L’entretien du désir des clients passe par le ballet des enseignes. Le plaisir est dans le changement et la nouveauté. La spécificité française des baux commerciaux de dix ans assurait la solidité du bilan des foncières. Elles lâchent du mou et multiplient les baux dits « précaires ». La courte durée des engagements rassure les créateurs de nouveaux concepts comme celui qui l’abrite.

L’époque est volatile. Dix pour cent des points de vente changeaient chaque année en moyenne. Les foncières visent 15 % à 20 %. La peur de la cellule vide pousse aussi à plus d’engagement. Klépierre, par exemple, investit directement dans certains magasins. Carmila mise sur les DNVB, les « digital native vertical brands », ces marques nées sur Internet qui recherchent des débouchés « physiques ».

Accrobranche
Mais ce ne sont là que quelques évolutions. La révolution des centres commerciaux est ailleurs. L’extension du centre de la Part-Dieu l’illustre. Unibail a inauguré à Lyon, fin 2020, 32.000 mètres carrés supplémentaires. Un tiers seulement de cette nouvelle surface a été donné aux commerces. Un autre tiers est allé aux restaurants, et un dernier, aux loisirs et activités diverses.

La part consacrée à la restauration et au divertissement est passée de 10 % à 22 %. Unibail comptera bientôt 16 cabinets médicaux sur ses 18 sites français. Parcours d’accrobranche, salles de fitness, pharmacies, centres de formation s’ajoutent aux cinémas. A terme, les boutiques ne pourraient représenter que la moitié des adresses des centres commerciaux.

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Les extensions à venir en tiendront compte. Elles consisteront en des opérations de rénovation urbaine, comme les fait Altarea. Des bureaux, des hôtels, des logements occupent les réserves foncières, y compris les parkings, qui, avec le déclin de l’automobile, sont considérés comme des actifs inexploités.

« Avec l’essor de l’e-commerce, les enseignes ferment les magasins non rentables qu’elles gardaient ouverts quand tout allait bien », remarque Anne-Sophie Sancerre. La leçon est claire : il y aura demain moins de points de vente dans le paysage commercial. Ils laisseront la place à d’autres activités. La nature a horreur du vide. Les centres commerciaux deviennent de petites villes que l’on n’arpente pas que pour « shopper ». « Elle ouvre une boutique. Qui achètera ? » chante Lady Gaga dans « Love for Sale ».

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