Il y a cinq ans la priorité de Pierre-André de Chalendar était la surveillance de ses coûts, aujourd’hui c’est la transition numérique. Pour cela, il s’est notamment entouré d’une escouade de chevau-légers, légers donc plus « manoeuvrants », comme on le dit des voiliers. A priori, il « préfère créer les start-up », comme ce fut le cas de  Homly You, une plate-forme mettant en relation artisans et particuliers . Mais pour récupérer des jeunes talents ou accélérer les choses, il n’hésite pas à faire son marché. En reprenant Tolteck créateur d’un logiciel permettant aux artisans de faire des devis en cinq minutes, il a gagné un an et demi sur le sujet. Outiz, un vendeur d’outillage purement Internet, va, de son côté, élargir la gamme de Point P. Pour Chalendar, même si son business model ne lui paraît pas menacé, comme ont pu l’être ceux de l’hôtellerie ou de la presse, il faut être parano, ne rien laisser passer « multiplier les occasions de contact » en écumant les incubateurs, les concours, les challenges qui font naître des projets. Et il reflète ainsi l’attitude de la plupart de ses pairs. Patrick Pouyanné, PDG de Total, évoque une sorte de « R & D » externalisée.

David et Goliath, ça a mal fini.  Bain France sous la houlette de son président, Olivier Marchal, et le fonds Raise ont donc préféré baptiser « David avec Goliath  », leur opération en faveur de l’alliance entre grandes et jeunes entreprises. Constatant à la fois une effervescence des créations d’entreprises renforcée depuis 2015, et leur forte mortalité infantile, ils sont convaincus qu’un partenariat avec un grand groupe peut éviter aux jeunes pousses ce « tunnel de la mort ». Aux associations les plus fructueuses, des prix sont décernés, comme à  Phénix, très innovant dans la récupération des invendus pour sa collaboration avec Carrefour. Ces Prix sont accompagnés de recommandations de « bonnes pratiques », telle la nécessité de ne pas ralentir la marche des jeunes « David » en leur imposant les procédures de décision lourdes inhérentes aux grands groupes. Si ceux-là fournissent visibilité et capacité d’investissement aux jeunes pousses, il ne faudrait pas qu’ils leur apportent aussi leur lourdeur, ce qui évidemment serait le contraire du but d’agilité recherché.

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