Retour aux années 1990 : Coca-Cola, Walmart, Procter & Gamble, Johnson & Johnson sont les valeurs phares du New York Stock Exchange. Dans un parfait équilibre, avec chacun 13 % de poids dans le S&P 500, ce secteur chéri des consommateurs américains rivalise avec l’industrie – General Electric et General Motors en tête – et le pétrole dont Exxon, Chevron, BP et Mobil se partagent le marché.

Bien qu’IBM soit la première capitalisation du S&P 500 (avec 64 milliards de dollars, loin des excès actuels), la technologie n’arrive alors qu’en avant-dernière position des dix sous-secteurs de l’indice.
Une photographie qui tranche avec l’hétérogénéité des composantes du S&P 500 aujourd’hui. Les technologies représentent plus de 28 % de sa pondération, suivies, loin derrière, de la santé, du secteur financier et de la consommation discrétionnaire (luxe, loisirs, automobile, etc.).

Tendance mondiale
Même tendance au niveau mondial, où les entreprises de la tech sont passées de 6 % du MSCI World au milieu des années 1990 à 22 % aujourd’hui. « Mais en réalité, il s’agit de plus de 31 % de la capitalisation mondiale, car les entreprises technologiques sont peu à peu intégrées aux secteurs dont elles se rapprochent le plus », explique David Rainville, gérant chez Sycomore AM. Ainsi, Alphabet (Google), Tencent ou Netflix sont rangés dans les services de communication, tandis qu’Amazon, Tesla ou Alibaba se retrouvent classés dans la consommation.

Déjà, à la fin des années 1990, les sociétés de la tech avaient été portées aux nues par les excès de la bulle Internet. Cette ascension fulgurante les avait propulsées au premier rang des secteurs les plus lourds du MSCI et du S&P 500 (respectivement 21 % et 29 %).

Après l’éclatement de la bulle, les valeurs financières se sont rapidement imposées, grâce aux profits juteux des banques d’affaires et à la vigueur du marché immobilier américain. Pas pour longtemps. La crise des subprimes a balayé ces deux vecteurs de croissance, avec l’effondrement de l’immobilier et les mesures de régulation du système bancaire.

Ascension des SMACS
C’est aussi à cette période qu’ont émergé les SMACS, acronyme barbare désignant à la fois la téléphonie mobile, les réseaux sociaux, l’analyse de données – ancêtre de l’ intelligence artificielle – et l’informatique à distance. Une source de profits inespérée pour les groupes de technologie que certains dinosaures, comme IBM, n’ont pas su saisir à temps.

En revanche, les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) ont peu à peu pris le relais pour peser près d’un quart du S&P 500 dès 2020. « Désormais, c’est l’appétit pour les technologies qui dicte les tendances régionales », note Emmanuel Cau, chez Barclays.

C’est ce qui explique l’ascension des Bourses américaines et asiatiques depuis le début de l’année, tandis que le Footsie londonien, dépourvu de ce type de valeurs, en est réduit à faire du sur-place.

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