1. En quoi le halving est-il central dans l’émission du bitcoin ?

Au début du bitcoin, il y a les mineurs. Ces ordinateurs réalisent un grand nombre d’opérations mathématiques afin de sécuriser la blockchain. Quand ils y parviennent, ils sont récompensés en bitcoins. Ils en gardent une part mais pour financer leur activité (matériel, électricité, salaires…), ils en revendent en monnaie fiduciaire, comme le dollar et l’euro, et ainsi sont émis les bitcoins.
En 2009, ce « travail » était assez facile et chaque « bloc » donnait lieu à 50 bitcoins. Cette rétribution est passée à 25 en 2012, 12,5 en 2016, 6,25 en 2021 et si vous avez bien suivi, elle sera de 3,125 cette année. Autant dire qu’en 2140, le métier des mineurs sera de couper des cheveux en quatre car il leur aura fallu plus d’un siècle pour miner un million de bitcoins. Le halving contribue donc à l’organisation de la rareté du bitcoin.

2. Comment survivent les mineurs s’ils sont moins payés ?
A rebours du « travailler plus pour gagner plus », les mineurs gagnent donc deux fois moins pour un travail constant et des charges égales. « Lors des précédents halvings, ils n’étaient plus rentables et devaient se débrancher temporairement pour éviter de consommer de l’électricité… Pour subvenir à leurs besoins, ils cédaient du bitcoin stocké en amont si le prix était intéressant », note Charles Guillemet, directeur de la technologie de Ledger, spécialiste de la sécurisation de cryptoactifs.
Cependant, plusieurs facteurs permettent à cette activité, vitale au bitcoin, de rester rentable. D’abord, la recherche d’une électricité bon marché, comme au Texas où il y a de « l’électricité en surplus », soulève l’expert. Ensuite, les gains de productivité des machines de minage, telles que le Bitmain S21, « presque deux fois plus économe en énergie ». Enfin, la hausse de la demande pour le bitcoin, qui peut soutenir son prix, et finir par compenser la baisse de rémunération.
En 2024, le prix du bitcoin a été propulsé à un niveau record de 73.000 dollars, sous l’effet de la forte demande pour les ETF investis directement en bitcoin et cotés à Wall Street depuis le 11 janvier. Ces gestionnaires d’actifs, dont BlackRock et Fidelity, achètent 2.500 bitcoins par jour.
Avec une telle pression acheteuse – alors même que l’effet du halving d’avril n’a pas encore produit son effet haussier -, les mineurs ont, cette fois, une belle marge. Charles Guillemet a ainsi calculé, « en se basant sur des données conservatrices comme un prix de l’électricité à 7 centimes d’euro le kWh, qu’émettre un bitcoin coûte 33.000 dollars ». Après le halving, le point mort des mineurs sera à 66.000 dollars par bitcoin. Pour la première fois, ils n’auront donc pas besoin de revendre des pièces pour se financer ; ce qui faisait toujours un peu baisser le cours.

3. Le halving et les ETF menacent-ils le bitcoin à terme ?
Est-ce que les gains de productivité des mineurs, la compétitivité des sources d’énergie et la hausse de la demande en bitcoin réussiront à rendre le minage de bitcoin soutenable à plus long terme, alors que la crypto n’en est qu’au début de sa vie ? Sur ce point, le protocole a aussi une réponse : les mineurs se payent avec les frais de transaction sur le réseau bitcoin. Plus le réseau est congestionné, plus les frais sont importants. Mais tout cela sera-t-il suffisant ? Après 2140, tous les mineurs n’auront pas survécu selon Charles Guillemet, mais ils resteront utiles pour sécuriser les transactions.
Le bitcoin et les mineurs sont donc indissociables. Mais que se passera-t-il si l’essentiel des transactions est réalisé via des produits financiers comme les ETF indexés sur des bitcoins dormant en portefeuille ? En effet, dans ce schéma, ce sont BlackRock et ses rivaux qui captent la valeur, et non plus les mineurs… Ce scénario est improbable aux yeux de Charles Guillemet – même si BlackRock a déjà acheté 1 % des bitcoins en deux mois ! A ce stade, les revenus des mineurs se tariraient, les bitcoins ne seraient plus sécurisés et la question de leur valeur se poserait.

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