Consommer, vivre, travailler, voyager
Une période inédite a débuté, où les “dérèglements” ont surgi, en suscitant de nouveaux dans un effet boule de neige. Une vie en dents de scie a alors commencé pour les Français qui ont été amenés à s’adapter constamment, remettre en cause leurs habitudes et leurs stratégies de consommation. Mouvement des Gilets jaunes (octobre 2018), mobilisation contre la réforme des retraites (décembre 2019), premier confinement covid (17 mars 2020), deuxième confinement covid (30 octobre 2020), couvre-feu covid (25 février 2021), début de la guerre en Ukraine (25 février 2022), canicule et sécheresse (printemps-été 2022), crise énergétique (automne 2022), en un peu plus de trois ans, les Français ont vécu une multiplication de crises qui n’ont pas été sans impact sur leurs comportements et leur mode de vie, renforçant des tendances antérieures ou entraînant des modifications profondes ou subtiles, parfois contradictoires. « Plutôt que d’adaptation, je préfère parler de soumission ou de contrainte, d’autant que tout dépend du lieu de vie des gens et de leur âge », nuance Yves Bardon, directeur du programme Flair d’Ipsos Knowledge Centre. Entre le pouvoir d’achat et la protection de la planète, où placer le curseur ? Le local Renforcée par la crise sanitaire, la notion de local* triomphe. Consommer, vivre, travailler, voyager… Partout, cela s’impose, et les jeunes y sont particulièrement sensibles : « La vraie utopie pour eux ne sera pas la mondialisation, qui ne fait plus rêver, mais le régional, le local. Ils voient plus d’avenir à s’impliquer dans leur ville et leur région », confirme Rémy Oudghiri, sociologue et directeur général de Sociovision (groupe Ifop). Et tout commence avec l’alimentaire. L’étude In the Food for Good de Think Out en 2020 sur la transition alimentaire montre qu’avant le covid, quatre Français sur dix disaient qu’ils privilégieraient à l’avenir les circuits courts et les achats directs auprès des producteurs. L’enquête de Integral Ad Science (IAS) réalisée dix mois après le début de la crise sanitaire montre que 57% souhaitaientacheter local. À cela plusieurs raisons, dont la sécurité alimentaire. À force de crises successives, la méfiance des Français dans la sécurité des aliments ne se dément pas. « Le local rassure, il contient dans son imaginaire les notions de tradition, de transmission, d’authenticité, de qualité », souligne Yves Bardon. Consommer local apparaît en même temps comme un comportement vertueux, responsable, bon pour les agriculteurs et bon pour la planète. Selon l’Observatoire des nouvelles tendances de consommation de l’institut Moaï, 50% de nos compatriotes font attention à consommer local et 11% pensent le faire bientôt (18% pour les 18-19 ans). Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), cueillette à la ferme et achat en direct des producteurs locaux se multiplient, la pression obligeant les enseignes de supermarché et hypermarché à renforcer leur offre. 51% des Français affirment être vigilants quant à l’origine géographique et la provenance du produit. En même temps, ils sont de plus en plus nombreux (60%) à lire lesingrédients ou la composition. D’où le succès du NutriScore (46% de nos concitoyens y font attention en 2022, contre 42% en 2021) et des applications nutritionnelles de type Yuka (45% des Français disent les utiliser). Le vert Depuis quelques années, sociologues et agents immobiliers constataient, pour une catégorie de la population française, le désir de quitter les métropoles pour une vie plus calme en périphérie des villes, dans des villes moyennes voire à la campagne, c’est ce que l’on appelle depuis la « néoruralité ». Cette migration significative vers les villes moyennes, les zones semi-urbaines ou rurales est plus sensible depuis la crise sanitaire, notamment initiée par de jeunes couples avec enfants à la recherche d’un logement-plus-grand-moins–cher-et-si-possible-avec-jardin-ou-grande-terrasse. D’autant que de nombreuses régions ou municipalités en France ont multiplié les incitations financières et lescampagnes de communication pour les attirer (Loiret, Sarthe, etc.). En même temps, sous l’influence de la récente crise sanitaire, les Français ont redécouvert le charme de l’Hexagone : le taux d’occupation des gîtes ruraux en 2022 est au plus haut, Airbnb a développé une offre « verte », et le tourisme local ne s’est jamais aussi bien porté avec de nouvelles offres plus durables : micro-aventure, wwoofing (ou comment bénéficier du gîte et du couvert en échange d’une