ChatGPT a beau affoler la planète tech, l’IA générative lancée il y a quelques mois par OpenAI a le grand défaut d’être une boîte noire. Sur quelles données et comment a-t-elle été entraînée ? La start-up de Sam Altman, désormais soutenue par Microsoft, garde jalousement ses secrets de fabrication. Une philosophie à l’inverse de celle affichée par Hugging Face.

Cette société américaine annonce ce mercredi sa propre alternative à ChatGPT, baptisée « HuggingChat ». « Certains ont dit que les API fermées étaient en train de gagner… mais nous n’abandonnerons jamais la lutte pour une IA Open source », s’est félicité Julien Chaumond, le CTO de l’entreprise, dans une publication sur LinkedIn.
Présentant une interface Web similaire à celle de ChatGPT, HuggingChat peut déjà être testé en ligne et intégré à une application via une API. Génération de code, écriture d’e-mails… Le chatbot propose les mêmes fonctions que ChatGPT, bien qu’il s’agisse encore d’une « version 0 », « avec de nombreuses limitations », a souligné sur Twitter le CEO, Clément Delangue.
La société n’a pas développé son chatbot de zéro. Il s’agit d’une version optimisée d’Open Assistant, un projet publié en open source en fin d’année dernière, qui était lui-même basé sur LLaMa, le modèle de langage de Facebook.

Une plateforme freemium
Ce chatbot sera désormais accessible à tous sur la plateforme de Hugging Face. Car à l’instar de GitHub, Hugging Face est semblable à une librairie pour développeurs : ces derniers peuvent accéder à des modèles pré-entraînés de « machine learning », les personnaliser en les entraînant, et également y publier leurs propres modèles.
« Le but est que le plus de monde possible puisse mettre les mains dans le cambouis », simplifie Julien Chaumond. Avec les deux autres cofondateurs, Clément Delangue et Thomas Wolf, eux aussi des Français exilés aux Etats-Unis, l’entrepreneur a fondé Hugging Face en 2016.
Valorisée 2 milliards de dollars, la société revendique 10.000 entreprises présentes sur la plateforme, pour plus de 100.000 modèles et 10.000 datasets échangés. Là où le très populaire GitHub – racheté par Microsoft en 2018 – est utilisé par environ 100 millions de développeurs.
« Toute entreprise qui comprend une équipe de ‘machine learning’ ou de ‘data science’ est intéressée par nos services », avance Julien Chaumond. A l’instar de GitHub, Hugging Face a adopté un modèle freemium, avec des fonctionnalités plus avancées pour les clients premium, tels que Renault. « Nous avons des clients qui paient 9 euros par mois, et des entreprises qui ont pris des abonnements à plusieurs millions », précise le cofondateur.

Un modèle difficile à rentabiliser
Soutenu historiquement par le fonds américain Lux Capital, Betaworks (et quelques business angels dont Thibaud Elzière et le basketteur Kevin Durant), et plus récemment par Sequoia Capital et Coatue Management, Hugging Face peine à rentabiliser son activité. Selon nos informations, son chiffre d’affaires ne dépasse pas la trentaine de millions de dollars (contre 1 milliard de dollars pour GitHub, à titre de comparaison).

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