En tant que base de données infalsifiable et décentralisée, la blockchain est souvent présentée comme une solution pour sécuriser les votes électroniques. Son usage aurait-il permis de garantir l’intégrité des résultats des élections américaines de 2020 et faire taire les suspicions de fraude de Donald Trump ?

Joe Biden est élu 46e président des États-Unis et prendra ses fonctions en janvier 2021. Malgré sa défaite, Donald Trump et ses 72 millions d’électeurs, continuent de contester les résultats de la présidentielle et crient à la fraude. Le recours à une technologie comme la blockchain peut-il effacer ces suspicions ?

Pour rappel, la chaîne de blocs est une base de données distribuée qui gère une liste d’enregistrements protégés contre la falsification ou la modification grâce à de la cryptographie. Autrement dit, le dispositif permet de sécuriser et de certifier l’authenticité d’un fichier par exemple. Une solution capable de garantir l’intégrité d’une élection qui a recours au vote électronique ?

Blockchain : un premier vote réalisé en France
À Verneuil-sur-Seine, le conseil départemental des Yvelines, a lancé une consultation publique pour récolter les votes des Vernoliens en utilisant la blockchain. Durant une semaine, via l’application A vos votes, basée sur la blockchain publique Tezos, les citoyens de la commune ont pu se prononcer quant à la proposition de contournement de la route départementale RD154.

Une première visant à légitimer un vote électronique grâce à un système décentralisé qui a poussé un internaute à en tester les failles. Les résultats sont plutôt inquiétants : le dispositif ne permettait pas de garantir l’anonymat des votants et une faille lui a permis de multiplier ou de diviser le nombre de votes enregistrés. Plus alarmant encore, l’internaute s’est rendu compte qu’il pouvait lui-même participer au vote en utilisant des jetons XTZ — la cryptomonnaie associée à la blockchain publique Tezos — alors qu’il n’est pas résident de la commune de Vernueil-sur-Seine.

Une technologie à peaufiner
Ces failles remettent-elles en cause la légitimité de la blockchain pour sécuriser les votes électroniques ? « L’expérimentation de Verneuil-sur-Seine a révélé des failles, mais celles-ci concernent principalement l’interface utilisateur et sa façon de se connecter à la blockchain. Il ne faut pas en conclure que la blockchain n’est pas utile. Par contre, cela confirme qu’il faut beaucoup travailler la sécurisation de bout en bout : depuis l’émission des identités blockchain, en passant par leur distribution, jusqu’à l’interface de vote », estime Vidal Chriqui, CTO de BTU Protocol. En combinant chaîne de blocs et certaines variantes de cryptographie, le dispositif permettrait de garantir que les données d’un vote n’ont pas été altérées une fois celui-ci enregistré.

Et dans le cas où les citoyens disposent d’une identité numérique, comme c’est le cas en Estonie par exemple, la blockchain permettrait d’authentifier chaque vote. Ces solutions ouvrent également la voie à de nouveaux cas d’usages, comme garantir que les votes par procuration sont conformes aux consignes. Un père de famille qui donne procuration à son fils pourra par exemple s’assurer, à l’issue du vote, qu’il a bien respecté ses consignes. En toute logique et dans le respect de l’anonymat, il sera le seul à pouvoir vérifier que sa voix a bien été respectée. « En fait, le vrai sujet réside dans la gestion des identités cryptographiques, la blockchain va surtout apporter une dimension supplémentaire de transparence. De manière générale, la technologie blockchain peut contribuer à garantir qu’il n’y a pas d’altération dans les données inscrites, mais ne peut garantir la véracité de l’écriture initiale, ce n’est donc pas LA solution, mais une des briques qu’il faut mettre en place », conclut le CTO de BTU Protocol.

Comme dans le domaine du Travel, où l’industrie étudie encore cette jeune technologie avant de développer de nouveaux services, il faudra attendre quelques années avant que la chaîne de blocs ne constitue le socle de la démocratie numérique.

 Photo d’ouverture : Sean Ferigan

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