En matière d’urbanisme du futur, il y a ceux qui rêvent de quartiers résidentiels entièrement imprimés en 3D. Ceux qui ne jurent que par les tiny houses et leur modèle low tech. Et puis ceux qui voient dans les nouveaux « espaces résidentiels à thème » fabriqués par Disney une manière de prolonger l’expérience de divertissement offerte par le géant américain.

170 kilomètres de long
C’est sur la ligne de départ de cette drôle de course de fond que vient de s’ajouter un acteur encore plus ambitieux : « The Line ». Soit le nom donné par l’Arabie Saoudite à la pièce maîtresse de son vertigineux projet de ville futuriste Neom, déjà annoncé en 2017. Plusieurs vidéos promotionnelles dévoilées le 25 juillet dernier sur les réseaux sociaux donnent en effet un aperçu un peu plus clair de cette gigantesque cité située en plein désert, supposément capable d’abriter 9 millions de personnes. Particularité de ces images saisissantes : on y voit deux gratte-ciel plus hauts que la tour Eiffel, reliés sur plus de 170 kilomètres de long par… une sorte de mur géant recouvert de miroirs.
Nébuleux ? C’est peu de le dire. Car au-delà de l’imaginaire de folie des grandeurs charrié par « The Line », a priori en décalage complet avec les impératifs actuels de sobriété, les pontes de l’entreprise ont surtout annoncé une batterie de promesses qui semblent, en pratique, difficiles à tenir. « Train à grande vitesse » capable de relier les deux extrémités de la ville en 20 minutes, « besoins quotidiens » accessibles en moins de cinq minutes à pied, jardins suspendus et « ski en plein air », « microclimat tempéré et régulé »… Le tout « sans aucune émission carbone  », mais à grand renfort de systèmes dopés à l’« intelligence artificielle ». De quoi susciter, selon The Guardian, le scepticisme de « ceux-là même, architectes et analystes, qui travaillent sur le projet, qui ne savent pas encore si son ampleur et sa portée pourront jamais être réalisées ».

La ville « la plus agréable sur Terre, et de loin »
Comme le relève Euronews, avec ces annonces, l’objectif du prince héritier du royaume Mohammed ben Salmane est pourtant d’ancrer « The Line » dans un semblant de réalité. À terme, il y voit même la cité « la plus agréable sur Terre, et de loin ». À rebours du modèle de développement urbain « incontrôlé » des grandes villes, qui aurait selon lui « diminué le niveau de vie des habitants ». « Puisque nous bâtissons à partir de rien, pourquoi devrions-nous copier les villes traditionnelles ? », interroge rhétoriquement celui qui effectue en ce moment son grand retour sur la scène internationale, y compris en France, après avoir été banni par les pays occidentaux suite au meurtre en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.

« La vision du prince (…) est au cœur de ses plans pour transformer une économie encore dépendante du pétrole et une société conservatrice, qui ne sont selon lui pas à même de faire avancer le pays, analyse The Guardian. Neom a clairement été conçu en opposition à la tradition et à la sclérose des quatre dernières décennies, au cours desquelles les dirigeants ont misé sur une interprétation intransigeante de l’Islam, maintenant des normes sociétales inflexibles. »

Le coût total de la réalisation du projet est estimé à près de 500 milliards d’euros

Dans le détail, la « première phase » de construction du bâtiment devrait se poursuivre jusqu’en 2030, date à laquelle les premiers résidents pourraient commencer à emménager. Elle coûtera plus de 315 milliards d’euros, financés grâce à des subventions gouvernementales et des investissements privés. Le coût total de la réalisation du projet est quant à lui estimé à près de 500 milliards d’euros. Toujours selon Mohammed ben Salmane, Neom pourrait générer jusqu’à 380 000 emplois. Promesse un peu vaine quand on sait que, pour parvenir à leurs fins, les pontes de l’entreprise devront contraindre 20 000 résidents locaux, dont des membres de la tribu Howeitat, à se déplacer…

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