Les trois quarts du pays accablés par une sécheresse exceptionnelle des sols, des rendements agricoles qui plongent de 10 % à 30 %, une production d’hydroélectricité inférieure de 20 %, une facture « catastrophes naturelles » de près de 3 milliards d’euros pour les assureurs, 72.000 hectares partis en fumée, plus de 2.800 décès supplémentaires…

Dans son cinquième rapport annuel publié ce mercredi soir, le Haut Conseil pour le climat (HCC) a choisi d’égrener les ravages de l’été dernier dès les toutes premières pages. Car s’il fut hors norme, l’été 2022 risque fort de devenir un été banal en 2040 , prévient l’instance installée par Emmanuel Macron en 2018 pour scruter la stratégie du gouvernement en matière de climat.
Or, la France, pourtant plus exposée aux conséquences du réchauffement que la moyenne, « n’est pas prête à y faire face, comme 2022 l’a démontré », a alerté la présidente du HCC, Corinne Le Quéré lors de la présentation de ce document de 200 pages qui comporte plus d’une centaine de recommandations, remis à l’exécutif quelques jours avant des annonces très attendues sur les grandes lignes de la planification écologique .

Changer d’échelle
Malgré un engagement exceptionnel de moyens, « les dispositifs de prévention et de gestion de crise n’ont pas permis d’éviter toutes les conséquences des événements » de l’année dernière, souligne la climatologue. Cette année « emblématique de l’intensification des effets du changement climatique » illustre de manière flagrante le besoin « d’acter l’urgence », exhorte le HCC.
Mais aujourd’hui, « l’adaptation se fait largement dans un mode réactif, ce qui ne suffit pas à prévenir les impacts futurs », pointe Corinne Le Quéré, qui met en garde : « il est probable que l’équilibre du système d’assurance en France, dans sa configuration actuelle, ne soit pas pérenne compte tenu de l’accroissement de la sinistralité au fil des décennies ».
L’adaptation doit « changer d’échelle », dit-elle, et devenir « transformatrice » en s’appuyant sur les connaissances scientifiques des impacts pour les années à venir. Le cadre de référence annoncé par le gouvernement de s’adapter selon une trajectoire à +4 °C est un bon premier pas, estime le HCC.

Baisse des gaz à effet de serre
Dans ce contexte, la baisse rapide des émissions de gaz à effet de serre est « plus que jamais essentielle » pour contenir l’intensification des risques, selon le HCC. En 2022, les émissions ont encore reculé de 2,7 % par rapport à 2021 (en excluant les puits de carbone). Les efforts sont là, mais le rythme reste insuffisant : pour atteindre les objectifs fixés pour 2030, il doit « presque doubler », alerte le Haut Conseil pour le climat.
Pour l’heure, seul le secteur du bâtiment voit ses gaz à effet de serre diminuer suffisamment (-17 % en 2022). Selon le scénario du partage de l’effort entre secteurs qui sera déterminé par le gouvernement, le HCC estime que le rythme de baisse des émissions devra être multiplié par un facteur 3,5 à 5 pour les transports et l’énergie, 1,25 à 3,5 pour l’agriculture, 1,4 à 1,6 pour l’industrie et 1,6 à 1,9 pour les déchets.

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