Netflix n’a, à première vue, guère besoin de s’appuyer sur Canal+. Capable de séduire sans intermédiaire des dizaines de millions d’abonnés dans le monde, l’américain qui produit ses propres séries a prouvé la pertinence de son modèle d’intégration verticale poussée à l’extrême. Et pourtant, il a décidé de s’appuyer sur un acteur du PAF aux allures de concurrent direct. 

Si Reed Hastings a pactisé avec Vincent Bolloré, c’est que cette alliance peut être bénéfique pour les deux parties. Après s’être allié avec les opérateurs télécoms, le californien peut espérer toucher ainsi encore plus d’abonnés en s’associant avec un spécialiste de la télévision payante qui doit l’aider à séduire et à fidéliser des abonnés de plus en plus volatils. Confronté à l’émergence de nouveaux rivaux comme Amazon, Apple ou Disney qui parient eux aussi sur les séries,  Netflix a besoin de continuer de croître . Et en promettant à ses clients qu’ils paieront moins cher et bénéficieront d’une offre plus simple que s’ils s’abonnaient directement à une multitude d’offres,  Canal + se réinvente en tant qu’agrégateur .

A l’image d’un Amazon qui plus tôt cette année a noué un partenariat avec Monoprix, dans bien des secteurs, les pères de la révolution numérique reconnaissent que l’union peut encore faire la force. Le digital a poussé les entreprises à miser sur des verticales, à devenir très fortes dans un métier puis à tirer parti de leur puissance en mondialisant leur offre. Cette stratégie efficace se heurte toutefois à deux limites. La première est que même si la stratégie peut être dirigée depuis un siège social américain, il faut ensuite disposer dans chaque pays d’équipes capables d’adapter l’offre et de stimuler la demande. Les vieilles multinationales ont mis des décennies à tisser une telle toile. Même les start-up qui vont vite manquent de temps. La seconde est que dans ce monde plein de spécialistes monothématiques, la vie des consommateurs se complexifie. Dans l’audiovisuel il faut ainsi s’abonner à de plus en plus de services pour pouvoir suivre le football ou toutes les séries. Pareil dans l’ecommerce ou le tourisme. Il y a, de ce fait, à nouveau la place pour des acteurs plus locaux capables d’agréger bien des services.  Reste à voir comment ces nouveaux alliés de circonstance se partageront les marges. 

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