« C’est effectivement une demande de TF1, a expliqué un porte-parole du CSA jeudi matin. La porte n’a pas été fermée mais aucune décision n’a été prise ». TF1 n’a pas souhaité commenter.

La loi autorise une chaîne à couper ses journaux avec de la publicité s’ils durent plus de 30 minutes. Mais pour pouvoir le faire, il faut le feu vert du CSA et une modification de la convention de la chaîne de télévision. Gilles Pélisson, le patron de TF1, avait expliqué l’an dernier qu’il ne s’agissait que d’un alignement sur les obligations des autres chaînes et qu’il ne couperait pas ses JT de façon intempestive car cela lui ferait perdre des téléspectateurs.

Selon des études faites par la concurrence, le revenu supplémentaire généré par la chaîne pourrait atteindre 30 à 80 millions d’euros, sur un marché publicitaire télévisuel de 3,2 milliards en France. « 50 millions est une estimation raisonnable », dit un cadre du secteur. Cela peut paraître peu au regard du marché, mais ce serait potentiellement de la marge gagnée pour TF1 et perdue pour ses concurrents, disent certains d’entre eux. Or beaucoup de chaînes de la TNT sont déjà déficitaires. « Un impact de 50 millions d’euros serait supérieur au chiffre d’affaires de la grande majorité des chaînes de la TNT, » dit ce cadre. La radio et la presse pourraient être affectées puisqu’elles ont une audience qui se recoupe avec celle des JT lorsqu’il s’agit d’information.

Selon nos informations, aucune étude d’impact n’a été demandée pour l’heure par le CSA et les acteurs vivant de la publicité (télévisions, radio, presse écrite) souhaitent que ce soit le cas avant que le sujet ne soit tranché. « C’est très étonnant car le CSA est généralement très sourcilleux sur ce point, » dit un professionnel en mentionnant la demande de passage de LCI au gratuit.

En outre, les rivaux de TF1 craignent que cette nouvelle fenêtre attribuée à TF1 n’incite France Télévisions à revenir à la charge pour étendre ses plages publicitaires lui aussi, par exemple après son 20 heures.

Le surcroît de marge de manoeuvre potentiellement donné à TF1 coïncide avec de grands espoirs de simplification de la réglementation audiovisuelle en matière de publicité formulés par les chaînes françaises suite à l’élection d’Emmanuel Macron. Les télés espèrent notamment pouvoir accueillir des bandes-annonces de films dans leurs écrans publicitaires. « Il y a une logique à libéraliser mais il faut que cela profite à tous et que ce soit fait d’une façon ordonnée », dit un acteur du secteur.

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