Longtemps, les géants du streaming vidéo ont rechigné à donner des chiffres précis pour attester du succès ou de l’échec des programmes qu’ils diffusent. Et si c’était en train de changer ? Le leader de l’industrie, Netflix, a annoncé ce mardi la publication deux fois par an d’un « rapport d’engagement » indiquant le nombre d’heures vues dans le monde pour tous les titres, originaux ou sous licence, ayant été visionnés au minimum plus de 50.000 heures (ainsi que leur date de lancement et leur disponibilité ou non dans le monde entier).

C’est une « étape importante pour notre industrie », s’est félicité Ted Sarandos, co-PDG de Netflix, lors d’une conférence de presse téléphonique. « Avec le temps, nous sommes devenus de plus en plus transparents », a-t-il déclaré, soulignant que lors du lancement de la plateforme seize ans plus tôt, dévoiler ce genre de données pour les comparer avec la consommation de la télévision à la demande serait revenu à comparer « des pommes avec des oranges ». 

« Un environnement de défiance autour des données »
Cela risquait aussi de donner trop d’informations aux concurrents. « Au fil du temps, ce manque de transparence a eu pour conséquence involontaire de créer un environnement de défiance autour des données », a admis Ted Sarandos. Mais Netflix a grandi et la plateforme, qui propose notamment depuis 2021 un Top 10 hebdomadaire, veut aujourd’hui apporter à l’industrie, en particulier aux « créateurs » (comme les producteurs, acteurs ou scénaristes) et à la presse, la transparence qu’ils réclament de longue date. Une transparence qui pourrait donner des arguments aux producteurs, réalisateurs, acteurs ou autres impliqués dans les séries connaissant un véritable succès et qui négocient pour de nouvelles saisons, par exemple.
Les annonceurs bénéficient, eux, de données fournies par des tiers (sur certains marchés), a précisé Ted Sarandos, notamment par Nielsen aux Etats-Unis. En France, Médiamétrie travaille justement à une mesure de la consommation de toutes les plateformes en 2024.
Le patron du groupe estime que le critère du nombre d’heures vues, choisi par Netflix dans ce rapport, est celui qui reflète le mieux l’engagement des abonnés. Au total, les scores de plus de 18.000 titres, couvrant 99 % du visionnage sur la plateforme, figurent dans la première édition de ce rapport. Des scores mondiaux, la plateforme estimant que des données par pays donneraient trop d’information à ses rivaux.

Un tiers d’histoires non-anglophones
En tête du palmarès mondial au premier semestre 2023, la saison 1 de « The Night Agent », avec 812 millions d’heures vues, devance la saison 2 de « Ginny & Georgia » – 665 millions d’heures vues -, suivie des premières saisons de la série coréenne « The Glory » puis de la série dérivée de la Famille Addams, « Mercredi ».
Si les histoires non-anglophones ont généré 30 % de l’ensemble des visionnages, aucun film français ni série française ne figure dans les 50 premiers du classement (« Lupin », sorti cet automne, pourrait sauver l’honneur au second semestre). Le sommet est dominé par les séries américaines avec la présence également de nombreuses productions coréennes. Les séries locales ont cependant pour but de réussir avant tout dans leur pays d’origine, a souligné le patron de Netflix.

A noter, les films et séries sous licence – comme « Suits », grand succès sur la plateforme – ont représenté environ 45 % des heures visionnées, contre 55 % pour les productions originales. A l’inverse, Netflix n’envisage pas de licencier ses contenus ailleurs, a précisé Ted Sarandos.

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