Invitée d’une émission spéciale censée permettre au peuple russe d’échanger avec Vladimir Poutine, Elena Bounina, directrice générale de Yandex, affiche un sourire nerveux. Le président russe s’est pourtant montré particulièrement enthousiaste à l’évocation de ce moteur de recherche local : "Notre gouvernement est fier du succès d’une société qui parvient à rivaliser avec des géants comme Google… avec quelques coups de main de notre part, il faut l’avouer." Mais cette dernière phrase, lâchée comme une boutade, est un rappel à l’ordre implicite. Et la jeune quadra a parfaitement compris le message : "N’oubliez pas que sans l’appui du Kremlin, rien n’est possible." 

Yandex ? Un moteur de recherche russe qui parvient, chose rare, à résister à l’écrasante domination de Google à l’intérieur de ses frontières. Les deux groupes se partagent ainsi à parts égales les requêtes des internautes russes. Lancée en 1997, soit un an avant Google, l’entreprise a immédiatement développé ses algorithmes en utilisant l’abécédaire cyrillique, ce qui lui permettrait encore aujourd’hui d’être plus pertinent que son concurrent californien. Et le champion moscovite se développe tous azimuts : voiture autonome, livraison à domicile, VTC, e-commerce, service de vidéos en ligne… Chose rare pour une entreprise russe, la société est même cotée au Nasdaq, la Bourse new-yorkaise spécialisée dans les valeurs tech. "Les investisseurs institutionnels américains détiennent la majorité du capital", tient à souligner Gabriel Naouri (le fils du PDG du groupe Casino), qui dirige depuis le début de l’année la branche e-commerce de Yandex.  

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