Que veut le consommateur, c’est la vraie question
 
” Nous sommes en train de passer dans une société fluide “, confirme Pascal Picq, paléoanthropologue français, maître de conférences du Collège de France ” On oublie que l’Humain est une espèce capable de s’adapter constamment et à tous les âges, même si on n’apprend pas de la même manière à tous les âges de la vie “. Pour Laura Pho Duc, directrice communication et marketing d’Alibaba France, ” la transformation digitale est impalpable. Et n’est, in fine, que la conséquence logique d’une réponse très poussée des entreprises aux besoins viscéraux des consommateurs. ” L’Homme a toujours voulu se rendre la vie plus facile. Uber a juste simplifié et fluidifié en enlevant des frictions, tout simplement” argumente-t-elle ” L’Homme a toujours créé des nouvelles technologies pour améliorer son quotidien et le digital, c’est du confort. On crée en même temps qu’on adopte et nos enfants vont continuer cette évolution avec une adoption naturelle des technologies qu’ils auront toujours connues. Que veut le consommateur, c’est la vraie question. Amazon pousse peut-être une attente mais il ne l’a pas créée “.
 
Philipp Schmidt ne dit pas autre chose quand il constate que ” le pouvoir est passé de l’entreprise aux consommateurs, qui ont le pouvoir de tuer une industrie vieille de 200 ans “. Et si comme il le dit, ” il faut accepter que demain n’est pas écrit “, ” l’autre question essentielle concerne la capacité d’acquiescement des citoyens et des politiques. Elle seule pourra permettra le changement sine qua non instigué par ce ” monde nouveau qui n’a rien à voir avec ce qu’on a connu lors des deux derniers siècles “, dixit, Pascal Picq. ” Cette transformation se fait en trois temps : le temps de l’innovation et de la technologie, le temps de l’Homme et de son accaparement, et le temps social. Quand il y a un décalage dans ce triptyque, c’est là que les crises apparaissent “, analyse le prospectiviste, Philippe Cahen ” Aux Etats-Unis le phénomène des ” morts de désespoir “, chez les 45-55 ans blancs qui se suicident, stigmatise un malaise d’incompréhension devant une phase de heurts où tout s’accélère et explose “.
 
 
” Nous vivons le plus gros choc générationnel de l’Humanité “
 
” On est passé d’un modèle d’économie de la demande structurelle à un monde parfaitement darwinien, dans lequel la création d’une innovation technologique, comme une application, se fait sans sélection préalable. Pour une certaine partie de la population ce futur là n’est pas fait pour eux. Réfléchir au monde d’hier avec les technologies du monde de demain crée ce sentiment de mise à l’écart. Le basculement se fera vite mais en créant une bipolarisation énorme. L’enjeu de l’accélération est donc crucial, il décidera des conséquences de cet impact inévitable “, ajoute Pascal Picq ” le moment charnière sera 2020 et les prochaines échéances électorales décideront de la face du changement. Plus les gens sont dans une instabilité plus ils se replient “. Philippe Schmidt préfère lui parler de l’urgence ” à créer l’encadrement de la société nouvelle que l’on doit inventer ensemble. Il n’y a jamais eu autant de facilités de création. Il faut donc bien travailler le cadre éthique, c’est à dire les valeurs “. Savoir aujourd’hui si l’intelligence artificielle du futur sera ” Terminator ” ou ” 2001 Odyssée de l’espace ” ne tient donc qu’à nous, humains. Justement, faut-il distinguer ubérisation et transformation digitale et doit-on en avoir peur ou l’embrasser ?
 
” On ne connait pas encore les métiers de demain, il faut donc redonner confiance aux gens. La France est un pays cartésien : on a un problème, on divise. Or, plus les gens sont spécialisés, moins ils sont créatifs et moins ils sont employables “, répond indirectement Pascal Picq. ” Le problème ce n’est pas l’emploi mais l’employabilité, confirme Philippe Cahen ” C’est fondamental de le comprendre et cela passe par l’enseignement et la formation. Nous vivons le plus gros choc générationnel de l’Humanité, celui entre les baby boomers des 30 Glorieuses et les millennials. Et celui qui a 34 ans aujourd’hui ne comprend pas la génération qui suit. C’est du jamais vu “. Même son de cloche chez Laura Pho Duc : ” Il ne faut pas lutter contre les machines mais au contraire mieux éduquer nos enfants pour justement leur apprendre les différenciants de l’Homme “.

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