tâche agricole ou de jardinage), randonnée à cheval, cyclotourisme, slow travel d’une virée en péniche ou encore staycation(contraction de stay et vacation) pour les citadins qui souhaitent s’évader en restant près de leur domicile… Le rapport travail/distance Pour toutes sortes de raisons, l’accélération en France depuis la crise du covid vers cette nouvelle norme d’organisation du travail qu’est le télétravail va perdurer sous la pression de l’État pour des raisons sanitaires, certes, mais également écologiques et d’économies d’énergie. Selon l’Ademe, un jour de télétravail entraîne une réduction de 69% du volume des déplacements par rapport à un jour au bureau. Mais, surtout, cette pratique a progressivement été adoptée par les salariés et est devenue un choix pour 68% d’entre eux, notamment en mode hybride (présentiel et distanciel), d’après le baromètre Télétravail et Organisation hybrides 2022 de Malakoff Humanis. Difficile aujourd’hui pour un directeur des ressources humaines de ne pas l’intégrer dans sa palette d’avantages s’il veut attirer et fidéliser des collaborateurs, et notamment les jeunes pour qui cette pratique présente celui de la flexibilité et du nomadisme, c’est-à-dire la possibilité de travailler d’où l’on veut.L’amélioration des infrastructures numériques sur le territoire et la montée en puissance du télétravail, la multiplication des « deuxièmes bureaux » (espaces de co-working, tiers lieux qui fleurissent dans les gares, les centres commerciaux, les lieux de restauration et même dans les zone rurales…),comme les appelle le sociologue Jean Viard, à proximité du domicile, a rendu plus facile le rapprochement entre le lieu de vie et le lieu de travail. Cette propension à mener sa vie en mode atawad (any time, any where, anydevice), notamment chez les jeunes, se retrouve dans leurs habitudes d’achat. Ils sont de plus en plus nombreux à acheter sur Internet. Selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), 84,9% des 15-24 ans et 91,7% des 25-34 ans (vs 41,8% des Français) ont procédé à des achats en ligne en 2021. Le marché total des ventes en ligne s’est élevé à 129 milliards d’euros en 2021 (+15,9% par rapport à 2020). Les produits les plus achetés sur Internet sont la mode/habillement (60%), les produits culturels (47%) et les jeux/jouets (45%). Et si Amazon est tellement plébiscité, c’est aussi pour la rapidité de ses livraisons (vive l’abonnement Amazon Prime !). Se faire livrer ses courses n’est plus une exception, et l’entrée dans la vie active de la génération Z (les 15-22 ans), génération grosse consommatrice d’Amazon, va encore bouleverser les comportements alimentaires des Français, car ils veulent se faire livrer tout, n’importe où et à n’importe quelle heure (fermant un peu les yeux sur les conditions de travail des livreurs et l’impact sur l’environnement). Outre les jeunes, la livraison à domicile de produits alimentaires séduit de plus en plus. Ciblant en priorité les habitants des grandes villes, l’offre commence à s’étendre avec succès dans les villes moyennes et en zone semi-rurale, alors qu’en même temps, les Français, fans de la vente à emporter, se sont mis à la livraison de plats à domicile. Enflammée par le covid, cette tendance ne faiblit pas et semble être bien ancrée dans nos habitudes puisqu’elle a bondi de 35% sur un an au premier trimestre 2022, après avoir progressé de 85% en 2021 comparé à l’avant-covid, selon une étude de NPD Group. D’après un sondage Ifop pour HelloMyBusiness, un tiers de nos compatriotes a commandé au moins une fois en 2022 un repas à domicile, et 23% une fois ou plus par mois (20% des 25-34 ans disent commander au moins une fois par semaine). L’usage vs la possession Troc, échange, partage, location, seconde main sont des comportements alternatifs qui entrent de plus en plus dans le quotidien des Français. Les plateformes proposant la location (de quelques heures à quelques mois) d’outils, de moyens de déplacement (bateau, auto, vélo, trottinette…), de logement saisonnier, de vêtements et d’accessoires et aussi plus récemment de piscine, d’un coin jardin avec barbecue ou de mobilier fleurissent sur Internet. Longtemps montrés du doigt, l’achat d’occasion, la location (voire la sous-location de voitures proposée directement par certains constructeurs), la revente, la seconde voire la troisième main ou le reconditionnement des objets sont des comportements qui sont désormais libérés de tout a priori. Pour une partie de la population, c’est une nécessité (conjoncture tendue, pouvoir d’achat