Longtemps cantonné au périmètre du chéquier des seniors ou aux piécettes des piétons, le don se réinvente. D’ici 2025, on pourra donner via un assistant vocal, dans son jeu vidéo préféré, sur un écran urbain, par SMS, en cryptos et même sans argent ! Tour d’horizon de six formats prometteurs pour le futur du don avec France générosités, le syndicat des plus grandes associations et fondations qui font appel à la générosité du public en France. 

Si l’on devait brosser le portrait du donateur type en ce début de 21ème siècle, ce serait celui d’une sextagénaire aisée, éduquée, pratiquante, adepte du chéquier et sensible aux sollicitations reçues dans sa boîte aux lettres. Aujourd’hui, la collecte des associations caritatives repose à 64 % sur les individus nés entre 1925 et 1965. À eux seuls, ils rassemblent annuellement pas loin de 3 milliards d’euros au profit d’associations et de fondations. De quoi expliquer que les chèques et le liquide se placent en tête des modalités du don. 

Mais depuis quelques mois, les lignes bougent. Entre 2019 et 2020, les dons des Français ont bondi de +14 %, dont la moitié assurée par des moins de 35 ans. Cagnottes en ligne, crowdfunding, micro dons, dons via les réseaux sociaux … : la crise aidant, de nouvelles modalités de collecte ont proliféré, plaçant pour la première fois les millenials en tête du classement des générations les plus généreuses sur Internet. 

De quoi faire trembler la terre sous les pieds des associations dépendant de la collecte : pour toucher les néo-donateurs, les voilà désormais invitées à réinventer leurs dispositifs. Fort de ce constat, France générosités, le syndicat notamment de Greenpeace, Handicap International, la Croix-Rouge Française, l’Institut Pasteur, la Fondation Abbé Pierre, Médecin du Monde, ou encore l’AFM-Téléthon s’est projeté dans le futur du don, aidé par la veille précise d’Adfinitas sur l’avenir de la générosité en 2025. Tour d’horizon avec six nouveaux dispositifs qui ont de l’avenir. 

SMS, cashless : le don sans la monnaie
Dans un monde qui s’annonce de plus en plus cashless, que deviendront les 3 dons sur 10 encore réalisés en monnaie sonnante et trébuchante ? Chaque jour, trois distributeurs de billets sont murés en France, soit environ 3 000 en trois ans. Le chèque recule lui aussi : encore utilisé par 4 donateurs sur 10, il ne représentait déjà plus que 10 % des paiements en 2017. À l’inverse, les transactions dématérialisées battent des records historiques : en Chine, les paiements cashless sont passés de 8 % à 85 % en moins de dix ans, et en France, on prédit déjà que plus de la moitié des habitants utiliseront leur smartphone pour payer en 2025. 

La plupart des associations pivotent déjà vers des dispositifs dématérialisés, comme l’Armée du Salut qui a équipé ses street-fundraisers d’une solution de paiement Apple Pay. Mais que va-t-il advenir des dons informels entre particuliers, notamment au profit des citoyens sans domicile fixe ? Face à ce nouvel enjeu, le monde de la solidarité innove : à Amsterdam, des acteurs de la publicité, de l’entreprise sociale, de la fintech et de la production ont rassemblé leurs forces pour créer un manteau sans-contact permettant aux sans-abris de recevoir de l’argent. 

« OK Google, fais un don à la Croix Rouge ». Demain, faire un don sera littéralement simple comme bonjour. En interpellant l’assistant vocal de votre smartphone ou d’un objet connecté, un don pourra être enregistré au profit d’une association caritative. En France depuis 2018, le Téléthon propose déjà de faire un don via Alexa, et aux États-Unis, il est même possible de demander à l’assistant vocal d’Amazon de réaliser un don au profit de 385 ONG. Demain, finis les call centers !

Début 2020, à l’occasion de la 20ème édition du World Cancer Day, l’organisme de lutte contre le cancer de la prostate Procure est allé plus loin en créant la première chaise connectée qui permet de récolter des fonds simplement en s’asseyant. Consciente que 20 % des cas de cancers chez les hommes touchent la prostate et que 80 % des hommes gardent leur portefeuille dans leur poche arrière, l’organisme invitait ces derniers à « s’asseoir contre le cancer » pour que leur carte de crédit réalise un paiement sans contact avec le terminal NFC glissé dans la chaise. Preuve que les interfaces vocales et sans-contact n’ont pas fini de réduire les frictions face au don. 

Dans « aider son prochain », il y a « proche ». Parce qu’un don à une grande association internationale peut parfois sembler un geste un peu hors-sol, un donateur sur deux privilégie les collectes réalisées par des associations locales. Demain, verra-t-on émerger des solutions de « drive to help » ? Sur le modèle des technologies existantes de « drive to store », souligne Adfinitas dans son livre blanc sur le futur du don, la solution pourrait permettre de générer du trafic physique et des dons aux associations locales grâce à des pushs sur les mobiles des voisins et passants. 

Il faut dire que les citoyens sont désormais à l’aise avec l’idée de faire des dons “en mobilité” et plus seulement depuis le confort de leur foyer. Pour Médecins du Monde, le street-fundraising (la collecte dans la rue) est le moyen de collecte le plus rentable à long terme, et pour Aides, il attire même 90% des donateurs. L’Arrondi en caisse, installé depuis 2016 aux caisses de plus de 4000 magasins, a également permis de récolter 40 millions d’euros en invitant leurs clients à des micro-dons sur les terminaux de paiement. En Norvège, JCDecaux et le Centre norvégien contre le racisme ont ainsi créé une campagne urbaine interactive invitant les passants à disperser une fausse manifestation raciste via un simple paiement sans contact sur le mobilier urbain. Autant de preuves que demain plus que jamais, le don sera non seulement local et mobile mais aussi spontané.

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