Mais l’affaire Auchan-Carrefour indique également deux choses. Grâce à la famille Mulliez, Auchan conserve des ressources, malgré ses difficultés. Désendetté, le groupe a pu offrir 12 milliards de numéraire aux actionnaires de Carrefour, sans compter ses actifs. Les Mulliez ont brisé plusieurs tabous : les réticences du fondateur Gérard Mulliez, la cotation d’Auchan et l’accès aux autres actifs de l’AFM. De l’autre côté, porté par ses bons résultats et un management moderne, Carrefour fait figure de proie idéale. Avec une capitalisation de 12,4 milliards à un cours compris entre 15 et 16 euros (en baisse de 2 % ce lundi) le leader français est finalement peu valorisé à une époque où l’argent coule à flots.

Vivre seul
Le canadien Couche-Tard ne s’y est pas trompé en proposant 20 euros fin 2020. Auchan est monté à 21,50 euros, dont 30 % en actions. Et le monde des affaires sait désormais qu’à 22 euros l’action, Carrefour pourrait plus facilement changer de mains. « Une fiancée attractive » titrait ce lundi la note de Fabienne Caron, l’analyste de Kepler Cheuvreux qui estime, au passage qu’« Alexandre Bompard ne s’est pas assez battu en faveur de l’offre de Couche-Tard » qui proposait du cash et 1 milliard d’investissements.

Après avoir été éconduit par Casino en 2018 puis avoir refusé Auchan, Carrefour a épuisé les possibilités de consolidation franco-françaises, sauf à se jeter sur un spécialiste comme FNAC Darty. Une solution étrangère a été refusée par le gouvernement avec Couche-tard. Selon nos informations, Alexandre Bompard estime que le contexte de la crise passée, ainsi que, bientôt, la présidentielle, une opération avec un nom français redeviendrait possible… Mais il pense également que Carrefour peut vivre seul grâce à sa transformation numérique.

Autres pistes
Auchan a, lui, les moyens de nouvelles ambitions et n’a pas exploré la piste Casino. Ses grands hypers pourraient compléter les réseaux des Franprix et Monoprix… Pure conjecture pour l’heure.

Dernière conséquence du mariage raté Auchan-Carrefour : le sort d’Alexandre Bompard. La rumeur le voit partir chez Orange, TF1-M6 ou Kering. Plusieurs sources disent que la famille Moulin, actionnaire de référence de Carrefour, a peu apprécié de ne pas avoir été tenue, précisément et en temps voulu, au courant des offres d’Auchan. Une source proche du groupe dément vivement. Mais la petite musique d’un désalignement du PDG et de son actionnaire principal résonne aussi.

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