Le projet d’euro numérique avance. Il est entré dans une phase de préparation, illustrant la détermination de la Banque centrale européenne (BCE) d’avancer sur ce sujet, malgré le scepticisme des établissements financiers , notamment en France.

Le superviseur de la zone euro a lancé début janvier un appel d’offres pour trouver des prestataires de marché capables de développer la plateforme et l’infrastructure technique qui supporteraient l’euro numérique. Budget envisagé : jusqu’à 1,16 milliard d’euros.
Au total, cinq lots ont été conçus pour la fourniture de composants électroniques pour la gestion de la fraude, la préparation d’un kit de développement logiciel, ou encore le développement d’alias pour éviter l’utilisation de numéros de comptes pour effectuer les transactions. Le plus gros du budget de cet appel d’offres est alloué à la confection de la solution permettant le paiement hors ligne.

Une note salée
Pour certains banquiers, la note semble particulièrement salée, surtout pour un projet dont ils peinent encore à être convaincus de l’utilité.

« Ces montants n’incluent pas en outre toutes les prestations techniques et la fourniture de composants centraux essentiels et complexes comme le règlement des transactions ou la tenue centralisée des comptes en euro numérique », grince un bon connaisseur du sujet, qui s’étonne de ce niveau de dépenses « publiques ».
Un autre appel à candidatures a été lancé il y a dix jours – non rémunéré – pour participer à différents groupes de travail, afin d’aider à élaborer les règles relatives au bon fonctionnement de l’euro numérique (expérience utilisateur, gestion des risques, certifications…).

« La BCE continue d’avancer, en dépit des réticences d’une partie des banques », constate Rémi Amadei, spécialiste des services financiers chez Sia Partners.

La France veut « réviser » le projet
Le chantier de l’euro numérique divise au niveau européen. Si les établissements italiens et espagnols sont plutôt ouverts, leurs homologues allemands et français restent très sceptiques.

Ces derniers persistent à voir dans cette initiative une forme de concurrence par rapport à leurs propres offres, avec un risque de fuite des dépôts des comptes bancaires vers les comptes en euros numériques. En début de mois, la Fédération bancaire française a appelé, lors d’une présentation faite à Bruxelles, à une « révision [du projet] afin de maintenir la capacité du secteur bancaire à financer l’économie ».
Les craintes des groupes bancaires tricolores, qui font partie des plus importants dans la zone euro, ont été en partie atténuées par la BCE . Ses responsables insistent depuis plusieurs semaines sur le fait que l’euro numérique sera davantage conçu comme un moyen de paiement, et que l’impact de son déploiement sur la stabilité financière sera étudié de près.

Le calendrier avance
« Si certaines banques voient toujours ce projet comme une charge supplémentaire, d’autres commencent à s’y préparer sérieusement. Il peut aussi y avoir un avantage compétitif à faire partie des premiers établissements disposés à accueillir cette nouvelle monnaie numérique », estime Rémi Amadei.

Le calendrier avance en tout cas. Après la phase d’investigation menée entre 2021 et 2023, la BCE est entrée dans une première phase de préparation, démarrée en fin d’année dernière et qui doit se terminer dans dix-huit mois, avec la sélection des fournisseurs potentiels et diverses expérimentations.

Le cadre législatif reste par ailleurs à être adopté, avant une potentielle mise en route de l’euro numérique en 2028 ou 2029. D’ici là, les échanges avec les banques se poursuivront.

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