Après une année 2022 ardue, Mark Zuckerberg commence à voir la lumière au bout du tunnel. Le groupe californien Meta – maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp – a annoncé mercredi soir des résultats supérieurs aux attentes des analystes, ce qui a fait bondir son action de près de 12 % dans les échanges après la fermeture des marchés financiers.

Ses revenus au premier trimestre ont progressé de 3 % sur un an. Ils s’établissent à 28,6 milliards de dollars, au lieu des 27,7 milliards auxquels s’attendaient les analystes. Au prochain trimestre, le géant des réseaux sociaux s’attend à atteindre les 32 milliards de dollars de ventes.
Son bénéfice net recule, en revanche, de 24 % sur un an. Il s’établit à 5,7 milliards de dollars. Les coûts ont dérapé, en partie à cause d’un plan de licenciement chiffré à 1,14 milliard de dollars au premier trimestre. Mais le nombre d’utilisateurs dans le monde continue à augmenter. Plus de trois milliards de personnes utilisent désormais les applications Facebook, Messenger, WhatsApp ou Instagram au moins une fois par jour.

Environnement économique tendu
« Dans cet environnement économique – et après le désastre que fut l’année 2022 – une croissance des revenus de 3 % sur un an est une réussite », commente Debra Aho Williamson, analyste chez Insider Intelligence. « Les prévisions robustes de Meta pour le deuxième trimestre sont un autre indicateur montrant que l’entreprise est peut-être en train de surmonter ses difficultés. »
Pour autant, tout n’est pas gagné pour Meta, loin de là. Le groupe « doit finir de reconstruire sa capacité à vendre des publicités ciblées après la débâcle causée par les choix d’Apple en matière de respect de la vie privée , démontrer aux publicitaires pourquoi il vaut mieux investir dans Reels que dans TikTok et convaincre les créateurs impatients de rester, » énumère l’analyste.
Enfin, Meta « doit faire face à la montée des espaces publicitaires sur les sites de vente en ligne, dont Amazon, qui risque de capter les dépenses des entreprises voulant atteindre les consommateurs au plus près de leur décision d’achat », poursuit cette dernière. « Si Meta parvient à faire ces quatre choses, il sortira plus fort de cette ‘année de l’efficacité’ », décrétée par Mark Zuckerberg, estime-t-elle.

« Annus horribilis »
Meta se remet péniblement d’une « annus horribilis » qui a commencé en février 2022, lorsque le groupe a annoncé que Facebook, son réseau social phare, avait perdu des utilisateurs pour la première fois de son histoire. Ce déclin a effarouché les marchés financiers, accoutumés à la croissance sans heurts des géants de la tech.
Même si le nombre d’utilisateurs a recommencé à croître après ce passage à vide, le géant a dû faire face aux difficultés du marché de la publicité en ligne , qui ont pesé sur ses comptes. L’année dernière, les revenus de Meta ont baissé pendant trois trimestres d’affilée. Son action s’est effondrée, passant de près de 380 dollars en septembre 2021 à… 90 dollars début novembre 2022.

Trois vagues de licenciements
Face à ces difficultés, Mark Zuckerberg a décidé de tailler dans les effectifs, décrétant que 2023 serait « l’année de l’efficacité » pour Meta. Le groupe a licencié 11.000 personnes en novembre, puis à nouveau 10.000 personnes en mars. Après ces deux vagues de licenciements, le PDG du groupe californien a annoncé qu’une nouvelle vague aurait lieu en mai.
« Cela a été un processus difficile, mais une fois que c’est terminé, je crois que nous aurons un environnement beaucoup plus stable pour nos employés », a déclaré le fondateur lors d’une conférence téléphonique avec des analystes. « Nous avons vraiment amélioré notre structure de coûts pendant ces six derniers mois », a ajouté la directrice financière, Susan Li.

L’IA d’abord, le métavers ensuite
Pour faire redécoller ses revenus malgré les difficultés macroéconomiques, le groupe californien bénéficie de ses investissements dans l’intelligence artificielle, qui lui permettent de recommander aux utilisateurs des vidéos partagées par des personnes qu’ils n’ont pas choisi de suivre. « Depuis que nous avons lancé Reels, les vidéos recommandées par l’IA ont contribué à augmenter de 24 % le temps passé sur Instagram », se félicite le PDG.
L’intelligence artificielle aide aussi le groupe à contourner les restrictions imposées par Apple, qui permet aux utilisateurs d’iPhone de refuser d’être traqués d’une application à l’autre par des entreprises comme Meta. A l’aide de ces outils, le groupe californien parvient à utiliser au mieux les informations dont il dispose pour adapter les publicités à chaque utilisateur.
Sa branche consacrée à la construction du métavers – cet univers virtuel où les utilisateurs seront représentés par des avatars – apparaît cependant en mauvaise posture : Reality Labs a perdu 3,99 milliards de dollars en trois mois, après des pertes qui atteignaient 13,7 milliards de dollars en 2022. Ses revenus ont décliné par rapport à l’année dernière, à 339 millions de dollars.

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