Facebook et Instagram, « c’est gratuit et ça le restera toujours »… sauf pour les utilisateurs qui ne voudraient pas partager leurs données personnelles avec ces plateformes. Meta, la maison mère des deux principaux réseaux sociaux en France, a confirmé lundi 30 octobre son intention de proposer un abonnement payant aux internautes rétifs à la publicité ciblée. Quitte à démentir en partie le slogan affiché pendant presque quinze ans sur la page d’accueil de Facebook.

Déjà éventé par le Wall Street Journal au début du mois, le tarif fixé par l’entreprise de Mark Zuckerberg ne sera proposé qu’aux utilisateurs situés dans l’espace économique européen, c’est-à-dire aux utilisateurs protégés par le règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD) et celui sur les marchés numériques (DMA). Courant novembre, il leur en coûtera 9,99 euros par mois pour profiter d’Instagram et Facebook sans y voir une seule publicité. Ceux qui paieront depuis une application mobile s’acquitteront par ailleurs de 3 euros de frais mensuels supplémentaires.

Donner le choix aux internautes
Meta donne ainsi le choix aux internautes. Reste à savoir combien voudront à tel point protéger leurs données personnelles qu’ils seront prêt à mettre la main au portefeuille pour un service qui peut être gratuit. « Ils peuvent également continuer à utiliser ces services gratuitement tout en voyant des publicités qui les concernent », précise en tout cas le groupe dans un communiqué, loin de renier son modèle économique presque entièrement basé sur la publicité. Mais, après des années de plaidoirie devant les tribunaux européens, l’entreprise de Mark Zuckerberg en est venue à ouvrir d’autres options.
De fait, de récentes décisions de justice ont poussé le groupe dans ses retranchements. En janvier, Bruxelles l’avait condamné à 390 millions d’euros d’amende pour avoir obtenu pendant des années l’aval des internautes au traitement de leurs données sans leur demander directement mais via l’acceptation des très denses conditions générales d’utilisation. Meta s’était ensuite appuyé sur le motif de l’intérêt légitime pour pouvoir continuer à collecter des données selon l’une des justifications prévues par le RGPD.

Mais début juillet, la Cour de justice de l’Union Européenne a jugé que ce motif-là non plus n’était pas valable dans le cas de l’entreprise américaine.

NOYB ne désarme pas
Meta avait alors annoncé que serait bientôt demandé explicitement le consentement des utilisateurs à la collecte de leurs données. Mais cette manière de faire n’est pas sans risque, comme a déjà pu l’expérimenter le groupe lorsqu’Apple l’avait forcé à poser cette question aux utilisateurs de son application sur iPhone et iPad : moins capable de suivre la navigation de nombreux utilisateurs pour leur proposer des publicités pertinentes, Meta avait estimé sa perte à dix milliards de dollars de recette en 2022, soit 8 % de son chiffre d’affaires.
Dans ce contexte, les nouveaux abonnements seront une manière pour le groupe de limiter les dégâts. Même si proposer cette option payante est jugé par certains comme une façon un peu trop facile pour Facebook de s’abstraire de ses devoirs de protection des données. « Les droits fondamentaux ne peuvent pas être vendus », rétorque l’ONG None Of Your Business du juriste autrichien Max Schrems. La messe n’est donc pas forcément dite.

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