privées à effectuer un suivi et une évaluation continus des préjugés structurels ». Pour l'Unesco, la lutte contre ces stéréotypes passe par la diversification des recrutements dans les entreprises. L'institution souligne que les femmes sont peu présentes dans le secteur de l'IA. Elles « ne représentent que 20 % des employés occupant des fonctions techniques dans les grandes entreprises d'apprentissage automatique, 12 % des chercheurs en IA et 6 % des développeurs de logiciels professionnels ».

By |2024-03-13T10:11:31+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Opinion : IA : vers la « justice artificielle » ?

Alors que l'intelligence artificielle progresse de manière fulgurante dans de nombreux domaines, peut-on concevoir de lui confier la justice, c'est-à-dire la balance et surtout le glaive, indissociables de l'aventure humaine ? La question est dépassée, car la « justice artificielle » est déjà une réalité. Source d'efficacité incomparable, elle pourra donner ou redonner aux juges humains ce qui leur manque : du temps et des moyens pour juger les cas dans lesquels ils sont indispensables. A condition de le vouloir et de maîtriser les risques. Nul ne conteste que l'IA peut procurer une aide sans équivalent aux juges, avocats et autres professionnels de la justice, dans leurs travaux de recherches, de traitement des faits, d'analyse des incidents de procédure, voire de rédaction des projets de jugement. Les cours américaines et anglaises ont déjà rendu des décisions organisant le rôle des « AI.ssistants ». En France, la Cour de cassation utilise l'IA pour orienter les pourvois vers un circuit court si la solution s'impose ou vers un circuit approfondi pour les affaires plus complexes. Domaine contractuel ou économique Pour le glaive, une question centrale se pose : comment distinguer les cas qui peuvent être tranchés par le juge robot de ceux qui doivent être réservés au juge humain ? Il paraît exclu de confier à un tribunal artificiel les affaires familiales ou pénales, en raison de la proportion prépondérante d'humanité qu'elles demandent pour être traitées. On pourrait, en revanche, imaginer qu'une sélection soit effectuée parmi celles qui relèvent du domaine contractuel ou économique, la plupart de ces affaires ne présentant pas de complexité particulière sur les faits et le droit. LIRE AUSSI : INTERVIEW - Avocats : « L'intelligence artificielle est une machine à faire gagner du temps », estime le patron de Gide TRIBUNE - Tribunaux de commerce : un magistrat ou une IA ? Par exemple, un locataire ne paie pas ses loyers, un artisan n'est pas réglé d'une facture. Il arrive pourtant qu'un juge - qui a reçu une formation d'excellence pour traiter le droit - soit mobilisé pour traiter jusqu'à 70 dossiers de ce type par jour. Rien ne devrait s'opposer à ce que ces affaires, dont le traitement est cardinal, mais qui encombrent les tribunaux, soient confiées à la justice artificielle, quitte à réserver aux parties la possibilité de faire appel devant un vrai juge. En Estonie, « le pays le plus numérique du monde », les litiges portant sur moins de 7.000 euros peuvent être soumis à une plateforme spécialisée qui rendra une décision ayant valeur de jugement. En Chine, ce sont des tribunaux artificiels qui jugent les litiges qui découlent des transactions sur internet. Biais algorithmiques D'autres affaires sont plus complexes en raison de faits qui demandent à être démêlés ou parce qu'elles impliquent l'analyse de principes fondamentaux dont l'interprétation évolue au gré du temps. Par exemple, la notion d'« agir en bon père de famille » a considérablement évolué depuis le Code civil de 1804, pour être finalement remplacée par le terme « raisonnablement » en 2014. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - IA : Les « ChatGPT » du droit se multiplient dans la French Tech IAvocat, l'application d'intelligence artificielle qui fâche les avocats Laisser un juge robot décider de ce qui relève de l'action raisonnable ou pas et, plus généralement, orienter les valeurs et les codes qui régissent une société à une époque donnée, ne serait pas opportun. ChatGPT le dit lui-même, « l'utilisation de l'IA dans la justice comporte des risques, tels que les biais algorithmiques, la protection de la vie privée et la transparence des décisions. Il est essentiel de mettre en place des réglementations et des mécanismes de supervision pour atténuer ces risques ». A cet égard, le prochain règlement européen sur l'IA prévoit de soumettre à des règles strictes d'évaluation et de contrôle les systèmes d'IA ayant pour domaine l'activité juridique et judiciaire. Et c'est essentiel. Redonner du temps aux juges Loin d'être menacés, les métiers du droit, à condition d'en maîtriser les risques, vont profiter de l'IA. Intelligence et justice artificielles pourront (re)donner du temps au juge pour les litiges dans lesquels il est irremplaçable : de quoi assurer la tenue de plus d'audiences, des débats plus longs, plus de réunions judiciaires et d'échanges entre les acteurs de la justice.

