C’est une double dynamique dangereuse dans laquelle s’enfonce l’agriculture mondiale. D’un côté, les cultures sont de plus en plus dépendantes des insectes pollinisateurs pour pousser. De l’autre, ces mêmes cultures font appel à des pratiques qui affaiblissent les populations de pollinisateurs dont elles dépendent. C’est la conclusion d’une étude publiée le 10 juillet dans la revue scientifique Global Change Biology.

L’équipe internationale de chercheurs à l’origine de cette publication, mêlant universités et centres de recherche argentins, nord-américains, européens, chilien et coréen, explique avoir étudié l’évolution des plantes cultivées à l’échelle mondiale, régionale et nationale entre 1961 et 2016, à partir des données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). En un demi-siècle, les surfaces cultivées ont globalement augmenté de 40,6 %, écrivent-ils. Mais alors que les plantes ne dépendant pas de pollinisateurs n’ont augmenté en surface que de 17,3 %, les cultures dépendant de pollinisateurs ont explosé de 136,9 %. Cette forte croissance a fait passer les plantes dépendantes des pollinisateurs d’un cinquième des surfaces cultivées dans le monde en 1961 à près d’un tiers aujourd’hui.

Monoculture contre diversité agricole 
Problème : dans le même temps, la diversité des cultures n’a, elle, que très peu augmenté (20 %). Or, cette diversité est primordiale pour assurer la bonne santé des insectes pollinisateurs, et donc la pérennité des récoltes qui en dépendent, expliquent les chercheurs. Autrement dit, la tendance à privilégier les vastes champs en monoculture réduit la nourriture disponible pour les insectes pollinisateurs et fait chuter leur population. D’autres pratiques liées à l’agriculture industrielle nuisent à l’environnement et aux pollinisateurs, comme la fragmentation et la disparition de leur habitat, ainsi que l’utilisation d’herbicides et de pesticides, rappelle l’étude.

« Si la tendance actuelle d’une agriculture de plus en plus dépendante des pollinisateurs se poursuit, il y aura une augmentation mondiale des besoins de pollinisation et un risque que celle-ci vienne à manquer à cause de la réduction de la biodiversité, elle-même conséquence d’une agriculture moins diversifiée », résument les scientifiques.

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