Tous les quatre ans environ, le « halving » du bitcoin marque son entrée dans un nouveau cycle de rareté programmée. Près de 94 % des 21 millions de bitcoins prévus en circulation à l’horizon de 2140 ont déjà été émis, mais à un rythme décroissant. Pour leur travail de sécurisation du réseau et des transactions, les sociétés de « minage » ou « mineurs » reçoivent deux fois moins de bitcoins dès lors qu’un nouveau palier de 210.000 blocs traités est franchi.

Selon la loi de l’offre et de la demande, cette contraction des émissions doit faire grimper le cours si la demande reste aussi forte ou plus élevée. Pour les gourous des cryptos, elle doit, à terme, ouvrir au bitcoin la porte d’une valorisation de 100.000 dollars cette année, contre un cours de 61.000 dollars ce vendredi.
Pour l’instant, seuls trois halvings ont eu lieu depuis la création du bitcoin. Sur cet échantillon très limité, les experts de la cryptosphère constatent que le prix du bitcoin a progressé de 200 % à 1.000 % dans les douze mois qui ont suivi ces opérations. Mais aucune étude statistique n’établit que le halving était la cause principale de cette hausse.
Les résultats varient aussi selon les périodes retenues pour évaluer, ex-post, l’impact du halving. Dans le mois qui avait suivi celui du 28 novembre 2012, le bitcoin avait progressé de 8 %. Mais son envolée consécutive de 700 %, trois mois plus tard, n’a pas été provoquée par cette division, mais par la retentissante crise financière chypriote de 2013. Elle a constitué une publicité mondiale pour le bitcoin et son système monétaire alternatif, hors des banques et du secteur financier traditionnel, dont les fragilités et l’interconnexion sont réapparues lors de cette crise. Toutefois, la réduction de l’offre du bitcoin n’est pas non plus une assurance contre les krachs. Elle n’entraîne pas une baisse de la volatilité et des risques sur le marché des cryptos.

ETF bitcoin
La valeur de la reine des cryptoactifs va-t-elle rebondir dans les semaines qui viennent ? Le halving actuel « est déjà partiellement intégré dans le prix du bitcoin et nous n’anticipons pas de hausse significative dans son sillage », estime Marion Labouré, économiste à la Deutsche Bank. Historiquement, le bitcoin avait anticipé les trois premiers halvings en progressant de 5 % à 27 % dans les trente jours précédents. Mais cette année, il enregistre un repli de 5 % depuis la mi-mars, date de son record, à 73.750 dollars.
Le marché peut se montrer sceptique sur un gain supplémentaire à court terme. Evaluer et isoler l’effet de la réduction de l’offre de bitcoin sur le cours est ainsi très difficile sur un cycle de halving. Celui-ci est en effet marqué par des bouleversements, des crises et des transformations structurelles du marché.
C’est encore le cas cette fois-ci. « L’environnement a changé depuis le lancement cette année des ETF Bitcoin [les fonds cotés qui suivent l’évolution du cryptoactif, NDLR]. Ce sont les flux importants sur ces produits qui ont bien plus d’impact sur le bitcoin que ceux générés par les sociétés de minage », explique la société de recherche Glassnode.

Entre le dernier halving, en mai 2020, et l’actuel, le cours du bitcoin a progressé de 590 %. A partir de 2020, les sociétés de minage recevaient, pour leur travail, 900 bitcoins par jour, qui, s’ils étaient cédés pour payer leurs factures (électricité, coûts) et générer des profits, représentaient une pression vendeuse de 29,7 millions de dollars. Les 450 bitcoins qui seront désormais récoltés après le halving de 2024 représentent un flux vendeur journalier du même ordre, de 28,4 millions de dollars.

Et en quatre ans, les volumes du marché du bitcoin ont fortement progressé (comptant, dérivés…) et la liquidité s’est améliorée. Il est donc mieux à même de faire face à cette pression vendeuse. Le halving a ainsi perdu de son importance dans la dynamique des cours, désormais menée par Wall Street, le marché directeur du bitcoin.

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