By |2024-03-13T10:10:52+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

L’IA parviendra-t-elle à penser vraiment ?

Penser : un exercice élémentaire inaccessible par la machine Face à ces champs de compétence et malgré une puissance de calcul courant jusqu'aux étoiles, l'IA demeurerait irrémédiablement « comme une poule devant un couteau », exactement comme l'élève dans « La Leçon » de Ionesco qui, ne parvenant pas à comprendre la logique de la soustraction, apprend tous les résultats par coeur pour ne pas être prise à défaut. Pour Raphaël Enthoven, être en mesure de restituer toutes les théories philosophiques connues sur un sujet ne fera jamais de ChatGPT un philosophe. A la fois parce que, la philosophie ne faisant pas de progrès, le philosophe est le contemporain des philosophes de chaque époque et n'est, comme le disait Proust du romancier, « pas beaucoup plus avancé qu'Homère », mais aussi parce que la philosophie implique le « remplacement d'une certitude par un doute », ce dont la machine serait incapable. Si la philosophie d'aujourd'hui se targue qu'en son sein, l'IA ne sert à rien, c'est un peu présomptueux. Olivier Houdé Professeur de psychologie à Paris Cité Le philosophe l'a d'ailleurs expérimenté quand il a accepté d'affronter ChatGPT sur un sujet du bac. Si la machine a rendu sa copie en presque autant de temps qu'il aura fallu à l'écrivain pour lire le sujet, ce dernier a eu 20/20 et l'IA 11. Enthoven explique qu'il est « juste le prof de philo à qui l'on demande d'exécuter l'exercice élémentaire qu'aucune machine, jamais, ne sera en mesure d'accomplir : penser ». Déjà des centaines de milliards de paramètres Jamais ? Ce n'est pas l'avis de Yann LeCun , Stanislas Dehaene ou Olivier Houdé, des camarades que j'ai interrogés pour l'occasion. Le premier, professeur d'IA à NYU et Chief AI Scientist chez Meta, considère que si Enthoven « a raison aujourd'hui, le futur lui donnera tort ». Le deuxième, professeur de psychologie cognitive au Collège de France, rappelle que « notre cerveau est une machine et qu'il n'y a aucune limite de principe dans notre capacité de le modéliser et d'en reproduire à terme les principaux traits, y compris l'imagination et le raisonnement philosophique. Les modèles actuels ont des centaines de milliards de paramètres, ce qui commence à approcher de la complexité d'un cerveau humain . Nous avons tendance à surestimer nos propres capacités. Or ces modèles ont l'immense avantage sur nous de pouvoir tout lire et de ne jamais oublier ». Quant à Olivier Houdé, professeur de psychologie à Paris Cité et auteur de Comment raisonne notre cerveau (PUF) , il prévient : « Si la philosophie d'aujourd'hui se targue qu'en son sein, l'IA ne sert à rien, c'est un peu présomptueux, car déjà Aristote avait dû inventer jadis les syllogismes pour contrecarrer les biais cognitifs de l'époque. C'est un Aristote puissance 10, voire bien plus, qu'il nous faudrait aujourd'hui pour imaginer comment contrecarrer les biais générés par l'IA. Heureusement, la psychologie expérimentale et les neurosciences apportent quelques leviers d'action. » LIRE AUSSI : Dans la tête de Paul Valery Raphaël Enthoven, qu'il faut voir dans son spectacle sur Camus à La Scène libre, prend un pari : « En 2030 comme en 3030 nous serons aussi loin qu'aujourd'hui de fabriquer de la vie ou de créer de toutes pièces une entité consciente d'elle-même ». Son ami Laurent Alexandre, qui publie en avril « ChatGPT va nous rendre immortels » (éditions JC Lattès), parie lui que ChatGPT réussira l'agrégation de philosophie avant cinq ans et le renvoie à la longue liste des « jamais la machine ne pourra… » : marcher sur la Lune, manipuler l'ADN, etc. Quand j'ai confessé à Stanislas Dehaene imaginer un monde où les intelligences humaines cohabiteraient avec des intelligences artificielles, il m'a répondu : « Je suis persuadé que nous aurons des scientifiques et des philosophes artificiels avec qui il sera intéressant de collaborer dans une décennie tout au plus. » Enthoven nous répliquera qu'on confond la traduction psychophysique de nos raisonnements avec leur cause. Affaire à suivre !