en berne). Pour l’autre, c’est une conviction (démarche éthique, durable, lutte contre le gaspillage, notamment dans la mode et contre la fast fashion). « On est vraiment passé d’une logique de possession à une logique d’usage », commente Rémy Oudghiri. Le marché de la location, par exemple, est en plein essor. D’après l’Observatoire Moaï des comportements de consommation 2022, trois Français sur quatre se disent prêts à louer au moins une catégorie d’articles, et plus du quart déclare avoir déjà « loué plutôt qu’acheté », avec un effet générationnel très fort sur les 18-24 ans. La réparation, quant à elle, devient un must pour neuf Français sur dix. Il reste un domaine qui progresse peu : le covoiturage. Malgré les incitations gouvernementales, économiques et financières, les Français restent encore réservés. Ils ne sont que 6%, selon L’Observatoire France 2021 de Sociovision, à dire que c’est leur mode de transport préféré, loin devant la voiture, la marche à pied et le vélo. Pour les jeunes, il est vécu avant tout comme un « moyen de faire de l’argent ». La seconde main, a contrario, est véritablement entrée dans les mœurs. Une étude Tripartie estime le marché en France en 2022 à 7 milliards d’euros. Selon l’étude Fevad-Médiamétrie de janvier 2022, un e-acheteur sur deux a acheté sur Internet en 2021 des produits reconditionnés ou de seconde main. Pourquoi le font–ils ? Pour les uns, il s’agit de faire des économies (80%), pour d’autres d’acquérir des marques (51%) ou encore pour le plaisir de dénicher de bonnes affaires (50%). Les raisons écologiques ne viennent qu’en quatrième position (48%). Sept acheteurs sur dix ont déjà proposé des produits à la vente sur Internet. À la rentrée de septembre 2022, l’achat de seconde main a été une solution pour 10% des familles, selon l’Observatoire des familles 2022 réalisé par BVA pour Kiabi. Pascale Gourlot, directrice du développement chez Moaï, le souligne bien : « Les Français ont réellement adopté d’autres modes de consommation et se montrent très enclins à rallonger la durée d’usage des produits en s’engageant de plus en plus dans l’économie circulaire. Ces comportements, précise-t-elle, ne sont néanmoins pas uniquement motivés par l’objectif d’être “vertueux”, ils le sont aussi – et de plus en plus – pour des raisons financières. » Cette tendance serait portée par les plus jeunes : 38% des membres de la génération Z contre 27% pour les Millennials préfèrent louer ou acheter en seconde main, selon une étude Kantar de 2022. Et une enquête Ipsos pour eBay montre que 80% des 18-24 ans envisagent d’acheter plus d’occasion à l’avenir. Offrir un objet d’occasion ou reconditionné n’est d’ailleurs plus un tabou pour 28% des Français interrogés par Kantar en septembre 2022.Certains consommateurs vont encore plus loin et se tournent vers de « nouvelles » alternatives, qui s’émancipent de l’argent et installent un autre mode de transaction. « Des initiatives, comme des “free troc parties”, des réseaux de troc entre voisins, ou même des “plant swap parties” sont organisées et bénéficient de plus en plus de visibilité. Certaines sont même supportées ou créées par des marques, qui se plient au jeu et espèrent gagner autre chose que de l’argent », commentait en octobre 2021 Félix Mathieu, associé et directeur du planning chez Lonsdale**. Vers la déconsommation ? Reste la grande inconnue… Comment les contraintes de pouvoir d’achat, l’urgence climatique et le contexte militaire impacteront-ils les comportements des Français ? Yves Bardon parle d’une nouvelle catégorie de Français : les « surpris », ces Français qui découvrent tout à coup qu’ils n’étaient pas aussi aisés qu’ils le croyaient. De son côté, Promise Consulting met en évidence dans la troisième vague de son étude « Nouveaux comportements des consommateurs français » trois profils de consommateurs qui s’inscrivent progressivement dans une stratégie de réduction d’achat : les Récessionnistes(29%, +4 points), qui vivent dans une véritable contrainte économique ; les Minimalistes (22 %, +2 points), qui ont fait le choix de limiter leur consommation car le shopping n’est pas une priorité ; les Vigiles (19 %, +4 points), acheteurs précautionneux qui sont dans la procrastination. Ensemble, ils pèsent près des trois quarts de la population française. « Ce sont des profils d’autant plus à surveiller que si la France entrait en récession, ilsseraient probablement les premiers acteurs d’une baisse de la consommation »,souligne Philippe Jourdan, associé fondateur de Promise Consulting.
