Pour révolutionner l’industrie automobile, la date était tout indiquée. C’est finalement le 14 juillet que la Commission européenne fera savoir à quelle échéance elle souhaite bannir les moteurs 100 % essence ou diesel dans les voitures neuves. Cette décision fera partie des 13 directives que Bruxelles proposera ce jour-là pour décliner son ambition, baptisée « Green Deal », de réduire de 55 % les émissions de CO2 en 2030 par rapport à 1990.

« Ces propositions devaient être présentées le 30 juin. La date a été décalée et ne changera plus maintenant », assure Pascal Canfin. Et selon le président de la commission chargée de l’Environnement au Parlement européen, la messe est dite. « La Commission européenne va très probablement proposer de fixer ce nouveau standard conduisant à la fin du véhicule thermique en 2035 », assure-t-il. Problème : cette perspective, selon nos informations, ne fait pas absolument pas l’unanimité au sein du gouvernement français.

Casse sociale
D’après Pascal Canfin, qui prépare le terrain avec ardeur depuis plusieurs mois, « tous les signaux en provenance de la Commission indiquent que ce sera une bonne date d’atterrissage. 2030, c’est trop tôt pour les industriels et pour les pays qui disposent d’une industrie automobile. Et 2040, ce sera trop tard pour le climat ».

Si l’Allemagne, poussée par le groupe Volkswagen qui a amorcé un virage à 30 milliards d’euros dans l’électrique, est désormais favorable à des objectifs plus ambitieux, dans l’Hexagone, le débat fait encore rage.

« Le gouvernement a eu l’occasion de rappeler, notamment lors des débats sur le projet de loi climat et résilience, qu’il n’entendait pas décider unilatéralement de modification de l’objectif de fin de vente des véhicules thermiques, fixé par la LOM en 2040 », fait-on valoir au cabinet du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Bercy invoque les emplois en jeu, et le risque de casse sociale. Matignon serait sur la même ligne. La crise des « gilets jaunes » est encore dans les esprits.

Du côté des ministères de la Transition écologique et des Transports, en revanche, la cause semble acquise. Parmi leurs arguments : en accompagnant une décision qui semble inéluctable, la France sera en meilleure position pour négocier un soutien financier à cette transition.

La décision reviendra à Emmanuel Macron, qui devrait se prononcer sur la position française avant le 14 juillet, selon une source. Une réunion avec le Président de la République était programmée le 9 juin, mais elle a été reportée. Elle pourrait se tenir la semaine prochaine. « La raison politique pencherait pour passer à 2035, mais tout reste possible », souffle un proche du dossier.

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