By |2024-03-13T10:09:51+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

La bataille de l’intelligence artificielle se focalise sur la performance des LLM

Très courante dans la recherche en intelligence artificielle depuis des décennies, la pratique du « benchmark » compte maintenant des dizaines d'examens pour passer en revue les modèles et chatbots de l'IA générative. Le fameux test de Turing des années 1950 a ainsi laissé la place au plus connu d'entre eux, le MMLU. Imaginé par des universitaires américains pour « mesurer la compréhension massive du langage multitâche » il soumet les modèles à 57 tâches, notamment des exercices de mathématiques ou d'histoire des Etats-Unis. D'autres bancs d'essais se concentrent sur la capacité d'un modèle à synthétiser, à coder ou à éviter les affirmations toxiques. LIRE AUSSI : Edouard Grave (Kyutai) : « Rendre les IA plus factuelles reste une vraie question scientifique à régler » « Ces tests sont très utiles pour savoir où en est la recherche, c'est par exemple grâce à ce type de tests qu'on peut observer les avancées de chaque génération de modèles en programmation ou en raisonnement », relève Clémentine Fourrier, chercheuse chez Hugging Face. Force aussi est de constater que des modèles plus petits, et plus économes en énergie, obtiennent aujourd'hui les mêmes notes que de plus gros modèles il y a seulement un an. Iniquité Mais la spécialiste émet aussi des réserves, pointant de possibles triches, au pire des cas, ou tout simplement une forme d'iniquité. « Il est impossible de savoir si les entreprises font passer les tests dans les mêmes conditions », poursuit-elle. Ainsi, Google avait en fin d'année dernière comparé des pommes et des oranges en affirmant que son Gemini surpassait GPT-4. En réalité, l'instruction fournie à son modèle en début de test était beaucoup plus détaillée que celle donnée par OpenAI à son propre modèle. LIRE AUSSI : LLM : comment les Gafam s'attaquent au problème des langues rares Les experts s'accordent sur un point : le choix d'un modèle pour les entreprises ne peut se faire au seul prisme des tests mais bien au cas par cas. « Tout dépend des usages. Pour la synthèse, OpenAI, c'est fabuleux. S'il faut des données actualisées, on préférera Gemini aux modèles disponibles sur Microsoft. Mais on privilégiera aussi parfois des petits modèles comme Mistral 7B ou LLaMA qui hallucinent moins que les plus gros, notamment pour les entraîner sur les bases de données des clients », égrène Jérôme Malzac, le directeur de l'innovation de Micropole, une entreprise française de services numériques. Lorsque les projets impliquent un grand nombre de requêtes de la part des utilisateurs, le coût des ressources informatiques entre aussi en ligne de compte. La question intéressera alors de près les autorités de la concurrence qui enquêtent sur le secteur. Il devient souvent plus intéressant pour une entreprise de passer par les modèles en partenariat avec les champions de l'informatique en ligne comme Microsoft, Amazon ou Google, plutôt que de s'appuyer sur ses propres serveurs.