Pourquoi le Tesla d’Elon Musk reste un OVNI dans l’automobile
Autre indice que Tesla se normalise, les rabais annoncés fin 2022 aux Etats-Unis et en Chine. A la base, Elon Musk avait promis une voiture électrique à 35.000 dollars. Mais voilà qui ressemble fort aux pratiques des constructeurs traditionnels, habitués à sabrer les prix en fin d'année pour tenter d'accrocher les objectifs de volume annuels. « Tesla commence à jouer avec la variable prix parce qu'il lui faut éviter de détenir trop de stocks (il les porte lui-même, au contraire des autres constructeurs) et qu'il va lui falloir occuper ses deux nouvelles usines de Berlin et d'Austin, ajoute Jean-Pierre Diernaz, expert chez MotorK. Il se rapproche donc progressivement, de par son comportement, du monde de l'automobile. » LIRE AUSSI : Le spectaculaire et inattendu krach de Tesla en Bourse Certains y voient tout autre chose. « Il ne faut pas regarder ces baisses de prix avec des lunettes de constructeur, mais avec celles d'un géant de la tech », prévient Pierre Ferragu, de New Street Research. Selon l'analyste, très optimiste sur la valeur, Tesla fixe son prix pour maximiser son profit en augmentant la taille de son marché, comme Apple a pu le faire par le passé. « En sept ans, Apple a diminué de près de moitié le prix moyen de son iPhone, de 800 à 550 dollars, explique-t-il. Cela lui a permis de multiplier par 20 son marché, et de passer de 10 millions à 230 millions de ventes de smartphones, au pic du succès de l'iPhone. » Elargir les débouchés Pour les Etats-Unis par exemple, le segment allant de 64.000 à 76.000 dollars ne représente que 8 % du marché automobile, quand les véhicules dans la fourchette entre 55.000 à 65.000 dollars en pèsent 23 %. « Les investisseurs s'attendaient à ce que Tesla aille chercher la croissance à un moment ou à un autre en attaquant le marché moins haut de gamme, mais cela se produit plus rapidement qu'anticipé », écrivent les analystes de BofA Securities. LIRE AUSSI : Pourquoi Tesla a perdu de l'élan Cette stratégie de baisse des prix pourrait rogner, au moins à court terme, les marges exceptionnelles du spécialiste de la voiture électrique, ce qui le rapprocherait là encore de ses rivaux plus classiques. Tesla affichait en 2022 une marge de presque 20 %, presque trois fois plus que Ford et GM, et 1,5 fois plus que les constructeurs allemands et Stellantis. Une profitabilité qui le rapproche donc du segment luxe, malgré un volume de production (1,31 million de véhicules en 2022) qui n'a rien à voir avec les séries très limitées d'un Ferrari par exemple (environ 10.000 unités par an).
