Avant de voir une 4e révolution touristique émerger, il a fallu passer par 3 révolutions selon Rémy Knafou, célèbre géographe et chercheur. La première est l’invention du tourisme au 18e siècle. La deuxième est la démocratisation du tourisme à partir des années 1950. Elles marquent sa massification. La troisième révolution voit quant à elle naître un nouveau monde touristique. La Chine a grandement influencé les pratiques touristiques depuis le début du 21e siècle. Désormais, la 4e révolution inverse la tendance du toujours plus. Elle est marquée par l’auto-régulation et par une volonté d’endiguer les flux dans l’intérêt du plus grand nombre.

Dans ce contexte, l’itinérance douce prend de l’ampleur et montre la voie d’un tourisme plus responsable, reposant à la fois sur un nouveau rapport à la nature, sur un nouveau rapport à soi et aux autres. Le chercheur a expliqué sur la scène du WIT, qui se déroulait le 8 avril dernier au Touquet, que le terme « itinérance » existe depuis le 19e siècle. Il est retranscrit désormais dans les termes « tourisme durable » ou « slow tourisme ».
L’ultra sieste du Mont Blanc, en opposition à l’ultra trail du Mont Blanc, invite la population à faire la sieste plutôt que la course. Elle questionne sur notre rapport à la compétition, à la domination de la nature, dans le cadre d’un évènement qui a longtemps été porté par la marque américaine North Face. Rémy Knafou donne également l’exemple des Jeux Olympiques dont la devise est « plus vite, plus haut, plus fort » depuis 2021. Un évènement qui peut aussi être considéré comme toujours plus polluant, toujours plus marketing. Ce modèle semble avoir atteint son paroxysme.

L’itinérance douce au cœur de nouveaux comportements touristiques
La mobilité douce n’est pas née aujourd’hui. Elle prend ses racines dans le Grand Tour, un long voyage en Europe effectué principalement par de jeunes hommes des plus hautes classes de la société européennes au 18e siècle, explique le chercheur. Elle a également été véhiculée par des récits de voyage de Beckford et Stevenson.
L’exemple le plus parlant est le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Aujourd’hui, seuls 12% des cheminants partent avec une démarche liée à la foi. Ils proviennent majoritairement de Paris et des départements du Rhône et de la Garonne. La majorité exerce des professions libérales et supérieures. En 2022, le pèlerinage a attiré plus de 400 000 personnes. C’est cent fois plus qu’il y a plusieurs dizaines d’années. Il y a un nouvel attrait pour ce genre de produits touristiques, tournés vers l’introspection et la connexion avec la nature.

Les leviers du tourisme itinérant
Selon Rémy Knafou, le tourisme itinérant représente un levier de croissance pour l’économie locale. En 2008, une étude révélait que 1€ investi dans l’aménagement des itinéraires touristiques générait 10€ de retombées. Le budget d’un touriste itinérant est de 15 à 20% supérieur qu’un client en séjour et il est évolutif. Cela est dû au fait qu’il ne prépare pas forcément son voyage à l’avance.
Des principes sont néanmoins à respecter selon lui. Un produit doit être légitime avec l’histoire passée et future d’un lieu. Il ne doit pas être préjudiciable à la biodiversité. Il est important de se préoccuper de l’accès à l’itinérance douce. Enfin, chaque maillon doit prendre en compte un métier indispensable au bon fonctionnement du système global.

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