En 2006, Frédéric Mazzella, Nicolas Brusson et Francis Nappez cofondaient BlaBlaCar, une plateforme de covoiturage qui a marqué l’histoire de la French Tech . Dix-huit ans plus tard, Nicolas Brusson est encore au volant et s’amuse à comparer sa start-up à un adolescent en phase de « post-puberté » qui n’a plus besoin de l’argent de poche des investisseurs pour poursuivre sa route.

« Nous sommes entrés dans l’ère de la croissance profitable », commente le dirigeant et business angel actif. En 2023, BlaBlaCar a réalisé 253 millions d’euros de chiffre d’affaires, en hausse de 29 % sur un an. La société dit avoir atteint la rentabilité depuis 24 mois, sans donner davantage de détails financiers.
Le rebond est spectaculaire pour une entreprise qui enregistrait 130 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, puis a subi un net ralentissement avec la pandémie de Covid-19, synonyme de chute du nombre de déplacements dans le monde.

80 millions de passagers en 2023
Mais c’est l’avantage des plateformes : elles s’adaptent à l’offre et à la demande et peuvent accélérer vite quand l’horizon s’éclaircit. En 2023, 80 millions de personnes sont montées à bord des voitures ou bus de BlaBlaCar (+23 %). Plus surprenant : le Brésil est devenu son premier marché pour le covoiturage en termes de trajets, devant la France !
Dans l’Hexagone, une activité a notamment décollé en 2023 : le covoiturage domicile travail. Un élan qui s’explique en particulier par le plan covoiturage du gouvernement, qui donne des ailes à tous les acteurs de ce secteur (Karos, Ecov, etc.) dont les clients sont les collectivités locales. La dynamique devrait se poursuivre. « Nous devrions réaliser 10 millions de trajets en 2024 » , estime Nicolas Brusson.
Grâce à sa bonne santé financière, BlaBlaCar dispose de nouveaux outils pour se développer. La licorne annonce avoir obtenu une facilité de crédit de 100 millions d’euros auprès de grandes banques (BNP Paribas, Société Générale, Citibank, JP Morgan, HSBC, etc.).

Consolider ses positions
L’objectif : faire des acquisitions pour consolider ses positions. « Cela fait deux ans que nous avons des cibles en tête », rappelle Nicolas Brusson, sans préciser lesquelles. La chute des valorisations dans la tech devrait aider à faire de meilleures affaires. BlaBlaCar est habitué aux opérations de M&A : la licorne a avalé Ouibus, Busfor ou encore Klaxit ces dernières années.
BlablaCar, qui compte 800 salariés, n’est pas le seul poids lourd de la French Tech à utiliser l’arme du crédit. Mirakl a réalisé un montage du même montant en 2023 pour faire des acquisitions. « C’est un produit très flexible et non dilutif. Cela se prête bien à de la croissance inorganique », glisse Nicolas Brusson.

Autre avantage : ce type de facilité permet de faire un achat en cash, et non par échange de titres. Il faudra tout de même être prudent car c’est bien connu : un ado avec trop d’argent en poche peut, parfois, faire des dépenses déraisonnables.

Lire l’article complet sur : www.lesechos.fr