L’idée de taxer les robots progresse chez nos voisins suisses. Un projet de loi émanant des rangs du parti socialiste, qui consiste à taxer les supermarchés qui emploient des caisses « libre-service » dans le canton de Genève, va être débattu cet été par une commission parlementaire. Il s’agirait de faire payer à ces établissements une taxe de 10 000 francs suisses par mois. Les sommes perçues serviraient à alimenter une fondation qui reversera 70 % de l’impôt aux commerces sans caisse automatique et 30 % à la formation professionnelle du personnel de vente au détail.
La réaction de la Communauté d’intérêt du commerce de détail montre que cette proposition est prise très aux sérieux. « Compte tenu de la composition politique dans le canton de Genève, cette proposition a des chances d’être acceptée, également dans le cas d’une votation populaire », a-t-elle écrit dans son argumentaire. La motion pourrait d’ailleurs susciter l’intérêt d’autres cantons se trouvant dans une situation financière délicate ». Le syndicat professionnel a donc sorti sa calculette. A elle seule, la Coop qui exploite 181 caisses « libre-service » à Genève devrait payer 21,7 millions de francs de plus par année au fisc.
Autre chaîne emblématique suisse, Migros s’en sortirait un peu mieux. Dans le canton, elle n’exploite que 17 de ces automates et ne devrait payer « que » 2 millions. Si ce type d’impôt était étendu à l’ensemble de la Suisse, Coop devrait débourser un supplément de 170 millions de francs et Migros une somme de 150 millions, selon les calculs effectués par le quotidien suisse Le Temps.
Arbitraire. Pour les grandes chaînes de distribution, ce projet est bien entendu catastrophique. Elles jugent qu’il est « arbitraire et injustifié » que les caisses « libre-service » soient prises comme bouc émissaire, alors que dans d’autres secteurs, les mesures d’automatisation sont considérées comme une évidence et perçues comme innovantes et enrichissantes. Personne en effet n’a jamais songé jusqu’ici à taxer les distributeurs de billets de banques ou ceux de billets de train ou le commerce en ligne. Elles affirment ensuite que ce nouvel impôt « mettrait clairement les magasins concernés en situation de désavantage concurrentiel, ce qui les conduirait à des réductions de personnel ».
Ce n’est pas la première fois que les robots font leur entrée dans les lieux de pouvoir suisses. En février 2017, des conseillers nationaux Verts leur avaient ouvert la porte en déposant un postulat demandant au Conseil fédéral de « rendre un rapport sur l’imposition des robots utilisés dans l’économie ». Ils affirmaient ne pas faire partie des pessimistes qui broient du noir. « L’économie va continuer à créer des emplois, mais la question est : qu’est-ce qu’on fait des gens largués ? », interrogeait ainsi Jean Christophe Schwaab.

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