«Le peuple de la mère patrie et le gouvernement central sont fiers» des résultats de Macao depuis 1999 et de la mise en application du principe «Un pays, deux systèmes», a déclaré Xi Jinping, à son arrivée mercredi. Macao et Hongkong sont les seules régions gouvernées selon cette formule synonyme en théorie d’un «haut degré d’autonomie», de libertés d’expression et d’un système légal plus robuste qu’en Chine continentale.

Mais les deux régions administratives spéciales voisines, situées dans l’embouchure de la Rivière des Perles (sud de la Chine), n’ont pas la même lecture du «deux systèmes». Hongkong, revendicative et attachée à son identité, est engagée depuis juin dans un mouvement de défiance à l’égard du régime communiste. Macao apparaît alors conciliante et accommodante, tout entière tournée vers la Chine où sont nés la moitié de ses 667 000 habitants et d’où proviennent plus de 70 % de ses 36 millions de touristes annuels.

A Hongkong en 2017, décorations et emblèmes chinois avaient envahi la ville pour les 20 ans de la rétrocession, comme pour forcer l’engouement. Macao, elle, ne s’est parée d’aucun atour particulier, si ce ne sont quelques drapeaux chinois plantés sur des ronds-points. Comme si le retour dans le giron de la Chine était ici un non-événement, tant le territoire est devenu presque plus chinois que la Chine. D’importants dispositifs de sécurité inhabituels dans les gares maritimes de Hongkong et de Macao ont été mis en place, et des militants pro-démocratie hongkongais empêchés de venir à Macao.

En vingt ans, l’économie a explosé grâce à l’industrie du jeu et sa fulgurante ascension après la libéralisation du marché en 2002. Malgré la récession et la baisse récente des revenus du secteur, le budget qui vient d’être voté résume l’opulence du territoire de 32,9 km2, troisième PIB par habitant au monde : l’excédent prévu en 2020 est de 22 milliards de patacas (2,4 milliards d’euros). «Le chômage est passé sous la barre des 2 %, les prestations sociales sont importantes et les salaires ont été relevés cinq à six fois en vingt ans, détaille Paul Pun, secrétaire général de Caritas Macao, organisation caritative catholique. Mais le coût de la vie a été multiplié par vingt, la ville ne peut accueillir autant de touristes, et le prix des soins a explosé.»

Rares sont les voix à ne pas louer le «succès» de la formule «un pays, deux systèmes». Selon Sonny Lo, politologue installé à Hongkong, «Macao en 2019, c’est Hongkong au début des années 90, à l’époque où la vie politique et la société civile étaient embryonnaires». L’entrée en vigueur il y a dix ans d’une loi sur la sécurité nationale explique la bonne tenue de Macao. Les dernières manifestations d’ampleur remontent à 2014 (20 000 personnes contre un projet de parachute doré) et à 1989 (100 000 en réaction au massacre de Tiananmen).

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