Les étudiantes désertent les écoles d’informatique et les femmes paraissent absentes des entreprises du secteur. En cause, notamment, l’idée reçue selon laquelle les informaticiennes seraient naturellement moins compétentes que les informaticiens. Pourquoi les femmes sont aujourd’hui minoritaires et invisibilisées dans le secteur du numérique alors que de nombreuses pionnières et entrepreneuses ont ouvert la voie dans le développement du logiciel et du jeu vidéo ? Chantal Morley, chercheure au sein du groupe Gender@Telecom à Télécom École de Management, revient sur cette question.
 
En 2016, seulement 33% des emplois du numérique étaient occupés par des femmes (OPIIEC). Et quand on ne prend en compte que les métiers de « cœur » du secteur (ingénieur, technicien ou chef de projet) ce taux tombe à 20%. Pourquoi de telles disparités entre femmes et hommes ? Non, ce n’est pas parce que les femmes sont moins douées pour les métiers techniques, ni parce que leurs goûts les portent vers d’autres domaines. Et ce n’est pas toujours par un choix libre et éclairé que les jeunes filles peuvent choisir leur formation, et les femmes leur carrière. Le poids des stéréotypes est présent, et pèse dans la balance. Ces lieux communs nous confortent dans l’idée que l’informatique est un domaine masculin, où les femmes n’ont pas leur place, ce qui a des conséquences sur nos choix et nos comportements, sans même que nous nous en rendions compte
 
Le groupe de recherche Gender@Telecom, qui réunit plusieurs chercheuses des écoles de l’IMT, s’intéresse à la question de la place des femmes dans le secteur des technologies de l’information et de la communication, et plus spécifiquement dans le secteur du logiciel. Lors d’études et analyses, les chercheuses du groupe ont caractérisé et observé comment s’exprimaient ces stéréotypes. « Nous avons interrogé des professionnels du secteur, des étudiants et des étudiantes, nous leur avons posé des questions précises sur leurs choix, et leurs positions », explique Chantal Morley, chercheure à Télécom École de Management. En analysant le discours des personnes interrogées, les chercheures ont repéré de nombreuses idées reçues. « Les femmes n’aiment pas l’informatique, cela ne leur plaît pas, par exemple… » poursuit la chercheure. « Ce sont des représentations non démontrées, qui ne correspondent pas à la réalité ! » Et ces petites phrases qui véhiculent des idées stéréotypées se retrouvent aussi bien chez les hommes que chez les femmes. « On pourrait penser qu’il n’existe plus ce type de représentations différenciées chez les étudiants et les étudiantes, ce qui est faux » précise Chantal Morley. « Lors d’une étude menée en Suisse, nous nous sommes aperçues que les conseillers d’orientation sont également très imprégnés par ces stéréotypes. » Et, pour les professionnels, ces visions sont même avancées comme des arguments pour justifier certains choix.

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