La vague de l’« ultra fast fashion » monte. Shein, champion chinois du vêtement « low cost », a dépassé l’an passé les 2 milliards de dollars de bénéfices.

L’entreprise tire désormais près de 45 milliards de dollars de revenus de la commercialisation des vêtements et accessoires sur son site d’e-commerce, indique le « Financial Times », qui a eu accès à ces données.
En doublant ainsi ses bénéfices nets, l’enseigne sino-singapourienne réalise plus du double des bénéfices du géant suédois H&M (820 millions de dollars de revenus) alors qu’Inditex, propriétaire de Zara, a déclaré des bénéfices de 5,8 milliards de dollars (5,4 milliards d’euros) au cours d’un dernier exercice record.

Bon filon et opacité
Des prix cassés combinés au renouvellement ultrarapide des collections (plus de 7.000 références par jour) promues par une palanquée d’influenceurs, qui appâte les clients et tout particulièrement la génération Z, dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat. Voilà la recette du succès de l’enseigne fondée en Chine en 2008 mais qui n’y vend rien.
Shein, qui compte plus de 10.300 employés, est en France dans le viseur de la loi dite « anti fast fashion ». Le groupe a transféré son siège à Singapour en 2021. Xu Yangtian, son PDG fondateur, actionnaire à 37 %, semblait alors envisager un changement de citoyenneté afin de contourner les règles chinoises « plus strictes pour les introductions en Bourse à l’étranger ».

Vers la Bourse
Valorisée à plus de 66 milliards de dollars, l’entreprise a déposé en novembre une demande confidentielle d’introduction sur le New York Stock Exchange, en vue d’une IPO cette année. Shein mise sur une valorisation à 90 milliards de dollars.
Le groupe exporte dans 150 pays, principalement aux Etats-Unis, son premier marché, et en Europe où il compte, en moyenne, plus de « 108 millions d’utilisateurs » depuis l’été dernier.
Mais cette arrivée sur les marchés occidentaux reste aujourd’hui soumise à l’approbation des autorités chinoises. « Bien que Shein ait déménagé son siège social, [l’entreprise] continue de gérer la plupart de ses activités depuis le pays, ce qui a conduit le groupe à demander l’approbation des régulateurs locaux », précise le « Financial Times ».

Dans le radar… et de Washington
La décision de Pékin pour mener à bien sa cotation, IPO envisagée initialement à Wall Street, puis à Londres, devrait être rendue d’ici à quelques semaines. Cela sera un indicateur du positionnement du gouvernement chinois à l’égard des entreprises fondées en Chine ayant opté pour l’étranger.

L’avenir boursier de Shein est néanmoins aussi suspendu aux décisions de la SEC, sommée de bloquer l’éventuelle IPO de Shein « jusqu’à ce que l’entreprise vérifie qu’elle n’a pas recours au travail forcé ». L’impact social et environnemental interroge et l’opacité demeure sur ses sous-traitants en Chine, le groupe refusant de communiquer leur nombre.

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