Globalement, l’écrasante majorité des dirigeants français, 87 %, ne voit pas dans le numérique une priorité stratégique ; d’ailleurs 45 % reconnaissent ne pas « s’être forgé une vision de la transformation digitale » de leur entreprise — 57 % dans les transports, 59 % dans le BTP —, d’autant qu’une écrasante majorité d’entre eux reconnaît n’avoir pas mis en place une « veille formalisée sur les concurrents, les nouvelles offres ou les innovations technologiques », signe, note l’étude, d’un manque d’ouverture vers l’extérieur. Et parmi ceux qui ont une vision de leur transformation numérique, les deux tiers n’ont pas établi de feuille de route claire pour la mener à bien. Une petite minorité, 13 % à peine, en fait une priorité stratégique affichée, et encore moins nombreux sont ceux qui ont lancé des formations dédiées, alors que 24 % expliquent la non-exploitation des données par le manque de compétences en interne.
 
L’un des problèmes majeurs, c’est qu’un quart seulement des entreprises ont recours à des conseils extérieurs et associent les équipes opérationnelles ; encore moins (14 %) utilisent « fortement les outils de travail collaboratif en interne ». Cela confirme le déficit d’ouverture des dirigeants, non seulement vers l’extérieur, révélé par le manque de veille, mais aussi vers l’intérieur. Au-delà de l’exploitation du numérique, cette étude du Lab de BpiFrance, qui s’appuie sur une vingtaine d’entretiens avec des entrepreneurs éclairés, déplore une organisation écoutant peu et favorisant les silos. Les deux tiers des dirigeants reconnaissent ne favoriser que peu ou pas « les projets en mode expérimental, avec de fortes prises d’initiatives des équipes [2] » : « la logique de silo semble l’emporter ! »
Or les silos réduisent la vision et dégradent l’intelligence collective disponible. Et l’étude constate que les projets de transformation numérique restent à 77 % l’affaire de la direction générale, alors que l’on sait que le capital d’intelligence collective résulte d’une mobilisation de TOUT le personnel [3]. Et les travaux sur la maturité numérique de CapGemini et du MIT Sloan Management [4] ont démontré que les entreprises qui tiraient un profit compétitif de leurs investissements dans le numérique étaient celles dont les dirigeants non seulement avaient une vision et une action cohérentes, mais savaient aussi mobiliser leurs personnels dans des organisations favorisant les collaborations horizontales.

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