Renaissance Fusion, le fleuron français de la fusion nucléaire
La France est le pays phare de l'atome en Europe. Il était donc étonnant que la French Tech n'ait pas encore de start-up dans la fusion nucléaire capable d'attirer les investisseurs. Cette anomalie a été réparée avec Renaissance Fusion, une jeune pousse dirigée par le chercheur Italien Francesco Volpe, qui a levé 15 millions d'euros auprès de Lowercarbon Capital, HCVC, Positron Ventures et Norssken. Un montant significatif pour un tour d'amorçage mais qui, en même temps, reste une goutte d'eau au regard des défis que la start-up cherche à relever. Car la fusion nucléaire, promesse d'une énergie abondante, décarbonée et pilotable, est une course scientifique qui a démarré il y a près de cent ans et n'a pas encore abouti. A la différence de la fission nucléaire, elle consiste à fusionner deux noyaux atomiques en un seul plus lourd, libérant au passage une énorme quantité d'énergie. Le potentiel de cette technologie est séduisant, surtout dans un contexte de crise climatique. Mais il est bien difficile de prédire quand elle aura des applications commerciales… Percée aux Etats-Unis Il y a tout de même des motifs d'espoir : en décembre 2022, des chercheurs du laboratoire Livermore en Californie ont réussi à mener une réaction de fusion nucléaire produisant plus d'énergie que celle qui a été nécessaire pour la mettre en oeuvre. Une percée scientifique majeure saluée par l'administration Biden et qui a été rendue possible par l'utilisation de 192 lasers surpuissants convergeant vers un cylindre en or contenant une cible de deutérium-tritium renfermée dans une bille (la technique du confinement inertiel). Fusion Renaissance a choisi d'emprunter une voie différente pour atteindre le seuil d'ignition. La start-up grenobloise veut construire un réacteur à fusion nucléaire basé sur un stellarator, que les fondateurs décrivent comme une espèce de «beignet» qui a des points communs avec le tokamak utilisé dans le cadre du projet Iter . « L'un des problèmes de ce type de réacteur est qu'il est basé sur un confinement magnétique qui nécessite des aimants très puissants placés de manière très précise le long de la structure », décrypte Alexis Houssou, qui a investi dans Renaissance Fusion avec le fonds HCVC.
Le développement de l’Afrique freiné par l’insécurité et un recul de la démocratie
Les progrès dans le développement humain et économique en Afrique sont freinés par un « recul généralisé de la démocratie » et une « situation sécuritaire de plus en plus tendue », selon l’indice de la fondation Mo Ibrahim publié mercredi 25 février qui évalue la gouvernance sur le continent. « Même si le niveau moyen atteint par la gouvernance globale sur le continent est meilleur en 2021 qu’en 2012 », celui-ci « stagne depuis 2019 », note le rapport. « La majeure partie du continent est moins sûre et moins démocratique en 2021 qu’elle ne l’était en 2012 », poursuit le document qui souligne que la pandémie du Covid-19 a « accentué ces tendances préoccupantes ». Lire aussi : Pour la première fois en dix ans, la bonne gouvernance recule en Afrique L’indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) est fondé sur plus de 80 indicateurs classés en quatre sous-catégories : « sécurité et Etat de droit », « participation, droits et inclusion », « développement humain » et « fondements des opportunités économiques ». « En 2021, près de 70 % de la population du continent vit dans un pays où les conditions en matière de sécurité et Etat de droit se sont dégradées depuis 2012 », déplore l’étude qui note également un fort recul de la liberté d’association et de réunion. Entre 2012 et 2021, 23 coups d’Etat en Afrique L’indice relève toutefois que plus de 90 % de la population du continent vit dans un pays où le niveau de développement humain – qui prend en compte les accès à la santé, l’éducation, la protection sociale et un environnement durable – est supérieur à celui de 2012. Dans l’indice, les cinq pays les plus performants en matière de gouvernance, en prenant en compte l’ensemble des indicateurs, sont l’île Maurice, suivis des Seychelles, de la Tunisie, du Cap-Vert et du Botswana. Le Soudan du Sud est dernier derrière la Somalie et l’Erythrée. La Gambie est le pays dont la gouvernance a le plus progressé depuis 2012, alors qu’à l’inverse c’est en Libye qu’elle a le plus reculée. Lire aussi Mo Ibrahim : « Le manque d’avenir peut pousser certains jeunes vers le djihadisme ou la criminalité » Le rapport s’attarde également sur une « inquiétante décennie de coups d’Etat récurrents au Sahel », dénombrant que sur 29 coups d’Etat dans le monde entre 2012 et 2021, 23 ont eu lieu en Afrique et principalement dans la région sahélienne. Le Mali et le Burkina Faso, qui font face à des violences de groupes djihadistes sur leur sol et qui sont tous deux gouvernés par des juntes militaires, voient leurs indicateurs sécuritaires se dégrader fortement, dans l’indice.
