3.000 milliards de capitalisation boursière partis en fumée

Sans surprise, les difficultés opérationnelles déclenchent une tempête boursière, ravivant le spectre de l’éclatement de la bulle Internet en 2000. En un an, l’action Amazon est divisée par deux, Snap par trois et Meta par six ! Même Apple perd du terrain, avec un titre en baisse de près d’un tiers en un an… Pourtant, la marque à la pomme est protégée par un modèle hybride, mêlant hardware, services et contenus audiovisuels, avec Apple TV+. Mais les investisseurs s’inquiètent malgré tout de la stratégie « zéro Covid » chinoise qui complique la production des iPhone, notamment dans l’usine de Foxconn à Zhengzhou, théâtre de violentes manifestations à l’automne.
Au global, les six plus gros groupes tech américain (Apple, Netflix, Amazon, Microsoft, Meta et Alphabet) avaient déjà perdu fin octobre 3.300 milliards de dollars de capitalisation boursière. La chute est particulièrement brutale pour Meta. Avec 312 milliards de dollars fin décembre, Meta vaut désormais moins en Bourse que des poids lourds de l’économie traditionnelle, comme Procter & Gamble (361 milliards) ou le pétrolier Chevron (343 milliards…).

Une vague inédite de licenciements
L’heure est critique et les géants de la tech, de San Francisco à Shenzhen, doivent réagir. Partout, les licenciements se multiplient. Les plateformes sont obligées de mettre en oeuvre les tout premiers plans sociaux de leur histoire. Elles qui, jusqu’à présent, recrutaient à tour de bras aux quatre coins de la planète… Au total, plus de 152.000 employés de la tech ont été licenciés en 2022, tous pays confondus, selon l’agrégateur Layoffs.fyi.
Snap a ouvert le bal à l’été en annonçant un plan de licenciements touchant 20 % de ses quelque 6.500 salariés. Même les 70 personnes de Zenly, une start-up française rachetée par Snap en 2017 pour 300 millions de dollars, sont concernées. L’application au petit fantôme doit faire des économies : si elle conquiert toujours plus d’utilisateurs, ses revenus ne progressent pas dans les mêmes proportions. Au troisième trimestre, Snap affiche même une perte nette de 360 millions de dollars.
Quelques semaines plus tard, Meta annonce à son tour qu’il va licencier 13 % de ses effectifs. Concrètement, 11.000 salariés sur 87.000 vont devoir quitter le groupe. La nouvelle fait l’effet d’une bombe, et pour cause : jamais Meta n’avait lancé un tel plan social. Dans un post de blog, Mark Zuckerberg évoque « l’un des changements les plus difficiles dans l’histoire de Meta ».
Mais le « pire » est encore à venir. A l’automne, Elon Musk, qui vient de racheter Twitter pour 44 milliards de dollars, décide de licencier… la moitié des salariés de la plateforme. Au passage, il affirme vouloir des équipes prêtes à être « extrêmement hardcore », capables de travailler de longues heures à haute intensité. Une expression loin de l’image de la Silicon Valley. Plus tard, le milliardaire se justifiera en comparant Twitter à un avion sans capitaine, sur le point de s’écraser. Là encore, toutes les équipes et tous les pays ou presque sont concernés.

Elon Musk, seul maître à bord chez Twitter
Cela aura été la surprise de 2022 : le rachat de Twitter par Elon Musk. Après avoir dit « oui » puis renoncé, le milliardaire boucle finalement l’opération en octobre, sans doute pour éviter la longue bataille judiciaire qui se profilait entre lui et Twitter. Son objectif : faire du réseau social « la plateforme mondiale de la liberté d’expression ». Et libérer le potentiel économique de Twitter, en diversifiant les revenus au-delà de la stricte publicité.

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