Etonné et heureux d’avoir échappé à la catastrophe. C’est l’impression qui a dominé le 53e Forum économique mondial, tenu à Davos avec près de 3.000 participants du 17 au 20 janvier. Au point que Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI, s’est sentie obligée de tempérer l’optimisme à la fin du Forum : « Ce n’est pas parce que ça va moins mal qu’on le craignait que ça va bien. »

Car le monde affronte une « polycrise ». Une crise tout à la fois climatique, géopolitique , sociale… Après avoir été une surprise, la guerre en Ukraine est désormais une donnée. L’énergie est revenue comme une obsession dans les discussions, de la sécurisation des approvisionnements jusqu’à la nécessité d’accélérer la transition vers des sources vertes .
L’inflation a aussi été très souvent évoquée. L’ancien ministre américain des Finances, Larry Summers, l’un des rares à avoir prévu la flambée de l’an dernier, tire la sonnette d’alarme sur le risque de résurgence après l’accalmie enregistrée dans les derniers chiffres. Rien n’est sûr aujourd’hui, sur les prix comme sur le reste. Ce qu’un grand patron français résume crûment : « Ça vasouille un peu ici. »

Ce qui n’empêche pas les dirigeants d’entreprise de parler sans cesse de « résilience »… et d’agir. Pour diversifier leurs chaînes de production. Pour attirer, former et retenir leurs salariés. Pour explorer encore de nouvelles pistes du numérique.

Des hommes en colère
Contrairement à ce qui est souvent raconté, les participants du Forum s’inquiètent depuis longtemps des changements climatiques. Mais en font-ils assez ? Le ton monte sur le sujet. Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a parlé de « grand mensonge » de certains pétroliers qui savaient depuis longtemps que « leur produit phare abîme la planète », demandant même qu’ils soient poursuivis en justice comme les fabricants de cigarettes. L’ancien président américain Al Gore, lui, s’est énervé en constatant que malgré les beaux discours, « les émissions montent encore » !

Dans une diatribe impressionnante de huit minutes, il évoque tour à tour les 162 millions de tonnes de gaz à effet de serre envoyés chaque jour dans la troposphère, son accord avec la jeune activiste suédoise Greta Thunberg, qui manifeste contre le chantier de mine de charbon en Allemagne, « l’échec complet » d’une Banque mondiale dirigée par un dirigeant qui nie les changements climatiques, la nomination du patron d’un grand groupe pétrolier comme président de la prochaine COP , la nécessité de mettre les jeunes dans la boucle… Jamais les murs du Palais des Congrès n’ont dû vibrer autant depuis les discours tonitruants de Viktor Tchernomyrdine, Premier ministre russe dans les années 1990. Tonnerre d’applaudissements. 

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