Scandale Orpea : l’auteur des « Fossoyeurs » dénonce des semi-réformes
Le secteur des Ehpad est en crise, et « quand un secteur est en crise à ce point, il faut une loi de refonte », tranche Victor Castanet dans un entretien aux « Echos ». Le 26 janvier 2022, son livre « Les Fossoyeurs » avait déclenché le scandale Orpea. Un an et 170.000 exemplaires vendus plus tard, son format poche sort mercredi. En un an, le journaliste indépendant a gagné en poids : ses accusations envers les pratiques du gestionnaire d'Ehpad ont été confirmées , et il augmente son livre de dix nouveaux chapitres. Ces pages supplémentaires font le bilan d'un an de tempête et n'épargnent personne. Ni l'agence de communication d'Orpea Image 7, ni les officines d'influence digitale, qui ont tenté de décrédibiliser les « Fossoyeurs », ni le gouvernement. Il y est décrit comment la Macronie a empêché la tenue d'une commission d'enquête parlementaire sur Orpea à la sortie du livre. « Elle aurait pu apporter une réponse non pas judiciaire mais politique, pour ouvrir la porte à un changement de la loi » sur le secteur, regrette Victor Castanet. Loi grand âge enterrée Il n'y a toujours pas de projet de loi grand âge. Emmanuel Macron avait promis en 2018 une loi sur le financement de la dépendance pour 2019, qui n'a pas vu le jour. Puis promis en 2020 une loi grand âge pour 2021, mais rien. Finalement, cette loi a disparu en 2022 de son programme présidentiel et le scandale Orpea ne l'a pas fait réapparaître. LIRE AUSSI : Affaire Orpea : les 7 lourdes charges à retenir du rapport gouvernemental Dépendance : alerte sur les finances des Ehpad publics « Les faits sont têtus, et si on se refuse à les regarder en face, les mêmes drames se reproduiront. Encore faudrait-il […] que le pouvoir exécutif s'empare vraiment du sujet. Cela n'a pas été le cas, malheureusement, dans la crise Orpea. Une autre sorte de fossoyeurs… », dénonce la version actualisée du livre. Seule existe à ce stade une proposition de loi déposée mi-décembre par des députés, « portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir en France ». Son devenir est incertain. Trous dans la raquette L'Etat a toutefois sorti en urgence au printemps 2022 un décret interdisant certaines pratiques d'Orpea - comme de passer en profit les remises de fin d'année obtenues des fournisseurs sur des achats payés avec l'argent public. Une plateforme numérique pour recueillir les signalements de maltraitances en Ehpad va par ailleurs être lancée « prochainement » pour « libérer la parole » et faciliter leur suivi, a annoncé mardi le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe. Mais plutôt que de continuer à boucher les (nombreux) trous dans la raquette réglementaire, « il faudrait restructurer le secteur, le refinancer, l'encadrer d'une nouvelle manière et lui apporter une vision », oppose Victor Castanet.
Scandale FTX : la cryptosphère échappe à des règles dures
Après la faillite retentissante de FTX, la tentation était grande de durcir les règles applicables au secteur des cryptos. Mi-décembre, le Sénat y a succombé, en votant un article 5 bis déposé à la dernière minute par le sénateur centriste de l'Eure, Hervé Maurey, dans un projet de loi sur des dispositions d'adaptation au droit de l'Union européenne dans les domaines de l'économie, de la santé, du travail. Cet article imposait à tout acteur voulant exercer la profession de prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) d'être agréé au préalable par l'Autorité des marchés financiers (AMF), dès le 1er octobre. Les députés n'ont pas adopté la même position. Mardi soir, ils ont voté un autre amendement, celui de Daniel Labaronne. Ce député du groupe Renaissance, a totalement réécrit l'article 5 bis, dans le but de protéger davantage les investisseurs sans pour autant « fermer de manière anticipée l'écosystème », selon ses propos. Il n'y aura donc pas d'agrément obligatoire, mais, à la place, un enregistrement renforcé. Explications. En France, depuis la loi Pacte, seul l'enregistrement des PSAN est obligatoire. L'agrément est facultatif. Entre les deux, la différence est de taille. L'enregistrement correspond au premier niveau d'autorisation. Il se limite à des vérifications ciblées sur l'honorabilité (contrôle de l'identité, du casier judiciaire notamment), la compétence (attestation sur l'honneur, curriculum vitae) des