De quoi la folle course du bitcoin vers les sommets est-elle le nom ? Depuis le début de l’année, la valeur de la reine des cryptomonnaies n’est pas loin d’avoir doublé, même après la légère correction de ces deux derniers jours . Sur un an, elle a été multipliée par cinq. Résultat, les « tokens » s’échangent désormais à prix d’or. Au sens propre, puisque chacun des quelque dix-huit millions de bitcoins en circulation vaut ces jours-ci pas loin de l’équivalent d’un kilogramme de métal jaune !

Une trajectoire incompréhensible
Pour un placement classique, une telle trajectoire serait en tout point stupéfiante. Mais pour un actif virtuel, qui, faut-il le rappeler, n’offre aucun rendement et n’a de devise que le nom , dans la mesure où il ne permet pas d’acheter grand-chose, elle n’est pas loin d’être incompréhensible.

Une double révolution à venir
Et pourtant, il faudrait ne pas s’en étonner. Car cette envolée reposerait sur de solides fondamentaux. Elle refléterait le rôle économique clé que le bitcoin est appelé à jouer. Comme disrupteur, d’abord. Conjuguée à la digitalisation des usages, la technologie qui sous-tend le bitcoin, la blockchain, devrait tôt ou tard révolutionner le monde des paiements et plus largement le secteur financier. Comme valeur refuge, surtout. Pour beaucoup d’observateurs, les politiques monétaires ultra-accommodantes menées par les banques centrales conduiront fatalement à un regain d’inflation et à une fuite devant la monnaie. Deux fléaux contre lequel la devise électronique née il y a douze ans à peine offrirait une protection efficace. D’où son nouveau statut d’or digital.

Un thermomètre de la spéculation
Ces explications sont évidemment séduisantes. Elles offrent un socle rationnel à un emballement collectif sur l’air bien connu du « Cette fois-ci, c’est différent ! ». Mais elles occultent un fait majeur : le changement de statut du bitcoin sur les marchés financiers. Depuis des mois maintenant, Wall Street vole de record en record. Un environnement dans lequel la valeur économique n’est plus forcément le critère principal pour déterminer la valeur d’un actif . Dans un tel climat, le bitcoin constitue une cible de choix. D’une taille très limitée – il n’y aura jamais plus de 21 millions de « tokens » en circulation – son marché amplifie la tendance générale. Dans l’euphorie actuelle, il offre donc des perspectives de gains élevés et rapides. Ou de pertes importantes en cas de retournement, comme on vient de le voir…

Le subprime des années 2020
C’est ce qui explique que les unes après les autres les grandes maisons de Wall Street en proposent désormais à leurs investisseurs à la recherche d’actifs à fort rendement , augmentant ainsi le nombre des acheteurs et donc la fièvre spéculative. En clair, le bitcoin est en train de devenir le subprime des années 2020. Alors, son marché limité aujourd’hui à 1.000 milliards de dollars est loin d’avoir le potentiel systémique de celui des crédits subprimes en 2007. Mais la dynamique, elle, est tout aussi préoccupante.

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