Oui, mais je suis entièrement tributaire de l’herbe. Quand on est dans un élevage comme le mien, à savoir naturel, extensif et lié à l’herbe, on est même encore plus soumis à l’évolution climatique qu’un élevage intensif qui peut garder ses animaux enfermés dans un bâtiment, leur apporter du maïs et du soja. La pousse de l’herbe, c’est ce qui conditionne ma vie aujourd’hui.

Je suis contente qu’on puisse aborder cette dimension-là. Avec le changement climatique nous vivons des épisodes de plus en plus extrêmes, que ce soit de pluviométrie ou de sécheresse. L’impact est direct : on n’a plus d’herbe pendant deux ou trois mois. L’été dernier, il y a eu deux mois sans herbe. Dans le système naturel que je défends, on ne peut alors pas nourrir les animaux. Je ne veux pas nourrir mes animaux les deux mois de l’été avec du maïs qui vient de l’autre bout de la France ou du soja qui vient d’Amazonie. Et il y a également le problème des parasites. Plus il fait chaud en Normandie, plus on retrouve des parasites, qui auparavant n’apparaissaient que sur le bétail dans le sud de la France. Nos animaux ne sont pas habitués à lutter contre ces parasites, ni même à passer deux mois sans herbe en plein été. Nous, éleveurs, avons une responsabilité énorme dans la manière dont on sélectionne les animaux.

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