dirigeants et des actionnaires significatifs de l'entreprise, et sur les dispositifs de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Agrément plus contraignant L'agrément, lui, est plus contraignant. Les plateformes doivent apporter des garanties plus importantes, notamment en matière de fonds propres, plus proches de celles demandées aux acteurs financiers. Elles doivent prouver qu'elles ont des systèmes permettant de lutter contre la cybercriminalité, donner des assurances de résistance en cas de fluctuations des marchés, avoir des règles strictes pour éviter les conflits d'intérêts. A ce jour, aucun acteur n'a encore été agréé. Quelques demandes sont en cours. Pour les acteurs de la cryptosphère française, l'article 5 bis tel que rédigé par le sénateur Hervé Maurey aurait mis les acteurs en danger : trop coûteux, trop dissuasif, il aurait freiné l'innovation et aurait nui à la compétitivité française. « Cela aurait été un très mauvais signal pour l'industrie. On a passé des mois à discuter et à réfléchir avec les autorités à une réglementation qui permette de protéger les épargnants et en même temps de ne pas freiner l'innovation », explique Ludovic de Froissard, co-fondateur de Cryptech, une fintech qui a obtenu un enregistrement auprès de l'AMF en juillet dernier. Au niveau européen, ces discussions ont d'ailleurs donné naissance au règlement MiCA, qui entrera en vigueur dès 2024 et qui imposera l'agrément obligatoire pour les PSAN (avec une période transitoire de 18 mois possible pour les acteurs bénéficiant déjà d'un enregistrement). Au final, l'enregistrement sera renforcé pour les nouveaux acteurs. Ils seront soumis à des obligations nouvelles qui constitueront demain « des prérequis communs pour être en conformité avec la réglementation européenne ». Cela signifie avoir un système de sécurité adéquat, une politique interne de gestion des conflits d'intérêts, une communication claire et non trompeuse vis-à-vis des clients. Plus contraignant, ce dispositif devrait permettre aux investisseurs d'être mieux protégé, tout en préservant l'écosystème. Sauf que le projet de loi n'est pas définitif. Il va sans doute passer devant une commission mixte paritaire car le texte voté au Sénat et à l'assemblée est différent. Un compromis va devoir être trouvé. Aura-t-il lieu sur ce fameux article 5 bis ?
Celebrity Cruises crée son métavers pour inspirer les voyageurs
Celebrity Cruises a créé son « Wonderverse », un métavers dans lequel il est possible d’explorer un navire, de discuter avec des designers et des officiels et d’avoir un aperçu des destinations desservies par la compagnie de croisières . Avec son « Wonderverse », Celebrity Cruises a voulu créer une expérience immersive de la marque et de ses navires. Accessible depuis un site internet, ce lieu virtuel permet de découvrir le nouveau navire de la série Edge®, le Celebrity BeyondSM, en se déplaçant dans les différents espaces (Resort Deck, Grand Plaza, Sunset Bar, etc.) via son avatar personnalisable. Plusieurs lieux sur le navire permettent d’explorer les destinations desservies par la compagnie telles que Santorin en Grèce, Sainte-Lucie dans la mer des Caraïbes ou encore Tokyo au Japon. Des informations générales sont données sur ces destinations en cliquant sur plusieurs points d’intérêt. Un bouton « Book Now » renvoie vers le site de la compagnie Celebrity Cruises pour ceux et celles qui auraient été convaincus de cet aperçu virtuel et souhaiteraient réserver un séjour. Les utilisateurs ont la possibilité de discuter avec d’autres internautes présents sur le navire via une fenêtre de tchat. Ils peuvent aussi discuter avec les avatars de designers et concepteurs du bateau, ainsi qu’avec les principaux dirigeants de la compagnie, telle que Lisa Lutoff-Perlo, présidente et CEO de Celebrity Cruises, par le biais de questions et de réponses pré-établies. Des mini-jeux sont également proposés dans le métavers de la compagnie. « Le Wonderverse nous permet de donner vie à toute la richesse et à la multiplicité des expériences que l’on peut vivre à bord, et ce, d’une manière passionnante et inégalée, comparée aux outils marketing et publicitaires traditionnels. Nous sommes convaincus que nous pouvons aller encore plus loin en créant d’autres expériences que recherchent nos consommateurs. », déclare Michael Scheiner, directeur marketing de Celebrity Cruises.
Le Train : la nouvelle compagnie ferroviaire se lancera sur les rails d’ici 2025
La compagnie privée française Le Train a annoncé la commande de dix trains à grande vitesse pour la région Grand Ouest dans l’objectif de se lancer sur les rails d’ici 2025. Créée en 2020, la compagnie ferroviaire souhaite « opérer un trafic grande vitesse intra et interrégional en commençant pas le Grand Ouest » avec des dessertes entre Bordeaux et Angoulême ou bien encore Bordeaux et Rennes. Son directeur général, Alain Getraud, a annoncé cette semaine la commande de dix rames à l’acteur ferroviaire espagnol Talgo, avec la possibilité d’en acheter davantage durant 10 ans. Son objectif : proposer une offre différente et complémentaire de celle de la SNCF, notamment sur la ligne Tours-Bordeaux opérée par la SNCF. Ces nouvelles rames bénéficieront d’un design sur mesure et permettront d’embarquer des objets volumineux comme des planches de surf ou des vélos et pourront rouler jusqu’à 320km/h. Le total de l’investissement s’élève à environ 300 millions d’euros avec une mise en service d’ici 2025. Si l’opérateur souhaite commencer par le Grand Ouest, il ambitionne déjà de doubler sa flotte rapidement pour étendre son réseau au niveau national. > A lire aussi : GLVA23 – La distribution du contenu ferroviaire, toute aussi importante que NDC Côté tarif, Le Train proposera des billets inférieurs à ceux de la SNCF mais plus élevés que des trajets en OUIGO avec une seule et unique classe disponible. A bord, pas de wagon bar mais un « concept store » où il sera possible d’acheter de quoi se restaurer. Concernant la connexion Wi-fi, cette dernière devrait être disponible pour les voyageurs et permettre d’envoyer des mails et de travailler durant le trajet.
Cosmétiques : Valmont analyse la peau par intelligence artificielle via internet
La maison Valmont, marque suisse de cosmétiques créée il y a 40 ans, propose un diagnostic de la peau par intelligence artificielle depuis son site web. L’entreprise fait appel à la solution technologique de Perfect Corp, qui est également employée chez Dior. Dynamiser le parcours d’achat sur internet Cette nouvelle expérience interactive doit dynamiser le parcours d’achat sur internet des clientes de Valmont. Valmont propose cette expérience à l’occasion du lancement de sa gamme de produits V-FIRM, un trio de soins visant à restaurer le volume et la fermeté de la peau. L’analyse de la peau se déroule autour de 5 paramètres clés, la fermeté, les rides, l’éclat, la fatigue et l’hydratation. Le diagnostic est réalisé en utilisant la caméra du mobile, et en y combinant une technologie d’intelligence artificielle pour scanner la peau. Ce diagnostic ultra rapide recommande une routine de soin Valmont sur mesure. « Les consommateurs de cosmétiques de luxe sont extrêmement exigeants » explique Fabienne Le Tadic, Chief Strategy Officer du groupe Valmont. Le diagnostic de peau analyse 5 critères, fermeté, rides, éclat, fatigue et hydratation Un service interactif proposé dans 50 pays Le service est proposé aux consommateurs de 50 pays afin d’obtenir une analyse de peau détaillée et une routine beauté individualisée en quelques secondes. « L’intégration de ce diagnostic les aide à s’assurer qu’ils achèteront les produits les plus adaptés à leurs besoins lors d’un achat sur internet » poursuit-elle. Le nouvel outil est également un support pour accompagner les vendeuses en magasins pour des recommandations personnalisées. « Nous voulons démontrer aux clients Valmont la cohérence de l’expérience de marque, en particulier depuis le off-line vers le on-line » termine-t-elle. Valmont opère depuis près de 40 ans et propose trois marques de prestige, Valmont, marque de cosmétiques, L’Elixir des glaciers et Storie Veneziane by Valmont, une gamme de parfums. Valmont, propose également une expérience spa. La marque est distribuée dans 50 pays en grands magasins, parfumeries, SPA et hôtels de prestige, ainsi que dans les boutiques La Maison Valmont, et sur le site lamaisonvalmont.com.