Est-ce pour s’attirer les bonnes grâces d’où qu’elles viennent ? C’est ce mercredi 1er novembre, jour de tous les saints, que naît officiellement Ampere, la filiale spécialisée dans l’électrique du groupe Renault. Objectif affiché : lever des fonds pour financer l’électrification du constructeur et mieux valoriser cette activité, ainsi que le développement d’une nouvelle architecture logicielle centralisée dans les voitures. C’est la pièce centrale du projet de relance du constructeur au losange, Renaulution.

Les partenaires japonais du français devraient participer à l’effort. Nissan devrait y investir jusqu’à 600 millions d’euros et Mitsubishi jusqu’à 200 millions . Les estimations de valorisation d’Ampere les plus généreuses se chiffraient au début de l’été sur une valorisation de la nouvelle entité de 10 milliards d’euros. Luca de Meo a évoqué début septembre une fourchette comprise entre 8 et 10 milliards. Soit, grosso modo, autant que la valorisation de Renault Group (entre 9 et 10 milliards d’euros).

Certains sont moins optimistes. Voyant les nuages s’accumuler, UBS table sur une valorisation comprise entre 3 et 4 milliards d’euros. Le directeur général de Renault Group a effectivement pu rêver de meilleures conditions de lancement. Le contexte macroéconomique, avec un tassement de la croissance européenne et la hausse des taux d’intérêt, n’est pas des plus favorables. De plus, Tesla a porté la guerre des prix, qui sévit dans l’électrique en Chine, jusqu’en Europe.

Interrogations sur les ventes d’électriques
Ces derniers jours, les analystes automobiles s’interrogent plus spécifiquement sur l’avenir des ventes de voitures électriques. Les constructeurs américains GM et Ford ont déjà prévenu, sur fond de coûteuse grève pour les salaires, qu’ils revoyaient à la baisse leurs ambitions de ventes de voitures à batteries .
Certes, les Etats-Unis n’ont pas les objectifs ambitieux de l’Europe en matière de ventes de voitures électriques, mais l’inquiétude gagne l’Europe. Les subventions à l’achat devraient baisser dans certains pays européens, relèvent les analystes d’UBS.

« Nous nous attendons à une réduction significative, ou à un remodelage, des stratégies des constructeurs » en matière d’électrification, préviennent les analystes de Morgan Stanley dans une note publiée la semaine dernière. Même son de cloche chez UBS, qui table sur un net ralentissement de la croissance des ventes de voitures électriques en 2024, qui passerait de +25 % et +50 % cette année à +10 à +15 % l’année prochaine.

De la concurrence sur l’entrée de gamme
Le gâteau risque de grossir moins vite que prévu. Il faudra aussi le partager avec plus de concurrents. Les marques chinoises sont en train de débarquer sur le Vieux Continent avec des gammes dont la base de coût est 25 % inférieures aux marques européennes. La Mégane E-Tech, qui sera dans l’escarcelle d’Ampere, se fait déjà sévèrement concurrencer par la MG4 (la marque MG, d’origine britannique, appartient désormais au chinois SAIC).

Toutefois, Ampere devrait lancer au troisième trimestre la nouvelle R5, modèle théoriquement à moins de 25.000 euros. De quoi faire entrer l’électrique dans le segment B abordable (l’e-208 se vend à environ 35.000 euros) et faire s’envoler les volumes. Sa commercialisation est prévue pour le troisième trimestre 2024. Las, Renault s’est laissé coiffer au poteau par Citroën, qui commercialisera sa nouvelle ë-C3 à 23.300 euros dès le second trimestre 2024. Le match s’annonce serré.

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