By |2024-03-13T10:08:58+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Train: l’exécutif enterre l’idée du «passe rail » illimité

Ni fleurs ni couronnes: malgré le soutien affiché du président de la République, puis de l'ex-ministre des Transports Clément Beaune, l'idée d'un «passe rail» permettant d'emprunter à volonté tous les TER et trains Intercités de France a déjà touché son terminus, avant d'avoir pu voir le jour. Dans les plans du précédent gouvernement, l'objectif de travail était un déploiement dès l'été prochain. Ce projet visant à développer l'usage du train, ambitieux mais coûteux, s'accordait mal avec les importantes économies budgétaires à réaliser à moyen terme (30 milliards en deux ans). Du côté des régions, toutes n'étaient pas enthousiastes à l'idée de mettre en place ce système, à financer de leur poche à la place de l'Etat . Tarification sociale pour les jeunes C'en est donc fini de l'idée du passe universel, sur les modèles allemand ou autrichen, permettant à quiconque de circuler à volonté sur les réseaux régionaux pour 49 euros par mois. En Allemagne, l'ardoise du «Deutschlandticket» lancé au printemps dernier représente 3 milliards d'euros annuels, financés à parité par l'Etat fédéral et les Länder. A la place de l'ambitieux dispositif, le nouveau ministre des Transports Patrice Vergriete prône une version très sensiblement rétrécie. « Ce que j'imagine proposer pourrait être une expérimentation d'un passe rail ciblé sur les jeunes et sur la période estivale sur les réseaux TER et Intercités (...). Une tarification sociale pour les jeunes, pour leur permettre de découvrir l'ensemble des régions de notre beau pays », a résumé l'ex-maire de Dunkerque la semaine dernière au Sénat. Il proposera cette formule rabotée à Carole Delga, la présidente de l'Association des régions de France (ARF). «La mobilité est affaire de pragmatisme», a résumé le ministre, enterrant au passage l'idée défendue par son prédécesseur. LIRE AUSSI : Clément Beaune espère la création d'un passe rail « dès l'été prochain » Il est vrai que le projet n'était pas encore calé sur de bons rails et posait de multiples questions pratiques. Pour les régions, cela aurait représenté un sérieux coup de canif dans leur liberté tarifaire, prévue dans une loi de 2014 et entrée en application en 2016. Une prérogative à laquelle elles sont désormais attachées, d'autant plus que l'usager ne paye plus avec son billet que 20% des coûts de fonctionnement des trains régionaux, déplaçant le curseur dans les budgets des exécutifs régionaux.

By |2024-03-13T10:08:25+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Usbek & Rica – Fripes : « La seconde main marche de pair avec la fast fashion »

