Lentement mais sûrement, les Gafa avancent leurs pions. L’initiative d’Amazon dans l’assurance au Royaume-Uni illustre la poursuite de l’offensive des « Big Tech » dans la finance, malgré un contexte économique qui se tend.

Après avoir investi en priorité le domaine des paiements, ils continuent de diversifier leurs offres en profitant de la numérisation des services financiers, n’hésitant plus à marcher sur les plates-bandes des banquiers et des assureurs, au grand dam du monde de la finance traditionnelle.
Le géant de l’e-commerce propose désormais à ses clients britanniques de souscrire à des offres d’assurance en ligne (habitation, biens) fournies par des assureurs tiers. Cette incursion dans le monde de l’assurance, qu’Amazon avait déjà tentée en 2018 aux Etats-Unis en s’associant – en vain – à JP Morgan et Berkshire Hathaway, pourrait s’élargir à d’autres catégories, a prévenu le groupe.

Les comptes épargne d’Apple
L’annonce d’Amazon intervient quelques jours après celle d’un autre géant de la côte ouest : Apple. L’inventeur de l’iPhone va bientôt offrir à ses clients détenteurs de l’Apple Card la possibilité d’ouvrir des comptes épargne.
La firme à la pomme promet « une rémunération élevée » et la possibilité de déposer de l’argent quotidiennement et automatiquement « sans frais, sans dépôt minimum et sans exigence de solde minimum » via son système de cashback maison (récompense lors d’un achat en ligne).
Les Gafa avancent ainsi méthodiquement, pas à pas, au risque d’une concurrence de plus en plus frontale avec les acteurs historiques. Sans se frotter pour l’instant au coeur du métier de banquier, le crédit, évitant ainsi d’être soumis à une régulation plus stricte.

Des géants de la finance qui coincent
En juin, Apple avait officialisé son incursion sur le marché du paiement fractionné avec une solution maison : Apple Pay Later. Pour mettre sur pied cette offre, qui s’apparente à du « crédit conso » et reste à ce jour peu régulée, le groupe de Cupertino s’était passé de partenaire bancaire, s’appuyant sur une nouvelle filiale interne dédiée. Un pas de plus sur le terrain de jeu des banques, déjà largement concurrencées par les fintechs dans ce domaine.
L’offensive des Gafa contraste avec les difficultés de certains géants de la finance à percer dans le monde digital. Goldman Sachs, le partenaire bancaire d’Apple, semble avoir acté mardi son échec dans la banque de détail, avec le repositionnement de sa filiale en ligne Marcus . Son rival américain JP Morgan a déployé l’an dernier son offre de banque digitale au Royaume-Uni, mais l’aventure promet d’être très coûteuse , alors que l’environnement économique s’est détérioré depuis.

Les régulateurs sur le qui-vive
Face à la menace des Gafa, les Européens ont également raté le coche dans les paiements. Le projet EPI , qui visait initialement à contrer le duopole Visa-MasterCard mais aussi d’autres géants américains comme PayPal ou Apple Pay, a été contraint de revoir ses ambitions à la baisse.
La situation est scrutée de près par les autorités financières. La Banque de France appelle ainsi de ses voeux une régulation plus juste des Gafa , pour éviter toute forme de marginalisation des acteurs traditionnels. Mais elle plaide aussi pour une plus grande coopération entre nouveaux et anciens acteurs de la finance.
« La révolution numérique engendre une large recomposition du paysage financier […]. Si acteurs existants et fintechs ne savaient pas chacun innover, et souvent innover ensemble, ce seraient les Big Tech qui in fine ramasseraient la mise », a prévenu mercredi son gouverneur, François Villeroy de Galhau, à l’occasion d’une conférence sur les fintechs.

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