Scoop.it

La France n’est pas encore prête à faire face au réchauffement climatique

Les trois quarts du pays accablés par une sécheresse exceptionnelle des sols, des rendements agricoles qui plongent de 10 % à 30 %, une production d'hydroélectricité inférieure de 20 %, une facture « catastrophes naturelles » de près de 3 milliards d'euros pour les assureurs, 72.000 hectares partis en fumée, plus de 2.800 décès supplémentaires… Dans son cinquième rapport annuel publié ce mercredi soir, le Haut Conseil pour le climat (HCC) a choisi d'égrener les ravages de l'été dernier dès les toutes premières pages. Car s'il fut hors norme, l'été 2022 risque fort de devenir un été banal en 2040 , prévient l'instance installée par Emmanuel Macron en 2018 pour scruter la stratégie du gouvernement en matière de climat. Or, la France, pourtant plus exposée aux conséquences du réchauffement que la moyenne, « n'est pas prête à y faire face, comme 2022 l'a démontré », a alerté la présidente du HCC, Corinne Le Quéré lors de la présentation de ce document de 200 pages qui comporte plus d'une centaine de recommandations, remis à l'exécutif quelques jours avant des annonces très attendues sur les grandes lignes de la planification écologique . Changer d'échelle Malgré un engagement exceptionnel de moyens, « les dispositifs de prévention et de gestion de crise n'ont pas permis d'éviter toutes les conséquences des événements » de l'année dernière, souligne la climatologue. Cette année « emblématique de l'intensification des effets du changement climatique » illustre de manière flagrante le besoin « d'acter l'urgence », exhorte le HCC. LIRE AUSSI : Climat : la France doit se préparer à l'éventualité d'un violent réchauffement INTERVIEW - « Les températures extrêmes actuelles sont toutes liées au changement climatique » Mais aujourd'hui, « l'adaptation se fait largement dans un mode réactif, ce qui ne suffit pas à prévenir les impacts futurs », pointe Corinne Le Quéré, qui met en garde : « il est probable que l'équilibre du système d'assurance en France, dans sa configuration actuelle, ne soit pas pérenne compte tenu de l'accroissement de la sinistralité au fil des décennies ». L'adaptation doit « changer d'échelle », dit-elle, et devenir « transformatrice » en s'appuyant sur les connaissances scientifiques des impacts pour les années à venir. Le cadre de référence annoncé par le gouvernement de s'adapter selon une trajectoire à +4 °C est un bon premier pas, estime le HCC. Baisse des gaz à effet de serre Dans ce contexte, la baisse rapide des émissions de gaz à effet de serre est « plus que jamais essentielle » pour contenir l'intensification des risques, selon le HCC. En 2022, les émissions ont encore reculé de 2,7 % par rapport à 2021 (en excluant les puits de carbone). Les efforts sont là, mais le rythme reste insuffisant : pour atteindre les objectifs fixés pour 2030, il doit « presque doubler », alerte le Haut Conseil pour le climat. Pour l'heure, seul le secteur du bâtiment voit ses gaz à effet de serre diminuer suffisamment (-17 % en 2022). Selon le scénario du partage de l'effort entre secteurs qui sera déterminé par le gouvernement, le HCC estime que le rythme de baisse des émissions devra être multiplié par un facteur 3,5 à 5 pour les transports et l'énergie, 1,25 à 3,5 pour l'agriculture, 1,4 à 1,6 pour l'industrie et 1,6 à 1,9 pour les déchets.

By |2023-06-29T16:51:41+00:00June 29th, 2023|Scoop.it|0 Comments

Ces nouveaux métiers de plus en plus recherchés dans la French Tech

L'écosystème des start-up participe à la création et la mise en avant de nouvelles compétences. Avec un vocabulaire singulier et parfois complexe, de nouveaux métiers émergent dans le milieu, quand d'autres viennent du monde plus traditionnel, comme le directeur des affaires publiques. Un poste qui figure parmi les cinq métiers les plus recherchés dans la French Tech dans les prochaines années, d'après une étude de France Digitale avec Actual Group. Portrait de trois d'entre eux. 1- X-Ops Les « ops » garantissent que chaque individu puisse se concentrer pleinement sur son domaine d'expertise sans devoir s'occuper des tâches des autres. « A l'origine, ce métier est né et a grandi dans le milieu du développement, en étant axé sur l'optimisation de la livraison de code avec les devOps » explique Cécile Plessis, la dirigeante et fondatrice de HR4Team, une start-up qui accompagne les entreprises dans la gestion de leurs enjeux de ressources humaines. Mais ce métier a désormais pris une nouvelle dimension et englobe tous les aspects de l'efficacité organisationnelle. On les appelle « MLOps », « DataOps », « FinOps »… « On en voit également de plus en plus apparaître dans les ventes pour que les commerciaux se concentrent mieux sur leur métier. Dans les ressources humaines, le 'people ops', va par exemple gérer l'ensemble de la partie administrative pour que les équipes se concentrent sur leurs compétences », ajoute Cécile Plessis. Les X-Ops doivent disposer d'une vision globale de l'ensemble des activités de l'entreprise. Leur objectif principal ? Transformer une start-up en scale-up prospère. 2- Comptable carbone et diversité Avec l'obligation faite aux sociétés de plus de 500 salariés de réaliser un bilan carbone (et de 250 salariés d'ici à 2024), les questions énergétiques et environnementales sont plus que jamais sur la table des start-up.  Dans les démarches de RSE, la prise en compte de la diversité et de l'inclusion est également devenue incontournable. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE Comment les start-up se ruent sur le marché des bilans carbone des entreprises Ces nouvelles start-up qui verticalisent la mesure carbone « L'accélération vient en partie des demandes de reporting des fonds de capital-risque dans le cadre de leurs propres obligations liées à SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), mais aussi et surtout, à l'anticipation de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), cette directive européenne qui va venir bouleverser les relations commerciales entre start-up et grands groupes », explique France Digitale.  Pour collecter et analyser toutes ces données extra-financières, les start-up doivent se doter de nouveaux métiers, comme les comptables carbone et diversité. Car pour France Digitale, « les traditionnels experts-comptables » ne sont pas formés pour ça. « Il y a urgence à faire émerger de nouveaux experts avec une forte connaissance financière et opérationnelle pour devenir les nouveaux alliés du comex, et tout particulièrement des directeurs financiers », estime l'association. 3- Chief free-lance officer 73 % des salariés du digital en contrat à durée indéterminée (CDI) envisagent de changer de poste d'ici deux à trois ans et, parmi ceux qui ont déjà franchi le pas, 7 free-lances sur 10 souhaitent le rester, selon une étude réalisée par le cabinet BCG pour Malt, la plateforme de mise en relation entre indépendants et entreprises.  Pour Vincent Huguet, le fondateur de Malt, cette mutation du rapport au travail a permis à de nombreuses petites structures d'accéder à des compétences extrêmement recherchées sans avoir à s'engager outre mesure, met en avant l'étude. Dans les start-up en croissance, on observe une hausse des prestations ponctuelles dans l'infographie, le développement, le community management… « Il y a une vraie diversification des profils et du modèle contractuel, entre les salariés, les free-lances et les prestataires » ajoute-t-elle. « Actuellement, ce sont les DRH qui chapeautent l'ensemble, car il est important de les traiter exactement de la même manière pour maintenir une culture unique d'entreprise », souligne la dirigeante. D'après France Digitale, le chief free-lance officer peut avoir la responsabilité de l'intégralité du processus ou travailler avec le service des ressources humaines pour la rédaction de l'offre, le sourcing, le tri des candidatures et la sélection. Un rôle qui doit permettre à l'entreprise d'optimiser la flexibilité de sa masse salariale.

By |2023-06-28T22:19:35+00:00June 28th, 2023|Scoop.it|0 Comments

Automobile : le long et dur chemin vers la rentabilité des voitures électriques

La route vers l'électrification de l'industrie automobile est droite, mais la pente est forte. En treize ans, la part de l'électrique dans les ventes de voitures neuves doit passer de 12 % à 100 % en 2035. A cette date, la vente de voitures thermiques sera interdite sur le Vieux Continent . Le défi des constructeurs sera de trouver, ce faisant, le chemin de la profitabilité pour cette nouvelle motorisation, ressort-il d'une étude présentée mardi par AlixPartners. Passer du moteur thermique à la « voiture à batterie » nécessite en effet de très lourds investissements, que les volumes de ventes ne pourront pas amortir dans un premier temps. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Aston Martin espère s'inventer un brillant avenir dans l'ultra-luxe et l'électrique Automobile : Lordstown, ancienne coqueluche de Wall Street, fait faillite Renault mise plus que jamais sur Ampere, sa future filiale électrique Les investissements annoncés ont doublé ces deux dernières années, relèvent les consultants d'AlixPartners. Ils atteignent 616 milliards de dollars sur la période 2023-2027, contre 330 milliards entre 2021 et 2025. « La plus grande partie de cette somme est allouée à la construction d'usines de batteries », précise Alexandre Marian, directeur associé chez AlixPartners. Effets d'échelle hors de portée à court terme Les volumes de ventes ne seront pas au rendez-vous pour rentabiliser à moyen terme cette mise de fonds initiale. « Les effets d'échelle demeureront hors de portée de la plupart des constructeurs ces prochaines années, le nombre de voitures fabriquées par type de plateforme restant en deçà de ce qu'ils connaissent dans le thermique jusqu'en 2030 », explique Laurent Petizon, également directeur associé chez AlixPartners. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Fin du thermique : ces constructeurs automobiles qui avancent plus vite que l'Europe EN CHIFFRES - La croissance des ventes de voitures électriques va faire diminuer la demande mondiale de pétrole En 2023, les groupes automobiles écouleront en moyenne 109.000 unités pour une plateforme électrique , contre 227.000 pour une plateforme thermique. Cet écart ne se comblera, progressivement, qu'à la fin de la décennie. Aucun constructeur généraliste ne publie pour l'instant sa rentabilité par type de motorisation, sauf un. Ford a dévoilé au printemps qu'il tablait sur une perte de 3 milliards de dollars en 2023 sur son activité électrique, baptisée « Ford Model e ». De manière générale, préviennent les analystes de Moody's Investor Services dans une étude récente, « la rentabilité des voitures électriques restera pendant des années en deçà de leurs cousines thermiques, jusqu'à ce que leurs volumes de production décollent ».

By |2023-06-28T15:00:12+00:00June 28th, 2023|Scoop.it|0 Comments

TGV vs vols court-courriers : la France pourrait économiser près de 200 000 tonnes de CO2 par an

Un mois après la publication du décret entérinant la suppression des lignes aériennes en cas d’alternative en train de moins de 2h30, qui concerne trois liaisons en France, Mabrian Technologies a voulu imaginer un déploiement plus large de cette mesure. « Nous ne souhaitons pas alimenter la controverse, mais aller au-delà de cette information. Cela permet d’éveiller les consciences et de montrer que la France peut se doter de moyens pour aller encore plus loin », explique Christophe Ramaciotti, Responsable développement France de Mabrian Technologies. Dans son étude, l’entreprise affirme que la France pourrait économiser jusqu’à 194 000 tonnes de CO2 par an en remplaçant l’avion par le train à grande vitesse pour des trajets inférieurs à 500 km. Une restriction qui pourrait concerner 3,7 millions de passagers par an sur 78 liaisons. Cinq liaisons aériennes sont particulièrement concernées dans cette hypothèse car à elles seules, elles représentent 60% des émissions de CO2 : Paris CDG – Lyon, Paris CDG – Nantes, Lyon – Bordeaux, Lyon -Toulouse et Bordeaux – Marseille. Pour effectuer ce calcul, Mabrian Technologies se base sur son propre outil de calcul des émissions de CO2 dans l’aérien (basé sur le type d’appareil utilisé et le taux d’occupation moyen) et sur les données de son partenaire Ecopassenger.org pour la partie ferroviaire. Plusieurs sources qui lui permettent d’évaluer que le CO2 total émis par les avions pour les trajets courts en France (500 km ou moins) est de 216 000 tonnes par an. Le train à grande vitesse émettrait, lui, 22 000 tonnes par an pour les mêmes trajets. Une culture du train à développer L’étude rappelle que la différence d’émissions de CO2 entre l’avion et le train est particulièrement élevée en France en raison du pourcentage élevé d’électricité verte consommée par le train. Cette exception française est un avantage pour réduire les émissions de gaz à effet de serre selon Mabrian Technologies. Autre particularité, la culture du train assez ancrée chez les Français. « Je pense que les Français sont plus enclins à favoriser le train que leurs homologues européens. Nous sommes les pionniers du TGV et convertir ces liaisons demanderait moins d’effort », observe Christophe Ramaciotti. Pour lui, le développement de l’offre des trains de nuit montre une volonté des passagers de reconsidérer le voyage. Un défi majeur pour l’Hexagone L’entreprise identifie néanmoins plusieurs freins à l’extension de cette mesure. Tout d’abord, l’infrastructure ferroviaire actuelle en France ne serait pas en mesure de couvrir toutes les liaisons concernées avec des TGV. Cela demande du temps et de l’argent. Si de nouvelles lignes ferroviaires voyaient le jour, les émissions produites lors de leur construction pourraient mettre des années à être compensées, ce qui ajoute une couche de complexité à l’évaluation de l’impact sur l’environnement de la mesure. Mais pour Mabrian Technologies, « il s’agit sans aucun doute d’un défi majeur pour l’Hexagone ». L’extension de cette restriction pourrait aider à faire de la France la première destination touristique durable au monde d’ici 2030, comme le souhaite le gouvernement.

By |2023-06-28T14:31:55+00:00June 28th, 2023|Scoop.it|0 Comments

Les voyageurs du Grand Paris Express auront accès à un réseau Wifi gratuit –

L’opérateur de réseaux privés du groupe ADP a été sélectionné par la Société du Grand Paris pour déployer et exploiter le réseau Wifi et IoT sur l’ensemble des gares et rame du futur métro du Grand Paris Express. Un chantier pharaonique sur plus de 200 kilomètres de voies supplémentaires qui devrait s’étaler jusqu’en 2030. Seront concernées, les 65 gares et 170 rames de métro qui se trouveront sur les futures lignes 15, 16, 17 et 18 et le prolongement de la ligne 14 vers Orly. Actuellement, les réseaux du métro francilien et du RER ne disposent que d’une connexion 4G (depuis 2020) mais pas de réseau Wifi, hormis quelques gares comme Place d’Italie, Chaussée d’Antin ou bien encore Châtelet. Pour les usagers du Grand Paris Express, l’accès au réseau sera gratuit et servira de « socle à la vocation de désenclavement numérique des territoires traversés par le Grand Paris Express », a déclaré  Henri Tallon, directeur de la BU télécom de Hub One.

By |2023-06-28T14:25:17+00:00June 28th, 2023|Scoop.it|0 Comments

Alpine précise son plan pour devenir la pépite de Renault

Alpine veut convaincre du sérieux de ses ambitions. La marque sportive du groupe Renault a expliqué, ce lundi matin dans un communiqué de presse, comment elle compte faire grimper son chiffre d'affaires jusqu'à 8 milliards d'euros en 2030. Le directeur général du constructeur, Luca de Meo, doit donner des précisions supplémentaires dans l'après-midi, lors d'une réunion analystes organisée dans les locaux de l'écurie Alpine de F1, à Enstone (Angleterre). Les objectifs financiers annoncés en novembre lors du plan « Révolution » sont confirmés. Alpine vise une croissance annuelle de son chiffre d'affaires de 40 % jusqu'en 2026, pour atteindre 2 milliards d'euros à cette date, avec des comptes à l'équilibre. A la fin de la décennie, la marge opérationnelle doit être supérieure à 10 %. Un cabriolet et la relève de l'A310 Pour y parvenir, la marque ne prévoit plus cinq, mais sept lancements de nouveaux modèles d'ici 2030. La première vague restera constituée par le « garage de rêve » : l'A290, la petite citadine sportive inspirée de la R5 électrique, ouvrira le bal l'an prochain. Suivront un Crossover GT de segment C, qui sera produit dans la manufacture historique de Dieppe, et la nouvelle A110, 100 % électrique elle aussi , qui sera dans les concessions « d'ici fin 2026 », précise le communiqué. Alpine annonce à cet horizon deux nouveaux modèles : « un cabriolet inédit basé sur l'A110 », et « la nouvelle A310, un coupé sport 4 places », qui s'inscrira dans la lignée du modèle vendu par la marque dans les années 1970. A cela s'ajouteront en 2027-2028 deux gros véhicules des segments D et E (certainement des SUV), taillés pour une expansion commerciale vers les Etats-Unis et l'Asie. Au total, « l'idée est de passer d'un segment de niche à une marque complète et globale », résume Laurent Rossi, le patron de la marque. LIRE AUSSI : Alpine dévoile la ligne de sa future citadine 100 % électrique Renault en quête d'investisseurs pour Alpine Sur le plan technique, la future A110, le cabriolet et l'A310 s'appuieront sur une nouvelle plateforme 100 % électrique et modulable, qui sera développée en interne. Longtemps étudiée, une collaboration avec la marque Lotus pour utiliser une de ses bases techniques a finalement été écartée. Développer une plateforme représente généralement une dépense qui se chiffre en centaines de millions d'euros. Le groupe promet qu'il « capitalisera sur les ressources internes de l'entreprise afin de réaliser des économies d'échelle ». De nouveaux investisseurs dans l'écurie Cette salve de lancements, associée à l'expansion géographique de la marque, nécessitera de gros investissements, que Renault ne va pas supporter seul. Le groupe a ainsi annoncé, ce lundi, l'arrivée de nouveaux partenaires dans l'écurie de Formule 1. Un trio de fonds, dont celui lancé par l'acteur américain Ryan Reynolds, va investir un total de 200 millions d'euros, ce qui leur octroiera 24 % du capital. Comme il l'a dit en novembre dernier, le constructeur recherche également un ou des investisseurs pour entrer au capital de la marque. La présentation des atouts d'Alpine aux analystes financiers rentre dans cet objectif. A ce stade, un renforcement des liens avec Geely représente la piste la plus probable.

By |2023-06-26T11:06:20+00:00June 26th, 2023|Scoop.it|0 Comments

Le mythe Patagonia mis à mal par des accusations de trafic et d’exploitation d’êtres humains

Cinquante ans tout juste après sa création, Patagonia s’est imposé – du moins en apparence – comme le symbole du retailer vertueux au sein d’une industrie qui l’est malheureusement beaucoup moins. La marque américaine – l’Argentine n’avait initialement rien à voir là-dedans – s’est toujours vanté d’être plus qu’un simple fabriquant de textile, notamment en affichant fièrement son affiliation à la Fair Labor Association, une ONG qui consiste à promouvoir le respect des lois internationales et nationales du travail – Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia en était le principal instigateur –. De son côté, le site web de l’entreprise sert autant d’outil éducatif sur la responsabilité environnementale et sociale – rempli d’informations sur la préservation des terres au Chili, l’étiquetage des produits à base d’OGM, l’approvisionnement responsable… – qu’une boutique en ligne. Une conception de ce que doit être une entreprise qui semble à des kilomètres de celle du célèbre économiste américain, et ardent défenseur du libéralisme, Milton Friedman, qui stipulait que : « la mission exclusive de l’entreprise est d’accroître les profits de ses actionnaires ». La RSE ? Très peu pour lui. Non. Patagonia s’était destiné à devenir cette grande maison aimée et respectée pour ses valeurs et son engagement auprès de ses consommateurs. L’année dernière, la marque a même été classée dans le groupe de tête des entreprises les plus réputées sur la base de critères tels que la qualité de ses produits, la confiance que lui accordent les consommateurs, la citoyenneté et l’éthique. Une autre prise de position forte qui a suscité beaucoup d’admiration à la rentrée 2022 : Yvon Chouinard décidait de faire don de son entreprise, valorisée à trois milliards de dollars, à la planète… Le sapin qui cache la forêt ?   Le début des ennuis En 2011 déjà, le mythe se fissurait. Une série d’audits internes avaient alors révélé de nombreux cas de trafic, d’exploitation et de maltraitance d’êtres humains sous-payés. Le rapport s’était focalisé, non pas sur les principaux fournisseurs de Patagonia – à savoir les usines qui assemblent ses produits –, qui avaient également été accusées de sévices similaires quatre ans auparavant, mais sur les factories qui transforment les matières premières pour produire les matériaux utilisés ensuite dans la fabrication des produits. Environ un quart de ces usines étaient basées à Taïwan et la majorité d’entre elles se retrouvaient dans le viseur de Cara Chacon, directrice de la RSE, et Thuy Nguyen, responsable de la supply chain, à l’origine de ces audits. Bien sûr, il peut paraître choquant qu’une entreprise aussi publiquement engagée en faveur de process de travail éthique puisse commettre de telles violations dans sa chaîne de production, la nouvelle est moins surprenante si l’on tient compte du mode de fonctionnement de l’industrie toute entière, composée d’un réseau de supply chain tentaculaires qui s’étendent à travers le monde entier. Au risque de se faire l’avocat du diable, le résultat de ces audits serait donc moins l’expression d’une certaine hypocrisie de Patagonia que de la grande difficulté à vérifier la bonne tenue de chaque étape du processus de production et de distribution pour une marque de cette envergure. Doug Freeman, directeur des opération Patagonia, avait même déclaré que personne dans l’entreprise «  ne pouvait imaginer cela au moment d’entamer l’audit. Très bien tout cela… mais aujourd’hui quelle excuse ?     Les polémiques s’enchainent… Selon un rapport publié récemment par FTM – Follow The Money – un collectif journalistique d’investigation, a découvert que l’entreprise fabrique ses vêtements dans les mêmes usines que certaines enseignes de fast fashion. Kevin Fernando, le directeur de l’usine Regal Image, située au Sri Lanka, qui produit également des vêtements pour Primark et d’autres enseignes du même acabit, a même déclaré à un journaliste de FTM venu visiter la factory qu’il n’y avait « aucune différence entre le fait de travailler pour l’un ou pour l’autre ». Patagonia a récemment autorisé Regal Image à devenir fournisseur officiel, rappelant au passage que la marque « ne travaille qu’avec des usines qui partagent ses idées et sa philosophie ». Patagonia collabore avec 61 usines au total, dont 12 sont situées dans des pays à bas salaires, notamment deux aux États-Unis, une au Portugal, et le reste dans des pays dits de « bas salaire », comme par exemple au Sri Lanka et au Vietnam. Toujours selon FTM, ses employés travaillent jusqu’à 17 heures par jour, bien au-delà de ce que le code de conduite de l’entreprise permet et de ce que la loi autorise, bien évidemment. La directrice du syndicat Stand Up Lanka, Ashila Niroshine Dandeniya, explique également que pour répondre à ses objectifs, une consommation croissante de drogue aurait été observée parmi les travailleurs « pour travailler plus vite » et « lutter contre la faim ».     … la coupe est pleine Un autre enseignement terrible de cette enquête concerne des conditions de travail particulièrement difficiles pour les ouvrières qui se déclarent être les victimes d’un harcèlement moral et sexuel constant : « Ils nous parlent comme si nous étions des animaux », révélait ainsi Priya qui travaille dans une autre usine contractée par la marque. « Le directeur est un homme terrible qui touche tout le monde d’une façon étrange et si vous répliquez  vous êtes accusée d’avoir un problème », ajoute-t-elle. Leur rémunération est également dans le viseur de FTM puisque selon les informations recueillies, seuls 40% de ses sous-traitants répondent aujourd’hui à l’objectif de Patagonia de verser d’ici 2025 un salaire de subsistance à toutes les personnes travaillant pour elle. Les employés de Regal Image affirment ainsi que le salaire de base avoisine tout juste 65€ par mois, bien moins que le minimum décent pour vivre au Sri Lanka qui serait de 260€ dans le pays. Sur ce point bien précis, la marque explique qu’elle n’a malheureusement « aucune autorité sur le salaire des travailleurs du textile, car elle n’est en aucun cas leur employeur », raison pour laquelle elle verse déjà des primes « de commerce équitable » pour compenser les salaires en place. En réponse à l’article, Patagonia a déclaré auprès de FTM : « Nous travaillons avec nos fournisseurs et des experts du travail pour concevoir et tester des stratégies qui permettront à l’usine de payer davantage ses travailleurs ». Avant la prochaine polémique ? Pas sûr que son image de marque  en sorte indemne.

By |2023-06-23T22:12:12+00:00June 23rd, 2023|Scoop.it|0 Comments

« La technologie ne va pas remplacer l’humain », estime le patron de LinkedIn

En quoi LinkedIn est un bon poste d'observation du marché de l'emploi ? LinkedIn, c'est bien plus que cette simple application bleue sur votre téléphone portable ou ce site sur votre ordinateur. Car derrière cela, il y a une capacité à collecter des datas sur le marché de l'emploi de façon absolument massive et à ressortir de l'information grâce à ce que l'on appelle l'« economic graph ». Aujourd'hui, plus de 930 millions de personnes disposent d'un profil sur LinkedIn, 60 millions d'entreprises nous utilisent et il y a 15 millions d'emplois proposés. Chaque minute, ce sont neuf nouvelles connexions entre membres qui sont établies, huit nouveaux emplois qui sont attribués et chaque seconde cinq nouveaux membres créent un profil. Depuis notre poste d'observation, on voit les connexions qui s'établissent entre les personnes et les entreprises et les tendances qui se forment. Comment voyez-vous évoluer le marché du travail ? La première tendance qui a retenu mon attention et celle qui tourne autour du « great reshuffle », l'idée, pendant la pandémie, que dans le monde post-Covid toutes les cartes allaient être redistribuées sur le front du monde de l'emploi. Et effectivement, au début, le nombre de personnes qui aspiraient à changer d'emplois a augmenté de 100 % certains mois et dans certains secteurs. Mais maintenant, trois ans plus tard, nous sommes revenus à des niveaux similaires ou inférieurs à ceux d'avant la crise sanitaire. Le marché du travail connaît des cycles. Le plus fascinant à mes yeux est que les 12 % de propositions d'emplois [à distance] attirent 49 % des candidatures. Il y a quand même une explosion de l'envie de télétravailler ? Sur les 15 millions de propositions d'emplois, 2 % des offres étaient pour des emplois à distance avant le Covid-19. On est monté jusqu'à 21 % en avril 2022. Nous sommes maintenant retombés à 12 %. Mais le plus fascinant à mes yeux est que ce sont ces 12 % de propositions d'emplois qui attirent 49 % des candidatures. Il y a une énorme demande de télétravail de la part des salariés mais les entreprises commencent à mettre le pied sur le frein sur ce sujet. Cela veut dire que les entreprises ne sont pas à l'écoute des salariés ? Si, et de plus en plus. Ce n'est pas un hasard si, dans les propositions d'emplois, elles mettent de plus en plus en avant ce qui concerne leur culture d'entreprises ou leurs valeurs. Les consultations des offres d'emploi qui comportent des mots-clés ou des références à ces sujets ont connu une augmentation de près de 300 % de la part des postulants. Il faut apprendre à parler et à séduire les salariés de façon proactive. En particulier ceux de la génération Z qui sont très attentifs à ces questions. Ils veulent en savoir plus sur ceux pour qui ils envisagent de travailler. Quelles sont les positions de l'entreprise en question sur les sujets de diversité ou de climat…

By |2023-06-23T08:30:53+00:00June 23rd, 2023|Scoop.it|0 Comments

Impôts : Facebook, Instagram… les nouvelles banques de données du fisc

La fin justifie-t-elle les moyens ? Pressentant que le développement des réseaux sociaux et des sites collaboratifs pouvait faciliter la tenue d'activités frauduleuses et que les informations postées par les utilisateurs pouvaient permettre d'identifier des incohérences déclaratives, la Direction générale des finances publiques (DGFIP) a obtenu l'autorisation de puiser certaines données pour débusquer les fraudeurs. Cette possibilité a été ouverte, pour 3 ans, à titre expérimental par la loi de Finances pour 2020. L'expérimentation a débuté en février 2021 et s'achèvera en février 2024. Parce qu'elle sous-tend l'accès à des informations potentiellement sensibles, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), le Conseil d'Etat et le Conseil constitutionnel ont été amenés à se prononcer, conduisant à la mise en place de restrictions importantes. « A partir du moment où l'on collecte des données à caractère personnel, toute administration est soumise aux règles relatives à la protection des données, la loi informatique et libertés de 1978 et le RGPD, rappelle Marion de Gasquet, adjointe au chef du service des affaires régaliennes et des collectivités territoriales au sein de la CNIL. Par conséquent, la DGFIP ne peut pas collecter n'importe quelles données, pour n'importe quelles raisons et pour n'importe quelle durée », poursuit-elle. Détecter les activités occultes En l'occurrence, il a été demandé à la DGFIP de respecter des délais précis de conservation des données. Ainsi, l'article 154 de la loi de Finances pour 2020 qui encadre l'expérimentation dispose que les données sensibles - renseignant sur l'origine raciale, les convictions religieuses ou encore l'appartenance syndicale - et sans lien manifeste avec une infraction doivent être détruites au plus tard cinq jours ouvrés après leur collecte. En revanche, si les données peuvent aboutir à l'identification d'une fraude, les informations peuvent être conservées pour une période maximale d'un an, sauf si elles sont utilisées dans le cadre d'une procédure pénale, fiscale ou douanière. Le cas échéant, ces données peuvent être gardées jusqu'au terme de la procédure. En outre, l'Administration fiscale doit se concentrer sur la seule collecte d'informations pouvant laisser présager soit d'une activité économique occulte, soit d'une fausse domiciliation fiscale à l'étranger. Cette seconde piste de fraude n'a que peu été étudiée, assure Stéphane Créange, sous-directeur du contrôle fiscal à la DGFIP. « Pour l'instant, nous utilisons plutôt les outils classiques pour débusquer la fausse domiciliation à l'étranger. C'est-à-dire les droits de communication auprès de tiers qui peuvent nous indiquer si la personne doit être considérée comme résidente en France », explique-t-il. Paru en octobre 2022, le rapport d'information sur la fraude fiscale de la commission des finances du Sénat corrobore ces dires. En effet, il décrit essentiellement l'usage des réseaux sociaux par la DGFIP pour l'identification des activités professionnelles sans création d'entreprise au préalable. Et le résultat s'avère relativement mitigé.

By |2023-06-23T08:30:13+00:00June 23rd, 2023|Scoop.it|0 Comments

Le futur TGV Paris-Berlin ne passera « probablement » pas par Strasbourg

C'est une désillusion pour Strasbourg et les élus locaux. Un « accord » a été trouvé entre la Deutsche Bahn et la SNCF sur le futur tracé de la LGV Paris-Berlin, qui ne devrait pas passer par la capitale alsacienne, a annoncé l'exploitant public allemand ce jeudi. « Pour une réalisation rapide de la nouvelle liaison directe Paris-Berlin , la SNCF et la Deutsche Bahn se sont mises d'accord pour étudier d'abord la connexion des lignes existantes Paris-Francfort et Francfort-Berlin », a déclaré un porte-parole de la Deutsche Bahn à l'AFP. En conséquence, le futur TGV roulera « probablement via Sarrebrück », une ville allemande située plus au nord, plutôt que par Strasbourg et Karlsruhe. La porte reste ouverte La Deutsche Bahn défend depuis le début le trajet par Sarrebrück, arguant du fait que le futur train de nuit, qui doit commencer à circuler en décembre 2023, « passerait par Strasbourg » . « Deux tiers des trains français longue distance » passent déjà la frontière par cette route, a insisté la compagnie ferroviaire. Aucune décision finale n'a toutefois été prise pour le moment, assure la Deutsche Bahn. LIRE AUSSI : Train : la Deutsche Bahn confie à l'espagnol Talgo une partie de sa flotte La SNCF en route pour un nouvel été record Sollicitée, la SNCF n'a pas souhaité faire de commentaires. Après une réunion mercredi avec le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, la mairie de Strasbourg a d'ailleurs assuré jeudi dans un communiqué que restait « ouverte la possibilité d'une liaison Paris-Strasbourg-Berlin, dès lors que l'ensemble des parties prenantes […] parviennent à en définir les modalités de mise en oeuvre ». Dans la capitale alsacienne, la nouvelle passe mal. « Je ne peux pas imaginer qu'on passe outre l'accessibilité de la capitale européenne à Strasbourg », a réagi auprès de l'AFP la maire écologiste de la ville, Jeanne Barseghian. « J'ai vraiment le sentiment que c'est plus compliqué côté allemand, du côté de l'Etat fédéral et de la Deutsche Bahn. Je me refuse à croire que c'est plié », a-t-elle insisté. Mais cela nécessitera « une bonne coordination des deux Etats, des deux gouvernements, français et allemand, et évidemment aussi entre les deux opérateurs ferroviaires ».

By |2023-06-23T08:29:50+00:00June 23rd, 2023|Scoop.it|0 Comments