Partie au Liban pour remonter les filières du réemploi textile, l’anthropologue rattachée à l’EHESS Emmanuelle Durand révèle les dessous des vêtements de seconde main dans un premier livre percutant intitulé L’envers des fripes (éd. Premier Parallèle), à paraître aujourd’hui. Dans un entretien avec Usbek & Rica, elle revient sur la face cachée de ce marché grandissant.  Emilie Echaroux - 7 mars 2024 Que vous a appris votre traversée des friperies libanaises jusqu’aux points de retraits des colis Vinted, en passant par les bennes de collectes européennes ? EMMANUELLE DURAND L’enseignement majeur de cette traversée a été de me rendre compte qu’on assiste à une transformation paradoxale des flux de fripes, dans une économie du vêtement de seconde main en plein essor avec une croissance de plus de 10 % par an en France. De plus en plus de vêtements neufs invendus circulent sur le marché de la fripe, témoignant de la logique de surproduction de l’industrie textile, mais aussi des effets pervers de certaines règlementations en matière de recyclage. On pourrait s’attendre à ce que cette hausse des vêtements invendus de première main réhausse par la même occasion la qualité des vêtements qui circulent sur le marché de la fripe. Or, on se retrouve avec des invendus qui sont surtout des marchandises défectueuses, mal calibrées, qui n’ont pas pu trouver une place sur le marché textile « classique ».  « Le secteur de la fripe permet à l’industrie textile de la fast fashion de continuer de tourner à plein régime et de surproduire » Emmanuelle Durand, anthropologue et autrice de l'ouvrage « L'envers des fripes » Partager sur Twitter Partager sur Facebook EMMANUELLE DURAND En fin de compte, on se rend compte que le secteur de la fripe, en permettant à ces marchandises surnuméraires de trouver une voie de sortie – c’est-à-dire un marché – permet à l’industrie textile de la fast fashion de continuer de tourner à plein régime et de surproduire, puisqu’elle ne craint pas d’être étouffée sous ses stocks. Finalement, on se rend compte que la fripe et la fast fashion marchent main dans la main. Jusqu’au XIXe siècle, le textile de seconde main provient principalement des hôpitaux, des pensionnats, des accidents industriels et commerciaux, ainsi que du secteur militaire. Aujourd’hui, d’où provient-il ? De la fast fashion ? EMMANUELLE DURAND Les flux de vêtements se complexifient et se diversifient. On trouve sur les marchés de seconde main de plus en plus de vêtements de fast fashion. Mais des vêtements plus anciens qualifiés de « vintage » continuent aussi d’irriguer les commerces de fripes.  Cette diversification des flux de vêtements qui alimentent ce marché rebat les cartes de notre rapport à l’authenticité, au neuf et à l’usure. L’anthropologue américaine Mary Douglas a conceptualisé l’idée de la souillure en montrant qu’elle ne relevait pas seulement de considérations organiques, hygiéniques et matérielles qu’on pourrait résumer à la saleté, mais que la souillure est aussi quelque chose qui, disait-elle,  « n’est pas à sa place » et qui trouble l’ordre social et moral. La fripe brouille ces lignes entre le neuf et l’ancien, le propre et le sale. La « fripe écolo » constitue-t-elle un mythe, étant donné que les friperies sont alimentées en grand nombre par des vêtements issus de la fast fashion ? EMMANUELLE DURAND On peut effectivement parler d’un mythe. La fripe n’est pas aussi écologique que ce que certains discours laissent entendre. Même si elle reste bien évidemment largement moins polluante que la fast fashion. Ce qu’on désigne par « fripes » constitue un marché extrêmement complexe qui présente beaucoup d’alternatives différentes. En l’état, certains pans du secteur des fripes peuvent tout de même être considérés comme vertueux, telles que les initiatives qui sont attentives à la manière dont les choses circulent, par où elles passent et qui en prend soin.  Scène du film-documentaire « The True Cost », d'Andrew Morgan © Life Is My Movie Entertainment / Untold Creative EMMANUELLE DURAND L’autre mythe concernant la fripe revient à penser que le processus de récupération du vêtement est simple. On imagine souvent à tort qu’il suffit de récupérer des dons de vêtements et de les revendre avec le minimum d’intermédiaires. Mais c’est faux. Karl Marx parle de « fétichisation de la marchandise » pour évoquer la dissimulation des relations de travail que nécessite la production d’une marchandise. Pour devenir une marchandise désirable et convoitée, un vêtement jeté ou donné doit passer entre les mains d’un tas de travailleurs qui s’occupent de la collecte, du tri, du conditionnement, du calibrage et du transport. Finalement, le vêtement circule tout autour de la planète avant, parfois, de revenir chez nous, dans nos friperies. À qui doit-on l’industrialisation de la seconde main ? Vinted ? EMMANUELLE DURAND L’industrialisation du secteur de la seconde main est arrivée bien avant Vinted et les économies de plateforme de ce type. Les premiers mouvements perceptibles de cette industrialisation remontent à l’après Seconde Guerre mondiale. Dans les années 1960 et 1970, le secteur de l’aide sociale, de l’associatif et de l’humanitaire se professionnalise.  Face aux conflits qui secouent différentes parties du monde, de plus en plus de vêtements sont donnés par geste de charité. Cette période coïncide aussi avec l’avènement du prêt-à-porter, avec les prémices de la consommation de masse vestimentaire. L’étape clé de l’industrialisation du secteur de la fripe est l’arrivée, dans les années 1980, d’acteurs privés : des grossistes qui prennent en charge les opérations de tri et d’import-export avec un arsenal d’usines et d’entrepôts.

By |2024-03-13T09:58:34+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments